samedi 6 juillet 2013

Sors de ce corps, Albert !

Il en est enfin sorti à plus de quatre vingt dix ans, moi qui le croyais mort depuis longtemps. C'est qu'il a habité un autre corps, il y a de cela plus de quarante ans. Et l'histoire que je vais vous raconter est tout à fait authentique. J'avais juste vingt ans et je faisais mon service militaire. Chose incongrue que mes enfants ne connaîtront jamais. Je venais d'être rapatrié de ma base de Bou-Sfer en Algérie, car le site de Mers-el-Kébir venait d'être rendu aux algériens par le général De Gaulle à la grande fureur de l'OTAN. J'atterrissais donc (ce qui est normal pour un militaire de l'armée de l'Air) sur la base d'Orange Caritat, dans le sud de la France, près d'Avignon. Belle base aérienne avec ses Mirage IIIC et ses Mirage IV porteurs de la bombe atomique française. J'eus l'immense bonheur, moi passionné d'aviation, d'être affecté dans la tour de contrôle avec ses immenses baies vitrées qui dominaient tout le paysage et notamment le mont Ventoux, si cher aux cyclistes du tour de France qui ressemble à si méprendre au « Fuji-Yama » que les japonnais vénèrent comme un dieu. Mais l'armée ne m'avait pas mis là pour admirer le paysage. J'avais pour mission de noter à la minute près, toutes les heures d'atterrissage et de décollage des appareils qui défilaient devant moi, ainsi que leur immatriculation, bien évidemment. J'avais aussi, une autre tâche tout aussi importante qui consistait à recevoir par téléphone les prévisions météorologiques de la région. Prévisions que je communiquais immédiatement au contrôleur aérien de service. Le premier jour de ma prise de fonction, au premier coup de fil du météorologue de service, je manque de lâcher mon combiné tellement ma stupeur est grande ! J'entends la voix parfaite, authentique, sans l'ombre d'un doute, inimitable d'Albert Simon. Pour les moins de quarante ans qui ne comprendraient pas mon étonnement et que tout ceci passerait au-dessus du « carafon » comme on dit vulgairement, c'est un peu comme si Laurent Cabrol leur téléphonait, sur leur « smart phone » pour leur donner les prévisions météo. A mon époque, ce cher « Albert » était connu des millions de Français par son accent chevrotant et inimitable. Ben ? la preuve que non !
« ça y est ! » Me dis-je en mon for intérieur qui n'était pas très fort à cette époque !
« J'ai droit au bizutage de service » ! Tous mes anciens compagnons de servitude militaire me comprendront ! C'est fou le nombre de « clés du champ de tir » qui ne furent jamais retrouvées ! Nous avions la version aérienne : « la clé de la porte GCA » ! Celle-là aussi en a fait courir des troufions et créer des angoisses terrifiantes  chez les malheureuses victimes! Bref je balance un sonore et définitif : «  va de faire foutre avec ta blague à deux balles ! » Ah mais ! Silence de mon « tortionnaire » même pas rigolard ! Je m'étonne. Une heure se passe. Je décroche à nouveau, et « Albert » imperturbable, me sort son nouveau bulletin météo, toujours avec la même voix. Mais son ton est si calme, presque navré et triste que je n'ose répliquer.. Toutes les heures, pendant toute ma vacation, va se reproduire le même scénario. Celle-ci terminée, un tantinet furibard et surtout intrigué, je fonce au bureau du CLA, sur la base, à deux kilomètres de là, autrement dit le « contrôle local d'aérodrome » où officient les gens qui préparent les plans de vol et les météorologues !
Là, je demande à voir le gars qui m'a balancé tous ces bulletins en se foutant de ma poire !
