mercredi 30 mai 2007

Bou-Sfer, base 5, j’écoute !

Oui c'est moi sur la photo!

Pendant des mois, des milliers de fois, j’ai répété cette phrase !
C’est vous dire si je m’en souviens ! Car il me faut vous narrer une chose qui est à l’image même de ma vie. Tellement j’ai toujours eu un pot faramineux dans l’existence ! Comme le beau militaire que j’étais, fils de militaire, je suis tombé sur ce territoire d’outre-mer où s’exerçait toute la « virilité »…. militaire ! J’étais sur une base aérienne. Des biffins de l’armée de terre s’entraînaient férocement dans les collines.


Tous les jours, je voyais des « sticks » de parachutistes de la Légion Etrangère sauter des vieux « Nord Atlas » fatigués, sur les
plages d’Aïn-el-Turk.
Un ami d’enfance était marin dans la base navale souterraine de Mers-el-Kébir, à trois kilomètres de là. Mon cantonnement était à côté de celui des « redoutables » gars à képi, des durs à cuire, des tatoués, des bêtes fauves, des fils de « Pépé le Moko » !
C’est vous dire si ça sentait l’adrénaline et les hormones mâles partout dans les environs !
Et bien moi, j’ai passé mon séjour là-bas comme opérateur dans le central téléphonique de la base ! Avec en prime, cerise sur le gâteau, pompon délicieux ; la seule femme chef de service de toute l’enclave de Mers-el-Kébir !
Et dans les années soixante, je vous prie de croire que c’était exceptionnel !
Je vous parie ma chemise de pyjama qu’il y a bien un congénère (en un seul mot) mâle, qui lisant ces lignes, va me sortir :
« Quel pot il a eu ! »
Sinistre buse ! Attends un peu la suite !
Cette « charmante » miss (car on l’appelait « miss ») pesait bien son quintal, pour un mètre cinquante. Elle avait la voix éraillée de celle qui clope ses deux paquets par jour, qui sirote tout ce que la planète peut distiller comme alcool, et qui avait dû avaler des choses que la loi tolère mais que la morale réprouve !
Quand on la voyait, je vous jure bien que l’envie du moindre marivaudage se serait vite éteint dans votre esprit, dans la fraction de seconde qui aurait suivi son apparition!
Quant à la bise, même amicale ? Même pas en rêve ! D’ailleurs à cette époque, cela nous aurait valu au moins une semaine d’arrêt de rigueur ( de prison, pour décoder pour les jeunes !).

Nous avions un magnifique standard à fiches, modèle 1936 réformé 45 de 370 postes ! Eh ! Eh ! Eh ! Quand je pense aux portables d’aujourd’hui, je me bidonne un brin! Celui-ci logeait dans une pièce de deux mètres sur quatre. Elle se trouvait dans les bâtiments de la tour de contrôle. Il nous arrivait souvent de passer vingt-quatre heures d’affilées dans ce charmant bocal, sans radio, sans télé, et seul !
On nous ravitaillait par plateaux repas (froids) qui faisaient quatre kilomètres en jeep pour venir de la cantine !
C’est vous dire si on ne se brûlait pas souvent la langue avec des plats trop chauds !
Notre grosse « araignée » passait ses journées avec sa « chouffe » collée à l’oreille !
Mais oui ! Bien sûr, que je vais vous expliquer ce que c’est qu’une « chouffe » !
Un peu de patience que diable ! D’abord, un peu de technique !
Notre « cage à serins » était composé de trois modules identiques, comportant les mêmes trous correspondants aux mêmes postes téléphoniques !
C'est-à-dire que lorsque deux correspondants étaient en ligne, il y avait deux trous correspondants au même abonné libre, sur les deux autres modules !
On suit ? Ça va ? Bon ! Je continue !
Donc, il suffisait de mettre une fiche munie d’un écouteur dans un des trous libres pour écouter la conversation des deux malheureux qui ne se doutaient pas une seconde qu’une grosse truie était entrain de se bidonner, en écoutant leurs confidences !
Ah ! Ce sourire, et ce ricanement asthmatique !
Je les ai encore dans la vue et dans les oreilles !
Même après tout ce temps là !
Elle en a passé des heures « mémé » à écouter tout son petit monde!
A mon avis, ce devait être une auxiliaire de nos services secrets !
Mais chut ! Je ne vous ai rien dit !
Car je me suis toujours demandé ce qu’elle pouvait bien foutre avec tout ce qu’elle entendait ! Vous pouvez constater la belle ambiance « virile et militaire » qui était la mienne !
Ne ricanez pas trop fort !
Ce n’est pas de ma faute ! Je ne l’avais pas choisi !

Un jour, que la fatigue me prend, j’étends mes bras au-dessus de ma tête pour me relaxer ! Soudain mes doigts pénètrent profondément quelque chose d’incongru et d’inhabituel !
Arghhhh ! Horreur ! Malheur ! C’était les cheveux de la sorcière !
Dans un réflexe « cérébro-spinal » je rabats brutalement les bras vers moi !
Pétrifié de honte et de gêne !

Euh ! Je précise que le réflexe « cérébro-spinal » est celui de la grenouille à qui on a coupé la tête, et qui n’a donc pas besoin de cervelle pour agir !

