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vendredi 2 mars 2007

L’huître perlière

Il est dans la vie, des moments où tout semble vous échapper, où plus rien ne vous intéresse, où l’intérêt même pour l’existence s’enfuit irrémédiablement, et où vous plongez dans un abîme de solitude désespérante.

J’en étais là, un jour, lorsque je décidais de déposer cette malle pleine de sombres pensées, aux pieds d’une praticienne censée m’en débarrasser ! (Je parle d’une neuropsychiatre ! N’allez pas penser à une hétaïre ! Ma souffrance étant psychique et non pas libidineuse !)

Comme je suis un bavard impénitent, je me lançais, lors d'une séance chez elle, dans une longue digression sur l’art, et ce que j’en percevais du point de vue du créateur, de l’artiste maudit et tourmenté, que j’aurai pu être, si les muses du génie littéraire s’étaient un peu penchées sur ma modeste personne.
Mais comme elles ont dû renifler quelques miasmes de misogynie chez moi, elles se sont enfuies sans se retourner !
Bref ! J’expliquais donc, à cette « secoureuse des âmes » ma conception de la création artistique.
L’œuvre d’un artiste est comme le petit grain de sable qui vient se glisser subrepticement dans le manteau d’une huître. Ce petit grain de silice étranger et fort désagréable pour ce pauvre mollusque ne peut pas s’échapper ! Et l’animal n’a aucun moyen pour le faire partir !

Alors qu’à cela ne tienne, il va l’enrober de nacre, patiemment, longtemps, pour l’isoler, le neutraliser, et faire en sorte qu’il s’intègre à son propre organisme !

Et c’est ainsi que naît l’un des plus beaux bijoux du monde ; la perle magique et mystérieuse!

la perle ensorcellante qui entoure, avec ses soeurs en "martyr", le cou gracieux d'une beauté radieuse!

L’artiste est exactement comme cette huître ; il naît avec un « morceau de silice » dans l’âme dont il ne peut se débarrasser ! Sa souffrance, son angoisse existentiel, il va l’enrober, la neutraliser, avec ce que son talent va secréter comme génie artistique !

Ah ! J’étais content de mon petit effet !

Le temps passe ! Les décennies passent ! Et ce matin, qu’entends-je ? Qu’ouis-je ?

Un « microteux » sur une chaîne de radio « pestiférique » rapporte « l’interviouve » d’un vieux chanteur sur le retour ! Un de ces brailleurs célèbres dans les années soixante-dix !

Celui dont les belles fesses se sont étalées complaisamment sur des milliers d’affiche à Paris !

Et qui proclamait, « urbi et orbi » qu’il était quand même un homme ! Michel Polnareff !

Malgré ce que j’en dis, j’admire beaucoup cet immense artiste, et dont l’adjectif « génial » qu’on peut lui accoler, n’est vraiment pas galvaudé !

Seulement voilà ! Quand le journaliste lui demande si la musique ne l’a pas aidé à supporter ses années de galère, il a cette réponse surprenante : NON ! Car c’est elle la cause, « précisément », de tous mes malheurs !

Poum ! Ah ! ça jette un froid ! Notre « glavioteur dans l’micro » ne s’y attendait pas !

Et ce qu’il ajoute alors, me sidère ! M’hallucine ! Il ressort au journaliste, MON histoire de l’huître perlière !

Où qu’est-y qu’il l’avait entendue ? Transmission de pensées ? Affinité trans-sensorielle ?

Complicité artistique ? Ou simple coïncidence ?

Avouez que c’est cocasse, quand même ?

Et si vous ne me comprenez pas, ou si vous pensez que mon récit ne vaut pas tripette, je me referme comme……..une huître !