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mercredi 29 juillet 2009

Là haut, sur la montagne…..


Ne me dîtes pas que vous ne connaissez pas la suite de cette petite comptine enfantine ? Non ? Alors tant pis pour vous. Pour le savoir, il va vous falloir me lire jusqu’au bout. Déjà, le mot « montagne » devrait vous mettre la puce à l’oreille. Remarquez bien, que si j’avais une « puce à l’oreille », je me gratterais violemment, comme le fait ma petite chatte ! Je n’ai jamais compris cette expression idiote. Elle a forcément une explication rationnelle et historique, mais aujourd’hui, vous la chercherez sans moi ! Il s’agit de la suite de mes aventures alpestres autour de ce magnifique massif du Mont-Blanc. C’était au cours de la deuxième édition de ce marathon montagnard et annuel. La veille, je me souviens. Nous étions descendus sur Courmayeur, et quand j’écris « descendus », mes rotules se souviennent encore de cette descente interminable sur la ville, que nous voyions en bas, et que nous n’atteignions jamais. Ah ! Le paysage pouvait être grandiose ! Pour les quelques ignorants qui ne le sauraient toujours pas, Courmayeur est la ville italienne, qui se situe de l’autre côté du tunnel du Mont-Blanc. D’ailleurs, du sentier où nous étions, on pouvait voir la sortie de celui-ci. Vous dire que nous sommes arrivés dans la vallée, harassés et fourbus, ne vous surprendra pas. Mais, bonheur infini de cette époque bénie, nous étions assez riches pour nous payer un bon hôtel en ville. Pas une de ces « étables à randonneurs » que l’on appelle « refuge » Non ! Un vrai hôtel, d’au moins deux étoiles, avec de vraies chambres, un vrai et bon restaurant. On a bien roupillé ! On a bien mangé ! Sommeil réparateur et tout le toutim. Petit déjeuner copieux, etc. Le drame, voyez-vous, c’est que trop de confort tue le sportif ! Et pire encore, le randonneur montagnard ! Car le moins expérimenté, des gens de ces pays d’altitude, sait, et même depuis sa plus tendre enfance, que tout voyage, dans ces contrées sauvages et dangereuses, s’entreprend tôt le matin ! Pas à onze heures, comme des touristes en goguette ! Et ben nous ? Si !
Si ! Si ! Mais quand on a vingt ans, que l’on ne connaît rien à la montagne, que l’on est plein d’enthousiasme et de certitudes, on se sent indestructibles ! Alors on est parti, insouciants, optimistes en diable !
(eh ! eh ! eh ! Et c’est vrai que le Diable a bien dû rigoler de nous voir partir ainsi)
Courmayeur est une jolie petite ville nichée dans un vallon encaissé. Elle est merveilleuse quand il fait beau. Mais quand nous avons quitté l’hôtel, il faisait gris et maussade. Ah ? Parce que j’ai oublié de vous le dire ? Malgré un temps menaçant et franchement pas sympathique sur le plan pluviométrique, nous sommes quand même partis ! Tant qu’à être inconscients, vaut mieux l’être jusqu’au bout. N’est-ce pas ? Nous avons quitté les faubourgs de la ville pour nous enfoncer dans les bois, et pour grimper………….sous la pluie.
Mais rassurez-vous ! Nous avions de bons ponchos bien étanches. Déjà, un temps pluvieux, c’est pas marrant. Mais en montagne, c’est pire ! On ne voit rien du paysage. Tout est cotonneux. C’est triste à mourir. Heureusement que Dame nature sait être « guillerette » et « primesautière », quand elle se décide de nous distraire par un beau spectacle. C’est ainsi, qu’en plein milieu de l’après-midi, elle n’a rien trouvé de mieux, que de nous envoyer un bel orage ! Qui n’a pas connu d’orage en montagne, ne connaît rien à la beauté sublime des éléments déchaînés. Et puis, il vaut mieux se munir de « boules Quiès » parce que je vous prie de croire que les tympans en prennent un sérieux coup ! Vulcain-Héphaïstos n’a pas arrêté de secouer ses tôles d’acier, pendant des heures ! Bon ! On a fini par s’habituer. On s’habitue à tout, dans la vie. Vous voyez le décor ? Et ben c’est pas fini ! Je m’en souviendrai toute ma vie de cette aventure. J’étais alors bon dernier, comme il se doit. Car pour le sport et la compétition, j’ai toujours été d’une nullité crasse ! Mais d’une nullité parfaitement assumée. Et comme je suis un rêveur impénitent, je suis toujours bien tout seul, en pleine conversation avec moi-même. Je possède cette particularité étrange de ne pas m’ennuyer avec moi-même, contrairement à d’autres. Nous cheminions alors sur un sentier à flan de coteau, sur une pente assez prononcée, dans un bois de pins. Soudain, j’entends derrière moi un grondement qui ne ressemble pas au coup de tonnerre habituel. Je me retourne, et là, que vois-je de mes quinquets brusquement agrandis par la terreur ? Tout un pan de la colline était descendu, emportant le sentier sur lequel nous venions de passer. Et ceci, sur une bonne centaine de mètres ! Il n’y avait plus qu’un trou béant dans la forêt, fait de caillasses, de boue, et de troncs d’arbre déchiquetés ! Bon ! Si on voulait redescendre sur Courmayeur, c’était râpé ! Je n’ai même pas compris, sur le coup, que je venais d’échapper