Ô stupeur ! Ô honte sur moi ! Je vois sortir d'une pièce, un jeune type, à la bouille sympathique, ronde et basanée, les cheveux crépus, c'est un jeune qui vient de son minuscule archipel du pacifique, Wallis et Futuna ! Quand il me demande, sur un ton poli et calme ce que je lui veux, je comprends avec horreur que c'est bien sa vraie voix ! Oh misère ! Rouge de confusion, je bafouille un prétexte idiot. Et c'est ainsi que pendant deux mois, j'aurais la merveilleuse et sympathique voix d'Albert, toutes les heures, qui m'accompagnera dans ma mission.
C'est donc ma modeste façon de rendre hommage à ce grand monsieur de la radio et de la météorologie nationale française.

lundi 20 mai 2013

La Pérouse : une tragédie française

S'il n'existe plus, pour moi, qu'une seule image du héros absolu, c'est bien celle de Jean François de Galaup comte de La Pérouse. Cet homme a eu un destin si riche, si fabuleux, si extraordinaire, sans que ce terme soit galvaudé, que je m'étonne, et même que je m'indigne du fait que son nom ne soit pas mieux connu de la plus part de mes compatriotes. Il mériterait pleinement qu'on lui consacrât nombre de statues et de noms de rue. Il le mérite mille fois. Jamais je n'ai lu plus de qualités humaines incarnées en un seul homme. C'était pourtant un noble du 18° siècle. Il était donc comte, d'une petite noblesse de province. Il était né à Albi, en 1741. C'était un « ci-devant » comme les nommèrent avec mépris nos proches révolutionnaires. Comble de la malchance historique, c'est un roi qui subira lui-même un destin tragique, Louis XVI qui le remarqua dans la solitude de la lecture de plusieurs centaines de dossiers d'officiers de marine, qui l'imposa tout seul, de son choix libre, à un ministère rempli de courtisans aux dents longues. Il l'avait choisi parmi plusieurs centaines de dossiers de capitaines anonymes, lui, le modeste officier de marine. Et pourquoi l'avait-il choisi ? Parce que, lors d'une mission impossible, dans le grand nord canadien, il avait montré d'extraordinaires capacités de commandement, et surtout de grandes qualités humaines. Rien que cette expédition aurait suffit à la gloire posthume de ce marin d'exception, tellement elle fut épique et aventureuse. Mais ce n'était que le début. Déjà, vous constaterez une lucidité et un bon sens peu commun, chez un monarque si injustement méprisé par la postérité historique. Postérité historique fabriquée par des historiens, plus enclins à servir l'idéologie du moment, que la vérité. D'ailleurs, il est un autre scandale, que je dénonce ici, par la même occasion; c'est que dans ma culture historique de citoyen français de base, ce sont souvent des auteurs et historiens étrangers qui m'ont révélé la vraie grandeur cachée de nos plus illustres personnages historiques. Ce fut vrai, par exemple, pour Louis XI. C'est un grand historien « américain » Paul Murray Kendal, qui me fit aimer et respecter ce grand roi tant calomnié, et certainement pas l'armée d instits laïcs qui firent mon instruction scolaire. C'est normal. Nous sommes tellement impliqués affectivement, idéologiquement dans notre propre histoire, que nous n'avons plus le recul nécessaire pour juger correctement le destin singulier de nos illustres compatriotes. Un regard étranger est toujours salutaire et bienfaisant. Celui qui examina avec générosité et passion La Pérouse s'appelle Hans-Otto Meissner. Il était Allemand ! Voilà donc un témoignage, on ne peut plus impartial et honnête.
