vendredi 23 mars 2007

Adieu Madagascar !



Il y en a qui naissent, tout vulgairement, dans le 14ième arrondissement de Paris, ou à Montluçon ! Ben moi, pour ne pas faire comme tout le monde, je suis né à 10000 kilomètres de mon beau pays ! A Tananarive, Madagascar ! D’ailleurs, si par hasard, un “pékin » vous donne son nom, et qu’ il y a plus de « a » que de consonnes dans celui-ci ; n’hésitez plus à comprendre d’où il vient, il est malgache !
Donc, je suis né dans un hôpital, dans cette grande ville, au milieu de petits malgaches, et c’était moi alors, la « pièce incongrue », le produit « exogène », le « poussin noir » de la couvée ! Marrant non ?
Mes premières expériences sensuelles furent donc des odeurs, des goûts étranges, des choses peu communes dont je serais sevré très rapidement, et que je ne retrouverai plus jamais……sauf ! Mais je vous en parlerai plus tard !


Pour parfaire mon éducation sensorielle, ma mère me confiait à la « ramatou », notre domestique noire, qui me transportais au marché de Tananarive, dans son dos, à la mode africaine ! Vous imaginez une petite tête blonde émergeant d’un coufin multicolor, dans le dos de cette femme, à travers les étals de poissons, de fruits exotiques, de fleurs, de légumes ?
Ah ! Je devais avoir un franc succès ! J’aurai bien aimé comprendre ce que les femmes malgaches pouvaient bien se dire, quand elles papotaient ensemble, avec ma nounou indigène, à mon sujet !
Comme tout enfant qui se respecte, je donnais des frayeurs épouvantables à mes parents !
Un jour, je devais avoir à peine huit mois, et ne marchais donc pas encore, je me suis « évadé » de mon grand lit, pourtant fait de quatre hautes planches ! Disparu !
Kidnapping ? Enlèvement par des partisans malgaches de l’indépendance ? Pas du tout !
J’étais passé sous le matelas, j’avais défait une planche du sommier, et m’étais carapaté en rampant !
Je me promenais aussi, au fond du jardin, sous d’immenses toiles de soie, transparentes où courraient des tarentules grosses comme des assiettes à dessert !

Mais comme j’étais une trop grosse mouche, elles ne m’ont jamais rien fait !
Notre blanchisseur chinois avait d'horribles balafres parallèles sur le visage.
On dit qu'une nuit, une de ces gentilles bestioles était venue trottiner sur sa figure!
J’ai quitté cette terre qui m'a vu naître, où j’ai grandi pendant près de trois ans.
Je ne savais pas encore que je ne la reverra plus jamais.
Adieu la brousse aux senteurs vanillées!
Adieu les petits copains malgaches; Bakouli, Delphine et Germaine!


Adieu la saveur des sauterelles grillées!
Adieu les promenades au marché bigarré et bruyant de Tananarive, sanglé dans le dos de la "ramatou", la bonne toujours gaie et dévouée.
Donc, un beau matin, sur le tarmac de la base aérienne d'Ivato, ce fût la cohue des grands départs pour la métropole.

Au milieu d'un fouillis indescriptible de bagages, de souvenirs hétéroclites glanés comme autant de trophées glorieux qui encombreront pendant des décennies des buffets de salle à manger, dans un reproche dérisoire et silencieux, les adieux se sont fait déchirants comme à l'accoutumé.
Un énorme individu habillé d'une combinaison de vol, sorte de maître de cérémonie, tenant un papier à la main, a arrêté le bruissant caquetage, en ordonnant aux passagers de le suivre
La troupe des voyageurs s'est ébranlée, dans un silence penaud, sur la piste aux revêtements métalliques, dont les trous réguliers laissent voir la terre de latérite rouge.
L'oiseau du voyage était là! Devant eux! Tout sombre et taciturne!