J’attends donc avec angoisse une réaction de notre cerbère femelle. Rien !
Je me retourne à demi pour la regarder. Et là, qu’est-ce que je vois ?
Madame, la clope au bec, en train de lire tranquillement un bouquin, parfaitement immobile, sans la plus petite émotion !
Alors là, je me suis dit qu’une femme qui a ce sang-froid là, a dû en faire de vertes et de pas mûres ! Je n’ose pas l’imaginer ! Elle a dû en dérouler du câble ! C’est moi qui vous le dit !
Je n’allais pas tarder à en avoir une preuve supplémentaire.
J’étais à l’époque, un garçon encore plus timide qu’aujourd’hui !
Vous voyez ce que cela peut donner ?
Vous pensez bien que cette grosse vache s’en était immédiatement aperçu et qu’elle me réservait un sort d’une cruauté et d’une perversité toute diabolique ! I
l y avait dans l’enceinte de Mers-el-Kébir un établissement très sérieux qui était gardé militairement par les trois Armes, plus la légion.
Toutes les semaines, un détachement de quatre soldats, sous les ordres d’un caporal, montait une semaine de garde dans cet endroit hautement stratégique.
Une fois, c’était l’Armée de l’Air, ensuite, l’Armée de terre, suivit de la Marine,
et enfin la Légion ! Chaque arme y allait à tour de rôle.
Cet établissement était un hôtel de « repos » de « calme » où des infirmières très spécialisées dans des soins très particuliers, exerçaient leurs talents contre rémunération, bien sûr !
Et sous une surveillance médicale très stricte et sérieuse !
Nous, on l’appelait le B.M.C. Mais ces initiales sont sans intérêts pour les jeunes personnes de notre époque.
Nous en étions très fiers, parce que c’était le dernier en activité dans l’armée française !
Une « relique » du passé en quelque sorte !
Et puis, chose émouvante ; les bénéfices de cet établissement « hospitalier »
(dans tous les sens du terme !) avaient permis de nous acheter des cadeaux pour le Noël tristounet, et loin de nos familles, que nous avons passé là-bas!
J’en ai encore la larme à l’œil, quand j’y pense !

Bref ! Vous avez deviné la chose, parce que vous êtes plus malins que moi ; Cette caricature de femelle n’a plus eu qu’une seule idée en tête pendant des mois : me « pistonner » pour m’envoyer de garde là-bas !
D’ailleurs, quand on parle de « pistonner » (sans jeu de mot) c’était bien le cas, puisqu’il fallait vraiment l’être pour mériter de faire cette garde !
Vous imaginez ? Boissons gratuites, repas gratuits, et …tout le reste aussi gratuit ?
Ah ! Ça se bousculait au portillon ! Croyez-moi !
Mais heureusement, la providence veillait !
Elle n’a pas réussi dans son entreprise coupable à m’envoyer là-bas !
Je suis resté « pur » et « vierge » comme j’étais venu !
Qui a dit « l’imbécile » ?

samedi 26 mai 2007

Saga ? Cà agace !

Notre joyeux “emplumé” de service, les ratiches éblouissantes de blancheur, déployées pour son plus beau sourire de VRP du gotha mondain, j’ai nommé Stéphane Bern, présentait l’autre jour une faune excessivement passionnante ; les richissimes amerloques !
Dans un des volets de cette captivante étude ethnologique et zoologique, une joyeuse excitée, emperlousée, jusqu’au nombril, nous faisait l’honneur de la visite de sa modeste « chaumière » !
Une bicoque à peine plus petite que notre château de Versailles, et dont un architecte malin et peu scrupuleux avait dit s’en être inspiré pour en faire les plans (l’escroc !) .
Je ne vous explique pas le luxe indécent et ravageur qui s’étalait sous nos yeux ébahis !
C’est là, dans toute sa sécheresse, et dans toute sa clarté, que la démonstration est faite qu’il y a des individus qui ne vivent pas sur la même planète que nous !
On respire le même air, soit !
Il semblerait que nous ayons à peu près la même physiologie, que nous nous reproduisions à peu près de la même façon. Mais la similitude s’arrête là !
Le sublime fût pourtant atteint au détour d’une saillie verbale de la maîtresse de maison!
Ah ! Oui ! Parce que j’avais oublié de vous préciser un détail important; çà cause aussi, ces bestioles friquées!
« Oh ! Vous savez, dans la vie, l’argent n’a pas beaucoup d’importance ! »
Poum ! Paf !
J’imagine la tronche d’un pauvre « chaumiste », dans sa mansarde sous les toits, en train d’ouvrir sa boite de petits pois, devant son téléviseur noir et blanc miniature.
Téléviseur miraculeusement rescapé de la dernière saisie !
Cà ? C’est des coups à ce qu’il se précipite immédiatement par la fenêtre !
Dangereux le « gominé à princesses » !
On se demande avec beaucoup d’intérêt quel peut bien être l’utilité d’une telle provocation télévisuelle ? Refaire sortir Karl Marx du bois ?
On dit que c’est fait pour faire rêver le prolo français!
Mouais ! Connaissant l’envie, et la jalousie maladive de mes compatriotes, qu’ils cultivent avec délices, comme les Japonais leurs bonzaïs, çà m’étonnerait que çà les fasse rêver, ces pauvres chéris !
Déjà qu’ils ne supportent pas que leurs voisins aient une plus grosse voiture qu’eux, que leur rejeton n’ait pas une paire de pompes « niké » comme celle du p’tit d’en face !
C’est pas pour supporter que des rombières friquées façon « Rothschild » vivant de l’autre côté de l’Atlantique, nageant dans les dollars, viennent leur dire imprudemment que «l’argent ne fait pas le bonheur »
On voudrait mettre le feu dans les quartiers défavorisés, qu’on ne s’y prendrait pas autrement ! Sous ses airs chafouins, monsieur Stéphane Bern est un dangereux agitateur !