Quand je pense à ce destin fabuleux je ne peux qu'être fasciné par la tragédie grandiose qui le sous-rend où se mêle l'époque la plus mouvementée, cruciale, définitive, de notre histoire, la révolution française,  et cette épopée maritime qui va se terminer par le drame et le mystère pendant des décennies. Il faut comprendre que lorsque La Pérouse entreprend son grand voyage, c'est un projet scientifique grandiose comme aucun pays au monde ne l'avait mis sur pied avant nous ! C'était l'équivalent du projet « Apollo » des Américains, comme le soulignera Meissner ! Et ce n'est pas exagéré au vue de l'armée de savants et de matériels scientifique embarqués ! Il doit apporter à la France des connaissances scientifiques et humaines considérables ! Et c'est ce qu'il fera ! Il va parcourir le monde, et principalement l'océan indien et l'océan pacifique. Il va à la rencontre de peuplades inconnues qu'il aborde pacifiquement, avec amitié, et respect, lui le lecteur de Rousseau et de son « bon sauvage », avec parfois une naïveté qui faillit lui coûter très cher ! Et
puis c'est le drame mystérieux !La disparition inexplicable au pire moment de l'histoire de notre pays. Et l'on
mettra des années à retrouver l'endroit exacte du naufrage des deux bateaux de l'expédition, l'Astrolabe et la Boussole, sur les récifs d'une petite île nommée Vanikoro, une île du sud de l'archipel des îles Santa Cruz, la partie la plus orientale des îles Salomon, dans l'océan Pacifique. Savez-vous que la dernière pensée de Louis XVI, avant son exécution, sera de savoir si on avait « des nouvelles de La Pérouse » ? Je vous laisse juge de la grandeur d'âme de ce monarque que l'on allait exécuter et tant calomnier par la suite ! Et il fallait que ce fût un Allemand qui nous le signalât !
Mais cette épopée fourmille de tant d'anecdotes, de tant d'événements fabuleux, qu'il me serait fastidieux, imprudents, et surtout impossible à raconter de nouveau. Surtout si un auteur beaucoup plus talentueux que moi l'a déjà fait ! Mais quelle grande production cinématographique ne pourrait-on pas faire de cette épopée fantastique et surtout, authentique !
Pourtant, dans ces milliers d'anecdotes qui se pressent autour de cette histoire, il en est une qui m'a semblé plus extraordinaire encore que les autres. Figurez-vous que lors de son dernier périple La Perouse débarque au Kamtchatka, dans le port de Petropavlovsk. Là, le grand capitaine donne une mission à un jeune officier de l'expédition. Il s'appelle Jean-Baptiste de Lesseps.Il était le secrétaire personnel du grand amiral. Oui !
C'est bien le père du futur bâtisseur du canal de Suez et de Panama, Ferdinand. Mais Jean-Baptiste, lui, accomplira un exploit peut-être encore plus extraordinaire, mais resté inconnu, hélas. Il va devoir rapporter à Paris tous les rapports et résultats scientifiques déjà collationnés par les savants de l'expédition. Il va avoir à traverser toute la Sibérie, l'Asie centrale, la Russie, l'Europe pour remplir sa mission. Et le transsibérien n'était pas encore construit ! Les adieux déchirants entre des gens qui ne devaient plus se revoir vivants, eurent lieux, le 8 septembre 1787 !
Près de quarante ans plus tard, après de nombreuses péripéties, un aventurier du nom de Peter Dillon rapporte à la cour du Roi de France, en octobre 1827, quelques reliques trouvées sur l'île de Vanikoro et ailleurs. Et quelle n'est pas la stupeur d'un vieil homme, revenu de Moscou où il a été ambassadeur, de retrouver, parmi ces objets la poignée son sabre qu'il avait laissé, là-bas, à Petropavlovsk, dans sa cabine, à bord de l'Astrolabe ! Il y a des choses ; comme celles-là, qui ne peuvent s'inventer.
Mais cette épopée est tellement riche, tellement foisonnante de mystères, d'aventures, de destins brisés, qu'il est impossible de la cerner complètement ; Et le miracle fait qu'elle vit encore généreusement par les travaux d'archéologie sous-marine qui ont été entrepris ces dernières années.
