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mercredi 16 juillet 2014

Paris a aussi des ailes



 Pendant le meeting du centenaire du Bourget, en ce 13 juillet 2014, musardant devant les différentes machines présentées, et sous un ciel maussade et pluvieux, je tombe en arrêt devant un merveilleux petit appareil, biréacteurs, quadriplace; le Morane-Saulnier MS760 « Paris ».
Encore une fois, je ne vais pas vous assommer avec ses caractéristiques techniques et de son histoire. Vous trouvez cela partout dans le « ouèbe » ! Mais ce que vous n’y trouverez pas, ce sont toutes les histoires et anecdotes s’y rattachant et qui encombrent ma mémoire.
Vous allez voir ! C’est beaucoup plus excitant, et cela  humanise beaucoup plus, ce qui ne reste, avant tout, qu’un tas de ferrailles et d’aluminium !
Chapitre I : Le temps de l’enfance

Alors qu’il m’était encore totalement inconnu et indifférent, je l’avais aperçu des dizaines de fois, se posant sur la base aérienne de Villacoublay, quand il survolait mon HLM de la banlieue rouge de Paris. Comme il était en « courte finale » il n’était pas à plus de 50m d’altitude. Je le voyais passer, de la fenêtre de ma chambre, au rez-de-chaussée de mon immeuble. On pouvait même apercevoir les pilotes et les passagers occasionnels. Mais à l’époque, je n’y avais pas prêté attention. C’était un type d’appareil parmi des dizaines d’autres. Un peu plus tard, (et un peu plus vieux !) je me lançais, avec délectation, comme des millions d’ados, dans la lecture des albums de « Tanguy et Laverdure ». Les fameux « chevaliers du ciel ». Et là, Ô stupeur, au détour des pages 36 et 37 de l’album « l’escadrille des cigognes », je retrouvais qui ? Devinez ? Mais oui ! Mon « Paris » mais avec aux commandes, le propre papa de Michel ! Pourtant, cela ne se terminait pas trop bien ! Et ce n’est pas la dernière fois que ce pauvre avion sera impliqué dans un crash, même sur papier ! Mais n’anticipons pas !


Chapitre II : La fonction prime le grade !

 

Et le service militaire survint ! Dans l’Armée de l’Air, comme il se doit ! C’est ainsi que je le terminais sur la base aérienne d’Orange-Caritat, et dans la tour de contrôle, s’il vous plaît !
Pour un passionné d’aviation comme moi, j’ai atteint là, le « nirvana » des aficionados de l’aéronautique ! J’allais ainsi le retrouver, mon cher « Paris », dans une drôle de circonstance.
Un beau matin, j’étais à mon poste de téléphoniste dans la tour, admirant le décor des pistes et le mont Ventoux dans le lointain, quand les haut-parleurs grésillèrent pour nous annoncer qu’un "Paris" en provenance de Villacoublay était en approche et qu’il y avait à bord quatre généraux de l’état-major en tournée d’inspection. Pas  besoin de vous préciser qu’un des généraux était le pilote ! L’atterrissage se passe normalement. Le tout petit appareil roule sur la piste et nous passe sous le nez. A ce moment du récit, je dois vous préciser un détail très important. Le contrôleur militaire de service est un tout jeune caporal-chef. Tellement « jeune » qu’avec sa petite taille,  ses joues roses et ses lèvres d’un rouge carmin on  lui donnerait à peine 15 ans ! Et encore !  Malgré tout, je sais que c’est un teigneux, et un « taiseux » comme disent certains ! Est-ce pour compenser cet aspect physique qu’il connaît trop et qui le complexe? Allez savoir ! La voix d’un haut-parleur crache soudain :  _Alpha-Lima autorisation de prendre la bretelle droite..! 
Vous aurez compris que le pilote du « Paris » ne veut pas se « farcir » toute la longueur de cette piste interminable faite pour les bombardiers « Mirage IV » de trois kilomètres de long. C’est alors que mon caporal-liliputien prend son micro, et de sa grosse voix, pour un si petit corps, foudroie le pilote d’un :
négatif ! Vous continuez jusqu’au seuil de piste  !
 Oups ! J’avale ma salive de stupeur et aussi de crainte ! Qu’est-ce qu’il lui prend à ce jeune « asticot » de caporal ? Il n’a pas vu à qui il avait affaire ?Le "seuil de piste", pour ceux qui l'ignoreraient, est l'extrémité de cette piste .

