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jeudi 19 septembre 2019

AD ASTRA OU...AD PATRES ?

Hier, je me suis précipité pour aller voir le film de James Gray avec Brad Pitt et  Tommy Lee Jones.
Avec tout ce que je débite sur ce pays, les USA, on peut difficilement me taxer « d’américanophile » excessive ! Pourtant, j’y suis allé de bon cœur pour retrouver les sensations de ma jeunesse, lorsque j’avais été voir « 2001 Odyssée de l’espace » en exclusivité aux Champs Élysées à Paris, dans les années 70. Le nœud de cette histoire est la quête du père, ou plutôt son assassinat.  « Tuer le père » pour assurer sa propre existence psychologique,  est une vieille lune aussi vieille que l’humanité elle-même. Voilà l’explication de l‘expression « ad patres » de mon titre.
Techniquement, le film est une splendeur. Les scènes sont époustouflantes de réalisme. Tout semble crédible, même pour ce film de sciences fiction. Le professionnalisme des Américains dans ce domaine n’est plus à prouver. Brad Pitt joue merveilleusement bien, tout en sobriété, et il faut oublier le bellâtre qui fait se pâmer certaines hystériques. C’est un très grand acteur dans la lignée des plus grands, comme Gary Cooper, Robert Mitchum, Glenn Ford, Clarke Gable et tous ceux que j’oublie forcément ! Mais revenons au sujet du film. Cet astronaute croit que son père, grand astronaute lui-même, est mort lors d’une expédition lointaine. Son deuil est fait depuis longtemps. Il a retrouvé, en apparence pour son entourage et ses chefs, un équilibre psychologique parfait qui lui permet d’être devenu un grand professionnel respecté. Et c’est à ce professionnel sans défaut que l’on va demander de retrouver ce géniteur dont on a caché le fait qu’il était encore en vie. A cet instant du récit, je prends conscience moi-même d’un phénomène étrange par assimilation, par transfert comme on dit en psychologie. Cette absence du père, cet abandon cruel d’une famille, vécu par un petit garçon de dix ans, je l’ai connu avec mon propre père. Il n’était pas astronaute. Il avait un métier moins glorieux et plus vulgaire. Il était militaire, parti au loin, pour défendre un empire colonial qui partait déjà en lambeaux. Voyez comme c’est stupide ? Je n’avais pas encore fait le rapprochement avec l’histoire de ce héros interplanétaire. Maintenant je sais la souffrance indicible qu’a ressenti le personnage dans son duel tragique, dans cette tempête de sentiments,  entre haine et amour pour un père absent. Un père que l’on vénère, mais un père que l’on hait pour la souffrance qu’il nous inflige. Ô combien sommes-nous à avoir vécu ce cas douloureux! Peut-être que tous les petits garçon de la terre l’ont ressenti au moins une fois dans leur vie. Mais ce n’est pas le seul domaine abordé dans ce film beaucoup plus profond qu’il n’y paraît. Le personnage se pose les questions existentielles que tout être humain se pose aussi ; quel est le sens de ma vie ? Pourquoi suis-je là ? Pourquoi faire ? Quelle force mystérieuse m’a placé là,  à mon insu, sans me demander mon avis ? Et surtout, qu’exige-t-elle de moi ? Enfin, après de nombreuses aventures et péripéties plus ou moins tragiques dans ce film à rebondissements, dont l’issue est quand même heureuse et pleine d’espoir ; quelle est la conclusion de tout ceci ?  La même que celle d’un grand écrivain, bien de chez nous, un certain Antoine de Saint-Exupéry. Et que faisait-il dire à un autre héros, sur une autre planète, plus poétique que réelle ?
« L’essentiel est invisible aux yeux » ! 
Tous ces vaisseaux spatiaux ultra-modernes ne sont que des tas de ferrailles sans intérêt. Que le fait de savoir si nous sommes seuls...ou pas dans l’univers, n’a strictement aucune importance ! Même si nous avons des « compagnons éloignés » il est probable qu’ils ont à faire face aux mêmes questionnements métaphysiques que nous. Et même s’ils sont mille fois plus intelligents que nous, cela n’a strictement, là non plus, aucun intérêt. L’intelligence rationnelle n’est rien sans la Foi, sans l’Amour de l’Autre, sans la connaissance intuitive mais absolue, de la réalité de cette force mystérieuse, tapie au fond de notre cœur, et que nous savons être notre Créateur.