vendredi 15 juin 2007

Les oreilles de la mer.

Dans ma vie, j’ai parfois aperçu des choses peu communes, et même pour tout dire, extraordinaires, mais bien au sens étymologique du terme, c'est-à-dire, « hors de l’ordinaire » Cela s’est passé durant mon séjour, toujours aussi « enchanteur », à Bou-Sfer ! Pour plus de précision, les évènements que je vais vous relater se sont dérouler juste à côté ! Dans la petite « station balnéaire » d’Aïn-el-Turck!

Pistonné comme je l’étais, j’y suis envoyé un jour pour une garde très « spéciale » ! Cette garde doit se dérouler de nuit, dans un endroit assez mystérieux, que mon sergent se refuse à me décrire. Ça commençait bien ! Voilà-t-y pas qu’on embarque dans un « tube » Citroën, avec un maître chien et sa « délicieuse » bestiole !

J’écris « délicieuse », car je vis un jour, un de ces redoutables guerriers (le maître ! Pas le chien !) assis piteusement sur un banc, de grosses larmes de désespoir coulant sur ses joues juvéniles ! _Qu’est-ce qui t’arrive ? Lui fis-je, plein de compassion, et de camaraderie militaire. _C’est ce con de clébard ! L’émotion étant trop forte, il s’arrêta pour reprendre sa respiration. _Oui ! Et bien ? Qu’est-ce qu’il t’a fait ce « brave toutou » ? _Il m’a bouffé mon chat ! Ah oui ! C’était atroce, pour sûr ! Mais il devait avoir un pois chiche dans le réceptacle qui lui servait de boîte à cerveau, pour ne pas savoir que les chiens et les chats n’ont pas la réputation bien établie de s’apprécier entre eux ! Sauf, comme casse-croûte à la rigueur ! « J’te bouffe ! Moi non plus » est la version animale de la célèbre chanson de Gainsbourg ! Le gentil toutou, qui avait à son « actif » deux ou trois cadavres était muselé ferme ! Car j’ai oublié de vous préciser que ces chiens étaient de vrais tueurs qui vous attaquaient silencieusement dans le dos ! Pas un grognement ! Pas un aboiement ! Dans la camionnette qui nous transportait ses mâchoires étaient à vingt centimètres et dans l’axe parfait d’ustensiles précieux de ma personne qui me permirent d’être « papa » quelques années plus tard ! 

Enfin bref ! Nous voilà partis pour une destination inconnue. Nous traversâmes les faubourgs d’Aïn-el-Turck, et je me dis : « Chouette ! On va en ville ! » Ah ! La naïveté de la jeunesse ! C’est qu’après les faubourgs, il y a une vaste garrigue « merdique » faite de buissons bas, rabougris, pas un arbre, la terre est ocre et pisseuse ! Bref ! C’était pas des jardins à la Française du style « Le Nôtre » ! Et je me dis : « mais qu’est-ce qu’on peut bien garder dans ce dépotoir végétal ? » Surtout que ce terrain « très vague », mais alors là « très vague » se situait en pleine ville arabe. Il n’y avait aucune clôture, pas le moindre fil de fer barbelé, comme on aurait dû s’y attendre, pour garder quelque chose de vaguement « militaire » ! Et le pire de tout ! Pas le moindre éclairage, ni le plus petit lampadaire ! C’est alors que notre chef nous donna des consignes qui me firent dresser les cheveux sur la tête! Ils nous donna d’abord nos pistolets mitrailleurs, et chose incongrue et terrifiante ; Des chargeurs « avec les cartouches » et « des » qui marchent comme des vraies pour jouer à « tue-tue-pan-pan » comme dans la réalité ! Car il faut vous dire, que dans l’enclave de Mers-El-Kébir, enclave encore française pour quelques mois, nous n’avions pas le droit d’être armés, et encore moins d’avoir des balles. On faisait toutes nos rondes avec des pistolets mitrailleurs sans chargeurs ! « Ubu roi » est bien français, n’est-ce pas ? Cornegidouille ! Ce que nous déclara alors notre « serpate chef » augmenta d’un cran mon angoisse !

_Vous avez ordre de tirer à vue sur tout ce qui s’approche du petit bâtiment que vous voyez là-bas !

Hein ! J’avais dû mal « esgourder » ou je devais faire un cauchemar éveillé ?

_Vous, vous êtes sûr sergent ? On, on, on a le droit de tirer ?

Coassais-je d’une voix piteuse, fort peu virile, et surtout fort peu militaire !

_Absolument ! Non seulement le droit, mais l’ordre ! Vu ? Vous êtes des soldats ou des mauviettes ?

Bon ! Ça va ! On a compris ! Pas la peine de nous insulter par-dessus le marché! Qu’est-ce que c’est que cette histoire ? Nous n’avions pas le droit de garder notre casernement avec des armes, et là, en pleine ville arabe, dans un terrain vague sans éclairage, la nuit, on nous demandait de tirer sur tout ce qui bougeait ? C’était proprement hallucinant ! A ne pas croire ! Voilà pourquoi, l’ordre de mon sergent, de tirer sur « tout ce qui bouge », me laissait perplexe. Je craignais fort qu’il y eut des victimes vraiment collatérales pour le coup ! D’après les racontars, force clebs errants et quelques autochtones imprudents avaient péris de s’être aventurés en ces lieux maudits. J’ai commencé ma ronde, avec ma lampe torche, dans l’état d’esprit que vous pouvez imaginer ! La petite chose en béton que l’on devait garder, était d’une discrétion bien dans sa fonction. C’était un tout petit local blanc, pas plus grand qu’un abri de jardin, au toit plat, e t possédant tout de même une vaste fenêtre. Dans le noir absolu de cet endroit infernal, c’était la seule chose éclairée qui donnait une vague impression de vie rassurante ! Au moins, un être humain devait se trouver là dedans ! La curiosité, la trouille, le besoin de chaleur, l’ennui, m’attiraient irrésistiblement vers ce local, comme le papillon de nuit vers le lampadaire éclairé de la rue. L’ordre formel nous avait été donné de ne pas nous en approcher. On devait le garder, un point, c’était tout ! Mais vous connaissez ma curiosité maladive ! Rien n’y résiste ! Pas même les consignes d’un sergent de « mes deux » ! J’approche donc de la fenêtre. A ce niveau du récit, il me faut vous dire que je risque peut-être ma peau de dévoiler ainsi des secrets militaires ! Je sais qu’il doit y avoir prescription, mais quand même ! J’aperçois donc, un jeune opérateur assis à une table, et ayant devant lui des appareils électroniques bizarres. Il m’aperçoit à son tour, car j’étais dans la lumière de son local. Mais au lieu de l’air renfrogné et sérieux, auquel je me serais attendu, c’est au contraire à un visage souriant et sympathique que j’ai affaire. Et comble de bonheur, il me fait signe de venir le rejoindre ! Je suis tellement interloqué par cette invitation incongrue que j’hésite à entrer ! Il répète alors son invitation silencieuse par un geste de la main sans équivoque. A mon avis, il doit se tartir, se faire suer, et la solitude angoissante de la nuit doit lui peser autant qu’à moi. J’entre dans cette cahute bétonnée, et c’est tout de suite la stupeur ! J’entends d’abord de drôle de bruits, des sifflements, des bourdonnements inquiétants ! Et là, sur le mur, j’aperçois des silhouettes noires que je prends stupidement pour des poissons !

C’était pas des poissons ! Ou alors de très gros poissons ! C’était des sous-marins ! Le sourire de mon compagnon se fait plus large, car il comprend mon étonnement !

_Bonjour ! Alors c’est toi le « puni » de service ? Me lançait-il, un rien goguenard !

_Oui ! Oui ! Mais qu’est-ce que vous faîtes ici ?

_Ah ! Ah ! Ça t’impressionne ? Hein ! Ben figure-toi que nous sommes des oreilles très spéciales ! _Tu vois ces silhouettes de bateaux et de sous-marins ? Et bien nous sommes chargés de les repérer et de les écouter !

_Comment ça ?