Les quelques minutes de silence qui suivent me paraissent des siècles. Puis soudain, une voix un peu plus rogne :
_Alpha-Lima autorisation de prendre la bretelle droite ?
 La petite pointe d’agacement ne m’échappe pas du tout ! Mais elle échappe totalement à
 « Liliput-contrôleur » qui re-balance sur le même ton neutre et froid :
 _négatif ! Vous continuez jusqu’au seuil de piste » ! Le « OK Alpha-Lima » prononcé comme un type à qui on vient de faire une « vacherie et qui ne peut pas réagir, ne présage rien de bon. Un bon quart d’heure se passe dans le calme le plus complet. Puis j’entends le bruit caractéristique du moteur de l’ascenseur qui se met en marche. Mon sang se glace, comme on écrit dans les romans à deux balles ! Pas besoin d’avoir fait « les tarots » ou examiné une boule de cristal, pour comprendre qui va nous rendre visite ! Effectivement, j’aperçois d’abord une casquette à feuilles de chêne, puis la haute stature d’un général en grand uniforme avec ses belles étoiles sur le revers de ses manches.
_Qui est de service ici ? Tonne la voix de l’officier supérieur !
_C’est moi mon général ! Fait le petit caporal, pas du tout, mais alors là, pas du tout ému ni impressionné !
J’assiste alors à une scène très curieuse : un général qui examine de haut en bas un caporal immobile au regard neutre et indifférent, comme si son tailleur lui prenait ses mesures pour un nouveau costard. La passe d’arme silencieuse dure encore quelques secondes, puis le général laisse tomber un lugubre et impuissant: « C’est bon ! » et tourne les talons sans autre commentaire !
Quand on vous dit que la fonction prime le grade !




Chapitre III l’Affaire Mattei

Pour les cinéphiles, c’est avant tout un film italien de Francesco Rosi de 1972. « Il caso Mattei » dans la belle langue de Dante, avec Gian Maria Volonte.
Ce film retrace la carrière et la mort suspecte, très suspecte, du magna italien du pétrole : Enrico Mattei. Pour plus de renseignement, reportez-vous aux informations sur le film ou sur  les ouvrages parlant de cette sombre affaire. Mais vous savez que la seule chose qui m’intéresse ici, dans cette histoire, c’est son avion. Mattei pilotait lui-même son MS 760 Paris. C’est bien avec cet appareil qu’il va trouver une mort tragique. L’avion a-t-il été saboté ou pas ? Comme celui du père de Michel Tanguy ? Aux fins « limiers-historiens » de répondre. 
 


Chapitre IV les feux d’Hollywood

Je suis sûr que beaucoup d’entre vous ont, une fois dans leur vie, visionné ce « chef d’œuvre » impérissable qui a pour titre : « Allo Maman, ici bébé » ! Un film de 1990 qui avait pour vedette principale John Travolta. Plus personne n’ignore que Travolta est lui-même un passionné d’aviation. Donc, un beau jour, je regarde ce film à la télé. Je vous passe les péripéties sentimentales pour arriver à ce passage intéressant où le « plan drague » de ce chauffeur de taxi consiste à faire faire un baptême de l’air à la jeune maman. Et c’est là devant « mes yeux hagards » comme le chantait Henri Salvador que j’aperçois le magnifique MS760 « Paris » ! Aussi incongru qu'un chameau sur la piste de Longchamp. Mais c’est pas tout ! J’apprendrais plus tard que John Travolta a possédé réellement cet appareil dont il était un fan ! 

Chapitre V  Conclusion provisoire ?

Il y a, bien évidemment, des centaines d’autres anecdotes et faits passionnant concernant ce petit appareil. Mais je ne vous ai raconté que celles qui me concernaient.
C’est pourquoi, de le voir ainsi, sur ce parking du Bourget je me suis dit que je ne pouvais pas manquer de lui rendre un petit hommage personnel.
J’ai appris cette chose hallucinante et qui semble authentique ; une société américaine, en Floride, a racheté les plans et les brevets pour en fabriquer chez eux, à nouveau !

 Le 2 novembre 2009, la société américaine JetSet, basée en Floride, a acquis le certificat de type qui appartenait à Daher-Socata. Outre cet achat, la société a acheté l'outillage, qui a été rapatrié en Floride. Cette société a acheté environ 40 cellules réformées des armées de l'air du Brésil, de l'Argentine et de la France, afin de proposer un very light jet aux particuliers, pour un prix d'environ 500 000 $. Si ce renouveau trouve son marché, la société envisage de construire de nouvelles cellules avec une nouvelle motorisation2,3.

Source wikipédia

Elle n’est pas belle la vie ?