Vous trouverez ici, les pensées et réflexions d'un simple quidam qui, sans prétendre rivaliser avec La Bruyère, avec Montaigne, avec Diderot, avec Chamfort ou La Rochefoucauld, tient quand même à faire entendre son chant solitaire et parfois désespéré! Mais toujours avec humour!
jeudi 6 août 2009
Qu’est-ce qu’on a fait des tuyaux ?
Qu'est-ce qu'on a fait des tuyaux?
Pas de panique il nous les faut !
Décidément, j’aime bien commencer mes petits récits par des chansons. Car vous allez voir qu’il y a toujours un certain rapport.
Donc, du temps de ma « folle » jeunesse, un copain d’enfance arrosait son baccalauréat tout récent. Et mieux encore, son permis de conduire tout neuf. Pour fêter tous ses succès « zintellectuels et mécaniques », il nous invita à faire une petite virée dans son carrosse quasiment centenaire et rouillé de partout. Ensuite il voulu ponctuer son triomphe estudiantin, par un beau diner au resto. Jusque là, la proposition semblait alléchante. C’est ainsi que nous partîmes sur les routes pleines de dangers effroyables, du côté de Milly la Forêt. Vous pouvez constater à quel point nous avions l’esprit d’aventuriers au sang froid terrifiant ! Nous étions en été, il faisait beau et chaud, mais le soir tombait et nous cherchions un restaurant. A cet instant du récit, je dois vous faire part d’un très léger défaut dont était affligé notre charmant camarade et « frère d’enfance ». Oui ! J’écris « frère » d’enfance, et non pas « ami d’enfance » car orphelin de père, il avait quasiment été élevé comme un membre à part entière de la fratrie. C’est vous dire les liens qui nous unissaient et nous unissent toujours, d’ailleurs. Donc ce brave copain était, comme dire ? très légèrement « prudent » dans le domaine des dépenses récréatives et alimentaires, si vous voyez ce que je veux dire !Je n’ai pas écrit « radin » ! Jamais je n’écrirais une chose pareille ! Surtout s’il me lit ! Non ! Simplement « économe » ! Voilà pourquoi, à chaque fois que nous trouvions un restaurant dans un petit patelin, nous nous arrêtions devant. Il descendait et commençait alors, un épluchage sévère de la carte. Et c’était, hélas, toujours trop cher pour « ses » ou pour « nos » économies ! Car ayant un sens des responsabilités très développé pour son âge, il pensait aussi à nos intérêts. Malheureusement, ce sens des responsabilités prolongeait fortement, comme vous pouvez vous en douter, le temps des recherches. C’est ainsi que la nuit tomba et que nous dégottâmes, à la dernière extrémité de la fermeture de l’établissement, un boui-boui infâme, mais pas « cher » ! Et comme vous le savez, les joies de la jeunesse, l’ambiance potache de notre petite troupe fraternelle, mirent à ce restaurant, les « étoiles » qu’il ne possèdera jamais. Nous en sommes sortis plus que « gais », et heureusement que les contrôles d’alcoolémie étaient inexistants à cette époque. Sur le chemin du retour, tout en braillant comme des veaux dans le tas de ferraille de notre pote, nous étions en train de traverser un grand bois sombre, sur une route départementale, quand nous aperçûmes au loin, ce qui semblait être des lueurs d’un feu ou même d’un incendie. Effectivement, en nous rapprochant, nous avons alors découvert une ambulance blanche, un break Citroën, DS21, garée sur le bas-côté, et qui brûlait, entourée d’une fumée grise, épaisse que les phares de notre voiture arrivaient, tout de même, à percer.
Ah pour dessaouler, ça dessaoule ! Le moment de stupeur et de surprise passée, nous sommes descendus voir de quoi il retournait. Le plus étrange, c’est qu’il n’y avait personne autour du véhicule, et chose encore plus rassurante, personne à bord non plus ! L’idée de voir cramer un macchabée ne nous aurait pas enchanté plus que ça. Qu’est-ce qu’on allait pouvoir bien faire ? Alerter les secours, les pompiers ? Se barrer comme des voleurs en n’ayant rien vu ?
C’était mal nous connaître. Nous allions bien trouver du secours au prochain village rencontré. Et nous voilà tous repartis en « tuture ». Quelques centaines de mètres à peine, un peu plus loin, nous sommes arrivés dans une petite ville complètement endormie. Même la grande place rectangulaire était plongée dans le noir, car l’éclairage public était éteint depuis longtemps. Nous nous sommes garés au milieu d’icelle Et tels des fantômes un peu bruyants nous avons exploré les lieux, à la recherche d’une âme qui vive ou d’un moyen de prévenir les secours.
Quelqu’un parmi nous s’est alors exclamé :
_Eh ! Les potes ! Venez voir ! Je crois que j’ai trouvé !
Nous avons rappliqué en vitesse pour découvrir la « trouvaille »
C’était une borne d’urgence, tout en rouge dont la façade vitrée protégeait un gros bouton de même couleur.
Moment de flottement dû à une indécision bien légitime. Est-ce qu’on allait oser ?
_Allez les gars ! Faut pas se dégonfler maintenant !
Et joignant le geste à la parole, mon pote bachelier se déchaussa, brisa la vitre de son escarpin et appuya sur le gros champignon rubicond. Ceux qui le devinrent, c’est nous !
MOUUUUUUUWOHONNNNNNNNN !
Un énorme rugissement cataclysmique hurla brusquement au-dessus de nos têtes. C’était une sirène d’usine !
Pétrifiés que nous fûmes ! Tétanisés par la surprise et la trouille ! Trouille accentuée par le fait que tout autour de la place, des fenêtres d’appartement s’allumaient comme des lampions, à intervalles réguliers, Nous, nous pensions naïvement qu’une petite voix sympa, sortie d’un petit haut-parleur, allait nous demander, fort civilement, poliment (et surtout discrètement) ce que nous voulions ?
Mais on ne s’attendait pas à un hurlement pareil, digne d’une alerte de bombardement de la dernière guerre mondiale ! Ils auraient quand même dû nous prévenir ces gueux !
« Attention, en appuyant sur ce bouton, vous allez déclencher une sirène assez bruyante au-dessus de votre tête »
Là on aurait compris ! Je ne suis même pas sûr que nous n’aurions pas pris nos jambes à nos cous, en pensant qu’ils aillent se démerder avec leur ambulance cramée ! Au lieu de ça, nous étions épinglés par la terreur comme des papillons de nuit sur une toile de tableau. Et les gens qui commençaient à rappliquer. Oh ! Comme on aurait voulu être ailleurs, à ce moment là. Heureusement, on ne nous a pas lynchés, et nous avons même pu bredouiller nos motifs légitimes. Soulagés par la tournure des évènements, nous avons même décidé de retourner sur les lieux, voir la suite des opérations. Ah ! Mes amis ! Comme je ne le regrette pas ! Car nous avons assisté à un spectacle nocturne digne d’un film de Jacques Tati. Nous étions garés pas trop loin de l’incendie. La voiture continuait de cramer de plus belle. Et nous avons vu arriver les pompiers …..volontaires !
« Volontaires » ils l’étaient sûrement ! Mais « réveillés » ? Je ne suis pas aussi sûr. D’ailleurs pour nous conforter dans notre opinion, des vestes de pyjamas dépassaient traitreusement des blousons de cuir. Certains finissaient d’ajuster leur casque, quand d’autres arrivaient sur la route, à cloche pied, en finissant de se chausser. Bon ! Soyons charitables ! Le côté vestimentaire n’est pas trop important. Mais c’est le côté matériel qui a posé des problèmes ! Je revois encore ce pompier tirant comme un damné sur sa lance à incendie, hurler à son collègue :
_Mais putain !Avance le camion !Tu ne vois pas qu’on est trop court !
Et pris par l’impatience de vouloir éteindre l’incendie, ouvrir en grand la vanne du « tuyau d’arrosage ». Manque de pot, son chef qui s’était avancé sur le brasier pour l’inspecter, s’est pris en pleine tronche le flot glacé d’une lance insolente. Je vous épargnerai la vulgarité des propos échangés entre les deux soldats du feu qui n’apporteront rien à l’intérêt du récit.
J’ai honte quand je pense aux crises de fou-rires que nous avons dû réprimer pour ne pas vexer nos courageux pompiers. Car, vu leur humeur et le fait qu’on les avait dérangés dans des activités personnelles et surement très intimes, nous avions le sentiment bien précis, d’aller au-devant de graves représailles !
Je n’ai pas besoin de vous expliquer que notre retour s’est effectué dans une gaieté et une joie de vivre qui tenait autant à nos excès de libations qu’au récit des exploits épiques de nos valeureux pompiers.
En pleine nuit une sirène
Appelle au feu tous les pompiers
Et tout Rio qui se réveille
Voit brûler l'usine de café
Il n'y a pas de temps à perdre
Sinon tout le quartier va brûler
Oui mais voilà Pendant ce temps là à la caserne
On entend les pompiers crier :
Qu'est-ce qu'on a fait des tuyaux ?
Des lances et de la grande échelle
Qu'est-ce qu'on a fait des tuyaux?
Pas de panique il nous les faut
Paroles : Auteurs compositeurs Gérard Gustin - Maurice Tézé
Chanson interprétée par Sacha Distel 1967
mercredi 29 juillet 2009
Là haut, sur la montagne…..
