Quel choc émotionnel ! Car il se trouve que cet avion,
(et pas un autre !) je l’ai eu sous les yeux, en vrai, en grandeur nature,
quelques décennies auparavant, lorsque je travaillais à l’ADP autrement
dit aux « Aéroports de
Paris ». Et le voir là, en maquette, ressurgir dans ma mémoire ! Voilà
qui était absolument extraordinaire ! C’est alors que me vint le besoin
irrépressible de vous raconter l’histoire de cet avion, unique dans l’histoire
de l’aviation.
Je ne vais pas vous noyer dans des termes techniques qui
n’intéressent que les passionnés d’aéronautique. Non ! Je ne vais
m’attacher uniquement qu’à l’anecdotique, aux exploits de cet aéronef
remarquable. Il faut quand même que je vous précise que son premier vol eu lieu
en mai 1955. Cet avion était, au sens propre du terme, révolutionnaire, car il
est un fait que tout le monde a oublié, c’est que pour la première fois, on
mettait des réacteurs à l’arrière du fuselage ! Et oui ! Cocorico !
C’est nous, les Français, qui avons inauguré cette disposition originale, qui
est un brevet « Sud Aviation ». Je n’aurai pas de peine à vous faire
admettre que nous avons été pillés par de nombreux constructeurs par la
suite ! Et notamment par les Américains avec le Douglas DC9. Mais personne au monde ne nous retirera la
primauté historique de cette invention. C’était l’époque bénie où la France
était encore capable de concevoir, de fabriquer, de mettre au point, ses
propres avions sans l’aide de personne, autre que ses propres techniciens et
ingénieurs. Mais qu’il était beau, cet avion ! Fin, racé, d’une esthétique
et d’un aérodynamisme parfait ! Premier avion commercial français à
réaction ! Les anglais nous avaient précédé avec leur « De
Haviland Comet » mais celui-ci avait été victime de plusieurs drames
aériens qui en avait retardé l’exploitation.
Stupeur de ma part quand j’apprends, par le plus pur des
hasards, que les gens de Sud Aviation ont pris la cabine complète de ce
« Comet » pour la mettre sur notre « Caravelle ». Les
photos sont imparables ! Pour revenir à « mon » F-BHRA car si le
bateau (la caravelle) est féminin, l’avion, lui est masculin, j’ai donc appris
avec surprise que le destin de cet appareil a été encore plus singulier que je
ne l’imaginais. Il s’est d’abord appelé F-WHRA. Dans la législation
aéronautique française le « W »
après le « F » pour (France) signifie que nous avons affaire à un
prototype. Donc, ce brave appareil, avant de servir sous les couleurs d’Air
France, avait subi de redoutables essais techniques. Il est donc le tout
premier de la famille à avoir transporté des passagers sur les lignes
régulières.
Ce que je ne vous ai
pas encore précisé, c’est que chaque appareil était « baptisé» du
nom d’une province de France ! Le F-BHRA reçoit celui de l’ « Alsace ». Je vous mettrai
en annexe, la liste de ces caravelles et leur immatriculation respective.
Chapitre : Vol plané Paris-Dijon
La vie de ce brave avion est marquée, tout au début de sa
brillante carrière, par un exploit dont je me souviens encore personnellement,
et dont toute la communauté aéronautique française en a été très fière.
Figurez-vous que cet avion a fait un
magnifique vol plané de 256 km
entre Paris et Dijon, avec ses moteurs quasiment arrêtés ! Je vous donne
un article récupéré sur la «toile » :
A l'initiative de la
compagnie Air France, un vol technique et spectaculaire a été réalisé le 15
mars 1959 à bord de la
Caravelle de type 1 (F-BHRA). Il consistait à relier Paris à Dijon (265 km à vol d'oiseau) en vol plané et a démontré
les qualités de vol de cet avion et plus particulièrement sa finesse.
L'équipage était composé des commandants Guibbert et Duguet et de M. Vergines
(mécanicien navigant). Voici la chronologie des opérations :
• Décollage à 13 h 42 (Orly) au poids de 37,98 t (arrêt d'un
moteur juste au décollage et remise en route à 100 m d'altitude) • Montée sur le triangle Paris-Dreux-Rennes
• 14
h 46 : arrivée à la
verticale de Paris à 13 200 m d'altitude au poids de 35,0 t, vitesse de
360 Kts, ce qui équivaut à 665 km/h, température - 47° C, le ciel est bleu •
Descente à poussée nulle ("gaz plein réduit") • Taux de chute : 250 à
300 m/mn • A la verticale de Bray, couche nuageuse avec pluie et neige • 15 h 32 : passage sur le terrain de Dijon à
l'altitude de 1600 m,
soit Paris-Dijon en 46 mn (vitesse moyenne de 346 km/h).