jeudi 24 mai 2007

Mon légionnaire


Toutes les « madeleines de Proust » ne sont pas comestibles
Il s’en faut de beaucoup.
La mienne est apparu sous la forme d’un insigne de régiment qu’un éditeur proposait en collection.
Il s’agit de l’insigne du 2° R.E.P. « Deuxième Régiment Etranger de Parachutistes » Eh ! Oui ! La fameuse légion étrangère française !
Le premier n’existe plus pour la raison fort simple qu’il fit partie des putschistes du 22 avril 1961 ! Insurrection fomentée par le « quarteron de marchands de chaussures » comme les avaient surnommés De Gaulle, comprenant les généraux Challe, Salan, Jouhaud, Zeller ! Les hasards de l’existence, plus une administration militaire bornée et aveugle, firent que j’eus l’honneur, le plaisir et l’avantage de côtoyer ce prestigieux régiment lors de ses derniers mois sur le sol algérien qui le vit naître 150 ans plus tôt ! C'est-à-dire à Bou-Sfer, la base aérienne de l’enclave de Mers-El-Kébir ! C’est ainsi que j’assistai un jour à la dernière fête de « Cameron » (la fête des légionnaires) sur le sol de leur vraie patrie ; l’Algérie !

Il y avait aussi, avec nous (les gonfleurs d’hélice de l’Armée de l’Air) le 1° REC ! Autrement dit : Le 1° régiment étranger de cavalerie ! Ils avaient remplacé depuis longtemps leurs chevaux, par des jeeps porteuses de missiles sol-sol SS10. Missiles mis au point par un certain Bastien Thierry, jeune officier qui voulu faire la peau du général de Gaulle ! Maintenant, ils sont cantonnés du côté d’Orange, en France ! Notre garnison et la leur était simplement séparée par un rideau de barbelés symboliques mais quand même agressifs ! Une nuit fort sombre, alors que j’étais de garde « volante », je déplaçais, sans précipitation excessive, ma carcasse filiforme de sous-alimenté militaire(Ouais ! Je sais ! J’ai changé mesdames ! Pas la peine de me le faire remarquer !) le long de ces barbelés, mon « PM » inutile et sans munitions à l’épaule ! (Nous n’étions plus chez nous depuis cinq ans !) Un chant rauque et aux couleurs légèrement avinées me fit dresser l’oreille ! Il était là mon légionnaire !
Affalé sous le réverbère blafard !
Il n’était pas beau, et il ne sentait pas bon le « sable chaud » !
Sa grande carcasse reposait sous un lampadaire éclairant quelques mètres carrés de terre sèche et ocre.
Il se roulait consciencieusement une cigarette dans le papier d’un journal dont les lettres grasses étaient encore visibles.
Son visage était plus buriné que le canyon du Colorado !
_Ach ! Beudit Kon ! Abrauche! Alorsse Kamin! On draineuh!
Pas difficile de deviner qu’il n’était pas originaire du Poitou!
Survint alors la plus extraordinaire confession qu’aucun homme ne m’ait jamais faite !
Quel dommage que je n’aie pas eu de magnétophone ou que ma mémoire ne soit pas assez fidèle pour me relater tout ce qu’il me raconta cette nuit là, au son du cri des chacals (les vrais, ceux-là !)
Il était allemand. Il avait fait la bataille de Stalingrad.
Fait prisonnier par les Français, il s’enrôle dans la légion.
Il fait toute la campagne d’Indochine, Dien Bien Phu, les camps du viet-minh.
Il est libéré. On l’envoie en Algérie où il fait toute la guerre jusqu’en 1962 où son régiment vient se réfugier dans l’enceinte de Mers El-Kébir !
Dans ses yeux gris délavés passèrent tous les champs de batailles et les combats auxquels il participa, ponctué de forts éclats de rire à la Teutonne et d’une subtilité toute germanique ! Je ne sais pas si tout était vrai. Je n’avais pas les moyens de vérifier.
Mais il semblait si sincère et tellement désespéré dans sa solitude de vieux soldat qu’il cherchait « virilement » à me cacher, qu’il ne me vint pas une seconde à l’esprit qu’il pouvait me mentir !
Et qu’importe !
Il me reste dans les yeux et le cœur, l’image de ce vieux militaire fatigué, usé par les combats que son pays d’adoption lui fit faire sans vergogne pour une maigre solde, peu de remerciement, un peu de « bibine », et le mépris de beaucoup de mes compatriotes
en prime !
Nous, ils nous prenaient pour des gamins d’un patronage pour lesquels ils avaient beaucoup de tendresse et d’affection. Cela pouvait chatouiller la susceptibilité de certains de mes camarades, mais moi, je trouvais cela plutôt sympa !
De temps en temps, ils en « kidnappaient » un, en prévenant l’officier de garde, et nous le ramenaient au petit matin dans un état qui aurait scandalisé leur pauvre mère.
Mais ils allaient jusqu’à le faire vomir, à le déshabiller, et à le border dans son lit !
De vrais anges gardiens !
Mais pas question de passer au travers de l’une de leur « gentille » invitation !
Autre détail charmant : Il fallait un camion semi-remorque de cannettes de bière par semaine pour étancher la soif de nos « paisibles » voisins ! Fragiles du foie s’abstenir !
La Légion étrangère n’est pas faite pour vous !
J’ai encore mille anecdotes à leur sujet
dans ma besace à souvenirs !

Mais tout se mérite ! Un peu de patience !
Comme celle du fennec qui rôdait cette nuit là, près de nous,
avec ses longues et larges oreilles !

lundi 21 mai 2007

Mon « K »


Il était posé là, sur mon bureau, silencieux et discret.
Sa couverture montrait une gueule de requin menaçante.
Je l'avais acheté pour les besoins scolaires de mon fils.
Une obligation culturelle, en quelque sorte.
Et puis un soir, avant de me coucher, parce que je ne peux m'endormir sans lecture, je le pris avec moi, dans une période de vache maigre littéraire.
C'est ainsi que bien engoncé dans mes couvertures, les lunettes sur le nez, je me mis à lire le "K" de Dino Buzzati.