_Oh ! C’est très simple, nous avons disposé au fond de la mer, dans des endroits très secrets, des micros spéciaux que nous appelons des « hydrophones » ! Ces hydrophones sont chargés d’écouter tous les bruits qui se produisent sur des dizaines de kilomètres à la ronde. Et comme tu l’ignores peut-être, chaque navire a sa signature sonore ! Nous sommes capables de distinguer un petit cargo, un gros tanker, un paquebot, et surtout des sous-marins ! D’ailleurs, pour ne rien te cacher, c’est notre mission essentielle ! Nous avons la signature sonore de tous les sous-marins soviétiques, et américains. Et à l’oreille, je les écoute et tente de les localiser en fonction de la position de l’hydrophone.

Ah ! Je comprenais mieux les « précautions » un peu expéditives de nos supérieurs, pour garder cet endroit. Nous étions alors, en pleine guerre froide, mais qui était très « chaude » ailleurs. Il me montre alors, un combiné téléphonique tout à fait ordinaire.

_Nous sommes reliés directement au ministère de l’Intérieur par cette ligne, sans passer par aucun standard ou relais privé !

Pourquoi « l’Intérieur » me dis-je dans ma barbe juvénile ? Et pas le ministère de la Marine ? C’est un mystère que je n’ai jamais élucidé depuis ! Je suis quand même sorti vivant de cette garde d’enfer ! Et j’y ai appris, par la même occasion une chose surprenante ;

La mer aussi a des oreilles !

jeudi 14 juin 2007

Montaigne, mon Maître


Nous n'avons pas beaucoup de guides, ici-bas, qui méritent notre estime et notre admiration, qui emplissent notre cœur d'une reconnaissante sans bornes.
Les "guides" de la révolution, les "maîtres" à penser, les "caudillos", les "petits pères des peuples", les grands "timoniers", les génies des "Carpates", les "Führer" nous en avons eu à foison durant le siècle de fer qui vient de se terminer.
Mais celui-là ne m'a jamais déçu ni abandonné.
J'avais fait sa connaissance, comme tout le monde
(je parle d'un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître), au collège.
Bien qu'il parlât une langue un peu rêche, un peu vieillotte, pour ne pas dire ridicule, j'avais déjà été ému par sa jovialité et sa bonne humeur qui transparaissaient malgré les sombres citations de lui, que l'on nous forçait d'ingurgiter.

Car Montaigne n'est pas un philosophe froid et prétentieux.

C'est tout le contraire! C'est l'homme de l'intimité et du bonheur de vivre.

"Moi, je m'aime bien! Je me "roule" en moi-même"

Ce n'est pas de l'égocentrisme, c'est simplement l'expression d'une joie de vivre saine et naturelle.

Lui l'épicurien qui se faisait réveiller en pleine nuit pour goûter à la joie de se rendormir!

Mais surtout, surtout! Montaigne est le philosophe de la Liberté!

Liberté de conscience et de pensée dans quelque domaine que ce soit!

Lui, qui vécut la tragédie épouvantable des guerres de religion, aurait infiniment de choses à nous apprendre encore!

S'il vivait parmi nous, il haïrait comme je hais tous les idéologues, tous les "petits marquis" de la pensée qui se prétendent modernes et qui ne sont que les gôliers du génie populaire.

Il voulait que l'on donne à tous les hommes, sans exceptions, les moyens intellectuels de se forger un jugement personnel sans "cornacs" prétentieux et liberticides!

"Les hommes sont comme des abeilles qui pillotent de-ci de-là et qui font un miel qui est tout leur"

Comme il serait bien malheureux dans notre époque détestable du "prêt à penser !"

"On nous a tant assujetti aux cordes, que nous n'avons plus fière allure!"

Mais l'espoir revient! Un de ses admirateurs et vrai serviteur vient d'en faire une traduction en français moderne pour qu'il soit enfin redécouvert et lu, comme il le mérite! La fin du 16ième siècle et notre époque tourmentée ont beaucoup de point commun. Mais je ne vois point arriver à l'horizon de nouveaux "Vert-galant !"


PS. Les citations du grand homme sont faites de mémoire! Alors soyez indulgent si elles ne correspondent pas tout à fait à celles des "essais"

mercredi 13 juin 2007

Caïn n’a pas tué Abel

C’était un collège privé d'une ville de la banlieue parisienne.
Il était dirigé par deux moines défroqués. Son propriétaire était un petit corse d’ un mètre soixante au garrot, habillé comme un mafioso de Chicago des années trente, c'est à dire d’un chapeau de feutre gris avec une bande noire, d’un manteau en poil de chameau beige jeté négligemment sur les épaules, d’un costume rayé trois pièces, de pompes bi-colores noires et blanches. Il avait un visage rond, ridé, à la peau mate, planté d’un long fume-cigarette. Sa femme, aux cheveux blancs et au bon sourire de normande, faisait un mètre quatre vingt bien sonné, en étant deux fois plus large que lui. Ceux qui penseraient à un meuble très connu, de la même origine, n’auraient pas tout à fait tort!
Ce petit collège privé représente pour moi les plus merveilleux souvenirs d'une scolarité chaotique.
J’avais pour joyeux compagnons le fils d’un sénateur communiste, celui d’un député « UNR » très célèbre, qui était en même temps le neveu d’un amiral trublion et « écolo » avant la lettre. J’avais aussi pour copain le fils d’un célèbre présentateur radiophonique qui avait été exilé en Corse, (j’écris bien « exilé ») parce qu’il était un farouche anti-gaulliste !
Vous saupoudrez le tout de surveillants de l’île de beauté, à la mine sombre et fière, et vous aurez une petite idée de notre « arche de Noé » scolaire .
Mais il y avait surtout notre professeur de mathématique, Monsieur Caïn.
Une terreur ! C’est surtout l’impression qu’il nous faisait !
D’une maigreur cadavérique, le visage émacié secoué, de temps à autre, de rictus clownesques, des lunettes corrigeant une forte myopie, il avait tout pour nous inspirer une crainte terrifiante.
S'ajoutait à cela un esprit féroce, à la répartie cinglante et aux anathèmes définitifs sur nos qualités intellectuelles très limitées.
Un jour, un élève plus audacieux ou plus inconscient eut le malheur de provoquer sa colère.
Il s'approcha de lui, et devant la classe médusée, il releva la manche de son veston pour montrer un avant bras décharné. Près de quarante ans après, je revois cette série de chiffres bleus, comme celles que l'on voit parfois sur certain quartier de bœufs dans les boucheries.

_Quand on a vécu çà, ce n'est pas un petit "merdeux" de ton espèce qui va me faire peur!


La sentence définitive foudroya l'indiscipliné pour le reste de l'année scolaire.
Longtemps la crainte panique m'empêcha de le considérer avec sympathie.
Pourtant, quelques années plus tard, les circonstances voulurent que j'eus besoin de lui pour des cours particuliers. Je rencontrais alors un homme doux, charmant, affable, d'une grande délicatesse, et surtout d'une grande bonté et d'un grand respect pour le petit élève timide que j'étais! Merveilleux bonhomme qui hantera toujours mon esprit et mes pensées!
Non! Définitivement, pour moi, Caïn n'a jamais tué Abel!

dimanche 10 juin 2007

Histoire champêtre!

