« Je pense donc je suis » ! Voilà une belle
formule latine qui remonte bien loin dans mon enfance studieuse et laborieuse.
Un vieux monsieur du nom de Descartes l’avait prononcée, il y a de cela des
siècles, et elle se répandait dans tous
nos livres de philosophie scolaire.
Cette vieille relique de penseur, aux cheveux longs et au
regard fiévreux, ne m’inspirait alors qu’un désintérêt
méprisant dû à une adolescence tout à fait ordinaire.
Et voilà que l’âge survient avec son recul impitoyable sur
les années passées. Alors qu’on a « posé les valises » et que les
soucis de la vie s’estompent un peu, on voit resurgir cette préoccupation
philosophique essentielle !
Qu’est-ce que je suis bien venu foutre sur terre ? Quel
est ce mystère insondable qui fait que je suis venu assister à cette
« comédie humaine », à ce « banquet de farceurs
improbables » que l’on nomme « humanité » ?
Qui ne s’est jamais posé cette question terrifiante ?
Je n’arrive pas à concevoir un seul être humain qui ne se soit jamais interrogé
sur ce problème fondamental ! Voilà pourquoi je reviens à mon vénérable
philosophe. Il a dû, sans l’ombre d’un doute ( et dans son cas, c’est assez
judicieux) se poser rigoureusement la même question que moi. Oui, je pense, et
par cette simple action, j’ai la seule et unique preuve de mon existence. Et
cette existence est pour moi un mystère insondable car elle rejoint cette
interrogation fondamentale : pourquoi j’existe plutôt que rien ? Quel
est ce miracle inouï qui fait que je sois là, où je suis, que je vois, que je
respire, que je réfléchis, que je ressens, que je souffre, que j’ai peur, que
je ris, que j’ai la certitude absolue de mon « unicité » et de ma
« singularité » Ce qui me pousse à un égocentrisme absolu (mais provisoire)
: L’univers entier n’existe qu’à travers moi. Il n’existe que parce que j’en
suis conscient. Mais je me suis aperçu, Ô miracle, par la seule volonté de mon
raisonnement, que je ne suis pas le seul dans ce cas là ! Oui ! Il
existe d’autres « bipèdes » qui me ressemblent, qui ont des bras, des
jambes, une tête, enfin, bref, un aspect « humain » et qui pourraient
peut-être comprendre aussi ce que je ressens ! Car ce n’est pas
évident ! Parfois, cela me fait penser à ce film génial : « The
Truman show » avec Jim Carrey où l’on fabrique un univers entièrement
artificiel pour un seul être humain où tout est faux ! Tout est
fabriqué ! Il est le seul à ne pas le savoir ! Et si j’étais, moi
aussi, le fruit d’une expérience diabolique (ou divine ), et si j’étais un
cobaye crée pour voir comment réagi un être humain dans certaines
circonstances ? Oui, je sais ! Cela frise la folie ! Alors qu’y
a-t-il de concret pour nous sauver de cette
schizophrénie ? L’Amour, bien sûr ! Quand un
« autre » être humain vous semble plus « intéressant »,
plus « essentiel », plus « important » que
vous-même ! Pour conclure cette
petite digression philosophique, si notre brave Descartes proclamait « Je
pense, donc je suis », il ajoutait : « si je suis Dieu
est » ! Mais Dieu étant « Amour » on peut conclure en toute
certitude que : « Si je suis, c’est que l’Amour EST » !