Les premières phrases me parurent bien banales et il s'en fallut de peu pour que mon intérêt et ma patience s'envolassent, surtout après une bonne journée de travail.
Mais le talent de l'artiste fit son œuvre.
L'hypnose littéraire finit par me vaincre, et je me mis à suivre les aventures terrifiantes du pauvre Stefano Roi!
Qu'est-ce que c'est que cette histoire abracadabrante?
Un jeune homme voit un monstre suivre le bateau de son père que personne d'autre que lui n'aperçoit? Complètement idiot!
La part d'enfance qui survit en moi, tant bien que mal, arrive à surpasser mon esprit cartésien, et je poursuis la lecture.
Je vous passe le récit d'une vie faite de fuite et d'attirance pour cette affreuse bestiole tapie au fond des océans, qui hante le cœur et l'âme de ce pauvre torturé.
Arrive la fin tragique et grotesque.
Le vieillard, dans un ultime face-à-face, veut affronter courageusement la "bête".
Et là, il s'aperçoit avec horreur et désespoir que le "monstre" n'est en fait, qu'un doux et bon génie qui voulait lui apporter gloire et fortune, sous la forme d'une "perle de l'océan"!

Les brumes du sommeil commencent à me gagner sur cette histoire bien sombre.
L'esprit erre dans les contrées de l'inconscient où la raison n'a plus sa place, mais où l'âme retrouve son royaume.
Soudain, je me redresse sur mon oreiller.
L'angoisse m'étreint!
Comme un voile qui tombe devant un tableau de la cimaise de mes pensées, m'apparaît en pleine lumière la vérité de cette parabole!
Ce n'est pas simplement LA parabole que j'ai comprise! C'est aussi ma vie!
Je l'ai reconnu le monstre du K!
Pas celui du livre! Le mien! Celui que j'ai fui, moi aussi!
Comme un imbécile! Aussi stupide que ce Stefano!
Moi aussi on me l'avait dépeint comme une monstruosité!
Moi aussi, j'étais le seul à le voir, alors que j'entends encore le ricanement de ma mère, parce qu'elle, à l'instar du père de Stefano, ne le voyait pas non plus!
Le mien aussi, je l'ai fui toute ma vie! Il était là devant moi! Il m'a accompagné toute mon existence!
Lui aussi était patient ! Lui aussi me terrifiait par sa gueule énorme qui semblait vouloir me dévorer tout cru!
Je ne savais pas non plus qu'il pouvait m'apporter tous ces trésors!
Ah! La brave bête! L'adorable créature!
Heureusement, je ne suis pas encore un cadavre dérivant sur une barque!
Ah! Oui! J'oubliais de vous la nommer, cette gorgone enfin apprivoisée: L'écriture!

dimanche 20 mai 2007

Maya l'araignée


Oui! Oui! Je sais!
C'est Maya l'abeille! Mais attendez un peu la suite!
Le décor: Restaurant d'entreprise à une table de repas

Personnages: Deux employées face à face dont l'une est la mère d'un petit bambin de 18 mois environ. Celui-ci étant de la fête, est assis à côté de sa maman.

Le petit garçon serre sur son cœur une peluche hideuse comme l'affectionnent les enfants de son âge; Une chose avec un ventre énorme strié de bandes noires et jaunes duquel jaillissent huit pattes décorées de la même manière.

Je ne peux réprimer l'envie de vous narrer le dialogue surréaliste que j'ai surpris entre les deux femmes.

La collègue de la maman:

_Alors, mon petit! Elle te plaît Maya l'abeille? Elle est mignonne, hein ?

La maman dans un souffle de voix gênée:

_Heu! C'est une araignée! Pas une abeille !

La collègue plus fort:

_Ah! Bon? La vendeuse m'avait pourtant dit que c'était une abeille! T'es sûre?

Pendant ce temps-là, le petit garçon, que ces discussions hautement scientifiques sur l'entomologie la plus passionnante ne semble pas une seconde émouvoir, donne des baisers goulus et tendres à son infâme machin!

Vous avez déjà vu des abeilles sans ailes et avec huit pattes, vous?
A mon avis, elle n'a pas dû en voir souvent, des abeilles! A part celles qui lui bourdonnent dans les oreilles!
Je ne sais pas ce qu'elle "butine" mais à mon avis, c'est pas du pollen!
Par contre, en ce qui concerne les araignées, c'est plutôt surprenant, car avec celle qu'elle se trimbale dans le plafond, elle devrait avoir pourtant quelques lueurs sur leur aspect!

Et vous allez voir que ce sont les mêmes qui nous font un "nervouze brèquedaoun" sur les petites bestioles à poils que l'on massacre pour en faire des manteaux de fourrure, ou qui arracheraient les yeux de ces "fascistes" de chasseurs tuant ces pauvres petits pigeons du côté de Bordeaux ! (La palombe? elles prennent cela pour un prénom espagnol, d'ailleurs!)

Ah! Le monde merveilleux de Maya l'araignée!

Et Flipper le requin? Je n'ose pas y penser!

Quant à Rintintin le canard, je crois que le pauvre Ricet Barrié n'est plus en état d'aboyer!

vendredi 18 mai 2007

L’ours et la poupée….russe !

L’émission Thalassa est un petit joyau de culture maritime qui surnage tant bien que mal sur le tas d’immondices « télé-cloaqueuses » devenu « l’idiot-visuel » français.
On participe comme on peut à la « mondialisation » du crétinisme universel!