Nous sommes entrés dans une époque difficile, où l'on doute de nous, où l'on tente de nous faire disparaître nos repères les plus fondamentaux, nous faire croire que nous n'avons pas eu un grand destin, de grandes ambitions, mais quand je me mets à penser et à rêver à l'expédition de La Pérouse, et que je sais que mon pays, mon peuple a été capable d'engendrer un tel homme, un tel pur héros pour l'humanité toute entière, je me sens revivre et reprendre espoir en l'avenir. 

 Liens et sites intéressants sur La Pérouse








dimanche 31 mars 2013

La solitude de Joseph

Décidément ce prénom porte à la solitude. On connaissait déjà celle de l'époux de la Sainte Vierge qui fut un père « morganatique ». Situation peu enviable s'il en fut ! Il y eut aussi le célèbre « père Joseph » éminence « grise » de Richelieu, travaillant dans l'ombre du grand ministre à la pourpre cardinalice et dans la discrétion historique la plus absolue, au point que quasiment aucun de nos concitoyens ne connaît son existence. Ils ont déjà du mal à situer le siècle où vécurent ces hommes, ce n'est pas pour connaître les faits et gestes d'un obscur capucin ! Mais revenons à celui qui m'a inspiré ce récit.
Une maison d'édition a eu la grande générosité de me refiler deux places pour cette manifestation annuelle, ce « bûcher des vanités » littéraire que l'on nomme « salon du livre », à la porte de Versailles. Je m'y suis pointé très démocratiquement en RER et en métro. La voiture devenant un moyen de transport dispendieux et un casse-tête infernal pour se garer. Sans oublier le racket éhonté des sociétés de gardiennages de nos chers, très chers, tas de ferrailles. Je suis donc arrivé sans encombres dans ce grand temple de la culture livresque, au bout d'une bonne heure de transport.
J'avais eu la bonne idée, un peu snob et très utilitaire, de me munir d'un bon bouquin pour passer le temps !
Quoi de plus normal quand on se rend à un salon consacré aux livres ! J'arrive donc dans ce « Barnum » de l'édition, et je commence à parcourir toutes les allées, tous ces stands où se vend et s'étale la production littéraire de l'année. Il ne faut pas se leurrer, c'est bien à une « foire » à laquelle on assiste. Il s'agit de vendre sa camelote aux badauds qui passent. Mon goût premier, à moi, c'est d'abord pour les beaux livres, ces petits bijoux de l'artisanat de la reliures et des belles éditions aux très belles images. Ce n'est pas de ma faute, je suis d'abord un « visuel » ! Le contenant m'intéressant presque autant que le contenu. Et là je tombe sur les éditions « M.Moleiro »
Une splendeur ! Le « must » ! Plus beau et plus riche que ça, il faut être un oligarque russe pour pouvoir se les offrir ! Je prends deux petites brochures gratuites mise à la disposition du visiteurs. Je les mets dans mon sac en plastique sans conviction, par réflexe.C'est seulement de retour à la maison que je m'apercevrais avec stupeur tout la beauté fantastique des miniatures qu'elles contiennent !
Des enluminures dorées d'une grâce sans pareil sur l'art oriental et médiéval. Ah punaise ! Et gratos encore ! Si j'avais su, j'en aurais piqué plus d'une ! Ensuite, puisqu'il faut sacrifier un peu à la culture et à la notoriété de ceux qui viennent faire signer leur œuvre, je me suis diriger vers les stands des grandes maisons d'éditions. Comme je ne suis pas un fana du léchage de pompe culturel devant un écrivain qui dédicace son « chef d'oeuvre » je me suis contenter de le photographier au passage. Ah ! Il y en avait du « beau linge » littéraire ! Tout le petit gratin que l'on voit habituellement dans nos lucarnes magiques. Des journalistes, des comédiens, des écrivains, des docteurs, et même un juge d'instruction échappé de son cabinet. Mais franchement, tout ceci m'a saoulé très rapidement.