C'était un grand quadrimoteur, un vieil appareil militaire rescapé des bombardements sur la Ruhr, cadeau empoisonné de nos chers amis britanniques
Les spécialistes disaient que c'était un "Halifax". Il fût donné à la France pour lui permettre d'assurer le transport de ses troupes, et des personnels civils, après la saignée provoquée par la guerre, dans notre patrimoine aéronautique.
Tout cette petite troupe s'est arrêtée devant une ouverture, près de la queue de l’appareil !
Un petit escabeau trônait au milieu de cette béante caverne.

Ce sera le premier souvenir conscient du petit garçon qui regardait, fasciné, les entrailles de ce monstre d'aluminium. Comme il était un des plus jeunes passagers, (avec son frangin, que je ne dois pas oublié) et que sa curiosité le poussait dans l'antre de la bête, on le laissa grimper le premier.
Une main féminine, tendue, l'accueillit pour le saisir et l'aider à grimper à bord.
Le sourire de l'hôtesse était gracieux et maternel pour ce petit "bout de choux" en culotte courte et bouffante, comme c'est la mode pour les enfants en cette période d'après-guerre.
Elle portait sur la tête le même petit chapeau qu'il a déjà vu sur celle de son papa, avec le même petit oiseau de métal doré.
Tout le monde était maintenant installé à bord, sur des fauteuils en toile montés en toute hâte et qui ne faisaient pas oublier la vocation première de l'appareil, c'est-à-dire le bombardement !.
Les préparatifs terminés, l'équipage est à son poste dans la cabine de pilotage.
Soudain, après quelques toussotements chaotiques, un bruit infernal se déchaine, suivi quelques secondes plus tard par un autre, puis, par un troisième et enfin par un quatrième!
Les quatre monstres sortirent ainsi, d'une longue léthargie impatiente. Leur vacarme est assourdissant!
Le petit garçon s’est senti brusquement oppressé, bien qu'il fût blotti dans le giron maternel. Son enthousiasme avait fondu en proportion inverse des décibels reçus par ses jeunes oreilles!
Alors la machine s'ébroua! L'oiseau de métal se s'éveillait.
Tous les passagers tressautaient en choeur, comme dans une sorte de gigue initiatique préparant une cérémonie expiatoire!
L'avion s'aligna sur la piste principale. Les freins furent lâchés. La vitesse augmenta progressivement, ce qui eut l'heureux effet de supprimer les tressautements ridicules. Mais le bruit devint de plus en plus insupportable, « exploit » qui aurait semblé impossible quelques secondes avant!
Hop! Un brusque mouvement de l'appareil vers le haut fit se soulever les estomacs.
Le miracle venait de se produire! Oh! Emerveillement indicible!
Mon petit nez collé sur la vitre du hublot, je crus faire un rêve éveillé!
Je volais dans les airs pour la première fois de ma vie! Je vis en bas, tout petit, les maisons, la brousse, les gens et les engins mécaniques sur le bord de la piste!
Oublié, le bruit des quatre cavaliers de l'apocalypse!
Oubliée, l'angoisse qui sert les entrailles!
Je n’ai pas les yeux assez grands pour voir tout ce qui me passionne! En bas ce ne sont que rizières aux formes géométriques, prairies, 

troupeaux de zébus, ces étranges bovins avec leur grosse bosse sur le dos!


L'avion amorce maintenant un large virage en montée, cap à l'ouest, à l'assaut de la masse nuageuse des orages tropicaux. Elle entoure bientôt l'appareil de sa lumière cotonneuse et me renvoie, moi et les occupants, à la promiscuité frileuse de la soute du bombardier. Mais un malheur n'arrivant jamais seul, il fit soudain de plus en plus froid! Il fallut se couvrir chaudement. De longues heures monotones se préparaient. Il faut s'armer de patience!

