dimanche 8 décembre 2019

PETITES ÉCONOMIES DE MÉCANIQUES AUTO

« Avoir un bon copain, c’est beaucoup mieux que d’avoir une blonde », chantait Jean Gabin dans sa période de « crooner » français. Mais un excellent camarade de travail, c’est encore plus utile !
L’histoire que je vais vous raconter en est la parfaite démonstration. Aux temps héroïques et merveilleux de mon activité professionnelle, j’avais le privilège insigne de travailler dans un grand aérogare célèbre de la région parisienne. Je travaillais en horaires continues, de nuit, comme de jour, dans un service informatique situé dans les sous-sols de cette immense machinerie aéronautique. Donc très tôt, vers cinq heures du matin, par un hiver noir et glacé, j’arrive en vue de ce vaisseau de verre tout illuminé. Je m’apprête à m’engouffrer dans les entrailles de celui-ci. Dans un virage, j’aperçois soudain, dans le rétroviseur de mon SUV Renault 4lL modèle 70, les phares du bolide teuton de mon camarade. Il vient prendre son service en même temps que moi. On se connaît depuis longtemps, et le fait de travailler ensemble, dans le même métier, pendant des heures dans un espace confiné et bruyant, crée des liens d’amitiés dignes des chambrée de feu le service militaire. Ce que je décris là, les moins de trente ans peuvent oublier ! Un quart d’heure plus tard, on se retrouve attablés dans notre local de repos, en train de siroter un café maison.
Là, mon pote m’attaque bille-en-tête :
_ Dis-donc ? Tu utilises toujours tes clignotants aussi souvent ?
« ???? » Oui ! C’est la seule réponse qui me vient sur le coup ! Pas très bien réveillé, j’accuse le coup et je lui demande de me répéter la question.
_ Ouais ! Parce que, c’est fou le nombre de fois que tu les utilises ! C’est beaucoup trop !
_ ???? Mon silence se veut encore plus éloquent.
_Moi, je te dis ça, c’est tout à fait par amitié pour toi, mais tu sais que ça use les ampoules prématurément ? Et les ampoules ça coûte cher !
A cet instant de mon récit, je devine, gros comme un 747 en final, ce que vous êtes entrain de penser. Mon camarade se fout joyeusement de moi. Il me fait la « blagounette » du matin, juste pour me réveiller ! Il va éclater d’un gros éclat de rire franc et massif. C’est là que les choses grimpent au sublime !
Pas du tout ! Il est très sérieux ! La gravité de son visage le prouve. Un sérieux appuyé par une très solide réputation de radinerie, de pingrerie qui atteignent des sommets que vous ne pouvez pas imaginer ! Surtout le connaissant et le pratiquant depuis des mois, des années. Raconter ses exploits dans sa chasse perpétuelles aux petites économies, voire aux gentilles petites escroqueries dans les supermarché du coin, réclameraient la rédaction d’un volume gros comme un annuaire téléphonique de la fin des années quatre vingt.
A son grand désappointement, je n’ai pas suivi son conseil. J’ai continué, et je continue toujours à utiliser, comme un « fou furieux » les clignotants de ma voiture. On ne se refait pas !