A propos de « saoulé » j'ai quand même eu le plaisir et la joie de découvrir une « rareté » une chose incongrue ; le piano à cocktails du regretté Boris Vian ! Malgré cette petite distraction culturelle d'un autre âge, je n'ai plus le goût pour ce vedettariat temporaire et fabriqué à la gloire de la vanité humaine fragile et
très éphémère. C'est donc, un peu fatigué et désabusé que je me rapproche tout doucement de la sortie. Les stands sont plus clairsemés, la foule beaucoup moins dense, et le chaland plus rare. Et c'est là que je l'aperçois, mon brave Joseph. Il est assis derrière son stand, son tas de bouquins bien sagement entassés devant lui. Mais personne autour de lui ! C'est le grand désert ! Il est désespérément seul. Il ressemble à un petit retraité tenant un stand, au forum des associations de sa commune. Pourtant, sa bouille ronde et ses cheveux argentés me disent vaguement quelque chose.
Ah bon Dieu ! Mais c'est bien sûr ! Je vois soudain le titre des livres, sur la table :
« Un sac de billes » !
Joseph Joffo dont tout le monde a ,au moins, un exemplaire d'un de ses livres chez lui ! J'ai comme un pincement au cœur quand j'entends, au loin, les clameurs qui s'élèvent des stands des « vedettes »  du jour ! « Sic transit gloria mundi » ! J'adore cette expression latine que nos pères citaient souvent : « « Ainsi passe la gloire du monde » ! Et c'est bien vrai, quand je vois la silhouette voûtée de ce brave  Joseph ! Personne autour de lui ! Et moi, j'ai la suprême faiblesse, la timidité redoutable, la petite lâcheté mesquine de ne pas lui accorder, ne serait-ce que quelques instants de mon temps qui n'est plus précieux pour personne, depuis belle lurette ! Même si la création est un exercice solitaire, tout créateur a le désir secret d'une gloire populaire tapie au fond de son cœur. Même Cervantès, le « manchot de Lépante » lorsqu'il écrivait son « Don Quichotte » au fond de sa prison pour dette, devait y songer un peu. Même s'il ne se doutait pas de la renommée universelle et intemporelle que son chef d'oeuvre aurait par le suite. Quand cette gloire vous tombe dessus, quel bonheur cela doit-être ! Aucune grande fortune au monde ne peut donner ce genre d' ivresse. Mais quand elle s'envole ? Qu'il ne vous reste plus que l'amertume des souvenirs ? Pourtant, je suis sûr d'une chose, concernant cet auteur passé de mode, c'est qu'il lui reste un plaisir absolu, un bonheur simple que l'on ne lui retirera jamais. Ceci étant vrai pour n'importe qui ayant découvert ce trésor caché : l'écriture ; c'est la joie simple de générer des mots, des phrases, de créer des personnages ou simplement de raconter de belles histoires, inventées ou réelles qu'importe ! Tels des dieux, les créateurs sortent du néant ce que leur intelligence met en forme pour le bonheur de la multitude. Que l'on soit anonyme, célèbre, ou tombé dans l'oubli l'essentiel c'est de savoir que créer c'est faire un don de soi aux autres! Et d'une certaine manière, c'est une autre façon d'aimer la vie et l'humanité. Alors, mon brave Joseph « solitaire », je tempère ma tristesse à ton sujet, sachant tout le bonheur secret qui dort encore en toi.



mercredi 20 mars 2013

Espion....couche-toi !

