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dimanche 18 mai 2008

Trop intelligent pour être heureux

Fallait que ça tombe sur moi !
Oh je sais ! Il y en a encore qui vont me courir sur la prostate pour me faire comprendre que j’ai pété les plombs, que je ne mouche pas du coude, que je me crois né dans « la cuisine à Jupiter » etc… ! Que je deviens vachement prétentieux, que ceci, cela ; nana ni, nana-nère !
Attendez ma plaidoirie, avant de me lancer vos pommes pourries à travers la tronche !
C’est pas moi ! C’est ma femme ! Non pas qu’elle soit trop intelligente, faut pas exagérer !
Mais c’est elle qui croit que je le suis ! Nuance !
Depuis notre mariage, cette pauvre épouse souffre de la présence à ses côtés d’un individu qui lui a toujours paru étrange, et pour tout dire; « bizarre » !
Ses goûts « spéciaux » pour la solitude, son attitude totalement réfractaire à tout repas de famille un peu longuet, ses « absences » rêveuses, son intérêt totalement incompréhensible pour des sujets où le ménage, l’entretien de la maison, les comptes bancaires, les courses au supermarché sont complètement absents, tout ça lui portait franchement sur le système nerveux !
Jusqu’à la progéniture qui semblait souffrir de cet état de chose.
Un jour, mon fils de huit ans à peine, à table, en face de moi, lança à mon endroit, avec ses petites mains en porte-voix pour faire plus « réaliste », cette phrase qui aurait semblé incongrue dans un autre foyer :
« Allo, allo, base lunaire, ici la terre, me recevez-vous » ?
Je sais qu’il venait de lire l’album de Tintin : « On a marché sur la lune » Mais quand même !
Ça vexe !
Dans les nombreux moments de dispute provoqués par mon indécrottable distraction, je lui balançais souvent cette phrase qui ne semblait pas du tout la dérider ;
« A l’ombre d’un génie, il y a toujours une femme qui souffre » !
Je dirais même, que c’était le contraire, vu que les prestations « géniales » de ce mari (et je n'ai pas écrit « génitales »! attention!) ne lui rapportait pas bézef, et n’augmentait pas le compte courant du ménage !
Quant à sa carrière professionnelle, vaut mieux jeter un voile pudique dessus !
Mais vous savez comment sont les femmes ! ça papote, ça cause, ça se renseigne, ça veut toujours avoir le fin mot de l’histoire !
Voilà-t-y pas qu’elle tombe sur la pub télévisée d’un bouquin de psy, comme quoi, des adultes « surdoués » sont trop intelligents pour être heureux !
Eh ! Eh ! Eh! A votre avis? Bingo ! Ben oui !
Eureka! Cela ne pouvait être que moi!
Elle m'a acheté le livre! Et tout y était! Je me suis reconnu! Tous les symptômes étaient là!
J'avais attrapé la “maladie”! Et depuis tout petit, sans le savoir!
Mais je me demande franchement si ce n'est pas la parano du type qui lit une encyclopédie médicale et qui croit avoir tous les cancers, toutes les maladies vénériennes, toutes les phtisie, etc...!
Il est pourtant une expression qui n'est jamais rarement galvaudée: “Imbécile heureux”!
C'est tout à fait normal et de bon sens!
Comment voulez-vous être heureux et lucide à la fois?
C'est totalement impossible!
Je me souviens, dans une de mes très vieilles lectures, qu'un psy nommé Pierre Daco écrivait déjà, que pour être heureux et équilibré, il fallait vivre avec des oeillières, comme les chevaux!
Ouais! Moi, je n'ai jamais eu franchement de respect “intellectuel” pour ces bestioles, dont j'adore parfois un bon steak! Mais cela ne va pas plus loin!
Donc, les “oeillières” je n'ai jamais été franchement pour! Qu'elles soient réelles ou virtuelles!
Et quel est le corollaire de la lucidité? La curiosité!
C'est normal! Si vous voyez un tas de choses qui vous semblent étranges, vous voulez savoir le pourquoi de cette “étrangeté”, non?
Et c'est là que survient un autre principe pervers: “la curiosité est un vilain défaut”!
C'est à dire que d'un côté, on vous “allèche”, on vous titille l'intellect, et de l'autre, on vous dit “pas touche, y a rien à voir”, petit prétentieux, ça ne te regarde pas! Frustrant, non?
Comment voulez-vous rester équilibré dans des conditions pareilles?
Quand la religion n'intervient pas pour y mêler son “grain de sel” théologique!
Je me souviens de cette phrase mémorable (la preuve! Je m'en souviens encore!) d'un de nos plus grands génies, de nos plus grands physiciens, mathématiciens, philosophes, etc...Pascal!
“Blaise” pour les intimes!
Que nous a dit cet immense génie?
“Abêtissez-vous devant Dieu”!
Poum! Avouez que c'est complètement “dérourant!
Si notre Créateur nous a conçu avec une cervelle en bon état de marche, c'est pour que nous nous en servions à bon escient! Oui ou non?
Sinon une simple moelle épinière suffirait, comme le pensait Einstein en voyant défiler des soldats!
Voulait-il exprimer par là, que trop de réflexion intellectuelle tue le sentiment?
Ah! Voilà le “noeud du problème”!
La guerre fondamentale, éternelle que se livrent depuis toujours la raison et le sentiment!
Frères ennemis depuis toujours! Irréconciliables!
Participant toujours d'une haine féroce, l'un pour l'autre!
Et quand ce combat redoutable se déroule sous une même caboche, vous comprenez tout le drame, toute la souffrance de celui qui y assiste totalement impuissant sans pouvoir intervenir, sans pouvoir les départager!
Mais ça, c'est pour “l'intelligent”! Car chez “l'imbécile heureux” la raison peu combative, et très “chétive” se ramasse toujours une branlée par “monsieur sentiment”!
Qui tel un macho dominateur, est toujours très content et fier de lui!
Aucune question, aucun remord, aucun doute ne l'assaillent!
C'est pourquoi Michel Audiard a pu faire dire à un personnage, dans "Les tontons flingueurs":
“Les cons ça osent tout! C'est même à ça qu'on les reconnaît”
Le poète a écrit: “Il n'y a pas d'amour heureux”!
Il aurait pu ajouter: “Il n'y a pas d'intelligence heureuse”!
Tel Prométhée se faisant bouffer le foie par une sale bestiole, le mec intelligent se fait bouffer la cervelle toute sa vie.
C'est pourquoi, chers amis, si vous pouviez (continuer?) à me prendre pour un imbécile, à me traiter de “con” (mais gentiment!), à me considérer comme le dernier des idiots, des tarés, des “mal pensants”, des débiles profonds, non seulement je ne vous en voudrai pas, mais quelque part, je serai rassuré sur ma capacité à pouvoir être heureux comme tout le monde!


PS “Trop intelligent pour être heureux? Adulte surdoué par Jeanne Siaud-Facchin editions Odile jacob (publicité gratuite)
Et “trop heureux pour être intelligent”, ça donne quoi?

Depuis, je suis tombé sur un homme qui m'a apporté beaucoup de réponses, et gloire lui soit donnée:
Henri Guillemin