Pendant le meeting du centenaire du Bourget, en ce 13
juillet 2014, musardant devant les différentes machines présentées, et sous un
ciel maussade et pluvieux, je tombe en arrêt devant un merveilleux petit
appareil, biréacteurs, quadriplace; le Morane-Saulnier MS760
« Paris ».
Encore une fois, je ne vais pas vous assommer avec ses caractéristiques
techniques et de son histoire. Vous trouvez cela partout dans le
« ouèbe » ! Mais ce que vous n’y trouverez pas, ce sont toutes les
histoires et anecdotes s’y rattachant et qui encombrent ma mémoire.
Vous allez voir ! C’est beaucoup plus excitant, et
cela humanise beaucoup plus, ce qui ne reste,
avant tout, qu’un tas de ferrailles et d’aluminium !
Chapitre I : Le temps de l’enfance
Alors qu’il m’était encore totalement inconnu et
indifférent, je l’avais aperçu des dizaines de fois, se posant sur la base
aérienne de Villacoublay, quand il survolait mon HLM de la banlieue rouge de
Paris. Comme il était en « courte finale » il n’était pas à plus de
50m d’altitude. Je le voyais passer, de la fenêtre de ma chambre, au rez-de-chaussée de mon immeuble. On pouvait même apercevoir les pilotes et les passagers
occasionnels. Mais à l’époque, je n’y avais pas prêté attention. C’était un
type d’appareil parmi des dizaines d’autres. Un peu plus tard, (et un peu plus
vieux !) je me lançais, avec délectation, comme des millions d’ados, dans
la lecture des albums de « Tanguy et Laverdure ». Les fameux
« chevaliers du ciel ». Et là, Ô stupeur, au détour des pages 36 et
37 de l’album « l’escadrille des cigognes », je retrouvais qui ?
Devinez ? Mais oui ! Mon « Paris » mais avec aux commandes,
le propre papa de Michel ! Pourtant, cela ne se terminait pas trop
bien ! Et ce n’est pas la dernière fois que ce pauvre avion sera impliqué
dans un crash, même sur papier ! Mais n’anticipons pas !
Chapitre II : La fonction prime le grade !
Et le service militaire survint ! Dans l’Armée de
l’Air, comme il se doit ! C’est ainsi que je le terminais sur la base
aérienne d’Orange-Caritat, et dans la tour de contrôle, s’il vous plaît !
Pour un passionné d’aviation comme moi, j’ai atteint là, le
« nirvana » des aficionados de l’aéronautique ! J’allais ainsi le
retrouver, mon cher « Paris », dans une drôle de circonstance.
Un beau matin, j’étais à mon poste de téléphoniste dans la
tour, admirant le décor des pistes et le mont Ventoux dans le lointain, quand
les haut-parleurs grésillèrent pour nous annoncer qu’un "Paris" en provenance de
Villacoublay était en approche et qu’il y avait à bord quatre généraux de
l’état-major en tournée d’inspection. Pas
besoin de vous préciser qu’un des généraux était le pilote !
L’atterrissage se passe normalement. Le tout petit appareil roule sur la piste
et nous passe sous le nez. A ce moment du récit, je dois vous préciser un
détail très important. Le contrôleur militaire de service est un tout jeune
caporal-chef. Tellement « jeune » qu’avec sa petite taille, ses joues roses et ses lèvres d’un rouge
carmin on lui donnerait à peine 15 ans !
Et encore ! Malgré tout, je sais
que c’est un teigneux, et un « taiseux » comme disent certains !
Est-ce pour compenser cet aspect physique qu’il connaît trop et qui le complexe?
Allez savoir ! La voix d’un haut-parleur crache soudain : _Alpha-Lima autorisation de prendre la bretelle droite..!
Vous aurez compris que le pilote du « Paris » ne veut pas se « farcir » toute la longueur de cette piste interminable faite pour les bombardiers « Mirage IV » de trois kilomètres de long. C’est alors que mon caporal-liliputien prend son micro, et de sa grosse voix, pour un si petit corps, foudroie le pilote d’un :
Vous aurez compris que le pilote du « Paris » ne veut pas se « farcir » toute la longueur de cette piste interminable faite pour les bombardiers « Mirage IV » de trois kilomètres de long. C’est alors que mon caporal-liliputien prend son micro, et de sa grosse voix, pour un si petit corps, foudroie le pilote d’un :
- négatif ! Vous continuez jusqu’au seuil de
piste !
Oups ! J’avale ma salive de stupeur et aussi de
crainte ! Qu’est-ce qu’il lui prend à ce jeune « asticot » de
caporal ? Il n’a pas vu à qui il avait affaire ?Le "seuil de piste", pour ceux qui l'ignoreraient, est l'extrémité de cette piste .
Les quelques minutes de silence qui suivent me paraissent
des siècles. Puis soudain, une voix un peu plus rogne :
_Alpha-Lima autorisation de prendre la bretelle
droite ?