Vous aurez remarqué toute de suite, j'en suis sûr, l'espièglerie littéraire habituelle qui consiste à détourner le titre d'un film célèbre  d'Yves Boisset: « Espion, lève-toi ». Vous finirez par comprendre le « pourquoi » de la chose, si vous avez le courage ou l'amitié de suivre mon récit jusqu'au bout ! Ne me dîtes pas non plus, que vous n'avez jamais vu le film « La totale » où l'on voit un faux ingénieur des Télécoms, sous les traits de Thierry Lhermite, tromper « professionnellement » sa pauvre épouse jouée par Miou-miou. Celle-ci ne se doutant pas une seconde des activités d'espionnage de son mari au service de la France ! Petit film sympa que nos charmants camarades amerloques nous ont honteusement pillé, en en faisant une grosse machinerie hollywoodienne : « True Lies » avec Schwarzenegger et Jamie Lee Lewis. Dès qu'on a un scénario original, il faut immédiatement que ces « sauvages » nous le piquent ! Je ne dis pas que le film n'est pas une réussite méritée, mais quand même ! Vous vous demandez pourquoi je fais cette « intro » aussi tonitruante dans le monde de l'espionnage. C'est simple ; j'ai vécu, moi aussi, à mon modeste échelon, un peu de cette aventure à la « true lies » dans la grande entreprise aéronautique dans laquelle j'ai « sévis » pendant plus de trente ans. Est-ce dans mes gènes ou un penchant, au fond, assez commun, mais j'ai toujours été fasciné par le monde du renseignement et des espions. Je tiens peut-être aussi cela d'une grand-mère paternelle, s'ennuyant ferme dans ses Ardennes, qu'avait fui Rimbaud, un siècle auparavant pour les mêmes raisons, et qui collectionnait « religieusement » la célébrissime revue criminelle : « Détective » ! Revues qui s’amoncelaient dans le grenier de sa maison et que je parcourais pendant les journées pluvieuses des vacances de mon enfance. Comme le disait, d'une manière si charmante, Raymond Devos, dans un de ses sketchs célèbres, à propos de Saint-Simon ; ma chère « Mémère » avait la mémoire en trou de serrure et se passionnait pour toutes les affaires criminelles de son époque.Pour ajouter du « charme » à cette « tare » familiale, j'ai eu aussi, un grand oncle, toujours du côté paternel, qui m'avoua un jour, avoir fait partie de la DST à son origine. Il se vantait même, d'avoir eu pour mission d'ouvrir secrètement, à la vapeur, des courriers dangereux. Jetons un voile pudique sur ces confidences un peu suspectes car je les soupçonne fort d'avoir été inventées pour éblouir un garçonnet trop crédule ! Mais revenons, s'il vous plaît, à ma grande société aéronautique où je débarquais au début des années 70. Émerveillé par ce monde de l'aviation qui me passionnait, et qui me passionne toujours, je ne m'étais pas du tout rendu compte qu'elle pouvait abriter un véritable nid d'espions que l'on nomme parfois d'une manière élégante et un peu snob : « honorables correspondants » ! J'aurais dû pourtant m'en apercevoir assez rapidement à cause d'un incident survenu quelques années après mon embauche, quand je passais de mon service opérationnel sur les pistes, à celui, très nouveau et fascinant de l'informatique dans les sous-sols de l'aérogare d'Orly-Sud. J'avais là de nouveaux collègues, des supérieurs et un chef de service qui fleurait bon la Bretagne et les embruns, très sympathique avec sa tête ronde sortie tout droit du pays bigouden ! C'est à cette époque que survint une surprise, un tantinet désagréable, et qui me tomba sur le paletot sans crier gare ; j'étais convoqué par l'armée pour faire une période militaire de trois jours ! Plus de trois ans après la fin de mon service ! J'en avais plutôt gros sur la « patate » ! Non mais imaginez un peu ? Vous croyez en avoir fini avec l'armée, que c'est un souvenir qui s'estompe, et poum ! On vient vous cueillir pour recommencer le cirque militaire ! Et pas moyen d'y échapper !
Sinon, vous êtes considéré comme « déserteur » et les gendarmes partent illico à votre recherche.
Le copain qui a fait ses trois jours avec moi, les gendarmes sont allés le chercher aux Pays-Bas, à Amsterdam, où il était commercial pour une société ! Raccompagné en train, entre deux gendarmes !