vendredi 6 décembre 2019

LE MIRACLE MUSICAL DE NOËL

Oh oui ! C’est un merveilleux miracle qu’il m’a été permis de vivre, tout récemment.
Comme tous les abrutis gavés par cette société de « con..sommation » nous sommes partis de chez nous pour les sempiternelles courses aux achats, dans un de ces cirques commerciaux chargés de la tonte des troupeaux de clients habituels. Je gare mon vieux chariot métallique fatigué par de nombreuses escapades routières et citadines. Je descends « d’icelle » Oui ! Parce je suis snobe, je n’emploie pas l’expression « de celle-ci » ! Vieille expression française surannée, et j’écris ce qu’il me plaît ! D’accord ? C’est alors que se produit le véritable miracle ! Que je vous explique un brin !
D’habitude, mes oreilles perçoivent, en cette période de fêtes de fin d’année, dans nos parkings de magasins, des « tonnes » de guimauves sonores amerloques !
Les éternelles « Djinne gueux Bêle Djinne gueux Bêle » du crooner fatigué d’outre-atlantique ! Ah pour « bêler » , ça bêle ! Et nous sommes tellement habitués à ces bêlements annuels qu’on n’y prête plus attention ! Alors, imaginez mon choc, mon émotion, ma joie quand j’ai entendu ce vieux cantique de Noël de mon enfance, et en FRANÇAIS s’il vous plaît ! Oui ! Vous lisez bien ! Je n’affabule pas ! EN FRANÇAIS ! « Douce nuit ! Sainte nuit ! » En français, je vous dis ! C’est bien simple, j’ai failli en chialer d’émotion ! Enfin, je revenais dans mon pays ! J’avais quitter provisoirement, et pour quelques secondes seulement, ce nouvel État américain ; la France ! Je revenais chez MOI ! Que c’était beau ! Bon ! Ne nous payons pas d’illusion ! Comme tous les miracles, il n’a pas duré longtemps ! Mais c’est justement ce qui en a fait toute sa saveur, toute sa beauté.