L'aventure, ainsi commencée, va durer quatre longues journées.
Ce sera d'abord le survol de l'archipel des Comores
Zanzibar et la côte des pirates, les neiges du Kilimanjaro, peintes de rose par la nuit tombante et le premier atterrissage sur le continent africain à Nairobi!
Après, direction Khartoum, dont le nom éclate comme un roulement de tambour de brousse. Fournaise impitoyable! Qui fait beaucoup souffrir la maman du petit garçon!
Où il faut boire salé afin d'éviter la déshydratation!
Ensuite, c'est le désert de Libye où finissent de rouiller les carcasses des véhicules blindés des armées de Rommel et de Montgomery. Et on se pose à El Haden !
Tunis est atteinte, puis ce sera la traversée finale de la Méditerranée vers Istres Marseille . Enfin, dans le crépuscule tombant sur une grande cité où le petit garçon aperçoit une drôle de petite tour pointue, l'atterrissage au Bourget!
Mais c’est pas tout !
Une vingtaine d’année plus tard, je mange dans un restaurant chinois ! Je commande innocemment des lychees ! Ô stupeur incomparable ! Un goût merveilleux, venu du fond des âges, me saute aux papilles ! Mais où-je goûté cette chose délicieuse que je sais, au fond de moi, avoir déjà mangé quelque part ?
La réponse viendra de ma maman ! Car, dans les années soixante-dix, il n’y avait que deux pays au monde qui cultivaient ce fruit ; Madagascar et la Chine !
Je sais ! Depuis, cela a beaucoup évolué ! Mais à l’époque, c’était encore vrai !
Et donc, comme la fameuse « Madeleine de Proust » la mémoire du goût venait de me transporter d’un seul coup dans ma petite enfance !
Il ne faut jamais oublier que nos cinq sens ont une mémoire !
C’est comme pour le toucher !
Pourquoi croyez-vous que beaucoup d’hommes ont le fantasme mammaire ? C’est tout simplement à cause de l’allaitement maternel !

lundi 12 mars 2007

"Nous entrerons dans la carrière...."











........Quand nos aînés n'y seront plus ! Chantons nous fièrement, avec la Marseillaise !

Ben ! L’autre jour, nous y sommes entrés dans la « carrière » !

Et même « des » carrières ! Car aussi incroyable que cela puisse paraître, Paris, notre belle capitale en est truffée.

Et dans des endroits les plus incongrus !

Savez-vous que sous l’hôpital Cochin continue de s’affairer une drôle de tribu ? Cette tribu amoureuse de vieilles carrières abandonnées, s’est donnée pour tâche de les remettre en valeur pour être visitées. Mais encore sous le mode confidentiel ! Faut pas que cela soit la foule des grands jours comme pour les catacombes, qui ne sont pas très éloignées d’ailleurs!

Heureusement que les patients de l’hôpital, pour la grande majorité d’entre eux, ne savent pas ce qu’il y a sous leur lit ! Ils ne seraient pas rassurés quant à la solidité des fondations de l’édifice ! Mais paraît qu’il n’y a rien à craindre !

Donc toute la famille Gilbert est descendu dans les profondeurs ! Heureusement qu’il n’y eu pas d’éboulements catastrophiques, sinon, toute une fratrie était décimée d’un coup !

Plus une belle-sœur par ci, un beau frère par là, avec en « prime » un neveu, une nièce et le dernier des descendants de la lignée !

Alors, après avoir descendu un escalier d’une centaine de marche, nous avons découvert un nombre incroyable de galeries, de salles, de couloirs, de puits de service !

Tout un univers et une vie étrange nous est apparue soudain.

Nous avons même admirer un puit d’eau de source, et non pas de la Seine ! D’une transparence, d’une pureté incroyable ! Comme elle était éclairée par le fond, on aurait cru que sa surface n’était qu’une vitre de verre !

Des inscriptions mystérieuses parsemaient les murs. Mais la plus cocasse et la plus explicite était celle-ci : « SOUS LE POTAGER DU VAL DE GRACE »

A mon avis, y a des carottes qui ont dû disparaître sans que « Jeannot lapin » y soit pour quelque chose ! Cela m’a fait penser au film de Pierre Tchernia « Les Gaspards » où toute population de « réfractaires » à la civilisation s’était réfugiée sous la capitale, et où l’on voyait disparaître des poireaux dans le sol, à la stupéfaction d’un malheureux jardinier !

Comme nous n’avons perdu personne grâce à un comptage sévère et rigoureux,

nous avons terminé par un « apéro » maison sur une immense table de pierre, comme il se devait !