Pisse que j'en vois qui s'ennuient, je m'en va leur raconter une histoire ben triste qui m'est zarrivée l'aut'e" souère"!
Avec ma bourgeoise, vla-t-y pas que nous rentrions à la crèche, avec ma torpédo modèle 1935
à une allure que mon canasson, la "rossinante" qu'on l'appelle par cheux nous, y l'aurait pu nous dépasser, vain diou!
Pour rentrer à la ferme y m'faut longer la route sul la gauche!
Ma bourgeoise, qu'a des yeux qui traînent partout, y m'dit qu'a une fumelle qui m'suit avec un bolide qui sort au moinsse de chez Bugatti!
Et pi sans z'être vulgaire comme l'Etienne qui crache partout comme un Lama des Zandes, comme j'ai vu une fois dans un album de Tintin, j'vous dirai qu'cette fumelle, elle me reniflait l'parechoc qu'on aurait dit le chien de l'Marie quand il est en chasse!
Elle m'double par la droite en s'couant ma pauv'boite à sardine que s'en était une misère! Bon diou de sacre bleu! Qu'y j'dis!
Ben la v'là bien attrapée! V'la feu qui passe au rouge!
Moi j'suis à côté d'elle, sur mon feu à moi, à gauche!
Au vert, v'là t-y pas qu'elle part comme une diablesse, comme une sorcière allant au sabbat! Avec un boucan de tous les diables!
Et v'là la chose surprenante! Qui m'a laissée sur le flan! J'avions jamais vu une chose pareille!
V'là t-y pas qu'elle passe la main à la portière en levant un doigt en l'air!
_Qué qu'c'est que çà qu'elle me lance la Germaine?
_T'as vu Firmin? Elle veut-y prendre la direction du vent? Mais pourquoi ben faire?
Pourtant y f'sait beau!
C'est p't' être qu'avec ces voitures du diable y faut faire attention au courant d'air?
Si quéqu'un par ici dans vos boites électroniques et tout le fourbi, vous pouviez nous esspliquer, à moi et à la Germaine ce drôle de geste qu'est p'être un nouveau signe du code de la route!
J'voudrai pas avoir des ennuis avec la maréchaussée, si faudrait que j'le connaisse moi aussi!
Firmin de Mézidon le Graveleux

Cadeau gratuit


En feuillant une de ces innombrables publicités reçues à la maison, et qui ont contribué au sacrifice inutile d'arbres magnifiques, je suis tombé sur ce titre: "Cadeau gratuit"
En voilà une idée, qu'elle est bonne! Quelle chance! J'aurai pu tomber sur un cadeau qui coute cher!
Quand une hétaïre vous dira d'une voix timide et faussement gênée:
_Chéri! N'oublie pas mon petit cadeau!
Vous lui répondrez, grand seigneur:
_Tiens! Aujourd'hui, je suis bon prince, je te file un cadeau gratuit!
Faites gaffe quand même en ressortant, de ne pas être apostrophé par un individu louche et très vénal!
Nous sommes à une époque magnifique où même les cadeaux que vous recevez coûtent la peau des fesses!
Alors quand on vous offre un cadeau gratuit, surtout ne faites pas la fine bouche, acceptez-le!

samedi 9 juin 2007

Ti-ti, ta-ta, et radada


Je dois vous parler maintenant, d’un langage, d’un moyen de communication qui a disparu, mais qui, pendant plus d’un siècle, a relié hommes, bateaux et avions.
C’est le morse !
Au fond, c’était une sorte de « SMS » de notre époque.
Puisque je l’évoquais tout à l’heure !
Langage fait de « points » et de traits » sonores qui, grâce au merveilleux alphabet inventé par Samuel Morse, permettait d’envoyer toutes sortes de messages à travers le monde entier ! Et comme je suis un petit gars pratique, aimant faire partager mes connaissances, je vous donne le lien de « wikipedia » qui vous en dira bien d’avantage :

Pourquoi je vous en parle ? C’est là que les choses deviennent vraiment passionnantes et vraiment extraordinaires.
C’est qu’à la fin des années soixante, dans le transport militaire français,
on continuait à « trafiquer » (comme on le disait dans notre jargon) en morse !

Ouais m’sieur dames ! Comme je vous en « cause » !
Je parie qu’il y en a encore qui ne vont pas me croire !
C’est pourtant l’exacte vérité.
Et j’en ai été le témoin attentif pendant les huit mois de mon séjour sur la base de Bou-sfer en Algérie, en 1967 !
Je n’aurais pas dû mentionner cette date. Il y a maintenant de charmantes jeunes femmes qui vont pousser des soupirs de regrets, quand elles vont comprendre la longueur de mon pedigree !
Mais je me sens toujours jeune, hein ?
Rien à faire !
Bon ! Maintenant c’est râpé pour la drague ! (J’ai toujours été d’une maladresse !)

J’avais donc l’honneur de servir dans la STB (Section des Transmissions Base)
Moi, dans le « glorieux » métier de standardiste, et mes petits camarades, dans celui beaucoup plus banal et vulgaire « d’opérateurs radio » !

Ils avaient fait cinq mois de stage spécialisé à Nantes pour maîtriser ce merveilleux langage et toutes les techniques de transmissions militaires.
Ils étaient tellement passionnés et « fondus » par leur fonction, qu’ils écoutaient les messages en morse sur leur poste personnel, pendant leur jour de repos, dans la chambrée où j’avais le malheur supplémentaire de pionçer avec eux!
Car bien sûr, ils travaillaient jours et nuits, comme moi d’ailleurs !
Complètement malades, je vous dis !
Je finissais par les avoir en horreur, ces « titi-tatata » de malheur !

Ils avaient l’oreille si fine et si professionnelle, qu’ils pouvaient reconnaître un collègue à 2000 kilomètres de là, rien qu’à la frappe particulière de celui-ci, sur son manipulateur !
Un peu comme des mélomanes pointus savent reconnaître le pianiste qui joue du Chopin à Pleyel sur leur chaîne HI-FI !
Leur abri en acier galvanisé jouxtait les bâtiments de la tour de contrôle.

Il y faisait quasiment 40 à 50° à l’intérieur, tous les jours d’été !
C’est vous dire qu’ils rêvaient infiniment plus
de « banquise » de « pingouins », de « pistes de skis »,
de « monts enneigés » que de cocotiers ou du sable fin des Seychelles !

Quand je pense encore à la chanson de ce pauvre ignorant d’Aznavour…….. !
M’enfin !
Faut bien faire plaisir aux « fans » de nos chorales !Voilà, je pense vous avoir bien planté le décor !
Et ce n’est que le décor !
Car la suite arrive !

Par un dimanche de « très mauvais » temps toujours « connement » ensoleillé et sans un nuage, un « soldat-poisson rouge » continuait de s’emmerder ferme dans
son « bocal-standard-téléphonique » !

C'est-à-dire « bibi » ! Je pense que vous m’aviez reconnu !

Soudain, mon petit camarade Belmonte fit irruption dans ma cage à serin, sans précaution, sans même prendre la peine de frapper, et sans savoir si j’étais en communication !

Et alors ? J’ai bien le droit de me métamorphoser en « serin » si ça me chante ?

Et la liberté de « l’artiste » ? Qu’est-ce que vous en faîtes ?
Donc, ce brave camarade opérateur, que je n’avais jamais vu si paniqué, me hurle dans les trompes d’eustache :
_Gilbert, j’ai perdu mon avion !
_Hein ? Comment ça, t’as perdu ton avion ? Quel avion ?

Nous nous précipitâmes dehors pendant qu’il continuait à me claironner dans mes portugaises saturées sur le plan acoustique, les motifs de son angoisse :

_Ben ouais ! J’attendais le « constel » de la SAR !
Et quand je me suis mis sur leur fréquence, viens voir ce que j’ai entendu !

Il me traîne alors dans le « four à pain » lui servant de lieu de travail !

Et là, effectivement, j’entends un sifflement continu à vous percer les tympans !

_Qu’est-ce que je dois faire ? Je préviens le colonel ?
Le gars de la tour n’arrive pas non plus à les joindre en « phonie » !

_Et il devait se poser quand ton zinc ?

_Ben quasiment maintenant !

_Et il venait d’où ?
_D’Istres !


Vous allez voir comme on est ponctuel dans l’aviation !

Car juste à ce moment précis, on entend le léger grondement caractéristique de quatre moteurs à piston !
Dans un réflexe simultané nous levons les yeux vers le ciel, toujours aussi connement limpide et dégagé !
Et là-haut, à plusieurs milliers de mètres au-dessus de nous, la silhouette menue et diaphane d’un quadrimoteur arrivant tranquillement de la mer, passe au-dessus du terrain, et s’enfonce dans les terres, vers le désert !


_Mais qu’est-ce qui fout ce con ? Mais qu’est-ce qu’il fout cet abruti ?


Je vous prie de pardonner ce langage un peu vert des jeunes bidasses que nous étions à cette époque !