lundi 18 novembre 2019

PUZZLE, L’AVENTURE INSOLITE

Voilà une belle occupation faite pour tous les paresseux, tous les convalescents, tous les retraités sans imagination, tous les détenus en prison, tous les casaniers indécrottables, et surtout ceux qui n’ont rien à faire de plus intelligent ou de plus sérieux. C’est ce que pense la majorité des gens, tous ceux qui n’ont jamais eu le vice sournois d’en entreprendre, ne serait-ce qu’un tout petit. Je viens d’en terminer un grand de près de mille pièces. Et ben...Je peux vous dire que pour de l’aventure , j’en ai eu... de l’aventure ! Et que d’émotions, que de suspenses redoutables, que de moments de désespoir surmontés ! Mais si ! Mais si ! Ne ricanez pas bêtement avant d’avoir lu la suite de mon récit.
Tout d’abord, cela commence innocemment, par la vue d’un puzzle inachevé qui traîne sous le lit d’une chambre située sous les combles de la maison. Pauvre chose abandonnée, par qui ? Pourquoi ? On ne le saura jamais. Un grand cadre surgit à votre vue, aux trois quarts vide, où surnagent quelques pièces, ébauche d’un magnifique tableau d'Auguste Renoir, "les jeunes filles au piano". Et là, un piège sournois se referme sur vous. Il est invisible indécelable, comme tous les pièges, et quand vous en prenez conscience, quelques jours plus tard, il est déjà trop tard, vous êtes déjà condamné. Comme un mauvais sort qu’on vous aura jeté, il vous prend soudain l’envie irrépressible, mystérieuse, envoûtante de vouloir l’achever. Cette occupation n’a jamais été votre « tasse de thé ». Pire ! Vous l’avez snobée comme la plupart des gens. Moi ? Faire un puzzle ? Comme tous ces débiles désœuvrés qui n’ont rien d’autre à faire !
Alors, tous les soirs, avant le coucher, vous montez vers le lieu de votre addiction « puzzilistique » comme l’alcoolique pousse la porte de son bar, après sa dure journée de travail. Et là, vous attend le nouveau casse-tête de nuit. Tout d’abord, le néophyte que vous êtes prend une pièce entre ses doigts et cherche où il peut bien mettre cette putain de petite chose. Cela prend des heures, des journées parfois, et quand vous trouvez enfin l’endroit magique, vous poussez un cri de joie comme l’orpailleur qui vient de trouver sa première pépite d’or de l’année. Mais il faut bien avouer que le rendement n’est pas terrible Alors commence le temps des stratégies. Déjà, on tente de regrouper les pièces par couleurs. Mais, bien sûr, les choses ne sont pas si simples ! Bon courage au léger daltonien que je suis! Il y a des nuances de gris qui sont ravageuses et d’une perversité diaboliques ! Ensuite, vous faites une découverte passionnante ; figurez-vous que les pièces possèdent des familles de formes ! Là, ça commence à prendre une tournure intéressante ! Beaucoup sont identiques mais...presque, voilà le gros piège sournois qui vous guette ! Il y a ce que je nomme les « faux amis ». Les pièces « Canada dry » ! Qui ont l’air d’être à leur place, qui ont l’air d’avoir la définitivement la bonne place ! Mais qui ne sont pas du tout à la bonne place ! Et il vous faudra des soirées et des soirées entières , pour enfin le comprendre ! Et même parfois, à la toute dernière extrémité, à la fin du puzzle. Il y a enfin la dernière subtilité, la subtilité suprême quand vous comprenez que le peintre, ici Renoir, a donné à ses coups de pinceaux, une ligne directrice verticale qui va être d’une puissance salvatrice extraordinaire pour trouver la bonne pièce au bon endroit.