Juste un petit tour au « micro musée » avant la sortie, et hop ! Nous étions redevenus des parisiens « aériens » !

samedi 10 mars 2007

Un dur moment de solitude


Cette histoire est authentique et n’est vraiment pas à mon avantage.

Heureusement que mon épouse ne sait pas que je vous raconte toutes ces inepties, car elle dirait encore que je suis tombé sur la tête, et qu’une fois de plus, je fais tout pour me dévaloriser !

Nos voisins avaient deux charmantes grandes filles d’une vingtaine d’année, dont l’une d’elle s’était entichée d’un chat !

Vous savez ce que c’est ! Rien n’était trop beau pour le joli « garnement » à poil.

Elle en était quasiment gâteuse, alors qu’elle était très loin d’en avoir l’âge !

Un jour qu’elle sut que je partais faire les courses au supermarché du coin, elle me saute dessus en me demandant un petit « service ». Elle me tend un bout de papier et me dit que c’est pour un « médicament ».

Vous savez qu’il dort toujours un « prince charmant » dans tout homme civilisé, un « Don Quichotte », un bon samaritain ! Mais vu la suite des évènements, cela aurait été plutôt « Don Quichotte » !

J’arrive à la pharmacie. Je me mets devant le comptoir où officie une charmante poupée d’au moins …..vingt ans !

Je déplie le petit papier, je lis ceci :

« Monsieur, auriez-vous la gentillesse de demander à la pharmacie, un médicament pour calmer les chaleurs de ma chatte » !

_Oui Monsieur ? Que puis-je pour vous ?

_Euh ! C’est pour un animal de sexe féminin……..qui…comment dire ?

Il est parfois,dans l’existence, de dur moment de solitude.

Et le comble, c’est qu’elle ne l’a même pas fait exprès, cette jeune écervelée !

Ah ! Les femmes ! Je vous jure !

On en commet des « exploits » pour leur faire plaisir !

Et vous croyez qu’elles nous en sont redevables ? Même pas !

Elle a peut-être calmé les « chaleurs de sa chatte » mais pas ma toute petite tendance, très modeste, quasiment insignifiante, pour une légère inclinaison à la misogynie !

Mais je me soigne ! Je vous jure !