Bon ! Comme c’était pas mon problème, et avec le bel égoïsme qui caractérise la jeunesse, je suis rentré dans mon bocal-cage ou ma cage-bocal (à vous de choisir !)





















Une demi-heure plus tard, j’entends le crissement d’un train d’atterrissage sur le béton, ainsi que le
rugissement des quatre moteurs « Pratt-and-Witney » en « reverse » pour freiner à mort !
Tiens ? Me dis-je !
« L’oiseau a enfin retrouvé son « nid » !
Je pense au soulagement de mon camarade.

Le soir, dans la chambrée, je suis allongé sur mon lit. Je bouquine sagement quand la porte s’ouvre sur un Belmonte qui se précipite vers moi, le visage hilare et détendu du type qui vient d’échapper à la noyade !

_Tu sais pas ce qu’ils ont fait ces cons ?


(Pardonnez-lui encore cette vulgarité toute militaire !)


_Ben figures-toi que tout l’équipage était entrain de « taper le carton » à la queue de l’appareil, et que cet abruti d’opérateur radio s’était endormi sur sa table, le coude sur le manipulateur ! Tu te rends compte quand même ? Ils avaient même plus fait gaffe à l’heure !

Ce n’était pas la première fois que les équipages de la SAR se faisaient remarquer !
C’était les meilleurs pilotes qui soient !
Il le fallait bien, puisque c’étaient eux qui étaient chargés du secours et du sauvetage des avions perdus en mer ou sur terre !

Le vieux « Lockeed 1049 Constellation » était une vieille carne ayant servi dans la compagnie Air France, dans les années 50 !
Il était équipé de quatre énormes hublots ovoïdes, de chaque côtés de la carlingue, par lesquels de jeunes appelés passaient des heures entières à scruter le sol ou la surface des flots.

Tout ceci à très basse altitude ! Parfois, pas plus de cent mètres !
L’avion épousait ainsi le relief du sol.
Ce que ces pilotes chevronnés et casse-cou appelaient « faire du radada » !
S’il a d’autres explications plus graveleuses à l’emploi de ce terme, je n’en suis absolument pas responsable !

Vous dire que les missions de ces équipages étaient dangereuses et éreintantes seraient un euphémisme insultant !
C’est pour cela qu’ils bénéficiaient de la part de leur hiérarchie d’une mansuétude que l’on n’aurait pas accordé à d’autres !

C’est ainsi, qu’il arrivait fréquemment que le mini-bus de l’escale des officiers alla chercher vers cinq heures du matin, un équipage au trois quart ivre mort, que l’on extrayait tant bien que mal par les pieds d’un appareil qui venait de se poser !

Ah ! On savait vivre à l’époque !

Malgré leurs « excès » leur « intempérances », leur mentalité de « foirineurs », de
« bambocheurs », de « noceurs convulsifs »
fréquentant assidûment l’hôtel particulier du BMC, ils n’ont jamais eu le moindre accident ou incident !


Pour illustrer mon propos, rien de tel qu’un petit exercice pratique : les « ° » sont des points, et les «-» sont des traits ! (message torride et humide) !










(° ° - / - ° ) (- - ° / ° - ° / - - - / ° ° ° ) ( ° - - ° / - - - / ° ° - / - / - - - / ° ° - / )


(- ° ° ° / ° - / ° ° ° - / ° / ° ° - / - ° ° - ) ( ° - ) (- ° - ° / ° / ° - ° ° / ° - °° / ° / ° ° °)

( - - ° - / ° ° - / ° ° ) (° - / ° ° / - - / ° / - ° / - ) (- ° - ° / ° - )


mardi 5 juin 2007

Le bel arc-en-ciel.

Comme beaucoup de passionné d’aviation, je ne peux m’empêcher de passer devant les étals des librairies sans rechercher de beaux livres sur les avions.Hier je flânais donc dans les rayons d’un grand supermarché.
Un splendide album attire mon regard.
Il parlait des avions de légende qui ont fait la gloire du ciel français.Et là en feuilletant distraitement ses pages, je tombe en arrêt devant une photo.Ce n’est pas l’image de ce bel oiseau qui me fascine. Il s’agit pourtant du Couzinet n°10, le prédécesseur malheureux de l’arc-en-ciel de Mermoz qui s’écrasa lors de ses essais en vol à Orly.Mais une longue silhouette filiforme et des traits du visage que je reconnais pour m’être familiers !

Mon grand-oncle paternel ! L’oncle Jules ! Le teigneux ! L’ouvrier, le tourneur hors pair qui « choisissait » ses patrons, et qui leur flanquait sa boite à outils à travers la figure quand il ne les aimait pas ! Il faut croire que Monsieur Couzinet fût un patron remarquable pour que mon oncle participa à l’élaboration de ses avions !

Pour preuve de ce que j’avance ; je possède un document rarissime ! Une photo dédicacée de la main même du grand constructeur français !
Cette photo jaunie et un peu froissée par le temps, représente précisément ce prototype n°10 de l’arc-en-ciel qui s’écrasa peu de temps après !
En fond d’image, on aperçoit les bâtiments de l’aérodrome du Bourget.
Cela se passait en 1928 ! Cela ne nous rajeunit pas ! N’est-ce pas ?
Mais savez-vous quel fut le dernier engin que préparait ce grand ingénieur français, au milieu des années cinquante, au moment de son suicide tragique ?

Une SOUCOUPE VOLANTE !

Incroyable ! Mais…….vrai !

la photo que vous voyez est bien celle que construisait Couzinet au moment de sa mort.

PS. Je vous donne le lien d'un site complet sur le sujet!


Mais tout ceci ne vaut pas un bel arc-en-ciel, un vrai! De chez moi!

samedi 2 juin 2007

Une souris verte…


Une souris verte,
qui courrait dans l'herbe,
Je l'attrape par la queue!
Je la montre à ces messieurs……

Qui n'a jamais entendu cette petite chanson enfantine?

Mais quand c'est chanté par une classe d'adorables gamins à la peau sombre et aux cheveux crépus, à plus de vingt mille kilomètres de la métropole, cela provoque chez moi une émotion particulière et beaucoup de nostalgie.

Il s'agissait d'une classe de maternelle dans un petit village canaque de Nouvelle Calédonie.

Je revois mes bambins et mes neveux, au même âge, la chantant de la même manière, avec le même enthousiasme juvénile.

Cela devrait donner aussi deux grandes leçons très précieuses au monde adulte.

La première, évidente et lumineuse, c'est l'universalité de l'enfance.

Ils sont tous rigoureusement identiques, ces charmants petits moineaux qui babillent, crient, chantent et pleurent parfois!

Dans la poussière de l'Afghanistan ruiné, comme dans la cours d'une école de Neuilly, dans les quartiers pauvres de Beyrouth ou de Gaza, ou dans une maternelle du cœur de Londres, ils sont frères jumeaux par le comportement et la joie de vivre.

La deuxième, c'est le bonheur de la francophonie!

Savoir que des petits gamins fortement éloignés les uns des autres commencent leurs armes "culturelles" par les mêmes petites mélodies aux paroles, que des cœurs insensibles et trop intelligents qualifieraient de niaises, voilà qui me met au comble de la joie!

Voyez comme peu de choses suffisent à mon bonheur.

mercredi 30 mai 2007

Bou-Sfer, base 5, j’écoute !

Oui c'est moi sur la photo!

Pendant des mois, des milliers de fois, j’ai répété cette phrase !
C’est vous dire si je m’en souviens ! Car il me faut vous narrer une chose qui est à l’image même de ma vie. Tellement j’ai toujours eu un pot faramineux dans l’existence ! Comme le beau militaire que j’étais, fils de militaire, je suis tombé sur ce territoire d’outre-mer où s’exerçait toute la « virilité »…. militaire ! J’étais sur une base aérienne. Des biffins de l’armée de terre s’entraînaient férocement dans les collines.