Voilà pour les stratégies. Mais en attendant, que de moments de panique et même de franc désespoir ! Jugez plutôt ; vous avez un beau trou au beau milieu d’une zone déjà bien mise en place. Et dans ce trou, horriblement, vous ne trouvez aucune pièce pour le combler, aucune pièce, même de loin, ne peut s’y mettre ! Là, vous avez une envie furieuse de tout foutre en l’air ! Vous vous dîtes qu’on vous a volé ! Que ce puzzle est défectueux ! Que c’est un scandale de tromper les gens ainsi avec une marchandise aussi merdique !
Mais la terreur suprême, si c’est encore possible, c’est de croire qu’il vous manquera une pièce au denier moment, et que, comme un imbécile, vous avez travaillé des semaines pour rien ! Enfin, que vous êtes un abruti parfait de vous être lancé dans cette stupide occupation pour débiles mentaux ! Oui, je sais ! C’est un peu exagéré, mais cela résume bien mon état d’esprit dans ces moments-là.
Et puis on se dit qu’il faut quand même aller jusqu’au bout. Suivant la pensée d’un grand prince du du seizième siècle Guillaume d’Orange-Nassau :
« Il n’est point besoin d’espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer ! »
Et ...c’est bien vrai ! C’est merveilleusement vrai ! Merci Guillaume ! C’est exactement ce que j’ai fait. Même s’il manque des pièces, on peindra leur trou ! Ben voyons ! Voilà une vraie pensée de désespéré. Et donc le miracle opère quand je repends le collier. C’est ainsi qu’il est des pièces que vous prenez et qui trouvent leur place immédiatement, sans aucune réflexion, instamment, comme par miracle ! D’autres fois, vous essayez quinze pièces et c’est la toute dernière, la bonne, qui est enfin trouvée, dans un soupir féroce, à réveiller toute la maisonnée ! Mais le stress final, le plus angoissant, après avoir subi toutes ces péripéties insolentes, c’est quand il vous reste à peine cinq pièces et que vous n’arrivez pas à les placer ! Alors, dans un sentiment de colère désespérée, vous défaites toute la zone concernée, et vous entreprenez de replacer tous vos pions.
Je puis vous dire que lorsque vous placez la toute dernière pièce, il vous prend une envie furieuse d’entonner à tue-tête l’alléluia de Haendel ! C’est quasiment pavlovien !
Alors ? qu’est-ce que je vous disais ? C’est pas de l’aventure, ça ? Avec drames, rebondissements comme dans tout beau scénario de film. C’est là, sans aucun doute possible, qu’on apprend la patience, la lutte contre le découragement, la stratégie, le renoncement aux certitudes, les sacrifices nécessaires, la vie quoi ? Après, arrive la leçon de l’humilité absolue, quand une voix féminine proclame sans état d’âme : « ta cochonnerie, tu as l’intention de l’accrocher où ? Parce que je ne veux pas de ça nulle part dans la maison! » C’est ainsi que l’objet de votre passion, de votre orgueil, de votre fierté très éphémère, reprend le chemin du dessous de lit d’où il n’aurait jamais dû sortir !
« Ainsi passe la gloire du monde ! »

PS A la demande d’une personne mise en cause par mon récit , je dois avouer une basse calomnie qui n’est pas à mon honneur, et dont l’intéressée a exigée une rectification immédiate de ma part.

jeudi 19 septembre 2019

AD ASTRA OU...AD PATRES ?