vendredi 9 mars 2007

Chopin contre Jayne Mansfield


Qui connaît encore Jane Mansfield ? Cette actrice « bimbo » des années soixante, aux « airbags » personnels très développés ? J’aurai pu choisir aussi Mae West, Lolo Ferrari, ou Anita Ekberg ! Et le challenger est ? ….Madame Chopin !
Non ! Pas le musicien ! Mais ma prof de français du collège, où je bullais tranquillement, avec une bande d’adolescents, dans une classe non encore frappée par la mixité. C'est-à-dire exclusivement réservée à des garçons.
Notre brave enseignante n’avait rien d’un mannequin de chez Chanel ! Pire ! Elle était sans âge ! Ce qui se traduit, pour de jeunes insolents cyniques et sans cœur que nous étions alors, et ne connaissant pas encore la vie ; une vieille !
Avec son chignon sage, ses lunettes « sécurité sociale », ses fringues insignifiantes, sa minceur, son visage inexpressif, elle avait autant de « sex-appeal » qu’une huche à pain !
Mais elle était bien brave et d’une infinie patience avec nous !
Elle avait ainsi sa cour de « faux fayots » ! Si ! Si ! ça existe les…..faux fayots !
La preuve ?
Lorsque la sonnette de fin de cours retentissait, de sa voix grave de vieille fille est lançait rituellement cette phrase : « Apportez-moi mon manteau » !
Le manteau en question était une vieille loque sombre, avec pour simple « luxe », un col en peau de lapin !
Un « morpion » se précipitait pour aller le décrocher au portemanteau commun qui courrait le long du mur de la classe, et où s’entassait aussi nos affaires !
Et comme elle lui tournait le dos pour des explications de dernières minutes, on voyait avec amusement le « faux » majordome, faire racler le parquet à « la peau de lapin » soudain ravalée au rang peu glorieux de « serpillière » !
Mais lorsque Dame Chopin se retournait enfin, elle était accueillie par le sourire angélique d’un jeune page qui lui tendait très respectueusement un vêtement à la dignité retrouvée !
Comme quoi, « être faux cul » est un art que l’on acquiert très jeune !
Donc, un jour, notre classe était plongée dans un silence studieux dû à une interrogation écrite dont Miss Chopin avec le secret !
Mais comme je vous l’ai indiqué, nous étions à un âge où des recherches anatomiques très approfondies occupaient nos esprits. C’est ainsi que de mystérieux documents « scientifiques » circulaient en cachette pour des travaux secrets, de la plus haute importance !
Les êtres vivants, objets de ces recherches, étaient souvent dans le plus « simple appareil » pour une étude plus exhaustive, et plus précise.
Malgré toutes les précautions prises, d’inévitable chuchotements, de malencontreux mouvements trahissaient cette activité « underground » !
C’est ainsi, que circulait, au moment du drame, un document « sérieux » sur une poitrine dont les rotondités mammaires faisaient notre admiration et posaient problèmes !
Miss Chopin, dont l’œil de gerfaut surveillait les moindre mouvements de mulots imprudents, explosa !
_Apportez-moi ça !
Le « scientifique » foudroyé par cet ordre calamiteux pour la suite de ses travaux, s’avança donc dans l’allée, le visage rouge « véhicule de pompier », comme un supplicié monte au gibet !
Arrivé au bureau, « Savonarole » arracha promptement le document interdit, et se plongea dans un examen attentif !
Quelqu’un pénétrant dans la salle de classe, à ce moment précis, aurait pu admirer trente statues de marbre, où pas un souffle de vie n’aurait été perceptible ! Même les mouches se seraient abstenues de voler !
Ah ! L’insoutenable suspense de ces moments terribles !
Je la soupçonne même, avec le recul du temps, d’une perversité toute féminine, et d’une jouissance vengeresse absolument évidente !
La sentence tomba comme le feu du Ciel sur un coupable terrorisé !
_Et alors ? Qu’est-ce qu’elle a de plus que moi ?Hein ?
Les hurlements de rires furent à la mesure de la délivrance éprouvée par tous !
Son manteau eu droit, ce jour-là, à deux mètres supplémentaires de raclement sur le parquet.
Les discutions allèrent bon train, dans la cour de récré !
_Tu crois que ses « lolos » sont aussi gros que ça ?
_Ah ! T’es naïf, mec ! Elle est plate comme une limande! C’est plutôt deux chaussettes mouillées qu’elle doit planquer dans son corsage !
L’intéressée, par une pudeur totalement incompréhensible, n’ayant jamais voulu nous prouver ce qu’elle avait imprudemment avancé, nous en sommes donc resté aux spéculations hasardeuses !
PS Contrairement à ce que peuvent faire penser ces souvenirs de potache, je garde un souvenir ému et respectueux pour cette grande dame, fort brave, très dévouée à son métier.

mardi 6 mars 2007

Le fifrelin

Le dictionnaire donne de ce terme cette définition :
(Nom masculin) Familier. Se dit de quelque chose qui n’a pas de valeur. Menue monnaie.
Je m’insurge contre cette affirmation sèche et réductrice ! Car je puis vous dire que j’ai une autre information beaucoup plus précise, concernant ce terme charmant tombé trop tôt en désuétude. J’avais un professeur de mathématiques, un colosse breton de deux mètres, Monsieur Quiniou, dont j’ai longtemps pensé qu’il fût le père de l’arbitre international de football, vu que sa passion avouée et affichée était précisément ce sport. Il mâchonnait un éternel mégot très court et peu sportif, planté dans une bouille ronde comme le ballon de sa passion, et d’où explosaient deux énormes yeux bleus ronds, exorbités censés nous terroriser. Quand il déambulait, les mains dans le dos, dans les allées de la classe, la sueur froide qui coulait dans notre dos paralysait nos cervelles, et brouillait nos modestes raisonnements de  « pseudo-mateux » .
_C’est quoi ça ? Hurlement qui explosait soudain à l’oreille d’une victime prise au hasard ! 
_Le, le, le résultat ! M’sieur !  Coassait une voix enfantine       et quasiment inaudible !
_Ah Ouais ? A un quart de fifrelin près !
_Et tu sais ce que c’est qu’un fifrelin jeune homme ?
_Non M’sieur !
_C’est l’épaisseur d’un poil de grenouille !
Lançait notre prof, en envoyant, au passage, un nuage toxique de son infecte cigarette « boyard » au papier jaune pisseux, dans le visage de la pauvre victime asphyxiée !
Ah ! Ah ! Ah ! Ah ! S’esclaffait  très…..mollement une classe qui devait montrer à notre professeur, que nous apprécions beaucoup cette blague que nous entendions pour la millième fois ! Car je ne vous apprends rien en vous disant que les grenouilles n’ont pas de poils ! Sauf les « grenouilles de bénitiers », race en voie de complète extinction, d’ailleurs !