Ne me dîtes pas que vous ne connaissez pas la suite de cette petite comptine enfantine ? Non ? Alors tant pis pour vous. Pour le savoir, il va vous falloir me lire jusqu’au bout. Déjà, le mot « montagne » devrait vous mettre la puce à l’oreille. Remarquez bien, que si j’avais une « puce à l’oreille », je me gratterais violemment, comme le fait ma petite chatte ! Je n’ai jamais compris cette expression idiote. Elle a forcément une explication rationnelle et historique, mais aujourd’hui, vous la chercherez sans moi ! Il s’agit de la suite de mes aventures alpestres autour de ce magnifique massif du Mont-Blanc. C’était au cours de la deuxième édition de ce marathon montagnard et annuel. La veille, je me souviens. Nous étions descendus sur Courmayeur, et quand j’écris « descendus », mes rotules se souviennent encore de cette descente interminable sur la ville, que nous voyions en bas, et que nous n’atteignions jamais. Ah ! Le paysage pouvait être grandiose ! Pour les quelques ignorants qui ne le sauraient toujours pas, Courmayeur est la ville italienne, qui se situe de l’autre côté du tunnel du Mont-Blanc. D’ailleurs, du sentier où nous étions, on pouvait voir la sortie de celui-ci. Vous dire que nous sommes arrivés dans la vallée, harassés et fourbus, ne vous surprendra pas. Mais, bonheur infini de cette époque bénie, nous étions assez riches pour nous payer un bon hôtel en ville. Pas une de ces « étables à randonneurs » que l’on appelle « refuge » Non ! Un vrai hôtel, d’au moins deux étoiles, avec de vraies chambres, un vrai et bon restaurant. On a bien roupillé ! On a bien mangé ! Sommeil réparateur et tout le toutim. Petit déjeuner copieux, etc. Le drame, voyez-vous, c’est que trop de confort tue le sportif ! Et pire encore, le randonneur montagnard ! Car le moins expérimenté, des gens de ces pays d’altitude, sait, et même depuis sa plus tendre enfance, que tout voyage, dans ces contrées sauvages et dangereuses, s’entreprend tôt le matin ! Pas à onze heures, comme des touristes en goguette ! Et ben nous ? Si !
Si ! Si ! Mais quand on a vingt ans, que l’on ne connaît rien à la montagne, que l’on est plein d’enthousiasme et de certitudes, on se sent indestructibles ! Alors on est parti, insouciants, optimistes en diable !
(eh ! eh ! eh ! Et c’est vrai que le Diable a bien dû rigoler de nous voir partir ainsi)
Courmayeur est une jolie petite ville nichée dans un vallon encaissé. Elle est merveilleuse quand il fait beau. Mais quand nous avons quitté l’hôtel, il faisait gris et maussade. Ah ? Parce que j’ai oublié de vous le dire ? Malgré un temps menaçant et franchement pas sympathique sur le plan pluviométrique, nous sommes quand même partis ! Tant qu’à être inconscients, vaut mieux l’être jusqu’au bout. N’est-ce pas ? Nous avons quitté les faubourgs de la ville pour nous enfoncer dans les bois, et pour grimper………….sous la pluie.
Mais rassurez-vous ! Nous avions de bons ponchos bien étanches. Déjà, un temps pluvieux, c’est pas marrant. Mais en montagne, c’est pire ! On ne voit rien du paysage. Tout est cotonneux. C’est triste à mourir. Heureusement que Dame nature sait être « guillerette » et « primesautière », quand elle se décide de nous distraire par un beau spectacle. C’est ainsi, qu’en plein milieu de l’après-midi, elle n’a rien trouvé de mieux, que de nous envoyer un bel orage ! Qui n’a pas connu d’orage en montagne, ne connaît rien à la beauté sublime des éléments déchaînés. Et puis, il vaut mieux se munir de « boules Quiès » parce que je vous prie de croire que les tympans en prennent un sérieux coup ! Vulcain-Héphaïstos n’a pas arrêté de secouer ses tôles d’acier, pendant des heures ! Bon ! On a fini par s’habituer. On s’habitue à tout, dans la vie. Vous voyez le décor ? Et ben c’est pas fini ! Je m’en souviendrai toute ma vie de cette aventure. J’étais alors bon dernier, comme il se doit. Car pour le sport et la compétition, j’ai toujours été d’une nullité crasse ! Mais d’une nullité parfaitement assumée. Et comme je suis un rêveur impénitent, je suis toujours bien tout seul, en pleine conversation avec moi-même. Je possède cette particularité étrange de ne pas m’ennuyer avec moi-même, contrairement à d’autres. Nous cheminions alors sur un sentier à flan de coteau, sur une pente assez prononcée, dans un bois de pins. Soudain, j’entends derrière moi un grondement qui ne ressemble pas au coup de tonnerre habituel. Je me retourne, et là, que vois-je de mes quinquets brusquement agrandis par la terreur ? Tout un pan de la colline était descendu, emportant le sentier sur lequel nous venions de passer. Et ceci, sur une bonne centaine de mètres ! Il n’y avait plus qu’un trou béant dans la forêt, fait de caillasses, de boue, et de troncs d’arbre déchiquetés ! Bon ! Si on voulait redescendre sur Courmayeur, c’était râpé ! Je n’ai même pas compris, sur le coup, que je venais d’échapper à une catastrophe épouvantable. Mais quand on est jeune, on passe l’éponge rapidement, et on continue. Le problème, en montagne, c’est que plus vous montez, plus il fait froid. Et que font nos petites gouttelettes d’eau quand il fait froid ? Même un enfant de cinq ans sait cela. Et oui ! Cela se transforme en belle neige bien drue et bien abondante. A Noël, en plaine, c’est charmant et sentimental. Quoique les automobilistes n’apprécient pas toujours. Mais en montagne, au mois, de juin, c’est chiant ! Oui, je suis grossier ! Parce qu’après la pluie, l’orage, l’effondrement, cela commençait à faire beaucoup. Mais ce qui était encore plus inquiétant (si c’était possible) c’est que nous n’avions toujours pas franchi le col pour redescendre dans la vallée. Le manteau neigeux se faisait de plus en plus épais. Mon moral, déjà fortement atteint, baissait au même rythme que la luminosité environnante. La nuit tombait. Nous ne distinguions plus grand chose. Je voyais, avec angoisse, le moment où nous allions devoir passer la nuit en pleine montagne, par un froid sibérien, sans tente, sans chauffage, sans équipement adéquat, perdus corps et âmes. On allait sûrement retrouver, au printemps suivant, un groupe de randonneurs congelés (que l’on aurait pu écrire en deux mots, d’ailleurs !). « Mais qu’allait-il faire dans cette galère ? » Moi, je pensais plutôt : « mais qu’est-ce qui m’a pris de suivre ces crétins irresponsables ? » Voilà mon drame : Dans ma jeunesse, je croyais toujours que les autres étaient plus malins, plus intelligents, plus expérimentés que moi. Quand je m’apercevais que c’était faux, il était toujours trop tard ! Que ceux, qui ont toujours été très sûrs d’eux-mêmes et qui se sentent toujours supérieurs aux autres, me pardonnent. Ils ne me comprendront jamais. Enfin bref ! La situation était réellement désespérée ! Car contrairement à la belle phrase de « je ne sais plus qui » : « La situation est grave mais pas désespérée » , la mienne, à cet instant précis était « totalement » désespérée. Je pensais brusquement à ma famille, à mes parents, à mes frères et sœurs. Comment allaient-ils réagir en apprenant ma mort dans ces circonstances aussi tragiques ? Et moi qui n’avais même pas fait de testament ! Mais rédige-t-on un testament, à vingt ans ? Même pas donné quelques consignes pour mes obsèques ? On ne pense toujours à ces choses là que lorsqu’il est trop tard. Ne riez pas ! J’étais exactement dans cet état d’esprit ! Mes compagnons s’engueulaient ferme ! Pardi ! Ils ne savaient faire que ça, les « infâmes » ! Personne ne croit aux « anges gardiens » ! Niaiserie d’un autre temps, pensent certains ! Ben moi, si, j’y crois ! Depuis ce jour-là, j’y crois fermement ! Car pendant que nous nous disputions, nos « protecteurs célestes» devaient, au-dessus de nous, discuter de leur côté. Et leur décision fut merveilleuse. Car figurez-vous, qu’au détour d’un virage du sentier, comme dans les films à « suce panse », apparut la masse sombre de ? De devinez quoi ? D’une petite cabane de berger ! Oui ! Une belle petite cabane de berger en pierres solides, et au toit pointu en lauzes ! Qui prétendra, qu’il n’y a pas de miracle pour les « imbéciles innocents » ? Ah ! Elle n’était pas grande ! Mais je vous jure que j’en aurais embrassé chaque pierre ! Nous nous sommes engouffrés dedans sans hésitation. Même prêts à expulser de force un hypothétique occupant qui aurait eu l’imprudence de ne pas vouloir nous laisser entrer ! Mais elle était vide de tout être vivant. Il y faisait sombre comme dans un four de boulanger, mais le bonheur d’avoir un toit au-dessus de sa tête et d’être à l’abri de cette tempête de neige, nous aurait fait accepter une niche à chien. Croyez-le si vous voulez, mais nous avons tous dormi comme des loirs ! Pas une insomnie ! Ah ! La santé de la jeunesse ! C’est le matin, que nous avons eu une belle surprise, en ouvrant les volets de bois ! Tempête de ciel bleu ! Pas un nuage à l’horizon ! Et le bleu, d’un bleu magnifique, époustouflant. Mais avec le bleu, ce qui dominait, comme autre couleur, c’était le blanc ! Mama Mia ! Tout était recouvert de neige ! Un vrai paysage de sport d’hiver ! Oui, mais nous, on n’était pas venu avec des skis ! Seulement avec nos croquenots de randonneurs. Et le plus « rigolo » c’est quand nous avons sauté du palier, pour nous enfoncer dans la neige……jusqu’au-dessus du bassin ! Vous voyez le topo ? Et on n’avait toujours pas franchi le col ! Honnêtement, je ne me souviens plus comment nous sommes arrivés à le faire. Mais on a bien réussi, puisque je suis là pour vous le raconter ! Tiens ! Je vais tenir ma promesse !