Hier, je me suis précipité pour aller voir le film de James Gray avec Brad Pitt et  Tommy Lee Jones.
Avec tout ce que je débite sur ce pays, les USA, on peut difficilement me taxer « d’américanophile » excessive ! Pourtant, j’y suis allé de bon cœur pour retrouver les sensations de ma jeunesse, lorsque j’avais été voir « 2001 Odyssée de l’espace » en exclusivité aux Champs Élysées à Paris, dans les années 70. Le nœud de cette histoire est la quête du père, ou plutôt son assassinat.  « Tuer le père » pour assurer sa propre existence psychologique,  est une vieille lune aussi vieille que l’humanité elle-même. Voilà l’explication de l‘expression « ad patres » de mon titre.
Techniquement, le film est une splendeur. Les scènes sont époustouflantes de réalisme. Tout semble crédible, même pour ce film de sciences fiction. Le professionnalisme des Américains dans ce domaine n’est plus à prouver. Brad Pitt joue merveilleusement bien, tout en sobriété, et il faut oublier le bellâtre qui fait se pâmer certaines hystériques. C’est un très grand acteur dans la lignée des plus grands, comme Gary Cooper, Robert Mitchum, Glenn Ford, Clarke Gable et tous ceux que j’oublie forcément ! Mais revenons au sujet du film. Cet astronaute croit que son père, grand astronaute lui-même, est mort lors d’une expédition lointaine. Son deuil est fait depuis longtemps. Il a retrouvé, en apparence pour son entourage et ses chefs, un équilibre psychologique parfait qui lui permet d’être devenu un grand professionnel respecté. Et c’est à ce professionnel sans défaut que l’on va demander de retrouver ce géniteur dont on a caché le fait qu’il était encore en vie. A cet instant du récit, je prends conscience moi-même d’un phénomène étrange par assimilation, par transfert comme on dit en psychologie. Cette absence du père, cet abandon cruel d’une famille, vécu par un petit garçon de dix ans, je l’ai connu avec mon propre père. Il n’était pas astronaute. Il avait un métier moins glorieux et plus vulgaire. Il était militaire, parti au loin, pour défendre un empire colonial qui partait déjà en lambeaux. Voyez comme c’est stupide ? Je n’avais pas encore fait le rapprochement avec l’histoire de ce héros interplanétaire. Maintenant je sais la souffrance indicible qu’a ressenti le personnage dans son duel tragique, dans cette tempête de sentiments,  entre haine et amour pour un père absent. Un père que l’on vénère, mais un père que l’on hait pour la souffrance qu’il nous inflige. Ô combien sommes-nous à avoir vécu ce cas douloureux! Peut-être que tous les petits garçon de la terre l’ont ressenti au moins une fois dans leur vie. Mais ce n’est pas le seul domaine abordé dans ce film beaucoup plus profond qu’il n’y paraît. Le personnage se pose les questions existentielles que tout être humain se pose aussi ; quel est le sens de ma vie ? Pourquoi suis-je là ? Pourquoi faire ? Quelle force mystérieuse m’a placé là,  à mon insu, sans me demander mon avis ? Et surtout, qu’exige-t-elle de moi ? Enfin, après de nombreuses aventures et péripéties plus ou moins tragiques dans ce film à rebondissements, dont l’issue est quand même heureuse et pleine d’espoir ; quelle est la conclusion de tout ceci ?  La même que celle d’un grand écrivain, bien de chez nous, un certain Antoine de Saint-Exupéry. Et que faisait-il dire à un autre héros, sur une autre planète, plus poétique que réelle ?
« L’essentiel est invisible aux yeux » ! 
Tous ces vaisseaux spatiaux ultra-modernes ne sont que des tas de ferrailles sans intérêt. Que le fait de savoir si nous sommes seuls...ou pas dans l’univers, n’a strictement aucune importance ! Même si nous avons des « compagnons éloignés » il est probable qu’ils ont à faire face aux mêmes questionnements métaphysiques que nous. Et même s’ils sont mille fois plus intelligents que nous, cela n’a strictement, là non plus, aucun intérêt. L’intelligence rationnelle n’est rien sans la Foi, sans l’Amour de l’Autre, sans la connaissance intuitive mais absolue, de la réalité de cette force mystérieuse, tapie au fond de notre cœur, et que nous savons être notre Créateur.