Hier nous avions au menu, entre autres, le reportage sur le plus grand sous-marin nucléaire lanceur de missile au monde ! Il est russe !


Quelle puissance !
Quelle masse imposante !

Rien (ou presque) ne nous fut caché.
L’équipage est composé de 180 hommes aguerris et durs à la tâche.
Le commandant est à l’image de son navire ; rond, massif, un colosse faussement débonnaire au regard bleu acier.
Nous avons assisté à toute la mission, de sa plongée dans les eaux glacées de l’arctique, en passant par tous les petits faits de la vie quotidienne, ainsi que toutes les tâches du bord.
Puis nous avons assisté au lancement d’un missile, avec 10 têtes nucléaires, dont chacune représente trois ou quatre fois la puissance de feu de celle d’Hiroshima !




Le commandant, image plus réaliste que celle de Sean Connery dans « A la poursuite d’Octobre Rouge », est moins avare de confidences, et sa bonhomie plus humaine, plus proche de nous.
La mission se termine dans les rougeoiements fabuleux d’un crépuscule sur une mer glaciale.
Les équipages regagnent leur tendre foyer. Les retrouvailles sont émouvantes, surtout celle de l’officier en second, et de sa charmante et belle slave d’épouse.
La caméra accompagne alors le commandant jusqu’à son appartement, dans une sorte d’HLM misérable et gris de l’ère stalinienne. On monte plusieurs étages à pied, dans un escalier au mur décrépi. On arrive sur un palier donnant sur un couloir sombre au bout duquel se trouve une porte. Le commandant y frappe tout doucement Celle-ci s’ouvre avec la brutalité d’un ouragan, d’où surgit, comme une furie, une petite bonne femme maigre et brune !

_C’est à cette heure-ci que tu rentres ?
Tu te fous de moi ? Cà fait une heure que je t’attends !
T’étais passé où ?
Encore à traîner au bistrot avec des soiffards de ton espèce !
_Et vous les journalistes !
Tirez-vous ! Vous n’avez pas à filmer notre vie privée !


A mon humble avis, et ceci n’engage que moi, en pensant que beaucoup de mes copains mâles partageront mon opinion ;
Il est infiniment plus facile de commander un sous-marin nucléaire de 180 mètres de long, avec 180 hommes d ‘équipage et ses 200 têtes atomiques, que de dompter une épouse acariâtre !
Grandeur et servitude militaire ! Tiens ? On en « causait » l’autre jour !

jeudi 17 mai 2007

Les chattes déprimées


Ah! Pas de çà ici!
Comme le proclament deux joyeux drilles de ma connaissance !
"Vous faites fausse rut!"
Mon message se veut poli et parfaitement correct sur le plan de la morale et du bon goût! Dimanche dernier, en vaquant à des activités purement manuelles et bricoleuses, j'écoutais en fond sonore, et sans y prêter trop d'attention, deux "ronronneuses" de service, sur ma belle chaîne de radio préférée.
L'une d'elles était vétérinaire et nous expliquait la souffrance vécue par la gente féline et canine quand celles-ci dépriment.
Je suis passé de l'indifférence complète, à un intérêt poli, à une attention soutenue, et pour terminer, à une franche rigolade tout à fait insolente!
Quelle belle époque vivons-nous quand même!
Le président d'un des plus grands pays du monde nous joue "règlement de compte à O.K. Corral" avec toute sa "quincaillerie" militaire, nos banlieues sont à feu et à sang (encore plus à feu qu'à sang d'ailleurs!), des tireurs fous sèment la mort et la terreur, la planète sombre dans un chaos guerrier angoissant, l'Afrique se transforme progressivement en champs de ruines et de misères, des réfugiés faméliques et aux abois assaillent l'Europe entière par milliers, et qu'est-ce qui angoissent les auditeurs d'Europe 1, un dimanche après-midi?
La déprime de nos matous et de nos toutous!
Je n'ose imaginer ce que notre brave Molière aurait pu nous pondre comme chef-d'œuvre avec un sujet en or comme celui-là!
"L'école des matous ?"
"Les journalistes savantes ?"
"La vétérinaire malgré elle ?"
Allez! Cherchez un peu avec moi!
Je suis sûr que vous allez en trouver aussi!

Ce n'est pas avec une certaine appréhension que j'ai regardé ma chatte dans les yeux, quand elle est venue chercher sa pâtée en miaulant!
_Dis donc, ma petite "Keny"! Tu ne me couverais pas une petite déprime, des fois?

mercredi 16 mai 2007

Conscience professionnelle.

Un matin il me fallut pénétrer dans le "saint des saints" de mon service;
la salle des machines.
Appelée ainsi parce qu'elle renferme des centaines d'ordinateurs, de serveurs informatiques de nombreux équipements réseaux forts coûteux et ultramodernes!
Badges électroniques, alarmes anti-feux, anti-intrusions, caméras de surveillance protègent ce sanctuaire contre tout indésirable!
C'est que l'endroit est "hautement" stratégique pour notre entreprise!
Je le connais depuis des décennies.
Les moindres centimètres carrés de sa surface ne me sont pas étrangers!
Je pénètre alors dans le poste de commandement de ce navire un peu particulier.
Atmosphère feutrée plongée dans une pénombre que vient distraire la lumière crue et multicolore de dizaines d'écrans où s'affolent un tas de chiffres et de graphiques!
Le silence studieux de cet endroit magique baigne dans un léger chuintement de climatisation et de ventilateurs.
Au milieu de la pièce, côte à côte, se trouvent deux immenses fauteuils de tissus vert tendre qui enveloppent totalement les corps de mes deux collègues, au point de les rendre complètement invisibles.
Seules leurs voix professionnelles me parviennent dans un murmure!
_C4 ?
Auquel répond un mystérieux: _Rien…!
Mon travail accompli, je repasse derrière eux en prenant bien soin de ne pas les déranger!
On sent la concentration intellectuelle à son paroxysme!
Je suis un peu gêné du crissement obscène que font mes chaussures sur le dallage du parquet.
Au moment précis où je mets la main sur la poignée de la porte de sortie, un cri retentit qui me fait sursauter!
_Touché! Coulé!
Là, je dois avouer que je n'ai pas compris quel système ils étaient en train de surveiller!
Pourtant je les connais tous!

lundi 14 mai 2007

Ma petite "Eve" wallisienne.