Tous les jours, je voyais des « sticks » de parachutistes de la Légion Etrangère sauter des vieux « Nord Atlas » fatigués, sur les
plages d’Aïn-el-Turk.
Un ami d’enfance était marin dans la base navale souterraine de Mers-el-Kébir, à trois kilomètres de là. Mon cantonnement était à côté de celui des « redoutables » gars à képi, des durs à cuire, des tatoués, des bêtes fauves, des fils de « Pépé le Moko » !
C’est vous dire si ça sentait l’adrénaline et les hormones mâles partout dans les environs !
Et bien moi, j’ai passé mon séjour là-bas comme opérateur dans le central téléphonique de la base ! Avec en prime, cerise sur le gâteau, pompon délicieux ; la seule femme chef de service de toute l’enclave de Mers-el-Kébir !
Et dans les années soixante, je vous prie de croire que c’était exceptionnel !
Je vous parie ma chemise de pyjama qu’il y a bien un congénère (en un seul mot) mâle, qui lisant ces lignes, va me sortir :
« Quel pot il a eu ! »
Sinistre buse ! Attends un peu la suite !
Cette « charmante » miss (car on l’appelait « miss ») pesait bien son quintal, pour un mètre cinquante. Elle avait la voix éraillée de celle qui clope ses deux paquets par jour, qui sirote tout ce que la planète peut distiller comme alcool, et qui avait dû avaler des choses que la loi tolère mais que la morale réprouve !
Quand on la voyait, je vous jure bien que l’envie du moindre marivaudage se serait vite éteint dans votre esprit, dans la fraction de seconde qui aurait suivi son apparition!
Quant à la bise, même amicale ? Même pas en rêve ! D’ailleurs à cette époque, cela nous aurait valu au moins une semaine d’arrêt de rigueur ( de prison, pour décoder pour les jeunes !).

Nous avions un magnifique standard à fiches, modèle 1936 réformé 45 de 370 postes ! Eh ! Eh ! Eh ! Quand je pense aux portables d’aujourd’hui, je me bidonne un brin! Celui-ci logeait dans une pièce de deux mètres sur quatre. Elle se trouvait dans les bâtiments de la tour de contrôle. Il nous arrivait souvent de passer vingt-quatre heures d’affilées dans ce charmant bocal, sans radio, sans télé, et seul !
On nous ravitaillait par plateaux repas (froids) qui faisaient quatre kilomètres en jeep pour venir de la cantine !
C’est vous dire si on ne se brûlait pas souvent la langue avec des plats trop chauds !
Notre grosse « araignée » passait ses journées avec sa « chouffe » collée à l’oreille !
Mais oui ! Bien sûr, que je vais vous expliquer ce que c’est qu’une « chouffe » !
Un peu de patience que diable ! D’abord, un peu de technique !
Notre « cage à serins » était composé de trois modules identiques, comportant les mêmes trous correspondants aux mêmes postes téléphoniques !
C'est-à-dire que lorsque deux correspondants étaient en ligne, il y avait deux trous correspondants au même abonné libre, sur les deux autres modules !
On suit ? Ça va ? Bon ! Je continue !
Donc, il suffisait de mettre une fiche munie d’un écouteur dans un des trous libres pour écouter la conversation des deux malheureux qui ne se doutaient pas une seconde qu’une grosse truie était entrain de se bidonner, en écoutant leurs confidences !
Ah ! Ce sourire, et ce ricanement asthmatique !
Je les ai encore dans la vue et dans les oreilles !
Même après tout ce temps là !
Elle en a passé des heures « mémé » à écouter tout son petit monde!
A mon avis, ce devait être une auxiliaire de nos services secrets !
Mais chut ! Je ne vous ai rien dit !
Car je me suis toujours demandé ce qu’elle pouvait bien foutre avec tout ce qu’elle entendait ! Vous pouvez constater la belle ambiance « virile et militaire » qui était la mienne !
Ne ricanez pas trop fort !
Ce n’est pas de ma faute ! Je ne l’avais pas choisi !

Un jour, que la fatigue me prend, j’étends mes bras au-dessus de ma tête pour me relaxer ! Soudain mes doigts pénètrent profondément quelque chose d’incongru et d’inhabituel !
Arghhhh ! Horreur ! Malheur ! C’était les cheveux de la sorcière !
Dans un réflexe « cérébro-spinal » je rabats brutalement les bras vers moi !
Pétrifié de honte et de gêne !

Euh ! Je précise que le réflexe « cérébro-spinal » est celui de la grenouille à qui on a coupé la tête, et qui n’a donc pas besoin de cervelle pour agir !

J’attends donc avec angoisse une réaction de notre cerbère femelle. Rien !
Je me retourne à demi pour la regarder. Et là, qu’est-ce que je vois ?
Madame, la clope au bec, en train de lire tranquillement un bouquin, parfaitement immobile, sans la plus petite émotion !
Alors là, je me suis dit qu’une femme qui a ce sang-froid là, a dû en faire de vertes et de pas mûres ! Je n’ose pas l’imaginer ! Elle a dû en dérouler du câble ! C’est moi qui vous le dit !
Je n’allais pas tarder à en avoir une preuve supplémentaire.
J’étais à l’époque, un garçon encore plus timide qu’aujourd’hui !
Vous voyez ce que cela peut donner ?
Vous pensez bien que cette grosse vache s’en était immédiatement aperçu et qu’elle me réservait un sort d’une cruauté et d’une perversité toute diabolique ! I
l y avait dans l’enceinte de Mers-el-Kébir un établissement très sérieux qui était gardé militairement par les trois Armes, plus la légion.
Toutes les semaines, un détachement de quatre soldats, sous les ordres d’un caporal, montait une semaine de garde dans cet endroit hautement stratégique.
Une fois, c’était l’Armée de l’Air, ensuite, l’Armée de terre, suivit de la Marine,
et enfin la Légion ! Chaque arme y allait à tour de rôle.
Cet établissement était un hôtel de « repos » de « calme » où des infirmières très spécialisées dans des soins très particuliers, exerçaient leurs talents contre rémunération, bien sûr !
Et sous une surveillance médicale très stricte et sérieuse !
Nous, on l’appelait le B.M.C. Mais ces initiales sont sans intérêts pour les jeunes personnes de notre époque.
Nous en étions très fiers, parce que c’était le dernier en activité dans l’armée française !
Une « relique » du passé en quelque sorte !
Et puis, chose émouvante ; les bénéfices de cet établissement « hospitalier »
(dans tous les sens du terme !) avaient permis de nous acheter des cadeaux pour le Noël tristounet, et loin de nos familles, que nous avons passé là-bas!
J’en ai encore la larme à l’œil, quand j’y pense !

Bref ! Vous avez deviné la chose, parce que vous êtes plus malins que moi ; Cette caricature de femelle n’a plus eu qu’une seule idée en tête pendant des mois : me « pistonner » pour m’envoyer de garde là-bas !
D’ailleurs, quand on parle de « pistonner » (sans jeu de mot) c’était bien le cas, puisqu’il fallait vraiment l’être pour mériter de faire cette garde !
Vous imaginez ? Boissons gratuites, repas gratuits, et …tout le reste aussi gratuit ?
Ah ! Ça se bousculait au portillon ! Croyez-moi !
Mais heureusement, la providence veillait !
Elle n’a pas réussi dans son entreprise coupable à m’envoyer là-bas !
Je suis resté « pur » et « vierge » comme j’étais venu !
Qui a dit « l’imbécile » ?

samedi 26 mai 2007

Saga ? Cà agace !