Là-haut sur la montagne l'était un vieux chalet. (bis)
Murs blancs, toit de bardeaux,
devant la porte un vieux bouleau.
Là-haut sur la montagne l'était un vieux chalet.
Là-haut sur la montagne croula le vieux chalet. (bis)
la neige et les rochers s'étaient unis pour l'arracher,
Là-haut sur la montagne croula le vieux chalet
A suivre
mardi 28 juillet 2009
Voix d’outre-tombe
Son charmant petit accent du midi résonne dans la pièce.
Elle « roule » les « r », comme dans le pays du « rrrûbi ». Elle sent bon la verte campagne du Lot et Garonne, les canards, les poussins, les poules qui l’entourent que l’on pourrait presque entendre leurs caquetages incessants. Cette voix, c’est celle de ma grand-mère !
Cette voix a plus de quarante ans ! Elle vient d’outre-tombe !
Elle dormait dans une vulgaire petite cassette de bande magnétique, toute ordinaire.
Cette cassette a survécu à des tas de pérégrinations, de voyages, de déménagements.
Et voilà, qu’en ce beau matin de début juillet, il faut que je télécharge un logiciel d’enregistrement, que je trouve cette bande, que je la mette sur un magnétophone branché à mon ordinateur, et
le « miracle » se produit !
C’est hallucinant ! Emouvant ! Terrifiant ! La vie semble surgir de l’au-delà !
Pas un craquement ! Pas une distorsion ! Pas un parasite !
Une pierre dans le jardin des « experts » qui nous disent qu’un enregistrement magnétique se dégrade au cours du temps !
Pas toujours ! La preuve !
Sauf s’il est stocké dans de mauvaises conditions, et surtout en plein soleil !
Mais pour ma grand-mère, c’est un petit « don du ciel » qui m’est ainsi offert !
Ce qui est extraordinaire, avec elle, c’est que j’étais venu la voir, dans sa ferme isolée, aux murs épais de torchis, écrasée par la chaleur lourde du Lot, îlot perdu dans un océan de verdure agricole, avec un engin ultramoderne (pour l’époque) qui consistait en un combiné radio magnétophone dernier cri.
Je m’étais dit, avec un peu d’inquiétude, qu’elle allait s’effrayer de cet engin « du diable » et qu’à l’instar des « bégueules habituelles » elle allait renâcler pour mon interview.
Et ben, pas du tout ! Elle m’a arraché le micro des mains, pour parler à sa fille restée à la capitale, comme si elle lui écrivait une lettre ! Avec le même détachement, le même sang-froid, le même professionnalisme que nos « microteuses » habituelles qui
« causent » dans nos lucarnes médiatiques !
Paysanne peut-être ! Mais empotée et arriérée ? Sûrement pas, ma grand-mère chérie !
PS Sanguine originale de mon artiste de soeur exécutée d'après une photo
samedi 11 juillet 2009
Encore heureux qu’il ait fait beau… !
Encore heureux qu'il ait fait beau
Et qu'la Marie-Joseph soit un bon bateau
Encore heureux qu'il ait fait beau
Et qu'la Marie-Joseph soit un bon bateau
Il ne s’agit pas, ici, de raconter des aventures maritimes, mais des frayeurs montagneuses et un tantinet alpestres qui me sont arrivées du temps de ma « folle » jeunesse. Car l’ironie qui perce sous les couplets de cette joyeuse chanson vise l’incroyable et l’éternelle inconscience des quidams imprudents. Qu’ils soient pseudo marins, apprentis pilote de course, faux alpinistes ou randonneurs amateurs, ne change rien à l’affaire ! Il y a toujours des abrutis, de par le monde, dont l’autosatisfaction inébranlable les croit voués à commettre les pires imprudences, sous le prétexte fallacieux de se prendre pour des aventuriers invincibles !
Ce que résumait, avec son esprit acide et féroce, Michel Audiard, quand il faisait dire à Lino Ventura, dans les « Tontons flingueurs » :
« Les cons, ça ose tout ! C’est même à ça qu’on les reconnaît ! »
Remarquez bien que ceux qui n’osent jamais rien ne sont pas plus futés ! Il ne faut quand même pas charrier. Moi, j’ai toujours balancé entre les deux. C’est ainsi que tous les ans, au début du mois de juin, un groupe de collègue de travail, partait « Comme un vol de gerfauts hors du charnier natal » vers les cimes lointaines du sommet des Alpes.
Tout ça pour jouer les sportifs et s’aérer les bronches encrassées par le kérosène des avions.
J’ai donc fait, trois années de suite, le tour du massif du Mont Blanc. Tour que nous faisions en une semaine environ.
Je ne vais pas vous raconter chronologiquement ces trois randonnées annuelles, ce qui serait fastidieux et rasoir, mais seulement quelques moments impérissables dans ma mémoire et qui je crois, valent le coup d’être narré, non pas tant pour ma progéniture qui s’en fout comme de sa première couche culotte, que pour mes descendants lointains, qui trouveront là, sinon matière à réflexion, du moins, à belles rigolades en famille.
Après une nuit de conduite automobile, nous arrivions harassés à la petite station : « les Contamines Montjoie » près de Chamonix. Et nous partions dans la foulée ! Ce qui, vous l’avouerez, était déjà d’une folle prudence. Ah ! Mais on ne perd pas de temps quand on est jeune ! Quitte à prendre le temps de l’éternité, parfois.
Déjà les équipements. Et il y a de quoi raconter. Moi, très prosaïquement et naïvement, j’étais toujours en jeans et rangers. J’avais un sac à dos qui avait dû faire la guerre dans les maquis du Vercors, avec la belle grosse armature métallique des familles et les bretelles en bon cuir de vache. Très retro, très kitch, le gars. C’est vous dire si je me sentais gêné de voir mes potes, devant moi, en baskets et short très court ! J’avais vraiment l’air d’un bouseux, à côté d’eux ! Ils bondissaient comme des cabris, heureux, joyeux, toujours en pleine forme, laissant derrière eux l’éternelle tortue râleuse et qui soufflait toujours comme une machine à café entartrée. Les chemins étaient bien tracés, vu les milliers de croquenots, et pompes de toutes sortes qui les écrasaient tous les ans, à la même époque. Nous suivions sagement les signes du GR rouge et blanc, comme il se doit. Et comme de bien entendu, mes compagnons ignoraient tout de la cartographie et de la topographie. Lire une carte, consulter la météo, orienter une boussole était pour eux une perte de temps réservée à des péquenots trouillards.
Pourtant, un jour, la nature espiègle se vengea bien de leur mépris. Nous montions tranquillement depuis le matin vers le col de la Seigne quand un brouillard épais nous tomba dessus sans prévenir. Le chemin restait bien tracé, mais à certains endroits, il n’était plus aussi précis. Les marques du GR n’étaient plus repérables de loin. Il fallait vraiment tomber dessus, à cinquante centimètres sous notre blase pour les voir. Inutile de vous dire que dans ce paysage cotonneux et gris, nous enveloppant de partout, la panique commença à s’instaurer au sein du groupe. On gravissait à l’aveuglette des pentes de plus en plus vertigineuses qui se terminaient en paroi verticale infranchissable. On redescendait tout penauds, en n’étant pas sûr d’être revenu à notre point de départ. Il fallut se rendre à l’évidence ; nous étions complètement paumés ! Quand la peur s’installe, les engueulades, les vociférations hystériques ne sont pas loin. Pourtant, au beau milieu de notre meeting politique orageux, quelqu’un parmi nous s’exclama :
-Mais taisez-vous bordel ! J’entends des voix !
Effectivement, comme des fantômes sortant d’un cimetière, dans un film d’épouvante de cinquième catégorie, une joyeuse troupe, en file indienne, déboucha sur notre petit groupe.
Mais alors là….Mais alors là ! Que je vous explique le topo. Pas des rigolos, eux !
Tous en pantalon de grosse laine, rangers, guêtres, chapeaux à large bord, piolets, cordes de varappe, sacs à dos dernier cri etc… Pour le coup, c’était nous qui avions l’air de gosses échappés d’une colo.
Celui qui semblait être le chef du groupe nous apostropha, un rien goguenard :
-Alors on est paumé les gars ?
-Ben ! Pas tout à fait ! On faisait une petite pose avant de s’y remettre.