Hier soir, en zappant comme un malade devant l'épouvantable désert culturel qui s'offrait à ma vue télévisuelle, je suis tombé brusquement sur un coin de paradis.
Une jolie, et très (trop) sérieuse wallisienne donnait les nouvelles de ce petit territoire français du bout du monde.
Quand je dis du "bout du monde" ce n'est pas une figure de style!
Car Wallis et Futuna sont, à peu de chose près, aux antipodes de la France, dans l'Océan pacifique.
Comme il est émouvant de voir vivre ainsi, à l'autre bout de la terre, une partie infime de nos compatriotes.
Ils sont complètement oubliés et parfois méprisés par des métropolitains trop stressés et trop occupés pour songer à ces français perdus sur leur "crotte de mouche" en plein pacifique! Première surprise; alors qu'ils vivent "déjà" au paradis, ils sont incroyablement "croyants", d'une foi simple et quasiment biblique!
Alors que nous, dans nos belles sociétés ferrailleuses, matérialistes, gavées de tout, et revenues de tout, nous n'avons que mépris pour ces fadaises religieuses et spirituelles.
Autre surprise ; ils ont aussi des grèves dans l'administration, comme pour faire comme les "grands" que nous sommes!
A voir les mines épanouies et réjouies des grévistes, les conflits salariaux ne doivent pas avoir l'âpreté de ceux de l’époque de Zola!

Mais surtout, cela me rappelait une petite amie wallisienne, d'origine européenne qui avait été élevée là-bas, de sa naissance jusqu'à ses quinze ans.
J’ai vécu avec elle, les moments les plus exaltants, les plus torrides, les plus dangereux, et aussi les plus éprouvants de mon existence.
Une "indienne dans la ville" voilà ce qu'elle était!
Elle sifflait vachement fort entre ses doigts comme un vrai mec!
Ce qui me faisait sursauter de saisissement, à chaque fois !
Elle interpellait et entreprenait les passants dans la rue, pour les entretenir dans des conversations surréalistes, comme le héro du film "Crocodile Dundee".
Elle marchait pieds nus sur le macadam des trottoirs sans être le moins gênée du monde.
A moi le timide et l'introverti que j'étais (et que je reste pour l’éternité), elle m'a infligé, pour mon plus grand bonheur, je dois dire, les plus belles « hontes publiques » de mon existence!
Un soir, qu’elle m’avait donné rendez-vous dans un restaurant, pour dîner sobrement, et discrètement en amoureux, je la retrouvais en train de danser et de chanter sur une table, avec tous les clients qui frappaient dans leurs mains pour l’accompagner !
Malgré ma jeunesse et ma bonne santé, je faillis faire une attaque cardiaque, ce jour-là !
Je me serais bien jeté à quatre pattes sous la première table venue, mais elle me reconnut aussitôt, et m’interpella à ma plus grande honte, alors que mon visage devait avoir la couleur d’une belle tomate bien mûre !
Elle apostrophait aussi les flics dans la rue, en les tutoyant bien sûr!
Arrrhhh ! La trouille que j’ai eu d’être embarqué dans le premier panier à salade venu, à chaque fois qu’elle ouvrait la bouche pour leur demander un renseignement !
Elle provoqua le retard du 747 bourré à craquer qui devait l’emmener en Grèce, parce qu'elle discutait avec moi au téléphone, depuis la salle d'embarquement, alors que tout l'équipage de l'avion la cherchait désespérément!
Elle était « GO » au « Club Med ».
Je vous prie de croire que les « GM » ne devaient pas s’ennuyer avec elle !
Elle m’exhiba un soir, dans la "high society" de Cannes, comme on montre un trophée de chasse ou une curiosité rare dénichée chez un antiquaire du faubourg Saint Honoré!
Car j’ai oublié de vous dire que ma « sauvageonne » avait des parents très friqués !

Nous avons même passé des vacances mémorables dans l’appartement immense de ses parents, à Antibes, au bord de la plage, où de grandes baies vitrées s’ouvraient sur la mer !
Elle vivait pourtant à Paris, dans un petit studio tout près de l'endroit où quelques mois plus tard "l'affreux" Mesrine se fit plomber « comme un col vert un soir de battue en Sologne »!
Les sauvages et les barbares n'habitent pas, et ne vivent pas forcément là où on les imagine.
Je ne sais pas ce qu'est devenue ma petite "Eve" wallisienne.
Mais je comprends mieux pourquoi cet abruti d'Adam a croqué la pomme!

mercredi 9 mai 2007

Mon horoscope

BELIER:

Certain, par méchanceté, proclameront que vous enfoncez des portes ouvertes. N'oubliez quand même pas de prendre vos précautions. (il ne passera pas par vous)



TAUREAU:

Pour vous Monsieur: Ne vous vantez pas exagérément de la grosseur d'une partie de votre anatomie auprès de votre entourage féminin; c'est inutile! Elles sont déjà au courant.

Santé: Evitez de manger des rognons et des amourettes. De la viande rouge à la rigueur!