lundi 12 août 2019

MON DOUANIER ENCHANTEUR

Comme beaucoup d’utilisateur de PC, j’emploie un économiseur d’écran qui, en principe, est chargé de ne pas user prématurément ma précieuse lucarne informatique. Comme je suis un peu « snob » je n’utilise pas les images fournies par mon système d’exploitation, mais celles que j’ai collectionnées patiemment en les pompant sur le « ouèbe » lors de mes recherches. Mais encore plus « snob » ; je me suis fait une « pinacothèque » personnelle de tous les grands peintures de l’histoire de l’art mondial. Donc, de temps en temps, je choisis le dossier de l’un d’eux que je mets en diaporama défilant sur mon écran. Dès que je m’en lasse, je passe à un autre. Enfin, je finis par choisir le dossier du douanier Rousseau. Et alors là ? LE CHOC ! The choc ! A chaque fois que j’ouvre ma session, un « rêve », une image sublime me saute littéralement au visage ! Aucun autre grand artiste ne m’avait jamais fait cet effet-là ! Est-ce le chatoiement des couleurs ? L’incongruité des personnages, ou des animaux ? Mais j’ai fini par analyser et comprendre cette émotion. C’est la première fois que je vois un artiste peindre ses rêves ! Et c’est proprement magique ! Quelle pureté d’âme a-t-il fallu à ce grand poète des couleurs pour persévérer dans ce monde cruel de l’art officiel de l’époque.  Naïf  lui? Non ! Sublime mon cher douanier ! Tu as été beaucoup méprisé par des imbéciles sans âme, même si quelques grands amis peintres ont eu l’intelligence de te reconnaître et de t’aimer de ton vivant.  Mais tu as eu ta revanche posthume, et elle est colossale ! Tu mérites largement la qualité de génie. Car le génie c’est bien la merveilleuse et divine faculté qui permet à un être humain de créer un monde de rêves et de beautés qui n’existait pas avant lui, et dont il est le créateur unique. Je résumerai simplement d’une phrase : c’est BEAU ce que tu as peint ! Grâce à toi mon écran devient une œuvre d’art à chaque fois que je l’allume.

samedi 27 juillet 2019

LA MORT D’UN CHEVALIER DE L’INUTILE

Un de ses valeureux et talentueux représentant vient de mourir à l’âge respectable de 81 ans.
Il s’agit du journaliste d’investigation Pierre Péan. Je les nomme ainsi parce qu’une grande vérité m’a sauté à la figure lorsque j’ai écouté l’habituelle et convenue nécrologie, et souvent obséquieuse que lui faisait un de ses confrères journalistes, qui le détestait sûrement secrètement de son vivant.  Cette grande vérité, c’est toute l’inutilité abyssale de toutes ces enquêtes journalistiques transcrites dans de beaux bouquins, que la poussière recouvrira bientôt, dans l’étagère de la bibliothèque où ils sont rangés.  Comme beaucoup de mes concitoyens, tout au long de ma vie, j’ai collectionné tous ces cris de colères livresques et journalistiques. Je suis sûr que vous en avez encore une bonne dizaine chez vous, qui sont prêts  à partir à la poubelle, ou sur un étal du vide-grenier dominical.
Ils ont tous une particularité indéniable ; ils n’ont jamais, mais alors là ? Jamais provoqué un scandale, fait destituer un ministre, encore moins un président de la république ! Pourtant, ce n’est pas faute, pour certains d’entre eux, d’avoir  dénoncer des horreurs absolues, des crimes de guerre, des assassinats politiques, des arnaques, des trahisons, etc. Et le pire, le plus incroyable, c’est q’ils le firent avec toute l’honnêteté professionnelle du monde, avec force preuves à l’appui, avec un grand professionnalisme, donc à l’abri de toute attaque en diffamation ! J’ai encore à la mémoire un pauvre inconscient voulant dénoncer un « watergate à la française » ! Rien que ça ! La force de son argumentaire était colossale, mais fut inversement proportionnel à l’indifférence qu’il rencontra dans le public ! Un autre journaliste d’investigation dont j’ai même acheté quatre de ses œuvres (dont une dédicacée, s’il vous plaît!) fustigeait les « quarante voleurs » d’une caverne d’Ali Baba du côté du pouvoir. Je vous rassure ; les quarante voleurs se portent toujours à merveille ! Mieux ! Aujourd’hui, ils sont encore plus nombreux et plus prospères que jamais ! 
Pauvres journalistes d’investigation ! Vous pouvez dénoncer des magouilles par milliards, des trafics d’armes, de drogue, des réseaux de prostitution, d’esclaves, et même d’organes humains, vous n’obtiendrez jamais l’efficacité d’un petit article du « Canard enchainé » ou de « Médiapart » !
Car il faut se rendre à l’évidence ; le peuple, le bon peuple, se fout de tous ces scandales ! Il faut lui pardonner, tout ceci n’est pas son monde ! Il est déjà tellement plus préoccupé, lui, par ses propres petites magouilles, bien terre-à-terre, bien concrètes, par ses propres petits scandales dans sa sphère familiale, professionnelle, et amicale, que les turpitudes des « grands » ne l’intéresse pas du tout. On ne navigue pas dans la même pataugeoire ! Cela me rappelle aussi ce sketch de Coluche ;
« Je me fous de tout » où il disait  « je suis con ! Mais putain, que j’aime ça ! » Ce grand philosophe (à l’insu de son plein gré) qu’était Coluche, illustre merveilleusement bien le pourquoi de l’échec total de cette littérature d’investigation. Depuis l’aube de l’humanité, l’homme vit dans un monde de rêves qu’il se fabrique continuellement. Malheur à celles ou à ceux qui tentent de le réveiller de temps en temps. Ils seront souvent haïs ou méprisés.
Mais il n’y a rien à faire, il y aura toujours des individus qui auront envie de sortir de la caverne dans la fameuse allégorie de Platon, pour aller voir le soleil de plus près.
Pierre Péan était de ceux-là  et le meilleur hommage qu’on puisse lui rendre est de le laisser parler sur son métier et sa vocation :