Notre joyeux “emplumé” de service, les ratiches éblouissantes de blancheur, déployées pour son plus beau sourire de VRP du gotha mondain, j’ai nommé Stéphane Bern, présentait l’autre jour une faune excessivement passionnante ; les richissimes amerloques !
Dans un des volets de cette captivante étude ethnologique et zoologique, une joyeuse excitée, emperlousée, jusqu’au nombril, nous faisait l’honneur de la visite de sa modeste « chaumière » !
Une bicoque à peine plus petite que notre château de Versailles, et dont un architecte malin et peu scrupuleux avait dit s’en être inspiré pour en faire les plans (l’escroc !) .
Je ne vous explique pas le luxe indécent et ravageur qui s’étalait sous nos yeux ébahis !
C’est là, dans toute sa sécheresse, et dans toute sa clarté, que la démonstration est faite qu’il y a des individus qui ne vivent pas sur la même planète que nous !
On respire le même air, soit !
Il semblerait que nous ayons à peu près la même physiologie, que nous nous reproduisions à peu près de la même façon. Mais la similitude s’arrête là !
Le sublime fût pourtant atteint au détour d’une saillie verbale de la maîtresse de maison!
Ah ! Oui ! Parce que j’avais oublié de vous préciser un détail important; çà cause aussi, ces bestioles friquées!
« Oh ! Vous savez, dans la vie, l’argent n’a pas beaucoup d’importance ! »
Poum ! Paf !
J’imagine la tronche d’un pauvre « chaumiste », dans sa mansarde sous les toits, en train d’ouvrir sa boite de petits pois, devant son téléviseur noir et blanc miniature.
Téléviseur miraculeusement rescapé de la dernière saisie !
Cà ? C’est des coups à ce qu’il se précipite immédiatement par la fenêtre !
Dangereux le « gominé à princesses » !
On se demande avec beaucoup d’intérêt quel peut bien être l’utilité d’une telle provocation télévisuelle ? Refaire sortir Karl Marx du bois ?
On dit que c’est fait pour faire rêver le prolo français!
Mouais ! Connaissant l’envie, et la jalousie maladive de mes compatriotes, qu’ils cultivent avec délices, comme les Japonais leurs bonzaïs, çà m’étonnerait que çà les fasse rêver, ces pauvres chéris !
Déjà qu’ils ne supportent pas que leurs voisins aient une plus grosse voiture qu’eux, que leur rejeton n’ait pas une paire de pompes « niké » comme celle du p’tit d’en face !
C’est pas pour supporter que des rombières friquées façon « Rothschild » vivant de l’autre côté de l’Atlantique, nageant dans les dollars, viennent leur dire imprudemment que «l’argent ne fait pas le bonheur »
On voudrait mettre le feu dans les quartiers défavorisés, qu’on ne s’y prendrait pas autrement ! Sous ses airs chafouins, monsieur Stéphane Bern est un dangereux agitateur !

jeudi 24 mai 2007

Mon légionnaire


Toutes les « madeleines de Proust » ne sont pas comestibles
Il s’en faut de beaucoup.
La mienne est apparu sous la forme d’un insigne de régiment qu’un éditeur proposait en collection.
Il s’agit de l’insigne du 2° R.E.P. « Deuxième Régiment Etranger de Parachutistes » Eh ! Oui ! La fameuse légion étrangère française !
Le premier n’existe plus pour la raison fort simple qu’il fit partie des putschistes du 22 avril 1961 ! Insurrection fomentée par le « quarteron de marchands de chaussures » comme les avaient surnommés De Gaulle, comprenant les généraux Challe, Salan, Jouhaud, Zeller ! Les hasards de l’existence, plus une administration militaire bornée et aveugle, firent que j’eus l’honneur, le plaisir et l’avantage de côtoyer ce prestigieux régiment lors de ses derniers mois sur le sol algérien qui le vit naître 150 ans plus tôt ! C'est-à-dire à Bou-Sfer, la base aérienne de l’enclave de Mers-El-Kébir ! C’est ainsi que j’assistai un jour à la dernière fête de « Cameron » (la fête des légionnaires) sur le sol de leur vraie patrie ; l’Algérie !

Il y avait aussi, avec nous (les gonfleurs d’hélice de l’Armée de l’Air) le 1° REC ! Autrement dit : Le 1° régiment étranger de cavalerie ! Ils avaient remplacé depuis longtemps leurs chevaux, par des jeeps porteuses de missiles sol-sol SS10. Missiles mis au point par un certain Bastien Thierry, jeune officier qui voulu faire la peau du général de Gaulle ! Maintenant, ils sont cantonnés du côté d’Orange, en France ! Notre garnison et la leur était simplement séparée par un rideau de barbelés symboliques mais quand même agressifs ! Une nuit fort sombre, alors que j’étais de garde « volante », je déplaçais, sans précipitation excessive, ma carcasse filiforme de sous-alimenté militaire(Ouais ! Je sais ! J’ai changé mesdames ! Pas la peine de me le faire remarquer !) le long de ces barbelés, mon « PM » inutile et sans munitions à l’épaule ! (Nous n’étions plus chez nous depuis cinq ans !) Un chant rauque et aux couleurs légèrement avinées me fit dresser l’oreille ! Il était là mon légionnaire !
Affalé sous le réverbère blafard !
Il n’était pas beau, et il ne sentait pas bon le « sable chaud » !
Sa grande carcasse reposait sous un lampadaire éclairant quelques mètres carrés de terre sèche et ocre.
Il se roulait consciencieusement une cigarette dans le papier d’un journal dont les lettres grasses étaient encore visibles.
Son visage était plus buriné que le canyon du Colorado !
_Ach ! Beudit Kon ! Abrauche! Alorsse Kamin! On draineuh!
Pas difficile de deviner qu’il n’était pas originaire du Poitou!
Survint alors la plus extraordinaire confession qu’aucun homme ne m’ait jamais faite !
Quel dommage que je n’aie pas eu de magnétophone ou que ma mémoire ne soit pas assez fidèle pour me relater tout ce qu’il me raconta cette nuit là, au son du cri des chacals (les vrais, ceux-là !)
Il était allemand. Il avait fait la bataille de Stalingrad.
Fait prisonnier par les Français, il s’enrôle dans la légion.
Il fait toute la campagne d’Indochine, Dien Bien Phu, les camps du viet-minh.
Il est libéré. On l’envoie en Algérie où il fait toute la guerre jusqu’en 1962 où son régiment vient se réfugier dans l’enceinte de Mers El-Kébir !
Dans ses yeux gris délavés passèrent tous les champs de batailles et les combats auxquels il participa, ponctué de forts éclats de rire à la Teutonne et d’une subtilité toute germanique ! Je ne sais pas si tout était vrai. Je n’avais pas les moyens de vérifier.
Mais il semblait si sincère et tellement désespéré dans sa solitude de vieux soldat qu’il cherchait « virilement » à me cacher, qu’il ne me vint pas une seconde à l’esprit qu’il pouvait me mentir !
Et qu’importe !
Il me reste dans les yeux et le cœur, l’image de ce vieux militaire fatigué, usé par les combats que son pays d’adoption lui fit faire sans vergogne pour une maigre solde, peu de remerciement, un peu de « bibine », et le mépris de beaucoup de mes compatriotes
en prime !
Nous, ils nous prenaient pour des gamins d’un patronage pour lesquels ils avaient beaucoup de tendresse et d’affection. Cela pouvait chatouiller la susceptibilité de certains de mes camarades, mais moi, je trouvais cela plutôt sympa !
De temps en temps, ils en « kidnappaient » un, en prévenant l’officier de garde, et nous le ramenaient au petit matin dans un état qui aurait scandalisé leur pauvre mère.
Mais ils allaient jusqu’à le faire vomir, à le déshabiller, et à le border dans son lit !
De vrais anges gardiens !
Mais pas question de passer au travers de l’une de leur « gentille » invitation !
Autre détail charmant : Il fallait un camion semi-remorque de cannettes de bière par semaine pour étancher la soif de nos « paisibles » voisins ! Fragiles du foie s’abstenir !
La Légion étrangère n’est pas faite pour vous !
J’ai encore mille anecdotes à leur sujet
dans ma besace à souvenirs !

Mais tout se mérite ! Un peu de patience !
Comme celle du fennec qui rôdait cette nuit là, près de nous,
avec ses longues et larges oreilles !

lundi 21 mai 2007

Mon « K »


Il était posé là, sur mon bureau, silencieux et discret.
Sa couverture montrait une gueule de requin menaçante.
Je l'avais acheté pour les besoins scolaires de mon fils.
Une obligation culturelle, en quelque sorte.
Et puis un soir, avant de me coucher, parce que je ne peux m'endormir sans lecture, je le pris avec moi, dans une période de vache maigre littéraire.
C'est ainsi que bien engoncé dans mes couvertures, les lunettes sur le nez, je me mis à lire le "K" de Dino Buzzati.