Pour vous madame: Certains vous proposeront des disciplines sportives comme le lancer du poids ou celui du marteau; ne les écoutez pas! Votre gracieuse silhouette risque d’en pâtir définitivement.

Santé: la charcuterie est à proscrire, surtout le saucisson à l'ail. Mais n'hésitez pas pour le gigot!

GEMEAUX:

Tout ce qui brille n'est pas or! Méfiez-vous des ressemblances! Surtout en ce qui concerne les bijoux de famille! Notamment le samedi soir, dans certains lieux publics,!



CANCER:

N'écoutez pas ceux qui vous disent que vous avez mauvaise mine!




LION:

Monsieur: Votre signe ne vous autorise pas à rugir lors de tous vos ébats conjugaux! Pensez un peu à vos voisins!

Madame: Vous n'êtes pas obligé de labourer le dos de votre partenaire avec vos ongles, même parfaitement manucurés! Cà cicatrise très mal ces blessures là! Et votre rivale sera quand même au courant de son infortune! Ce n'est donc pas la peine d'apposer votre signature!

VIERGE:

Réjouissez-vous! C'est aujourd'hui que vous le perdez! ….votre kilo en trop !




BALANCE:

Monsieur: Ce n'est pas parce que votre épouse est vieille, moche et acariâtre qu'il faut la jeter à la rue! Il y a des hospices pour cela!

Madame: Vous ne supportez plus votre mari? Donnez-lui une jeune maîtresse et une bonne dose de Viagra!

C'est bien le diable s'il ne succombe pas d'une bonne petite crise cardiaque dans les six mois qui vont suivre!

SCORPION:

Monsieur: Si une partie intime de votre anatomie vous brûle, ce n'est pas forcément la cuisine pakistanaise mangée la vieille qui provoque cette gêne! Il serait urgent de consulter un vénérologue!

Madame: Vos excès de langage poussent vos proches à penser que vous avez la langue de ce reptile qui possède un "v" inversé sur la tête! Sachez les faire mentir!

SAGITTAIRE:

Restez calme! Une excitation désordonnée peut provoquer des phénomènes incontrôlés et parfois spontanés! Ce qui peut aboutir à des frustrations pénibles chez votre partenaire.



CAPRICORNE:

La médisance va encore frapper: On vous fera douter cruellement de la fidélité de votre partenaire. Sachez résister.



VERSEAU:

"Abondance de biens ne peut nuire". Mais consultez quand même un médecin, au sujet de votre prostate.



POISSON:

Monsieur: La médisance propage le bruit que vous auriez tendance à profiter un peu trop des revenus de vos compagnes féminines! Il faut faire taire ces bruits rapidement, si vous ne voulez pas avoir d'ennuis avec le fisc!

Madame. Vos amis, dans leur enthousiasme débordant à votre égard, vous comparent souvent à ce poisson plat pêché au large de Terre-Neuve! Ne vous offusquez pas trop rapidement de cette sincère et délicate marque d'amitié!

mardi 8 mai 2007

Le naufragé du Touquet


S’il existe plusieurs catégories de naufragés comme celle du « radeau de la Méduse », comme celle de notre universel Robinson Crusoé, comme celle du volontaire et courageux Alain Bombard, il en est une complètement ignorée ; C’est celle de naufragé touristique.


Pour des raisons qui me seraient trop longues à vous expliquer, et qui ne vous regardent en aucune manière, je me suis retrouvé seul dans une résidence du Touquet.
Le naufrage eut lieu un samedi après-midi.
J’échouai là, avec quelques vêtements, quelques nourritures, et heureusement une bonne paire de jumelles et quelques lectures.
Ne craignant pas la solitude et gardant mon sang-froid, je décidais, dès le lendemain de partir à la découverte de ce milieu hostile et sauvage.




La nature est belle mais indomptable, avec ses bourrasques de vents humides et froids et son ciel désespérément gris et brumeux, son rivage océanique à perte de vue où aucune fuite n’est possible.
Dans l’intérieur des terres, de grandes forets de résineux et d’essences diverses sont traversées de larges routes bitumées et ombragées.
Des huttes de la tribut des sauvages « rupinosses » (les plus redoutables) sont à peine visibles dans ces bois profonds.
Les « rupinosses » se déplacent parfois sur de drôles d’animaux aux longues jambes et qui possèdent une longue queue pleine de poils !
Les cavaliers portent un drôle de casque sur la tête.
Mais c’est le regard de la femelle « rupinosse » qui est le plus à craindre.
Un seul coup d’œil peut vous réduire en cendre !
C’est pourquoi je prenais bien soin de me cacher derrière un tronc d’arbre à l’approche d’une horde en vadrouille.
Je me suis aperçu avec angoisse, que plusieurs races de prédateurs régnaient en ces lieux maudits.
Tout d’abord les «pognon-pognon », moins dangereux, circulant dans des tas de ferrailles rutilants,
et vivants en communautés dans d’immenses huttes collectives.
Mais les plus cannibales, les plus voraces c’était les abominables mangeurs d’euro !
Les « flouze-flouze » !
Un jour que je sortais un malheureux petit billet de 10 euro, ma main faillit être

happée tout entière par leur mâchoire redoutable.