Mais vous allez voir le plus étrange ; c'est que la « réserve » comme on l'appelle, et qui peut sembler nécessaire pour certaines fonctions délicates qui exigent un entraînement périodique, ne concernent quasiment que des officiers, ou des sous-officiers, à l'extrême rigueur. Jamais des « deuxièmes pompes » comme moi ! Et ben si !
Moi qui ne gagne jamais au loto, au tiercé, parce que je n'y joue jamais, là, j'avais décroché la timbale ! Moi, simple soldat, simple troufion, l'armée jugeait ma présence indispensable !
Et pas n'importe où,  s'il vous plaît ! Dans l'endroit le plus secret, le plus gardé, le plus mystérieux de l'époque ; le PC atomique souterrain de la base de Taverny, au nord de Paris. 
La base aérienne BA921 qui ne possédait aucun avion ! Et pour cause !
Je vous rassure tout de suite ; cette base n'existe plus et ses missions ont été transférées, si je suis bien au courant, du côté de Lyon. Donc, il y a prescription, et je peux en « causer » librement !
Alors, voilà-t-y pas que je débarque dans cette base, un lundi matin, en civil, bien entendu !
Ils n'ont pas poussé le vice jusqu'à nous rhabiller en militaires ! Un sergent m'emmène dans sa « jeep » à l'intérieur de cette caverne monumentale. Ce qui m'amuse, c'est que les « jamesbonderies » que j'ai vu au cinéma ne m'impressionnent plus du tout, à côté de ce que j'ai aperçu durant mes pérégrinations militaires. On croit que c'est une banalité de dire que la réalité dépasse la fiction ; ce n'est pas une banalité, et la fiction est toujours enfoncée!
Au bout d'un voyage interminable, passant de lourdes portes blindées, nous arrivons dans d'immenses salles de contrôles avec les cartes partout sur les murs, des consoles radars aussi nombreuses que dans une laverie automatique de la banlieue. Je me remets un peu de ma surprise. J'ai la tête qui me tourne. Je suis ébloui par tout ce qui m'entoure. Je suis encore dans cette disposition mentale lorsqu'une porte s'ouvre sur un type en uniforme de capitaine de l'armée de l'Air. Et là ! Oh  stupeur ! Mon chef de service d'Orly ! On reste tous les deux pétrifiés par la surprise !
_Vous ? Mais qu'est-ce que vous foutez là ? Me demande-t-il avec un grand sourire !
_Et vous ? Monsi.....Pardon ! Mon capitaine !
Je ne vous parlerai pas de ce que j'y ai fait. Déjà, parce que j'en ai la flemme, et parce que cela ne vous passionnerait probablement pas ! Le seul petit détail cocasse que je puis révéler et qui m'a beaucoup amusé, c'est que j'avais devant moi un panneau avec un tas de bouton rouge sous lesquels on pouvait lire des lieux précis, des endroits de Paris et de toute la région parisienne. C'étaient les boutons de commandes de toutes les grosses sirènes d' alerte qui sonnent une fois par mois à midi !