samedi 3 mars 2007

Paris ne vaut pas une fesse !


Pardon ! Ô mon grand roi ! Pardon cher Henri IV, pour ce détournement indigne, pour cette parodie grotesque d’une de tes plus grandes répliques historiques !
Celle qui mit fin à une guerre fratricide et sanglante entre français !
D’ailleurs, dans ce titre, il ne s’agit pas de la ville lumière, ni de celle que défendit Sainte Geneviève, ni de celle des poulbots, ni de celle où coule de la Seine !
Non ! Il s’agit d’une péronnelle blondasse, au QI d’une paramécie, fi fille pourrie et gâtée d’un père crevant sous les milliards de dollars, le sieur Hilton ! Oui ! Comme les hôtels de luxe !
Pourquoi mon ire et ma colère contre cette nullité qui « ne s’est donné que la peine de naître » pour seul « talent », comme l’aurait écrit Beaumarchais, à propos des aristos ?
Mais il paraît que depuis ce temps-là, nous sommes tous égaux, et avons tous les mêmes « chances » ! Sauf qu’à l’époque, ils n’avaient pas pensé à l'aristocratie du « Dollar » !
Ben voilà ! Je regardais une émission de jeux, à la télé, présentée par un ludion comique du nom de Nagui ! Ce présentateur est charmant, drôle, possède un esprit au vitriol, et une immense culture bien dissimulée sous des blagues de potache.
Il interroge un panel de gugusses et de nanas de tous horizons, et de tous âges !
Ils sont cinq à souffrir sous l’interrogatoire !
C’est alors que Nagui pose la question :
« Quelle est l’amie féminine la plus proche de Paris Hilton ! »
Aïe ! Aïe ! Aïe ! Hou la la !
La vache ! Qu’est-ce que c’est dur !
Moi….le bec dans l’eau ! J’savais même pas que cette greluche avait une amie « intime » !
Quant à connaître son nom…. !!!
Et ben ! Je fus scié par ce qui me tombait brutalement sur les endosses ! Ils ont tous répondu correctement, ces « gueux » !
Tous ! je vous dis ! Hommes, femmes, jeunes, vieux ! Et moi, qui n’a même pas encore retenu le nom de cette poufiasse ! Car je l’ai déjà zappé !
Là, j’ai eu comme une angoisse ? Suis-je toujours sur la planète « Terre » ? Ou alors, ai-je subi à mon insu, un coma profond qui m’a fait zapper pas mal d’évènements ?
C’était pas fini ! J’allais boire le poison de la déconvenue jusqu’à la lie !
Quelques temps plus tard, nouvelle question :
« Quel était le nom du meilleur ami de Montaigne » !