Ah ! Ce que l’orgueil ne fait pas dire comme c… bêtises !
-Bah ! J’vas quand même vous dire où vous êtes !
Et de nous sortir une carte d’état-major, une boussole grosse comme un gyroscope de sous-marin et….Wouah ! Un altimètre ! Je vis alors des quinquets s’ouvrir comme des portes cochères parmi mes compagnons. Eux qui pensaient que les altimètres, ça ne se rencontrait quand dans les cockpits d’avion. Normal, quand on travaille dans un aéroport.
Bon prince, notre « Moïse » des montagnes nous proposa de le suive, lui et sa troupe, un bout de chemin, histoire que l’on retrouve nos marques. Sympa non ?
Et bien croyez-le si vous voulez, mais mes abrutis de compagnons ont tous refusé.
Il y en a qu’un qui a osé timidement élevé la voix pour dire :
-Ce serait quand même plus prudent de les suivre un bout de chemin.
-Non ! T’inquiètes pas. On n’a pas besoin d’eux. On va se débrouiller !
Quand je vis le dernier scout s’enfoncer dans la brume, je commis là un acte dont j’ai encore honte aujourd’hui ! Je plaquais lâchement mes potes pour suivre les…professionnels !
Que voulez-vous ! L’instinct de survie, ça ne se commande pas !
J’ai donc suivi mes sauveteurs pendant un bon moment. Juste le temps pour que le brouillard se dissipe et que la vue du paysage nous soit rendue. Là, pris de remord, je me suis retourné, et aidé par mes nouveaux compagnons, nous avons crié à perdre haleine pour faire connaître notre position. Plus le temps passait, plus j’avais honte. Dire que je les avais abandonnés, les pauvres ! Au bout d’une bonne heure, je vis enfin l’un deux arriver du fond de la brume.
Puis tout notre petit groupe. A leur visage fermé, et au regard sombre qu’ils me jetèrent en passant près de moi, je compris à quel point ils étaient fatigués par leur aventure.
Mais était-ce vraiment de la fatigue ?
A suivre.
samedi 4 juillet 2009
Piège à c..s !
« Le grand blond avec une chaussure noire » pour ne pas le citer, notre pauvre Bernard Blier le reçoit en pleine tronche, en guise « d’extrême onction »
L’histoire que je vais vous raconter se déroule au deuxième sous-sol de l’aérogare d’Orly.
« En ce temps-là »… Pour faire très
« biblique », je travaillais dans une grande salle pleine de grosses machines appelées « ordinateurs », dans le courant des années soixante dix.
Nous étions une petite équipe de cinq opérateurs qui devaient entretenir, faire fonctionner ces jolis monstres de ferraille, de circuits électroniques, qui ne tenaient pas encore dans les mimines délicates de nos chères compagnes ! Dans un bruit continuel de soufflerie asthmatique et sifflante, nous travaillions vingt quatre heures sur vingt quatre, dimanches et jours fériés compris. Mais les nuits étaient longues et parfois très ennuyeuses. De drôles de fantômes y rôdaient, cependant !
Mais des fantômes malveillants ! Car, plusieurs de nos camarades se plaignaient de petits larcins, de vols de documents, de papiers, de pièces de monnaie, etc... Et ils avaient même l’impression qu’on fouillait dans leurs placards. Placards situés dans notre salle de repos attenante à la salle des machines. Ce ne pouvait pas être nos femmes de ménage qui étaient la probité et l’honnêteté personnifiée. Car ces pauvres femmes savaient que c’était elles que l’on soupçonnerait en premier. C’est vous dire, si elles se tenaient à carreau ! Leur seul petit péché mignon, c’était de téléphoner, là-bas, au pays ! Et pendant des heures ! Le jour où notre chef de service a vu la note de téléphone, on a failli l’emmener aux
urgences ! On ne lutte pas contre certaines caractéristiques génétiques d’une bonne moitié de la population mondiale. C’est impossible.
Bref ! Il fallut se rendre à l’évidence. Ce ne pouvait être qu’un opérateur. Chose d’autant plus scandaleuse, parce que nous avions de bonne paye (en ce temps là !) et la valeur des larcins était vraiment mesquine par rapport à nos trains de vie. Mais le plus parano d’entre nous, et aussi la victime privilégiée du « malfaisant » était un certain
« C », dont je protègerai l’anonymat eu égard à sa progéniture qui risque un jour de tomber sur ce récit. Petit gros toujours volubile et en mouvement, une tête ronde déjà chauve, et des yeux constamment clignotant sous des verres de lunettes aussi rondes que sa bouille, il nous déclara un jour, d’un ton mystérieux, qu’il avait trouvé LA solution pour se débarrasser de cette « pie voleuse ». Je le revois encore, dans sa blouse blanche (réglementaire) aller et venir, passant constamment de la salle machine, à la salle de repli, le front perlé de gouttes de sueur formées par le stress du chasseur à l’affût de son gibier. La journée se passa tranquillement, sans incidents notoires. De temps en temps, par espièglerie amicale, on demandait bien quelques infos sur ce « mystérieux » piège.
Mais les petits yeux redoublaient leurs clignotements et le sourire de « C » se faisait plus énigmatique. C’est presque à la fin de notre vacation, vers dix sept heures, que se produisit le drame ! Un hurlement inhumain se fit entendre du côté de la salle de repli !
Ça y était ! L’ignoble voleur avait reçu sa juste et légitime punition ! Nous nous sommes rués pour prendre le malfaiteur la main dans le sac. Et là, Oh horreur ! La vision était insoutenable !
Notre pauvre « C », debout devant son placard, était entièrement recouvert d’une substance noire, huileuse, nauséabonde, parsemée de confettis et de morceaux de papier divers !
Deux yeux d’une blancheur inhabituelle, perçaient une face sombre, et nous regardaient d’un air triste et malheureux où se lisait toute la stupeur du monde.
Ce pauvre « C » ! Il l’avait bien fabriqué son piège. Une merveille d’astuce et de précision.
Il en était fier ! Ah ! C’est qu’il était malin notre « C » ! Plus bricoleur et astucieux que lui, c’est bien simple ; il n’y avait pas ! Un bac rempli de gasoil, d’encre de chine, de confettis, tenant en équilibre, dans le haut de son placard, il fallait y penser !
Mais voyez comme la vie peut parfois être cruelle ; Se souvenant d'avoir oublié quelque chose dans son placard, juste avant de partir, il s’y rua, en oubliant…….son piège !
Pour compléter ce récit malheureux, je dois vous faire part d’un phénomène physique assez étrange que nous avons subi pendant plusieurs jours. Des douleurs bizarres dans les abdominaux, et au niveau des côtes.
Mais je vous rassure, notre mystérieux voleur a continué sa coupable industrie. Ce n’est pas un joli piège à c..s qui allait lui faire peur.
lundi 22 juin 2009
La petite porte du hangar
Tous ces trésors dormants comme la « belle » du même bois ? Bien sûr les années ont passé. Un magnifique et grand musée est né au Bourget que j’ai eu aussi le plaisir de visiter. Son directeur actuel Gérard Feldzer est un homme charmant et passionné, que j’admire et que je respecte beaucoup. Ancien pilote lui-même. Mais mon cher Gérard qui avez la chance (ou la malchance) de porter le même prénom que moi, qui dirigez un immense complexe plein d’avions et de fusées, vous n’aurez jamais le bonheur que j’ai eu, un jour, en franchissant la petite porte d’un hangar.
-----> Photo prise au Parc de Sceaux le 20/09/2012!
jeudi 23 avril 2009
L’ambulance et le fourgon
A l’arrière du « J7 » Peugeot, notre ambulance de la Croix Rouge Française, nous sommes ballotés comme dans une chaloupe de sauvetage, un soir de tempête dans la mer du Nord.
On s’accroche où on peut, en attendant que « l’orage passe » !
Nous venons d’être appelé de toute urgence par radio, par notre central opérationnel situé au sein même des bâtiments de la préfecture de Nanterre.
Notre chauffeur s’arrache les cheveux à trouver l’adresse de notre intervention.
A l’époque, au milieu des années soixante dix, il n’est pas question d’être aidé par un GPS, et le labyrinthe des rues de la banlieue parisienne est un vrai cauchemar pour automobiliste égaré.
Enfin, dans un grand crissement sauvage des pneus, nous sommes d’abord écrasés les uns sur les autres, puis nous jaillissons dehors, heureux de sortir de cette « essoreuse » infernale !
La rue est étroite. Des badauds nous signalent tout de suite une petite échoppe dont j’ai même oublié ce qu’elle pouvait bien vendre.
Je suis surtout saisi d’émotion par la vue du corps d’un homme, étendu sur le ventre à même le sol, dans cette minuscule boutique.
Tout de suite, nous amenons le brancard, et avec des gestes d’infinie précaution, comme on nous l’a appris dans nos cours de secourisme, nous posons l’individu dessus.
Il est inconscient. Ses vêtements sont pauvres et usés. Il est entre deux âges. Plus proche de la quarantaine que des vingt ans !
On l’examine sommairement. On fait notre rapport médical à qui de droit. Tout se passe normalement et dans un calme très « professionnel ».
C’est au moment de la sortie que les choses se gâtent !
Un tas de ferraille, c'est-à-dire une voiture, est stationné, comme de bien entendu, juste devant la porte du magasin. Le trottoir ne fait même pas cinquante centimètres !