Avec une finesse de 22
(distance parcourue/hauteur), la Caravelle se hisse au niveau des planeurs de
haute performance d'après-guerre (1939). Ce vol fut très promotionnel et très
remarqué dans le milieu aéronautique.
Chapitre : Vilgénis
La suite de la vie de ce brave appareil fut
« scolaire » ! Quoi de plus noble destin, que de servir à
l’apprentissage de plusieurs générations de mécaniciens en aéronautique. C’est
ainsi qu’il fit un grand voyage, par la route en pièce détachées vers le centre
de formation d’Air France de Vilgénis, le 5 février 1976. Vous trouvez plus d’information sur ce
déménagement spectaculaire sur cette page : Le CIV (Centre d'Instruction
de Vilgénis) - Caravelle F-BHRA
Chapitre : fin de carrière
Sachez que cet avion va service de formation aux élèves
pendant plus de trente ans et qu’il va être vendu, après la fermeture de
Vilgénis en 2011 à un Hollandais.
Voilà bien la France ! Ce pauvre appareil méritait bien
de terminer au Musée de l’Air et de l’Espace ? Mais non ! La logique
financière a été la plus forte.
Et il n’est pas le seul à avoir subi la férocité impitoyable
des « comptables ». Je me souviens, avec les quelques millions de
jeunes français venus le visiter, du F-BHHH stationné à Orly. Il avait été
pourtant le prototype de « Caravelle ». Il était donc « historique »
et précieux. Et bien, il s’est quand même trouvé un cadre de l’ADP pour
l’expédier à la ferraille parce cela coûtait trop cher de l’envoyer au
Bourget ! Quand on sait les milliards que s’engouffre cet établissement,
par an ! C’est d’une mesquinerie et d’un manque de patriotisme
navrant !
Chapitre: quelques destins tragiques.
Malheureusement, notre pauvre Caravelle, a dû subir, comme
d’autres avions commerciaux, dans le monde, et parce que rien n’est jamais
parfait, plusieurs accidents et
catastrophes.
Un site, sur « wikipédia » en donne la liste
exhaustive.
Mais je ne vous relaterai personnellement que les deux qui m’ont
le plus frappé :
Le 19 mai
1960 : Collision tragique
Il y eut d’abord cette collision absolument incroyable entre
une caravelle d’Air Algérie et un « Stampe » (petit biplan d’école)
dont j’avais déjà relaté le drame dans mon article:
Je ne sais pas si certains
ont vu l’accident survenu bien plus tard, le 28 avril 1988 à un Boeing 737 du côté de Hawaï,
Il s’agissait du Vol 243 d’Aloha Airlines.
Mais ce que beaucoup de gens ignorent, c’est que notre
caravelle, elle, a reçue sur la « couenne » un avion qui lui a
arraché plus de 10 mètres
de toit ! Et l’avion s’est, quand même, posé sans encombre ! Il y eu
malheureusement deux morts à déplorer, le pilote du Stampe et un passager. Il
est vrai que ne recevoir un moteur de Stampe sur les genoux n’est pas
spécialement recommandé pour une bonne santé.
Collision en vol à Orly avec le Stampe SV-4C F-BDEV n° 601 qui volait de Chelles vers
l'Aéroport de Toussus-le-Noble à 300 m d'altitude, verticale Noiseau. La Caravelle
a une partie du toit arrachée et un réacteur hors service. Le pilote réussit à
poser l'avion à Orly mais le Stampe s'écrase en tuant son pilote (R. Fabro).
Une victime (M. F. Quévremont) ainsi que plusieurs blessés sont à déplorer dans
la Caravelle. Il faut remarquer qu'à ce même instant le dirigeant soviétique
Nikita Khrouchtchev, ayant torpillé la conférence de Paris sous prétexte de
l'affaire de l'avion Lockheed U-2 abattu, quittait Orly plus tôt que prévu,
entraînant un changement de piste ordonné par le contrôle aérien3. Le 6
juin 1960, le
propriétaire du Stampe, Joé Ampoulié, est invité à constater les dégâts subis
par la Caravelle à Orly. Air Algérie lui réclame en effet 500 millions de
francs de réparation1,4. L'appareil est réparé et remis en service comme
Caravelle III en février 1961.
J’ai lu tout les mensonges convenus du rapport officiel :
incendie à bord ! Décidemment, cette date (11 septembre) est maudite pour
nos menteurs institutionnels. Il est fort probable que ce fut un missile bien
français qui a abattu ce pauvre avion. Des familles de victimes se battent
encore pour que l’Etat reconnaisse sa responsabilité. Autant vouloir raser le
Mont-Blanc avec une pince à sucre ! Il existe de nombreux sites de
références que chacun pourra consulter.