Ah ! Fastoche ! Trop simple ! Ridicule ! Que je me suis dit !
La réponse a fusé, unanime, sur les pupitres électroniques :
« Ronsard » !
Arrrrgh ! Atterré que j’étais ! Tous ! Comme un seul « homme » !
Pauvre La Boétie ! Moi qui ai vu sa belle demeure, encore intacte, à Sarlat, dans le Périgord noir !
Pauvre France ! Ta culture fout le camp à la vitesse où des « niares » analphabètes engloutissent leurs « mac do » bourrés de « ketchup » !
Ah ! On connait par cœur les frasques de deux minettes insignifiantes mais bourrées de pognon, par contre, l’histoire de nos grands génies littéraires, et philosophiques
est passé déjà à la trappe !
Vous voyez comment le visionnage d’une simple émission de télé vous apprend plus de choses que la meilleure des thèses d’un sociologue, ou d’un ethnologue, sur la décadence annoncée d’une société !

vendredi 2 mars 2007

L’huître perlière

Il est dans la vie, des moments où tout semble vous échapper, où plus rien ne vous intéresse, où l’intérêt même pour l’existence s’enfuit irrémédiablement, et où vous plongez dans un abîme de solitude désespérante.

J’en étais là, un jour, lorsque je décidais de déposer cette malle pleine de sombres pensées, aux pieds d’une praticienne censée m’en débarrasser ! (Je parle d’une neuropsychiatre ! N’allez pas penser à une hétaïre ! Ma souffrance étant psychique et non pas libidineuse !)

Comme je suis un bavard impénitent, je me lançais, lors d'une séance chez elle, dans une longue digression sur l’art, et ce que j’en percevais du point de vue du créateur, de l’artiste maudit et tourmenté, que j’aurai pu être, si les muses du génie littéraire s’étaient un peu penchées sur ma modeste personne.
Mais comme elles ont dû renifler quelques miasmes de misogynie chez moi, elles se sont enfuies sans se retourner !
Bref ! J’expliquais donc, à cette « secoureuse des âmes » ma conception de la création artistique.
L’œuvre d’un artiste est comme le petit grain de sable qui vient se glisser subrepticement dans le manteau d’une huître. Ce petit grain de silice étranger et fort désagréable pour ce pauvre mollusque ne peut pas s’échapper ! Et l’animal n’a aucun moyen pour le faire partir !

Alors qu’à cela ne tienne, il va l’enrober de nacre, patiemment, longtemps, pour l’isoler, le neutraliser, et faire en sorte qu’il s’intègre à son propre organisme !

Et c’est ainsi que naît l’un des plus beaux bijoux du monde ; la perle magique et mystérieuse!

la perle ensorcellante qui entoure, avec ses soeurs en "martyr", le cou gracieux d'une beauté radieuse!

L’artiste est exactement comme cette huître ; il naît avec un « morceau de silice » dans l’âme dont il ne peut se débarrasser ! Sa souffrance, son angoisse existentiel, il va l’enrober, la neutraliser, avec ce que son talent va secréter comme génie artistique !

Ah ! J’étais content de mon petit effet !

Le temps passe ! Les décennies passent ! Et ce matin, qu’entends-je ? Qu’ouis-je ?

Un « microteux » sur une chaîne de radio « pestiférique » rapporte « l’interviouve » d’un vieux chanteur sur le retour ! Un de ces brailleurs célèbres dans les années soixante-dix !

Celui dont les belles fesses se sont étalées complaisamment sur des milliers d’affiche à Paris !

Et qui proclamait, « urbi et orbi » qu’il était quand même un homme ! Michel Polnareff !

Malgré ce que j’en dis, j’admire beaucoup cet immense artiste, et dont l’adjectif « génial » qu’on peut lui accoler, n’est vraiment pas galvaudé !

Seulement voilà ! Quand le journaliste lui demande si la musique ne l’a pas aidé à supporter ses années de galère, il a cette réponse surprenante : NON ! Car c’est elle la cause, « précisément », de tous mes malheurs !

Poum ! Ah ! ça jette un froid ! Notre « glavioteur dans l’micro » ne s’y attendait pas !

Et ce qu’il ajoute alors, me sidère ! M’hallucine ! Il ressort au journaliste, MON histoire de l’huître perlière !

Où qu’est-y qu’il l’avait entendue ? Transmission de pensées ? Affinité trans-sensorielle ?

Complicité artistique ? Ou simple coïncidence ?

Avouez que c’est cocasse, quand même ?

Et si vous ne me comprenez pas, ou si vous pensez que mon récit ne vaut pas tripette, je me referme comme……..une huître !