Il n’y a qu’une seule solution ! Pas deux ! Une seule !
Passer le brancard au-dessus de la voiture avec le malade dessus !
Je vous épargne les détails de la manœuvre, mais enfin, au bout d’un moment, nous sommes dans cette situation : Nous formons un pont parfait au-dessus du véhicule.
Un secouriste de chaque côté, les bras tendus au-dessus de sa tête, et le brancard au-dessus du toit de la voiture !
Ah ! Précision intéressante ; le secouriste du côté de la chaussée, c’est moi !
Vous dire que notre position est inconfortable serait faire preuve d’un optimisme irresponsable.
C’est ce moment très précis que choisit le fourgon de « Police secours » pour débarquer en trombe, avec son très bruyant et très sonore : « PIN ! POM ! PIN ! POM !
Toujours très discrète, la famille « Royco ».
Il se produit alors, dans la foulée, un phénomène bizarre, que je qualifierais même de « mystique » !
Tel « Lazare ressuscité du royaume des morts », notre malade se redresse sur un coude et pousse ce cri du cœur, très incongru dans la situation présente :
« Putain ! Mais c’est les poulets ? »
Suivi aussitôt de :
« Descendez-moi ! Descendez-moi ! J’peux pas les voir, ces putains de poulets ! »
Les cris, c’est une chose, mais l’agitation sauvage de la civière au-dessus de nos têtes, c’est pire !
Je ne sais plus par quel miracle notre encombrant paquet est quand même arrivé au sol !
Je ne me souviens que d’une armée de képis autour de nous, tentant de maitriser le forcené.
Celui-ci, d’une ruade de percheron, me balance alors un coup de tatane à décapiter une statue en bronze, juste sur la pointe du menton.
Je me retrouve sur le dos, au milieu de la chaussée, plein de jolies étoiles clignotantes dansant devant les yeux !
Sanglé comme un « jésus de Lyon » (saucisson au goût merveilleux) notre lascar est « enfourné »dans notre ambulance.
Me massant le maxillaire douloureux, je rejoins mes copains à l’intérieur du véhicule.
Par précaution bienveillante, « l’administration » nous octroie la présence d’un jeune flic pour notre protection.
On ne sait jamais !
Et voilà nous voilà partis pour l’hôpital !
Ah ! Cette jolie conversation ! De ma vie, je ne suis pas prêt de l’oublier !
Imaginez un peu, notre jeune et tendre poulet, à peine sorti de sa couveuse, c'est-à-dire de son école de police, du haut de ses vingt balais, s’adressant fort civilement à notre malade !
_Monsieur ! Qu’est-ce qui vous arrive ? Vous avez des problèmes ? Celui-ci, le regard torve, les yeux injectés de sang, l’air furibard :
_Filez-moi un surin, que je le crève, cette charogne de poulet ! On ne peut pas dire que les échanges commençaient sous les meilleurs auspices.
Je surpris même une jeune camarade secouriste, en train de se serrer les lèvres pour ne pas hurler de rire !
Comme si c’était le moment ! Ah ! Je vous jure !
Pourtant, j’en avais connu des moments cocasses, et des « patients » bizarres dans cette même ambulance.
Tenez ! Ce pauvre homme ! Tout petit, tout malingre, que l’on amenait aux urgences pour lui retirer les plombs de fusil de chasse qu’il avait dans le fondement (qui n’était pourtant pas très épais !) et qu’une virago lui avait assaisonné lors d’une énième dispute !
_Mais pourquoi restez-vous avec elle ? Lui avait demandé une secouriste très naïve et très jeune.
_Mais je l’aime ! Quand l’amour résiste aux plombs de chasse, que faire ? Je vous le demande humblement !
Et cette jeune femme qui n’avait qu’une obsession ; qu’on lui file un miroir pour voir si elle n’était pas défigurée !
Il faut dire que lorsqu’on a débarqué chez elle, il flottait dans l’air comme une entêtante odeur de « cochon grillé »
Pour une raison mystérieuse, sa belle coiffure avait flambé entièrement au-dessus de son réchaud à gaz !
Mais non ! Elle n’était pas défigurée ! Elle avait toujours son beau petit minois !
Enfin, ce clochard débonnaire ramassé au coin d’une rue, un soir d’hiver.
Il était très sympa ! Mais il avait au moins dix paires de chaussettes enfilées les unes sur les autres !
Et à chaque fois qu’il en ôtait une, on ouvrait un peu plus la vitre de l’ambulance.
Secourir les gens, oui ! Mourir asphyxié, non !
Pour l’heure, la conversation « urbaine » entre un jeune flic et un patient atrabilaire se poursuivait dans notre véhicule.
_File-moi ton pétard, que je te descende ! Fumier !
_Mais, Monsieur, cela ne sert à rien de vous mettre dans des états pareils !
Et ainsi de suite !
Nous sommes quand même arrivés sans encombre dans l’établissement hospitalier qu’on nous avait désigné.
Notre « patient » qui portait très mal ce qualificatif, était toujours aussi excité, vindicatif et injurieux !
Une accorte infirmière que ses cris n’impressionnaient guère, se pointa avec une seringue hypodermique, et piqua sans complexe le récalcitrant impuissant.
Ceux qui ont vu « 2001 l’Odyssée de l’espace » se souviennent sûrement de la scène où l’astronaute, rescapé des menées criminelles de HAL9000, l’ordinateur assassin, débranche celui-ci, en écoutant son plaidoyer pathétique.
Pour notre homme, ce fut sensiblement la même chose !
Sauf, qu’au bout de quelques secondes, celui-ci se mit à ronfler bruyamment, ce que ne fera jamais un ordinateur, bien sûr !
Mais c’est pas tout !
C’est que pour soigner un individu, même s’il ne le mérite pas, il faut connaître son identité.
La paperasserie ! Tout le monde connaît ce fléau incontournable !
Comme notre malade était plongé dans « les bras de morflée » comme l’aurait dit un certain Alexandre Benoît de ma connaissance, il fallut bien fouiller ses vêtements pour trouver ses papiers.
Pour ça, on laissa faire notre jeune et patient poulet.
Il dénicha donc, sans difficulté, un vieux portefeuille de cuir, tout élimé, et en sortit un papier ressemblant à une carte d’identité.
Je revois encore les deux visages penchés sur le document ; celui du jeune flic, et celui de notre grande cheftaine, grand cheval, vieille fille mais d’une grande générosité.
Et tous deux lisant en chœur :
_Carte d’identité intérieure.
_CARTE D’IDENTITE INTERIEURE ? En se regardant, étonnés !
_Date d’écrou.
_DATE D’ECROU ? De plus en plus interloqués !
_Hou ! Mais attendez ! Je reviens de suite ! Je prends des renseignements !
Fit le jeune fonctionnaire, en se précipitant vers les bureaux, à la recherche d’un téléphone !
Non ! Il n’y avait pas de portable à l’époque !
Il revint cinq minutes plus tard en hurlant :
_C’est un évadé de prison !
_Quoi ? Vous êtes sûr ?
_Oui ! Allez, hop ! Tout de suite, direction le commissariat ! C’est ainsi qu’en une fraction de seconde, une ambulance de la Croix Rouge française fut transformée en « fourgon cellulaire » sur ordre de la force publique !
Je n’oublierai jamais, non plus, notre arrivée dans les sous-sols de ce commissariat où se trouvaient les cellules de garde à vue.
On nous en ouvrit une, et l’on y jeta dedans notre « prisonnier » comme un paquet de linge sale, sans aucune précaution.
Moi qui suis un « sentimental » j’avais encore en mémoire, les gestes délicats que nous avions eu, il n’y avait pas si longtemps, pour déposer un pauvre malade sur cette même civière !
Ah ! Les mystères de la destinée !
Je n’ai jamais su qui était cet homme ! Jamais la presse n’a parlé, à cette époque, d’une évasion ! Un vrai mystère !Pourtant cette histoire est absolue authentique, et une mâchoire douloureuse pendant quinze jour m’a fait comprendre que je ne l’avais pas rêvée !
vendredi 10 avril 2009
Un vent pollueur
vendredi 27 mars 2009
L’oiseau du fleuve
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Un grand rideau de peupliers majestueux, sur l’autre rive, dissimule à peine, les vastes champs de cette terre agricole, riche et généreuse du sud ouest de la France.
Une brise légère agite le feuillage de ces gardiens sylvestres en un chuchotement discret de vieilles bavardes. Le toussotement asthmatique d’un tracteur, au loin, rompt à peine le charme de cet endroit paradisiaque. C’est le temps merveilleux des vacances. Il fait beau. Il fait chaud. Le ciel est immaculé de nuages. Le couple de pécheurs est niché au milieu d’une verdure foisonnante d’herbes hautes, de ronces et de roseaux. Ils sont assis à même les deux planches soutenues, comme par miracle, par des rondins de bois grossièrement taillés.