Les premières phrases me parurent bien banales et il s'en fallut de peu pour que mon intérêt et ma patience s'envolassent, surtout après une bonne journée de travail.
Mais le talent de l'artiste fit son œuvre.
L'hypnose littéraire finit par me vaincre, et je me mis à suivre les aventures terrifiantes du pauvre Stefano Roi!
Qu'est-ce que c'est que cette histoire abracadabrante?
Un jeune homme voit un monstre suivre le bateau de son père que personne d'autre que lui n'aperçoit? Complètement idiot!
La part d'enfance qui survit en moi, tant bien que mal, arrive à surpasser mon esprit cartésien, et je poursuis la lecture.
Je vous passe le récit d'une vie faite de fuite et d'attirance pour cette affreuse bestiole tapie au fond des océans, qui hante le cœur et l'âme de ce pauvre torturé.
Arrive la fin tragique et grotesque.
Le vieillard, dans un ultime face-à-face, veut affronter courageusement la "bête".
Et là, il s'aperçoit avec horreur et désespoir que le "monstre" n'est en fait, qu'un doux et bon génie qui voulait lui apporter gloire et fortune, sous la forme d'une "perle de l'océan"!

Les brumes du sommeil commencent à me gagner sur cette histoire bien sombre.
L'esprit erre dans les contrées de l'inconscient où la raison n'a plus sa place, mais où l'âme retrouve son royaume.
Soudain, je me redresse sur mon oreiller.
L'angoisse m'étreint!
Comme un voile qui tombe devant un tableau de la cimaise de mes pensées, m'apparaît en pleine lumière la vérité de cette parabole!
Ce n'est pas simplement LA parabole que j'ai comprise! C'est aussi ma vie!
Je l'ai reconnu le monstre du K!
Pas celui du livre! Le mien! Celui que j'ai fui, moi aussi!
Comme un imbécile! Aussi stupide que ce Stefano!
Moi aussi on me l'avait dépeint comme une monstruosité!
Moi aussi, j'étais le seul à le voir, alors que j'entends encore le ricanement de ma mère, parce qu'elle, à l'instar du père de Stefano, ne le voyait pas non plus!
Le mien aussi, je l'ai fui toute ma vie! Il était là devant moi! Il m'a accompagné toute mon existence!
Lui aussi était patient ! Lui aussi me terrifiait par sa gueule énorme qui semblait vouloir me dévorer tout cru!
Je ne savais pas non plus qu'il pouvait m'apporter tous ces trésors!
Ah! La brave bête! L'adorable créature!
Heureusement, je ne suis pas encore un cadavre dérivant sur une barque!
Ah! Oui! J'oubliais de vous la nommer, cette gorgone enfin apprivoisée: L'écriture!

dimanche 20 mai 2007

Maya l'araignée


Oui! Oui! Je sais!
C'est Maya l'abeille! Mais attendez un peu la suite!
Le décor: Restaurant d'entreprise à une table de repas

Personnages: Deux employées face à face dont l'une est la mère d'un petit bambin de 18 mois environ. Celui-ci étant de la fête, est assis à côté de sa maman.

Le petit garçon serre sur son cœur une peluche hideuse comme l'affectionnent les enfants de son âge; Une chose avec un ventre énorme strié de bandes noires et jaunes duquel jaillissent huit pattes décorées de la même manière.

Je ne peux réprimer l'envie de vous narrer le dialogue surréaliste que j'ai surpris entre les deux femmes.

La collègue de la maman:

_Alors, mon petit! Elle te plaît Maya l'abeille? Elle est mignonne, hein ?

La maman dans un souffle de voix gênée:

_Heu! C'est une araignée! Pas une abeille !

La collègue plus fort:

_Ah! Bon? La vendeuse m'avait pourtant dit que c'était une abeille! T'es sûre?

Pendant ce temps-là, le petit garçon, que ces discussions hautement scientifiques sur l'entomologie la plus passionnante ne semble pas une seconde émouvoir, donne des baisers goulus et tendres à son infâme machin!

Vous avez déjà vu des abeilles sans ailes et avec huit pattes, vous?
A mon avis, elle n'a pas dû en voir souvent, des abeilles! A part celles qui lui bourdonnent dans les oreilles!
Je ne sais pas ce qu'elle "butine" mais à mon avis, c'est pas du pollen!
Par contre, en ce qui concerne les araignées, c'est plutôt surprenant, car avec celle qu'elle se trimbale dans le plafond, elle devrait avoir pourtant quelques lueurs sur leur aspect!

Et vous allez voir que ce sont les mêmes qui nous font un "nervouze brèquedaoun" sur les petites bestioles à poils que l'on massacre pour en faire des manteaux de fourrure, ou qui arracheraient les yeux de ces "fascistes" de chasseurs tuant ces pauvres petits pigeons du côté de Bordeaux ! (La palombe? elles prennent cela pour un prénom espagnol, d'ailleurs!)

Ah! Le monde merveilleux de Maya l'araignée!

Et Flipper le requin? Je n'ose pas y penser!

Quant à Rintintin le canard, je crois que le pauvre Ricet Barrié n'est plus en état d'aboyer!

vendredi 18 mai 2007

L’ours et la poupée….russe !

L’émission Thalassa est un petit joyau de culture maritime qui surnage tant bien que mal sur le tas d’immondices « télé-cloaqueuses » devenu « l’idiot-visuel » français.
On participe comme on peut à la « mondialisation » du crétinisme universel!

Hier nous avions au menu, entre autres, le reportage sur le plus grand sous-marin nucléaire lanceur de missile au monde ! Il est russe !


Quelle puissance !
Quelle masse imposante !

Rien (ou presque) ne nous fut caché.
L’équipage est composé de 180 hommes aguerris et durs à la tâche.
Le commandant est à l’image de son navire ; rond, massif, un colosse faussement débonnaire au regard bleu acier.
Nous avons assisté à toute la mission, de sa plongée dans les eaux glacées de l’arctique, en passant par tous les petits faits de la vie quotidienne, ainsi que toutes les tâches du bord.
Puis nous avons assisté au lancement d’un missile, avec 10 têtes nucléaires, dont chacune représente trois ou quatre fois la puissance de feu de celle d’Hiroshima !




Le commandant, image plus réaliste que celle de Sean Connery dans « A la poursuite d’Octobre Rouge », est moins avare de confidences, et sa bonhomie plus humaine, plus proche de nous.
La mission se termine dans les rougeoiements fabuleux d’un crépuscule sur une mer glaciale.
Les équipages regagnent leur tendre foyer. Les retrouvailles sont émouvantes, surtout celle de l’officier en second, et de sa charmante et belle slave d’épouse.
La caméra accompagne alors le commandant jusqu’à son appartement, dans une sorte d’HLM misérable et gris de l’ère stalinienne. On monte plusieurs étages à pied, dans un escalier au mur décrépi. On arrive sur un palier donnant sur un couloir sombre au bout duquel se trouve une porte. Le commandant y frappe tout doucement Celle-ci s’ouvre avec la brutalité d’un ouragan, d’où surgit, comme une furie, une petite bonne femme maigre et brune !

_C’est à cette heure-ci que tu rentres ?
Tu te fous de moi ? Cà fait une heure que je t’attends !
T’étais passé où ?
Encore à traîner au bistrot avec des soiffards de ton espèce !
_Et vous les journalistes !
Tirez-vous ! Vous n’avez pas à filmer notre vie privée !