Chapitre: Spotter et studio mannequin!
Le poste de pilotage de ce merveilleux aéronef! Et pas encore équipé d'écrans à plasma et de "joystick"!
Quand je me retourne sur mon passé, au sein de ce grand aéroport,
je ne peux qu’être saisi par un grand vertige de bonheur au vue de l’immense
liberté de circulation dont je jouissais à l’époque. Je vous laisse
« juge » : J’avais un permis de déplacement « toutes
zones » grâce à ma profession. Je vous prie de croire que j’en ai usé et
abusé ! La preuve ? Et toujours concernant la
« Caravelle ». Un jour, une amie, jolie hôtesse de l’air d’Air
France, ayant appris que je faisais de la photo en amateur, a voulu jouer au
« mannequin » avec moi comme « photographe de mode ». Pour
cela, nous avons parcouru un grand nombre de postes de stationnement d’avion.
Nous sommes montés à bord de tous les avions que nous avons voulu
visiter ! Tous seuls, comme des grands, sans personne pour nous contrôler
et nous surveiller ! Vous le croyez ça ? Et ben ouais !
C’étaient les merveilleuses années 70 ! Ah ! Ça n’allait pas durer !
Mais en attendant, qu’est-ce que j’en ai profité !Le drame, c'est que je ne connais même plus le nom et le prénom de cette jeune femme! Pourvu qu'elle ne se reconnaisse pas! Je vais avoir du soucis avec son "droit à l'image"! Mais comme elle est charmante et à son avantage, je pense qu'elle ne m'en voudra pas trop!
Le poste de pilotage de ce merveilleux aéronef! Et pas encore équipé d'écrans à plasma et de "joystick"!
Ah! Il n'y a pas la largeur de la cabine d'un 747, pour sûr!
Même accès que chez le Boeing 727! Encore un copié-collé des Américains
Je tiens à préciser que toutes ces photos sont bien de moi! Prises des photos, tirage du négatif, et tirage papier, plus scanner pour numérisation! Donc, le "copyright" c'est pour "bibi"!
Annexes
F-BHRA- « Alsace »
F-BHRB- « Lorraine »
F-FHRC- « Anjou »
F-BHRD- « Guyenne »
F-BHRE- « Artois »
F-BHRF, " Auvergne
F-BHRG- « Berry »
F-BHRH- « Bourgogne »
F-BHRI- « Bretagne »
F-BHRJ- « Champagne »
F-BHRK- « Corse »
F-BHRL, " Dauphiné
F-BHRM- « Quercy »
F-BHRN-« Gascogne »
F-BHRO- « Ile-de-France »
F-BHRP- « Languedoc »
F-BHRQ- « Limousin »
F-BHRR, " Lyonnais
F-BHRS- « Normandie »
F-BHRT- « Picardie »
F-BHRU- « Poitou »
F-BHRV- « Provence »
F-BHRX, " Savoie
F-BHRY- « Touraine »
F-BHRZ- « Flandre »
F-BJTA – « Comté de Nice »
F-BJTB – « Béarn » Crash le 12 septembre 1961 à Rabat
F-BJTC- « Comté de Foix »
F-BJTD- pas de nom
F-BJTE, « Grenoble ».
F-BJTF- « Orléanais »
F-BJTG- « Roussillon »
F-BJTH- « Franche-Comté »
F-BJTI-
« Navarre »
F-BJTJ- « Bourbonnais »
F-BJTK- « Principauté de Monaco »
F-BJTL –« Aunis et Saintonge » photos hôtesse de
l’air
F-BJTM- « Maine »
F-BJTN- « Comminges »
F-BJTO- « Pays Basque ex-Touraine»
F-BJTP- « Comtat Venaissin »
F-BJTQ- « Martinique ex-Champagne »
F-BJTR- « Principauté de Monaco (1)
F-BJTS- « Vercors »
F-BLCZ-
F-BLKF- « Angoumois »
F-BNGE- « Président Jean-Bedel Bokassa »
(si ! si ! elle a existée !)
F-BOHA- « Comté de Nice ex-Guyane »
F-BOHB- « Béarn »
F-BJTB (crash Ajaccio-Nice)
F-BOHC- « Guadeloupe ex-Aquitaine » F-BSGZ
Sites web de référence :
Vilgénis
Drame de Casablanca
Site de Caravelle et Boeing 707 AF
Sud Aviation Caravelle III SE 210
Musée Delta : La caravelle
Accidents :