Cet embarcadère improvisé supporte aussi les cannes à pêches, le filet à poissons, et la boite à appâts. Les senteurs des plantes couvrent à peine l’odeur âcre et poissonneuse de l’eau du fleuve. Là-bas, dans la ferme aux murs épais de pisé, la grand-mère, assise sur sa chaise, sous le hangar aux tuiles surchauffées, déplume consciencieusement un canard pour le repas du soir. L’enfant se met à bailler. La pêche, c’est bien, mais cela ne remplace pas une balade en vélo à travers les champs de tabac et de maïs sur les chemins poussiéreux de la campagne vallonnée du Lot et Garonne. Le père, lui, est tout à sa passion redoutable. Il s’agit de la capture d’une bestiole qui le nargue depuis des années ;
la carpe !
Animal ombrageux et retors qui lui a cassé maintes lignes, et qui l’a même jeté dans le fleuve, un jour d’orage ! C’est vous dire, si entre les deux, c’est une lutte à mort ! Pour l’instant, c’est la « paix armée » ! Qui peut s’imaginer, qu’un endroit aussi paisible, a été le témoin, quelques années auparavant, d’un drame singulier.
Cela se situe pendant l’occupation allemande. A quelques mètres de l’endroit où mon père surveille sa carpe, un homme entre deux âges, pêche lui aussi, paisiblement. Il est le maire d’un petit village des environs. Comme des millions de ses compatriotes, il n’est pas un héros. Il subit, courbe le dos, et attend que « l’orage passe » ! Dans cette région bénie par la providence, la guerre est loin. A part quelques privations, la présence incongrue d’étrangers en uniforme et des nouvelles dans la presse et à la radio de Vichy, la vie s’écoule comme elle le fait toujours. Son seul gros chagrin c’est son fils prisonnier dans un stalag allemand. Mais les rares nouvelles qui lui parviennent ne sont pas trop mauvaises. Le fiston supporte sans trop de mal sa captivité. Plongé dans ses amères pensées, notre homme est brusquement intrigué par un bruit inhabituel. D’abord le petit bruit d’un moteur pétaradant, mais qu’il n’arrive pas à situer ! Ce ne n’est pas sur la route ! Ça, il peut le jurer ! Ce n’est pas un tracteur ou une pompe d’arrosage dont il connaît parfaitement la « musique ».
Et puis soudain, il comprend que le bruit vient du ciel ! Ce qu’il voit alors le statufie ! Un avion descend brutalement vers le fleuve ! Aucun doute n’est plus permis. L’aéronef en perdition tente de se poser sur la surface de l’eau ! Un panache de fumée noire s’étire derrière lui. Le choc avec l’élément liquide est impressionnant ! La croix noire sur la queue de l’appareil ne laisse plus de doute non plus ; c’était un avion de chasse allemand ! Un « Messerschmitt 109 » dit « Emil » pour les connaisseurs ! A peine immobilisé, le cockpit de l’appareil s’ouvre, et le pilote saute à l’eau. Mais ce que n’a pas prévu celui-ci, c’est que son grand parachute de soie s’est brusquement ouvert et le recouvre totalement ! Des cris furieux et désespérés fusent sous ce linceul blanc qui, alourdit par l’eau, entraîne le malheureux vers le fond.
Dans un réflexe humain et spontané, notre pécheur prend les avirons de sa barque, et rame comme un damné pour porter secours au pilote.
Après plusieurs minutes de combat épique, le militaire trempé gît au fond de l’esquif du sauveteur. La queue de l’appareil, et sa sinistre croix gammée, pointent encore un moment vers le ciel, puis, l’engin disparaît entièrement dans les profondeurs du fleuve.
Notre méridional subit un flot de remerciement dans une langue gutturale à des années lumières de son patois languedocien. Maintenant, le plus dur et le plus délicat reste à faire ; il doit rapporter son « encombrant colis » à qui de droit. Il n’a pas oublié que la France est occupée, et qu’il y a des obligations auxquelles, malheureusement, il ne peut échapper.
L’officier allemand de la « Kommandantur » de V… le félicite chaudement. Ce dont se serait passé notre homme qui a fait la guerre de 14-18 et ne porte pas spécialement les Allemands dans son cœur. Son geste a été humanitaire, un point c’est tout ! Mais comme ces gens-là sont quand même « Korrect », le commandant lui demande alors ce qu’il peut faire pour le récompenser. Notre sauveteur décline son offre par fierté et surtout, parce qu’il ne veut rien devoir à ces militaires, qu’il n’a pas invité à venir chez lui. De retour dans ses foyers, il ne manque pas de raconter son aventure à son épouse. Croyant être accueilli en héros, il subit alors la plus formidable engueulade de la part de son épouse, en trente ans de mariage !
-Comment ? Tu pouvais faire revenir ton fils chez lui, l’arraché à ces barbares, à sa captivité en Allemagne ? Et tu n’as même pas pensé à lui ? Père indigne ! C’est comme ça que tu l’aimes, ton fils ?
Tu as pensé une seconde à ce qu’il endure là-bas, pendant que tu te goberges ici ?
Pas la peine de vous raconter le détail des réprimandes subies par notre « pseudo héros » !
Chacun comprendra ce qu’une mère courroucée par le manque d’attention que l’on a pour la chair de sa chair, peut sortir de « vacheries » à un époux « égoïste » qui ne pense qu’à lui !
C’est ainsi, que le cœur lourd de remords, de honte, et de soumission maritale, notre homme revient à la « Kommandantur » pour exiger sa « récompense » ! Quelques semaines plus tard, la joie régne dans la famille. Le fiston, revenu de l’enfer teuton, embrassa sa mère et son père. La vie reprend son cours, paisible, sans soucis importants. On vit même les deux hommes pêcher sur le bord du fleuve, à l’endroit de « l’exploit » du paternel.
La Libération survint enfin !
Le pays est en effervescence ! Il y a des résistants partout ! D’ailleurs, on n’aurait jamais pu croire qu’il y en eut autant dans les environs, tant ils furent discrets pendant l’occupation.
C’est ainsi qu’ils jugèrent deux infâmes « collabos », un père et son fils, ayant « traficoté » avec les « boches » ! Les deux traîtres furent fusillés dans un champ, près de ce grand fleuve, témoin de leur « trahison » ! Maintenant la paix est revenue. Les drames sont enfouis au fond des mémoires, cadenassés comme dans les coffres d’une banque suisse !
Le seul ennemi sournois qui préoccupe encore mon militaire de père, pour l’instant, c’est cette garce de carpe qui refuse de se laisser prendre.
-Oh ! Fils ! Regarde ! Je crois que j’ai une touche ! Passe-moi vite l’épuisette !
vendredi 6 mars 2009
Bach attacks
« Mars attacks » ?
Alors pour ceux qui l’auraient raté, il faut expliquer que de redoutables et très méchants martiens, totalement incultes et très cruels, sont anéantis par la voix d’une chanteuse, diffusée par haut-parleurs.
Leur cervelle éclate littéralement aux sons « harmonieux » de la mélodie. Vous pensez sûrement que Tim Burton a trop d’imagination, et qu’une telle chose est trop absurde pour arriver sur notre bonne vieille planète ?
Vous avez tout faux !
Ce que j’ai entendu ce matin, m’a plongé dans une hilarité envahissante, dont je ne suis pas encore guéri actuellement!
Voilà pourquoi, il me faut d’urgence vous la narrer, comme le malheureux, ayant un hoquet tenace, doit avaler un verre d’eau pour le faire passer.
Donc, figurez-vous, que dans ce beau pays lointain de Nouvelle-Zélande, un directeur de supermarché a retrouvé une paix « royale » depuis deux ans.
Plus de tags, plus de bandes de voyous agressant les clients, plus de vols, plus de dégradations imbéciles des locaux et des murs !
Car notre cadre avisé a eu une idée géniale :
Il diffuse toute la journée, sur les dizaines de haut-parleurs du centre commercial de……la musique classique !
Bach, Mozart, Vivaldi, et la voix merveilleuse de Kiri Te Kanawa
(célèbre cantatrice d’origine kanak) font fuir les jeunes délinquants aussi surement que les ultrasons chassent les insectes et les animaux nuisibles !
Etonnant non ?
Donc, non seulement la musique (la vraie !) adoucit les mœurs, mais, de plus, chasse les voyous, et même augmente la production des vaches laitières !
L’utiliser, c’est l’adopter !
Fort de cette expérience intéressante, je verrais bien les policiers, le haut-parleur braqué à la place du « tazeur » si controversé, menacer des bandits sortant d’une banque, après un hold-up !
« Sortez les mains en l’air ! Sinon, on vous envoie une rafale de fugue de Bach » !
Pire ! Ou plus cruel :
« Vous avez dix secondes pour sortir, sinon, nous diffusons une chanson de Tino Rossi » !
Le soldat en alerte ne criera plus :
« Halte ! Ou je fais feu ! »
Mais : « Halte ! Ou je chante du Mireille Mathieu » !
Quelle époque redoutable !
Quand on pense que nos gamins, nos petits « trésors » ne sont rassasiés que de « boucan », que de « bruits immondes » que des escrocs tentent de leur faire passer pour de la musique ! Certains vont encore me courir sur la prostate pour m’expliquer qu’il y en a pour tous les goûts ! Non, m’sieurs, dames !
De toute éternité, il y a eu le « bon » goût et
le « mauvais » goût !
Comme reconnaître celui qui est « bon » ?
C’est pourtant simple : c’est celui qui passe les âges, les sexes, les civilisations, les continents, les siècles, les mœurs, et les modes, sans jamais perdre une once de son charme, ni de son pouvoir de séduction.