La petite pointe d’agacement ne m’échappe pas du
tout ! Mais elle échappe totalement à
« Liliput-contrôleur » qui re-balance sur le même ton neutre et froid :
« Liliput-contrôleur » qui re-balance sur le même ton neutre et froid :
_négatif ! Vous
continuez jusqu’au seuil de piste » ! Le « OK Alpha-Lima »
prononcé comme un type à qui on vient de faire une « vacherie et qui ne
peut pas réagir, ne présage rien de bon. Un bon quart d’heure se passe dans le
calme le plus complet. Puis j’entends le bruit caractéristique du moteur de
l’ascenseur qui se met en marche. Mon sang se glace, comme on écrit dans les
romans à deux balles ! Pas besoin d’avoir fait « les tarots » ou
examiné une boule de cristal, pour comprendre qui va nous rendre visite !
Effectivement, j’aperçois d’abord une casquette à feuilles de chêne, puis
la haute stature d’un général en grand uniforme avec ses belles étoiles sur le
revers de ses manches.
_Qui est de service ici ? Tonne la voix de l’officier
supérieur !
_C’est moi mon général ! Fait le petit caporal,
pas du tout, mais alors là, pas du tout ému ni impressionné !
J’assiste alors à une scène très curieuse : un général
qui examine de haut en bas un caporal immobile au regard neutre et indifférent,
comme si son tailleur lui prenait ses mesures pour un nouveau costard. La passe
d’arme silencieuse dure encore quelques secondes, puis le général laisse tomber
un lugubre et impuissant: « C’est bon ! » et tourne les talons sans autre
commentaire !
Quand on vous dit que la fonction prime le grade !
Chapitre III l’Affaire Mattei
Pour les cinéphiles, c’est avant tout un film italien de
Francesco Rosi de 1972. « Il caso Mattei » dans la belle langue de
Dante, avec Gian Maria Volonte.
Ce film retrace la carrière et la mort suspecte, très
suspecte, du magna italien du pétrole : Enrico Mattei. Pour plus de
renseignement, reportez-vous aux informations sur le film ou sur les ouvrages parlant de cette sombre affaire.
Mais vous savez que la seule chose qui m’intéresse ici, dans cette histoire,
c’est son avion. Mattei pilotait lui-même son MS 760 Paris. C’est bien avec cet
appareil qu’il va trouver une mort tragique. L’avion a-t-il été saboté ou
pas ? Comme celui du père de Michel Tanguy ? Aux fins « limiers-historiens »
de répondre.
Chapitre IV les feux d’Hollywood
Je suis sûr que beaucoup d’entre vous ont, une fois dans
leur vie, visionné ce « chef d’œuvre » impérissable qui a pour titre :
« Allo Maman, ici bébé » ! Un film de 1990 qui avait pour
vedette principale John Travolta. Plus personne n’ignore que Travolta est lui-même
un passionné d’aviation. Donc, un beau jour, je regarde ce film à la télé. Je
vous passe les péripéties sentimentales pour arriver à ce passage intéressant
où le « plan drague » de ce chauffeur de taxi consiste à faire faire
un baptême de l’air à la jeune maman. Et c’est là devant « mes yeux
hagards » comme le chantait Henri Salvador que j’aperçois le magnifique
MS760 « Paris » ! Aussi incongru qu'un chameau sur la piste de Longchamp. Mais c’est pas tout ! J’apprendrais plus
tard que John Travolta a possédé réellement cet appareil dont il était un fan !
Chapitre V Conclusion
provisoire ?
Il y a, bien évidemment, des centaines d’autres anecdotes et
faits passionnant concernant ce petit appareil. Mais je ne vous ai raconté que
celles qui me concernaient.
C’est pourquoi, de le voir ainsi, sur ce parking du Bourget
je me suis dit que je ne pouvais pas manquer de lui rendre un petit hommage
personnel.
J’ai appris cette chose hallucinante et qui semble
authentique ; une société américaine, en Floride, a racheté les plans et
les brevets pour en fabriquer chez eux, à nouveau !
Le 2 novembre 2009, la société américaine JetSet, basée en Floride, a acquis le certificat de type qui appartenait à Daher-Socata. Outre cet achat, la société a acheté l'outillage, qui a été rapatrié en Floride. Cette société a acheté environ 40 cellules réformées des armées de l'air du Brésil, de l'Argentine et de la France, afin de proposer un very light jet aux particuliers, pour un prix d'environ 500 000 $. Si ce renouveau trouve son marché, la société envisage de construire de nouvelles cellules avec une nouvelle motorisation2,3.
Source wikipédia
Le 2 novembre 2009, la société américaine JetSet, basée en Floride, a acquis le certificat de type qui appartenait à Daher-Socata. Outre cet achat, la société a acheté l'outillage, qui a été rapatrié en Floride. Cette société a acheté environ 40 cellules réformées des armées de l'air du Brésil, de l'Argentine et de la France, afin de proposer un very light jet aux particuliers, pour un prix d'environ 500 000 $. Si ce renouveau trouve son marché, la société envisage de construire de nouvelles cellules avec une nouvelle motorisation2,3.
Source wikipédia
Elle n’est pas belle la vie ?