A mon humble avis, et ceci n’engage que moi, en pensant que beaucoup de mes copains mâles partageront mon opinion ;
Il est infiniment plus facile de commander un sous-marin nucléaire de 180 mètres de long, avec 180 hommes d ‘équipage et ses 200 têtes atomiques, que de dompter une épouse acariâtre !
Grandeur et servitude militaire ! Tiens ? On en « causait » l’autre jour !

jeudi 17 mai 2007

Les chattes déprimées


Ah! Pas de çà ici!
Comme le proclament deux joyeux drilles de ma connaissance !
"Vous faites fausse rut!"
Mon message se veut poli et parfaitement correct sur le plan de la morale et du bon goût! Dimanche dernier, en vaquant à des activités purement manuelles et bricoleuses, j'écoutais en fond sonore, et sans y prêter trop d'attention, deux "ronronneuses" de service, sur ma belle chaîne de radio préférée.
L'une d'elles était vétérinaire et nous expliquait la souffrance vécue par la gente féline et canine quand celles-ci dépriment.
Je suis passé de l'indifférence complète, à un intérêt poli, à une attention soutenue, et pour terminer, à une franche rigolade tout à fait insolente!
Quelle belle époque vivons-nous quand même!
Le président d'un des plus grands pays du monde nous joue "règlement de compte à O.K. Corral" avec toute sa "quincaillerie" militaire, nos banlieues sont à feu et à sang (encore plus à feu qu'à sang d'ailleurs!), des tireurs fous sèment la mort et la terreur, la planète sombre dans un chaos guerrier angoissant, l'Afrique se transforme progressivement en champs de ruines et de misères, des réfugiés faméliques et aux abois assaillent l'Europe entière par milliers, et qu'est-ce qui angoissent les auditeurs d'Europe 1, un dimanche après-midi?
La déprime de nos matous et de nos toutous!
Je n'ose imaginer ce que notre brave Molière aurait pu nous pondre comme chef-d'œuvre avec un sujet en or comme celui-là!
"L'école des matous ?"
"Les journalistes savantes ?"
"La vétérinaire malgré elle ?"
Allez! Cherchez un peu avec moi!
Je suis sûr que vous allez en trouver aussi!

Ce n'est pas avec une certaine appréhension que j'ai regardé ma chatte dans les yeux, quand elle est venue chercher sa pâtée en miaulant!
_Dis donc, ma petite "Keny"! Tu ne me couverais pas une petite déprime, des fois?

mercredi 16 mai 2007

Conscience professionnelle.

Un matin il me fallut pénétrer dans le "saint des saints" de mon service;
la salle des machines.
Appelée ainsi parce qu'elle renferme des centaines d'ordinateurs, de serveurs informatiques de nombreux équipements réseaux forts coûteux et ultramodernes!
Badges électroniques, alarmes anti-feux, anti-intrusions, caméras de surveillance protègent ce sanctuaire contre tout indésirable!
C'est que l'endroit est "hautement" stratégique pour notre entreprise!
Je le connais depuis des décennies.
Les moindres centimètres carrés de sa surface ne me sont pas étrangers!
Je pénètre alors dans le poste de commandement de ce navire un peu particulier.
Atmosphère feutrée plongée dans une pénombre que vient distraire la lumière crue et multicolore de dizaines d'écrans où s'affolent un tas de chiffres et de graphiques!
Le silence studieux de cet endroit magique baigne dans un léger chuintement de climatisation et de ventilateurs.
Au milieu de la pièce, côte à côte, se trouvent deux immenses fauteuils de tissus vert tendre qui enveloppent totalement les corps de mes deux collègues, au point de les rendre complètement invisibles.
Seules leurs voix professionnelles me parviennent dans un murmure!
_C4 ?
Auquel répond un mystérieux: _Rien…!
Mon travail accompli, je repasse derrière eux en prenant bien soin de ne pas les déranger!
On sent la concentration intellectuelle à son paroxysme!
Je suis un peu gêné du crissement obscène que font mes chaussures sur le dallage du parquet.
Au moment précis où je mets la main sur la poignée de la porte de sortie, un cri retentit qui me fait sursauter!
_Touché! Coulé!
Là, je dois avouer que je n'ai pas compris quel système ils étaient en train de surveiller!
Pourtant je les connais tous!

lundi 14 mai 2007

Ma petite "Eve" wallisienne.














Hier soir, en zappant comme un malade devant l'épouvantable désert culturel qui s'offrait à ma vue télévisuelle, je suis tombé brusquement sur un coin de paradis.
Une jolie, et très (trop) sérieuse wallisienne donnait les nouvelles de ce petit territoire français du bout du monde.
Quand je dis du "bout du monde" ce n'est pas une figure de style!
Car Wallis et Futuna sont, à peu de chose près, aux antipodes de la France, dans l'Océan pacifique.
Comme il est émouvant de voir vivre ainsi, à l'autre bout de la terre, une partie infime de nos compatriotes.
Ils sont complètement oubliés et parfois méprisés par des métropolitains trop stressés et trop occupés pour songer à ces français perdus sur leur "crotte de mouche" en plein pacifique! Première surprise; alors qu'ils vivent "déjà" au paradis, ils sont incroyablement "croyants", d'une foi simple et quasiment biblique!
Alors que nous, dans nos belles sociétés ferrailleuses, matérialistes, gavées de tout, et revenues de tout, nous n'avons que mépris pour ces fadaises religieuses et spirituelles.
Autre surprise ; ils ont aussi des grèves dans l'administration, comme pour faire comme les "grands" que nous sommes!
A voir les mines épanouies et réjouies des grévistes, les conflits salariaux ne doivent pas avoir l'âpreté de ceux de l’époque de Zola!

Mais surtout, cela me rappelait une petite amie wallisienne, d'origine européenne qui avait été élevée là-bas, de sa naissance jusqu'à ses quinze ans.
J’ai vécu avec elle, les moments les plus exaltants, les plus torrides, les plus dangereux, et aussi les plus éprouvants de mon existence.
Une "indienne dans la ville" voilà ce qu'elle était!
Elle sifflait vachement fort entre ses doigts comme un vrai mec!
Ce qui me faisait sursauter de saisissement, à chaque fois !
Elle interpellait et entreprenait les passants dans la rue, pour les entretenir dans des conversations surréalistes, comme le héro du film "Crocodile Dundee".
Elle marchait pieds nus sur le macadam des trottoirs sans être le moins gênée du monde.
A moi le timide et l'introverti que j'étais (et que je reste pour l’éternité), elle m'a infligé, pour mon plus grand bonheur, je dois dire, les plus belles « hontes publiques » de mon existence!
Un soir, qu’elle m’avait donné rendez-vous dans un restaurant, pour dîner sobrement, et discrètement en amoureux, je la retrouvais en train de danser et de chanter sur une table, avec tous les clients qui frappaient dans leurs mains pour l’accompagner !
Malgré ma jeunesse et ma bonne santé, je faillis faire une attaque cardiaque, ce jour-là !
Je me serais bien jeté à quatre pattes sous la première table venue, mais elle me reconnut aussitôt, et m’interpella à ma plus grande honte, alors que mon visage devait avoir la couleur d’une belle tomate bien mûre !
Elle apostrophait aussi les flics dans la rue, en les tutoyant bien sûr!
Arrrhhh ! La trouille que j’ai eu d’être embarqué dans le premier panier à salade venu, à chaque fois qu’elle ouvrait la bouche pour leur demander un renseignement !
Elle provoqua le retard du 747 bourré à craquer qui devait l’emmener en Grèce, parce qu'elle discutait avec moi au téléphone, depuis la salle d'embarquement, alors que tout l'équipage de l'avion la cherchait désespérément!
Elle était « GO » au « Club Med ».
Je vous prie de croire que les « GM » ne devaient pas s’ennuyer avec elle !
Elle m’exhiba un soir, dans la "high society" de Cannes, comme on montre un trophée de chasse ou une curiosité rare dénichée chez un antiquaire du faubourg Saint Honoré!
Car j’ai oublié de vous dire que ma « sauvageonne » avait des parents très friqués !

Nous avons même passé des vacances mémorables dans l’appartement immense de ses parents, à Antibes, au bord de la plage, où de grandes baies vitrées s’ouvraient sur la mer !
Elle vivait pourtant à Paris, dans un petit studio tout près de l'endroit où quelques mois plus tard "l'affreux" Mesrine se fit plomber « comme un col vert un soir de battue en Sologne »!
Les sauvages et les barbares n'habitent pas, et ne vivent pas forcément là où on les imagine.
Je ne sais pas ce qu'est devenue ma petite "Eve" wallisienne.
Mais je comprends mieux pourquoi cet abruti d'Adam a croqué la pomme!