Un air de flûte joué sur le bord du Nil, il y a de cela trois mille ans, nous ravira encore, quand il chassera des incultes et des « redevenus sauvages » des allées d’un supermarché !
lundi 2 février 2009
Le bonheur du poisson rouge
Beau ? Je n’en sais plus rien !
Je ne m’en souviens même plus, d’ailleurs! Mais comme c’est la formule consacrée ! Et pour être « consacrée » elle l’est vachement !
Bref ! Je me lève ! Et je ne bouscule pas ma femme, comme dans la chanson de l’électrocuté célèbre, vu qu’elle continue à ronfler, vu que c’est pas vrai, qu’il n’y a que les hommes qui le font ! C’est bien connu !
Donc, j’enfile ma robe de chambre, à défaut d’autre chose, et je descends à la cuisine !
Là, je prépare calmement le café, je fais du menu rangement, j’ouvre les volets du salon, de la cuisine. Je hume l’air du matin ! Je caresse tendrement le derrière de ma petite chatte…. !
Pas de fantasme débridé et malsain, s’il vous plait !
Il s’agit réellement d’une chatte (la femelle du chat) et de son réel derrière, c'est-à-dire de son petit cul surmonté d’une belle queue soyeuse ! Et je parle bien de la sienne !
Toujours être obligé de juguler les pensées salaces de mes contemporains !
Ah ! Je vous jure ! Quelle époque !
Bon ! Je continue donc mon petit ménage matinal. Je monte dans la salle de bain. Je me douche, je me brosse les dents, et c’est alors que je fais une constatation angoissante !
Une constatation terrifiante pour moi ! Vous ne voyez pas laquelle ?
Comme je vous connais, je suis sûr que non! Pas un brin d’imagination ! C’est désespérant !
Depuis que je suis levé, je n’ai pensé à rien !
Hallucinant, non ?
Oh je sais ! Pour beaucoup d’entre vous, c’est une situation tout à fait normale !
Mais pas pour moi !
Et le pire, c’est que j’ai trouvé cela vachement agréable !
D’habitude, au saut du lit, j’ai les trompes d’eustache agressées par les nouvelles du monde entier. Et comme ce sont toujours des catastrophes, des fait-divers bien pourris, bien « dégueux », des infos à vous flanquer le blues pour la journée, votre esprit part en pleine forme ! Bien dopé pour la joie et la bonne humeur nécessaire pour une bonne journée de travail!
Moi, qui suis un être très émotif et très sensible, je prends tous ces évènements au premier degré, en pleine poire !
C’est ainsi que je me lève, la tête farcie de problèmes « politico-métaphysico-socialo-mentalo-zintellectuels » vachement graves !
Je vous jette en vrac le sac poubelle qui se vide soudain dans mes neurones :
_Qui est le père de Rachida Dati ?
_Oui ! Je dois poster cette lettre pour la sécu de toute urgence !
_Louis XIV a-t-il eu raison d’écouter cette conne de bigote de Maintenon ?
_Tiens ! Line Renaud m’a agacé, hier soir, dans ce téléfilm à la con ! Pourtant, je l’aime bien Line, quand je pense qu’elle est passée de Franck Sinatra, à Dean Martin, sans oublier Samy Davis junior, à Las Vegas, pour terminer avec Dany Boon à Bergues !
Faut le faire ! Non ?
_Transformer le vice-roi de la Périchole d’Offenbach en « dictateur de pacotille », quelle idiotie !
_Va falloir que je change les essuie-glaces de la voiture !
Et c’est comme ça, toute la journée !
Je ne sais pas si c’est pareil chez vous, dans vos caboches, mais il me vient soudain des bouffées de colère où j’ai envie de hurler :
VOS GUEULES LA DEDANS ! ON NE S’ENTEND PLUS !
Et puis le calme revient !
Je croise alors le regard de ma petite chatte (toujours elle) ! Je me demande soudain ce qu’il y a derrière ses beaux yeux ronds et grands ouverts qui me regardent avec étonnement !
Le vide ? Quelques lueurs de sentiments ? Et je songe aux animaux, à l’évolution, à Darwin, et c’est REPARTI ! Fatiguant ! Epuisant !
D’ailleurs, il faut que l’on tue ici, un préjugé tenace !
C’est celui qui consiste à croire que les déprimés, les gens peu actifs ont la tête vide !
C’est exactement le contraire !
Il a été démontré scientifiquement, par des tests cliniques, que les encéphalogrammes de
Personnes fortement déprimées, présentaient une activité cérébrale intense !
Contradictoire ? Pas du tout !
Imaginez une voiture dont l’embrayage serait mort ! Qu’est-ce qui se passe ?
Le moteur s’emballe, ronfle furieusement, mais l’automobile n’avance pas d’un centimètre !
Pour le déprimé chronique, c’est exactement ça ! Son « embrayage mental » est mort !
C’est pourquoi, ceux qui travaillent trop de la « casquette » ne sont pas des plus actifs !
Et comme le résumait si bien Michel Audiard :
« Un con qui marche va plus loin qu’un intellectuel assis ! »
Donc, pour être bien dans sa peau, être heureux, il ne faut penser qu’à ce qu’on fait à l’instant présent ! Et à rien d’autre !
« Ici et maintenant » comme disent les adeptes du Yoga !
Ne plus penser, voilà le vrai bonheur ! Ne plus avoir de mémoire non plus !
Parfois, quand je passe devant une animalerie, que je vois de beaux aquariums bariolés et pleins de bestioles aquatiques, je me mets à songer qu’elles n’ont que cinq secondes de mémoire !
Ah le bonheur du poisson rouge dans son bocal !
lundi 19 janvier 2009
Fric frac en famille !
A la suite d’un dramatique accident de la circulation, celui-ci eut le pied broyé par la roue d’un autobus.
Mais comme nous avons les os solides dans la famille, il n’a pas eu de fractures !
Seulement un pied en compote, et il doit refaire ses pansements régulièrement.
Vous avez compris qui est l’ambulancier de service ?
C’est ma pomme, bien sûr !
Donc, j’arrive chez le fiston. Il se prépare.
Nous sortons dans le couloir au son des cannes anglaises s’entrechoquant et du brouhaha d’un début d’engueulade à propos de quelque chose dont j’ai totalement oublié le sujet depuis!
Je me retourne pour fermer la porte à double tour.
Celle-ci ayant déjà été refermée en la claquant, comme nous faisons tous !
Je ne m’inquiète pas, puisque j’ai la clef !
Mais……horreur !
Impossible de la faire tourner dans le canon!
Et c’est là, que mon charmant « bambin » de vingt cinq balais et du haut de son mètre quatre vingt cinq m’annonce qu’il a laissé ses propres clefs dans la serrure !
Tout ceci, avec un sourire désarmant de désinvolture et de sang-froid !
Arrrgh ! B.. el de M..de ! Pourquoi ai-je fais des gosses ?
C’est toujours dans ces moments là que l’on oublie les joies de la paternité !
Allez savoir pourquoi !
C’est vrai ! Au début, c’est mignon, ça réjouit la maman !
On se dit que l’avenir est assuré !
Que l’on va avoir un « retour sur investissement » ect… !
C’est qu’on oublie toujours le « service après-vente » et les « dégâts collatéraux » !
_Fils d’abruti ! Qui va payer le serrurier maintenant ? Hein !
Tu vas en avoir pour au moins 90 euros !
Là, son sourire s’est figé, vu que ses gènes en provenance du Limousin se sont réveillés brutalement !
Il n’y a pas que les Auvergnats qui soient rapiats !
Leurs voisins du plateau des mille-vaches aussi !
Moi qui vantais les mérites de cette belle porte costaude, sans poignée, avec même une planche sur le seuil pour que l’on ne puisse même pas y glisser une feuille de papier !
C’est elle qui se marrait maintenant !
« Tu peux toujours essayer de m’ouvrir, pauvre pomme ! »
Semblait-elle me dire !
Et comme nous sommes au deuxième étage, avec des fenêtres en double vitrage, tu peux courir pour passer par l’extérieur !
Ah le désespoir qui s’est abattu soudain sur nos épaules !
C’est dans le trajet en bagnole que m’est apparue la solution !
Les millions de films policiers et d’aventures à la con, visionnés au cours de mon existence, allaient enfin me servir à quelque chose !
Qui n’a pas vu Sean Connery, Pierce Brosnan, Roger Moore ouvrir la plus réfractaires des portes avec un bout de bristol ou une carte de crédit ? Hein !
Donc, plein d’espoir au retour de la clinique, et l’organe de mon fils bien bandé
(je parle de son pied, bien sûr !Mesdames ne rêvez pas !)
on s’est présenté devant cette ignoble porte dont l’insolence muette nous agaçait un brin ! Heureusement que la vie moderne nous procure un tas de cartes de crédits de toutes sortes, de toutes les couleurs, dont certaines ne servent strictement à rien, sauf à encombrer pendant des années, des porte-monnaie ou des portefeuilles, et qu’on finit par balancer à la poubelle, un soir de prurit de rangement !
Bref ! J’en trouve une, totalement inutile au commerce, et à tout service quelconque, mais assez souple pour me servir de
« rossignol » !