à une catastrophe épouvantable. Mais quand on est jeune, on passe l’éponge rapidement, et on continue. Le problème, en montagne, c’est que plus vous montez, plus il fait froid. Et que font nos petites gouttelettes d’eau quand il fait froid ? Même un enfant de cinq ans sait cela. Et oui ! Cela se transforme en belle neige bien drue et bien abondante. A Noël, en plaine, c’est charmant et sentimental. Quoique les automobilistes n’apprécient pas toujours. Mais en montagne, au mois, de juin, c’est chiant ! Oui, je suis grossier ! Parce qu’après la pluie, l’orage, l’effondrement, cela commençait à faire beaucoup. Mais ce qui était encore plus inquiétant (si c’était possible) c’est que nous n’avions toujours pas franchi le col pour redescendre dans la vallée. Le manteau neigeux se faisait de plus en plus épais. Mon moral, déjà fortement atteint, baissait au même rythme que la luminosité environnante. La nuit tombait. Nous ne distinguions plus grand chose. Je voyais, avec angoisse, le moment où nous allions devoir passer la nuit en pleine montagne, par un froid sibérien, sans tente, sans chauffage, sans équipement adéquat, perdus corps et âmes. On allait sûrement retrouver, au printemps suivant, un groupe de randonneurs congelés (que l’on aurait pu écrire en deux mots, d’ailleurs !). « Mais qu’allait-il faire dans cette galère ? » Moi, je pensais plutôt : « mais qu’est-ce qui m’a pris de suivre ces crétins irresponsables ? » Voilà mon drame : Dans ma jeunesse, je croyais toujours que les autres étaient plus malins, plus intelligents, plus expérimentés que moi. Quand je m’apercevais que c’était faux, il était toujours trop tard ! Que ceux, qui ont toujours été très sûrs d’eux-mêmes et qui se sentent toujours supérieurs aux autres, me pardonnent. Ils ne me comprendront jamais. Enfin bref ! La situation était réellement désespérée ! Car contrairement à la belle phrase de « je ne sais plus qui » : « La situation est grave mais pas désespérée » , la mienne, à cet instant précis était « totalement » désespérée. Je pensais brusquement à ma famille, à mes parents, à mes frères et sœurs. Comment allaient-ils réagir en apprenant ma mort dans ces circonstances aussi tragiques ? Et moi qui n’avais même pas fait de testament ! Mais rédige-t-on un testament, à vingt ans ? Même pas donné quelques consignes pour mes obsèques ? On ne pense toujours à ces choses là que lorsqu’il est trop tard. Ne riez pas ! J’étais exactement dans cet état d’esprit ! Mes compagnons s’engueulaient ferme ! Pardi ! Ils ne savaient faire que ça, les « infâmes » ! Personne ne croit aux « anges gardiens » ! Niaiserie d’un autre temps, pensent certains ! Ben moi, si, j’y crois ! Depuis ce jour-là, j’y crois fermement ! Car pendant que nous nous disputions, nos « protecteurs célestes» devaient, au-dessus de nous, discuter de leur côté. Et leur décision fut merveilleuse. Car figurez-vous, qu’au détour d’un virage du sentier, comme dans les films à « suce panse », apparut la masse sombre de ? De devinez quoi ? D’une petite cabane de berger ! Oui ! Une belle petite cabane de berger en pierres solides, et au toit pointu en lauzes ! Qui prétendra, qu’il n’y a pas de miracle pour les « imbéciles innocents » ? Ah ! Elle n’était pas grande ! Mais je vous jure que j’en aurais embrassé chaque pierre ! Nous nous sommes engouffrés dedans sans hésitation. Même prêts à expulser de force un hypothétique occupant qui aurait eu l’imprudence de ne pas vouloir nous laisser entrer ! Mais elle était vide de tout être vivant. Il y faisait sombre comme dans un four de boulanger, mais le bonheur d’avoir un toit au-dessus de sa tête et d’être à l’abri de cette tempête de neige, nous aurait fait accepter une niche à chien. Croyez-le si vous voulez, mais nous avons tous dormi comme des loirs ! Pas une insomnie ! Ah ! La santé de la jeunesse ! C’est le matin, que nous avons eu une belle surprise, en ouvrant les volets de bois ! Tempête de ciel bleu ! Pas un nuage à l’horizon ! Et le bleu, d’un bleu magnifique, époustouflant. Mais avec le bleu, ce qui dominait, comme autre couleur, c’était le blanc ! Mama Mia ! Tout était recouvert de neige ! Un vrai paysage de sport d’hiver ! Oui, mais nous, on n’était pas venu avec des skis ! Seulement avec nos croquenots de randonneurs. Et le plus « rigolo » c’est quand nous avons sauté du palier, pour nous enfoncer dans la neige……jusqu’au-dessus du bassin ! Vous voyez le topo ? Et on n’avait toujours pas franchi le col ! Honnêtement, je ne me souviens plus comment nous sommes arrivés à le faire. Mais on a bien réussi, puisque je suis là pour vous le raconter ! Tiens ! Je vais tenir ma promesse !

Là-haut sur la montagne l'était un vieux chalet. (bis)
Murs blancs, toit de bardeaux,
devant la porte un vieux bouleau.
Là-haut sur la montagne l'était un vieux chalet.
Là-haut sur la montagne croula le vieux chalet. (bis)
la neige et les rochers s'étaient unis pour l'arracher,
Là-haut sur la montagne croula le vieux chalet

A suivre