Je n’eus plus, comme solution que de me réfugier dans ma « chambre-caverne » et de survivre avec quelques denrées sauvées du naufrage.
Parfois, dans la rumeur du soir, j’entendais les cris déchirants d’une famille de « beaufo-beaufo » se faire dévorer par les affreux « flouze-flouze ».
Les hurlements de ces pauvres bêtes à l’agonie étaient proprement insoutenables !
Pas âme qui vive pour soulager mon angoisse dans cette guerre impitoyable et cruelle !
Mon « Vendredi » vint sous la forme d’une jeune touriste allemande avec qui j’échangeai quelques mots un soir, et qui repartit rapidement pour continuer à subir son esclavage dans une tribu de « rupinosses » qui l’exploitaient outrageusement !
Enfin, le samedi matin, mon canot automobile daigna faire ronronner son moteur, à mon grand soulagement !
Et je quittai cet endroit abandonné de Dieu et des hommes pour revenir dans le monde civilisé de mes « pèquenots » de Seine et Marne !
Pas besoin d’être Tabarly et d’aller dans les "Galápagos » pour connaître l’aventure ;
A deux cents kilomètres de Paris, çà suffit largement !

dimanche 6 mai 2007

L'œil du saurien

Le saurien, c'est mon vieux "serpatte" chef qui assure sa vieille de contrôleur aérien sur la base d'Orange, en ce dimanche de printemps 68, si riche en promesses évènementielles.
Il est à quelques mois de la retraite. Il ne dort pas, non!
Mais comme les membres aquatiques de la sa famille de crocodile, il semble assoupi dans sa masse de graisse, sur son trône d'empereur Inca.
Par les larges baies vitrées de la tour de contrôle
je rêvasse en admirant les pentes du
Mont Ventoux en face de moi, tellement semblables à celles du Fuji-yama, avec sa couronne enneigée.



C'est que sur une base aérienne, même stratégique et nucléaire, quand il ne se passe rien, il ne se passe rien!
Le soleil déjà estival écrase de sa chaleur insolente la seule et unique piste du terrain, et les champs avoisinants. Soudain, mon caïman ouvre une paupière! Puis la deuxième!
Les plis de son front se creusent. Il bondit alors littéralement de son siège!
_Mais! Mais! Il va pas osé? Ah! Non! Il n’a pas le droit!
Putain de bordel de merde de nom de Dieu !
(Nous sommes entre militaires ! Il ne faut pas l’oublier !)
Vous dire qu'il est au bord de l'apoplexie serait un tantinet sous évaluer sa tension artérielle,à ce moment précis du récit!
Je regarde à mon tour dans la direction où pointe son regard.
Et que voyons-nous, ensemble?
Un minuscule petit avion de tourisme (genre "Jodel" pour ceux qui connaissent !)
Il amorce sa descente insolemment sur la grande piste bétonnée réservée exclusivement aux chasseurs à réaction de la base.
Mais le plus scandaleux; c’est qu’il atterrit à contre "QFU !"
Pour ceux qui ne connaissent pas le code "Q" (c'est pas du porno ! Rassurez-vous !)
C'est un code employé en radiotélégraphie et en aviation.
« QFU » indique le sens obligatoire d'atterrissage des avions donné par la tour de contrôle.
C'est à dire, le plus souvent, contre la direction du vent dominant.
Donc, là, notre appareil se pose à l’inverse de ce qu’il faudrait faire, contre toutes les règles du pilotage les plus élémentaires !
La base d’Orange est une base stratégique, et à l’époque,
elle possédait les fameux « Mirage IV » qui transportaient la bombe atomique française.
De plus, les patrouilles de « Mirage IIIC » étaient en alerte permanente et pouvaient décoller en deux minutes, car leur hangar était en bout de piste.
Je n’ai pas besoin de vous précisez que l’atterrissage sur cette base était strictement interdit à tous appareils civils ! Sauf à cas de détresse !
Et surtout pas sans contact radio, ni autorisation ! Le comble, c’est qu’un terrain civil était juste à côté du nôtre, avec sa piste en herbe !
Mon batracien s'agite comme un beau diable.
Et un batracien déguisé en diable, c’est pas beau à voir !
Il aboie autant qu'il peut sur la "fréquence" ! Et pour un caïman c'est vachement dur d'aboyer!
Il actionne tous les avertisseurs de détresse et d'alerte à la portée de ses grosses pattes d’alligator.
Il pousse même le vice jusqu’à envoyer une fusée de détresse rouge pour faire comprendre à « l’envahisseur » qu’il n’a pas le droit d’atterrir !
Peine perdue! Le petit aéroplane se pose quand même, et au lieu de prendre le taxiway en béton, comme les grands, il bifurque au beau milieu de la piste, pour se retrouver en plein champ.
Et il coupe son moteur à dix mètres du bord de piste.
Je n'ai pas besoin de vous dire, qu'au bout de dix minutes, çà grouille ferme autour de l'intrus!
Des dizaines de véhicules l'entourent ; pompiers, sécurité aérienne, gendarmerie, et tout le tremblement!

Et que voyons-nous sortir de l'habitacle? Une jeune femme en larmes, au bord de la crise de nerf.
Les minutes qui suivent, se passent dans la plus grande confusion.
Cà vocifère sec! Les bras et les mains moulinent mieux que des hélices d'avion.
Mais ce coup-ci j'ai pris les jumelles pour admirer le spectacle.
On n’a pas souvent l’occasion de rigoler, sur une base aérienne !
Bien m'en a pris, car soudain, dans le champ de celles-ci, j'aperçois une image que je ne suis pas prêt d'oublier. Devenez un peu ce que faisait cette charmante personne tombée du ciel, au milieu du chambardement extrême qu'elle avait ainsi provoqué?
Et bien oui!
Et il n'y a qu'une femme pour avoir ce genre d'idée en pareille circonstance!

Elle cueillait des fleurs pour se faire un magnifique bouquet!
Et bien à l’écart de toute cette agitation trop « masculine » pour elle !
On n'a jamais su à qui elle l'avait offert, son bouquet!
Mais je ne suis pas prêt de l’oublier!