 Dans une interview donnée au Figaro en 2014, il expliquait :

« Ce qui m’anime, c’est la curiosité, l’envie d’aller voir ce qui se passe derrière le mur, de plonger dans les coulisses. Essayer de comprendre. (…) J’aime traquer les vérités qu’on me cache, mais je n’ai pas envie de tuer, j’ai envie de comprendre. Je ne cherche pas à traîner les gens sur les bancs de la justice, à les faire condamner. Je ne me vois pas comme le bras armé de la justice. Ce n’est pas ma vocation. »
https://www.lemonde.fr/disparitions/article/2019/07/26/mort-de-l-ecrivain-et-journaliste-d-investigation-pierre-pean_5493540_3382.html

samedi 20 juillet 2019

PAN ! ...DANS LA LUNE !

C’est ma façon, à moi, de fêter ce cinquantenaire ! Ce titre, à la grivoiserie très légèrement surannée et un peu vulgaire, dévoilera toute sa vraie signification à la fin de mon récit.
Il est un peu plus de trois heures du matin dans la salle à manger de notre appartement HLM de la banlieue parisienne, ce matin du 21 juillet 1969. Nous sommes au rez-de-chaussée d’un grand bâtiment. Il fait chaud et moite. Les deux volets de la fenêtre sont largement ouverts sur la rue déserte et dans le noir. Le vieux poste « Ducretet-Thompson » en noir et blanc est allumé depuis des heures déjà ! Et un abruti, moi, manque de peu l’arrivée de Neil Armstrong sur le sol lunaire, à cause d’un assoupissement intempestif et mal venu. Tout ma jeunesse de passionné d’aviation et d’astronautique a été merveilleusement remplie par tous ces exploits spatiaux qui jalonnaient une lutte féroce entre deux empires qui se disputaient déjà le monde.  Je n’ai raté aucune avancée des grands programmes spatiaux américains ; « Mercury » avec Alan Shepard, John Glenn, « Gemini » avec Grissom, et déjà Armstrong, et enfin Apollo ! Il faut dire que les Russes, avec Gagarine avaient filé une forte gifle morale au camp occidental. Et je ne vous parle pas de « Spoutnik », la chienne Laïka, la première sortie d’un cosmonaute russe, hors de son vaisseau ! Je vous parle de tout cela de mémoire ! Sans aucune note ! Tout encore dans la tête. Quelques mois auparavant, j’étais dans une maison d’une famille américaine, un soir de Noël, en décembre 1968, devant un poste de télé en couleurs, lui ! C’est vous dire le retard technologique de notre pauvre pays, à ce moment-là. J’ai entendu cette chose hallucinante, un Frank Bormann, dans son module de service d’Apollo 8, réciter un verset de la Bible, avant que le vaisseau spatial disparaisse derrière l’astre de la nuit. C’était la première fois que des êtres humains, aussi loin de la terre, allaient disparaître sans que l’on sache si on allait les revoir de l’autre côté, et pour lesquels on ne pouvait strictement plus rien ! Moment terriblement émouvant, bien avant celui du 21 juillet 1969. C’était une époque merveilleuse, extraordinaire, pleine d’enthousiasme et de rêves d’avenir. Ah oui ! J’y étais en plein dedans….dans ce fameux rêve américain ! Mais vous savez aussi bien que moi de ce qu’il advient des rêves ? On se réveille !
Et le mien de « réveil » fut très brutal et dramatique ! Il sonna sa fin irrémédiable un certain 11 septembre 2001 ! « Mister Hide » venait de détrôner « Mister Jekill » ! Quel deuil ! Mon Dieu ! En ce jour tragique je venais de perdre toutes mes illusions, toute ma niaiserie pro-amerloque !
Néanmoins, je garde tout mon respect, toute mon admiration, tout mon profond respect pour ces astronautes américains. Comme je garde aussi mon respect pour ces millions de femmes et d’hommes qui œuvrèrent de tout leur talent, de tout leur génie, de tout leur courage, pour réaliser ces exploits extraordinaires que furent les missions « Apollo ».
Une petite exception pour un certain Werner Von Braun que j’admirais sincèrement, avant d’apprendre qu’il fut le complice des tortionnaires nazis dans la sinistre base souterraine de Dora qui fabriquait des fusées V2 qui s’écrasèrent par milliers en Angleterre et firent des milliers de morts. Décidément, il a des choses qu’on ne devrait jamais apprendre ! N’est-ce pas ?
Vous saisissez maintenant la « subtilité » de mon titre ? Quoi qu’à notre époque, cela passe plutôt pour un plaisir tout à fait « sain » et « naturel ».

UN ADOLESCENT...ATTARDÉ

On célèbre tous ce prodigieux exploit de l’arrivée de l’homme sur la lune. A cette occasion, on ne manque pas d’interviewer des acteurs ou des gens célèbres pour savoir ce qu’ils faisaient ce jour-là, à cette heure précise, au moment du premier pas de Neil Armstrong sur le sol lunaire.
J’écoute donc, ce matin, le témoignage d’André Dussolier, grand acteur que j’aime beaucoup, comme des millions de mes compatriotes. Mais il a une qualité supplémentaire, à mes yeux ; il est de ma génération. Mieux que ça ! Il est né juste pile poil un an avant moi, en février 1946. Et c’est là où les choses deviennent cocasses quand je l’entends dire à peu près ceci, sans garantie d’une exactitude parfaite : «Je me souviens, j’étais ADOLESCENT dans un collège….. ». Eh ! Eh ! Eh !
Cher André ! Je vous aime bien. Je vous admire. Mais là, vous avez très légèrement déraillé dans vos souvenirs. 1969 ?…..Vous aviez exactement 23 ans ! Moi-même, j’en avais 22 ! Non seulement je venais de finir mon service militaire, mais je revenais des États-Unis où j’avais assisté à la mission d’Apollo 8 qui fit le tour de la lune sans se poser !  Adolescent ? Fichtre ! La vôtre, d’adolescence, a dû être très compliquée. D’autant plus que la majorité, en 1969, était encore à 21 ans ! Un « ado-majeur » ?
Et le pauvre, de s’enfoncer, en précisant qu’il n’a pu voir les images que quelque temps plus tard, après sa ...scolarité. 
Comme quoi...les souvenirs ! Mais je ne me fais aucune illusion ; très peu de monde l’aura remarqué. Un demi-siècle ! C’est loin ! Mais la prochaine fois, mon cher André, apprenez mieux votre texte...en toute amitié.