Et je commence alors mon travail de « malfrat amateur » en espérant qu’un voisin trop curieux, ne nous connaissant pas n’ait pas l’idée saugrenue et imbécile d’appeler « police-secours » ! Heureusement, nous sommes en pleine semaine, et au milieu de la journée !
Les locataires travaillent ! Et ils ont bien raison !
La carte à moitié bouffée aux mites, le découragement me gagne !
Le fiston prend la relève !
Wouah ! Ô miracle !
Un coup d’épaule, et la porte s’ouvre !
A ! Quel soulagement ! Ah quel bonheur de rentrer enfin chez soi !
Oui, mais tout de suite, l’abominable suspicion de la méfiance humaine reprend le dessus ! Comment de simples « amateurs » comme nous, ont pu réussir à ouvrir une porte aussi facilement et apparemment bien fermée ?
Car ce que nous avons fait, d’autres petits « malins » peuvent le faire ! N’est-ce pas ?
Alors, je comprends plusieurs petites choses essentielles que nous devons tous savoir devant ce genre de problème :
_Il ne faut JAMAIS laisser ses clefs dans la serrure, à l’intérieur de l’appartement !
_Il faut TOUJOURS fermer sa porte à double tour
_Que nous avons eu de la chance que le biseau du penne de la porte soit bien orienté vers nous !
_ Enfin qu’il ne faut pas se précipiter pour appeler le serrurier dans le cas que je viens de vous narrer !
Pas la peine de favoriser imprudemment une propension à l’escroquerie de la part de certains artisans !
Si vous voyez ce que je veux dire !
mardi 13 janvier 2009
Le festin de la colère
Il aurait adoré ce récit campagnard de la fin du 19° siècle.
C’était dans son registre, dans le domaine de sa sensibilité d’artiste !
Bien que Normand, le drame provincial d’une petite paysanne du Sud- ouest ne lui aurait pas été indifférent.
Car tout y était !
Le milieu paysan et pauvre. Une petite bourgeoisie vaniteuse, des amours « ancillaires », l’argent, l’honneur et la vengeance !
La petite paysanne pauvre et très jeune d’à peine seize ans, est mon arrière-grand-mère maternelle.
Je ne sais pas grand-chose d’elle ! Pas une image, pas un portrait, rien !
Seulement un prénom : Anna.
Et aussi le récit épique colporté dans la famille depuis des décennies, mais dont les détails se perdent dans la brume du temps.
Il ne reste qu’une trame essentielle sur laquelle l’imagination peut broder ses dentelles de sentiments.
Je ne pense pas que son histoire inspirera un opéra ou même un roman, et encore moins un film.
Elle ne fut pas Colomba, ni Carmen, ni la Dame aux Camélias, pas même Fantine ou encore moins Esmeralda ! Il s’en faut de beaucoup.
Non ! Simplement une petite gamine que des parents impécunieux placèrent dans une maison bourgeoise, auprès d’un jeune veuf d’une trentaine d’année.
Je n’ai pas le souffle du romancier pour vous décrire pendant des pages et des pages, la vie quotidienne de ces deux êtres placés l’un à côté de l’autre par les circonstances de l’existence.
Je laisse cela à Proust et autres « pisseurs de mots » !
Chacun joue sa « partition » comme il le peut !
Ma bisaïeule était forcément charmante ! On l’est souvent à cet âge ! Et puis l’orgueil familial l’exige !
Les hormones du jeune veuf fonctionnant normalement, on imagine aisément ce qui pouvait le travailler, ce brave garçon, lorsqu’il rentrait chez lui, le soir ! .
Sans besoin d’explications oiseuses et pour protéger la pudeur post-mortem de ma parente, je vous laisse deviner ce qu’il advint de cette promiscuité ancillaire.
En premier lieu, une charmante et belle passion amoureuse.
Du moins, mon terrible besoin de romantisme ne peut pas envisager autre chose !
Je n’ose pas imaginer qu’elle ne fut qu’un objet de consommation courante pour un jeune bourgeois libidineux !
Vivant quasiment comme un couple « normal » Anna a dû faire des rêves insensés !
Qui n’en aurait pas fait à son âge ?
Alors, est-ce un manque de connaissance ? Ou peut-être une imprudence ? Ou encore un acte volontaire et pleinement assumé?
Personne ne pourra jamais sonder l’âme de mon arrière-grand-mère pour le savoir !
Bref ! La nature se moquant des rêves, Anna tomba enceinte !
On ne sait pas si le jeune veuf accepta avec « enthousiasme » la nouvelle de sa future paternité !
Car c’est ici que se terminent mes certitudes ! Enfin, jusqu’au dénouement final, qui lui, est de nouveau bien connu !
Il est intéressant de constater que ce qui suivit, est du domaine de la spéculation la plus pure.
On peut d’ailleurs faire toutes sortes de scénarios pour envisager l’enchainement réel des évènements qui suivirent.
Anna a-t-elle annoncé très tôt son état à son amant ou a-t-elle gardé son « secret » le plus longtemps possible ?
A-t-elle été victime de promesses inconsidérées de la part du jeune bourgeois, ou a-t-elle exercé un chantage sur lui par cette maternité ? Nul ne le sait !
Il est une autre certitude pourtant, et que j’avais oubliée au passage, c’est que le veuf annonça bientôt son remariage avec une jeune bourgeoise issue d’une bonne famille de la région, comme il se devait, bien sûr !
Comment et quand annonça-t-il la nouvelle à ma bi-aïeule ? Mystère !
Sans avoir fait une licence de psychologie, ni d’avoir lu, dans son entier, « la comédie humaine » de Balzac, on peut comprendre le désespoir abyssal qui dû saisir la pauvre enfant, et future maman de surcroit.
Car on ne plaisantait pas, autrefois, avec les « filles perdues » qui avaient vu « le loup » avant d’être passé devant Monsieur le curé ! Et qui plus est ; avec un enfant du « péché » !
Le déshonneur, le chagrin, la honte, et même la misère ! Voilà ce qui attendait Anna !
Comment ma pauvre parente surmonta ce chagrin ? Là aussi, c’est un mystère !
Il fallut bien que l’amour de la vie lui soit terriblement chevillé au corps pour qu’elle n’eut pas la tentation de commettre l’irréparable ! Sa tendre jeunesse, peut-être ?
Le jour de la belle noce bourgeoise arriva ! Tout le village était en fête ! Pardi !
Que l’on soit pauvre ou riche, un mariage à cette époque, et encore plus que maintenant, c’était une manifestation festive qui emportait toute une petite communauté, au-delà même des propres familles ! C’était un véritable évènement.
Quant à ma pauvre Anna, il est une certitude, c’est qu’elle était sur les lieux du banquet.
Comble de l’ironie cruelle de l’existence, elle participait, avec une foule de petites « esclaves » comme elle, à sa préparation !
Celui-ci se trouvait en plein air, apparemment dans une grande cour de ferme, par un magnifique soleil d’été faisant éblouir les nappes immaculées sur lesquelles s’étalait une vaisselle de riche où resplendissaient l’argent et le cristal !
Ah ! On n’est pas « bourges » pour rien !
Et une noce est bien le moment le plus propice pour étaler ses richesses !
Et puis, tout le monde est parti à l’église ! Strictement tout le monde ! Seule Anna est restée !
C’est marrant, mais je l’imagine bien, le front appuyé à la vitre de la cuisine, en train de regarder, songeuse, toutes ces agapes destinées au bonheur d’une autre !
Pendant ce temps-là, la messe se déroulait pieusement à l’église, au son de l’orgue vénérable qui en avait vu tant d’autres !
Ce fut comme toutes les messes de mariage : long et chiant, avec la marmaille qui pleure et les portes qui claquent à cause des retardataires !
La noce est sortie sous le carillon des cloches sonnant à toute volée grâce un bedeau déjà pompette, les poches pleines de monnaie et de billets !
C’est lorsqu’elle déboucha dans la cour de la ferme que les visages se figèrent d’effroi !
Les tables étaient vides !
Mais vides à un point ! On ne voyait plus que la surface de leurs belles planches en bois !
Il faut vous dire, qu’au milieu de cette cour, juste au centre du cercle formé par les tables, se trouvait un puits magnifique.
Un puit, avec une belle margelle ! Et d’une profondeur !
« Oh coune dé boune dille », comme on dit là-bas ! (Traduction phonétique bien sûr !)
Le gouffre de Padirac ! Pas moins !
Ah ! On savait faire les puits à cette époque là !
Et puis des nappes, c’est tellement commode pour y jeter des objets dedans!
L’épilogue de cette histoire familiale (et authentique !) c’est qu’Anna rencontra tout de même, un brave homme qui l’épousa, reconnu aussi sa petite fille qu’il éleva comme la sienne.
Quand je pense que j’ai peut-être des chromosomes d’un enfoiré de bourge ?
Terrifiant, n’est-il pas ?
Ce qui prouve que l’on ne peut pas maitriser ses origines, mais simplement les subir !
Pourquoi vous ai-je raconté cette histoire qui aurait dû rester secrète ?
L’impudeur de l’écrivain ou le désir d’une âme oubliée qui veut que son arrière-petit-fils
Raconte son exploit pour ne pas que les vivants oublient qu’une mauvaise action se paye toujours ?
C’est aussi pour montrer que les « timides » ou les « faibles supposés » peuvent avoir des colères froides aux conséquences ravageuses !
Et dire que j’ai peut-être son caractère !