vendredi 4 janvier 2019

HAL9000 CONTRE TERMINATOR


« Quand j’étais petit garçon…. »...Non, je ne révisais pas mes leçons en chansons, mais j’écoutais, fasciné, sur notre vieille télé en noir et blanc, un vieillard aux cheveux longs et blancs, qui se nommait Gaston Bachelard. Comme ces vieilles bigotes du sud-ouest qui ne comprenaient pas un traître mot du prêche que leur évêque faisait du haut de la chaire de leur petite église paroissiale, mais qui n’en proclamaient pas moins, « que Monseigneur causait bien », j’étais simplement fasciné par la musique de ses paroles. Pourtant, je retins quand même une pensée très intéressante de ce grand philosophe, quand le journaliste, un peu trop zélé qui l’interviewait, s’avisa de lui demander d’où il tenait ses idées philosophiques.
« J’écoute tous les jours les faits divers et les informations sortant de mon poste de radio » répondit ce sage personnage. Donc, ce matin, dans ma salle de bain, en me rasant, dans les deux sens de cette jolie expression, j’écoutais un discours sur «l’ IA ». Non ! Ce n’est pas le cri d’un cowboy chevauchant un mustang sauvage dans un rodéo au Texas, mais il s’agit de « l’intelligence artificielle ».Et j’apprends ainsi, avec stupeur et inquiétude, que des programmes informatiques de l’IA seraient tellement intelligents et tellement complexes que les hommes n’arriveraient même plus à comprendre les décisions ou les actions que ces programmes nous « pondraient ». Ce qui est effrayant c’est que cette même « IA » va envahir tous les domaines de la vie sociale, de la santé jusqu’à la répression policière. Pourtant, la science-fiction, via la grosse artillerie hollywoodienne nous avait bien mis en garde de ce qui pouvait nous arriver. Certains esprits « forts » vont encore se pincer le nez en mettant l’accent sur le fait que tout ceci n’est qu’imagination de scénaristes sous l’emprise de produits illicites. C’est ainsi que l’on vit naître toute une série de films sur le thème de la destruction de l’humanité par les outils informatiques qu’elle avait crée.  Le plus effrayant fut « Terminator » qui mit en valeur les beaux muscles de
Schwarzenegger. Le plus « intello » fut « Matrix » et son histoire de pillule bleue ou rouge. Mais moi, celui que je préfère c’est « 2001 l’odysée de l’espace ». Ah ! La perfidie criminelle d’un HAL9000 ! Voilà qui est génial. Pas de violence inutile ! Tout dans la douceur des mots « sucrés » et amicaux. La belle voix suave susurrant des conseils supposés judicieux, pour mieux vous assassiner dans le vide spatial. Ce super cerveau, ce cerveau aux connaissances colossales comprenant que la race humaine est malfaisante et doit disparaître car elle ne saurait être supérieure à ELLE, la machine. Voilà aussi ce qui risque de nous arriver à cause de l’inconscience et de la vanité qui caractérisent nos  docteurs « Folamour » du silicium.
Qui nous dit que ces « brillantes » machines, par un effet pervers et totalement incongrus de leurs neurones artificiels, n’arrivent pas à la conclusion que la race humaine est LE cancer de la planète et qu’il est donc urgent de l’éliminer ? Totalement farfelu ? Vous êtes prêt à parier dessus ?
Ah je sais ! On va m’envoyer dans les dents les lois de la robotique d’Asimov, dont la première stipule qu’un robot ne peut porter atteinte à un être humain. Oui mais ? Ceci est une loi morale. Et les robots ne connaissent pas la morale ! Et dans leurs vastes connaissances encyclopédiques, ils sauront que les hommes ont toujours violé les lois qu’ils ont édictées. Alors, il n’y a pas de raison pour qu’ils n’en fassent pas autant.
Je crois que nous sommes engagés sur une voie infernale ! A moins qu’une puissance divine, et non informatique, vienne nous délivrer au dernier moment. Car il manquera toujours un élément essentiel à toutes ces machines informatiques ; la foi religieuse. Elle déplace non seulement les montagnes, mais tue aussi les vilains robots.