Ah ! Je vous vois venir ! Moi aussi, ça m'a démangé ! Mais je ne suis pas sûr que cela aurait été très apprécié par les « huiles » en uniformes autour de moi, et cela aurait eu pour conséquence de prolonger un séjour que je voulais plutôt écourter ! De retour à mon boulot d'informaticien, à Orly, je croisais souvent mon « capitaine » et nous avions un sourire de connivence comme ceux qui partagent un secret bien gardé. Ce qui m'étonnait aussi, c'était ses très nombreux voyages à l'étranger. Il se vanta même, un jour, de revenir de Chine ! Et croyez-moi, à l'époque, ce n'est pas aussi courant qu'aujourd'hui ! La partie de « ping-pong » sino-américaine qui scellait l'ouverture politique de ce pays était encore très récente. Mais je n'en saurais pas plus ! Il est même fort probable que je fantasme gravement sur une activité qui n'a jamais eu lieu. Et s'il l'apprenait, il serait sûrement le premier à se taper sur les cuisses de rigolade. Comme je vous l'ai déjà signalé, je me suis passionné depuis toujours pour le monde du renseignement. Mais le « vrai » ! Pas celui du cinéma ou de la littéraire. Bien que dans ce dernier domaine, celui qui s'en approche le plus est John LeCarré ! Forcément, il fut lui même un « honorable correspondant ». Voilà pourquoi je collectionne depuis longtemps certaines biographies intéressantes : William Colby, Vernon Walters, De Marenches, Roger Wybot, Leroy-Finville, Barril, ect...Rassurez-vous, je ne suis nullement dupe de la sincérité, un tantinet frelatée, de ces spécialistes du mensonge. Vous pensez bien, que ce qu'ils daignent nous raconter, est aussi insipide et délavé qu'un roast-beef anglais bouilli dans une sauce à la menthe ! C'est un joyeux « brouet » ou chaque mot est pesé pour ne pas révélé des secrets que le simple quidam ne doit jamais savoir ! Ce fut surtout vrai pour William Colby, ancien directeur de la CIA dont j'avais acheté et dévoré le livre. J'ai revu, très récemment, et par le plus grand des hasards, un documentaire télé qui lui était consacré. C'est ainsi que j'ai découvert (mais pouvait-il en être autrement) que ce cher « William » avait omis de nous raconter beaucoup de choses sur ses activités, notamment au Vietnam, et qui ne se trouvaient pas dans son bouquin. Malgré tout, je ne pouvais résister à mon petit « péché » mignon ! Dans ces montagnes de mensonges, il y avait peut-être une miette de vérité qui pouvait m'intéresser ? Allez savoir ? C'est ainsi que je fis l'acquisition du livre des mémoires d'Alexandre de Marenches, ancien patron de la DGSE dont le nom fleure bon la vieillesse noblesse française. Il est d'ailleurs assez cocasse de constater que nos « ci-devants » ont bien su, depuis cette dramatique époque révolutionnaire, se reclasser dans des postes prestigieux dignes de leur ancien rang : diplomatie, industries, politique, ect... « Chassez le naturel... ». Donc, je parcours son livre et soudain, je tombe sur un autre nom à particule ! Mais sur celui-ci, je vais rester discret. Car il me dit « vachement » quelque chose, celui-là ! Je le croise tous les jours au boulot ! D'accord ! Un nom ne veut rien dire ! Il y a plus d'un âne qui s'appelle Martin me rappelleront certains, d'une manière très vulgaire et déplacée. Mais le mien « d'âne » ne s'appelle pas Martin et son patronyme n'est pas courant, et surtout qu'il porte le nom d'un patelin de la région ! Il est le commercial (qu'est-ce que je vous écrivais plus haut?) d'une grosse société d'informatique, dont je tairais aussi le nom. Sa qualité professionnelle l'amène très fréquemment chez nous pour des contrats pharaoniques de matériels informatiques dernier cri. Et tout le monde sait que dans ce domaine, la valse des nouveautés n'a pas fini de tourner, même à notre époque.
Oh punaise ! Ce serait quand même....extraordinaire ? Non ! Je rêve ! Je fantasme ! Je vais me réveiller ! A chaque fois que je croise dans les couloirs ce monsieur très chic, très « vieille France », sa silhouette mince, « passe-partout, avec son costume gris clair et son gilet assorti, mon cœur rate un battement et il me brûle de l'apostropher.
Et puis un jour, sans crier gare, sans l'avoir voulu, Ô miracle ! Une occasion inespérée se présente.
Notre service, comme tout bon service informatique, possède un vaste atelier de reprographie où l'on fait force photocopies où l'on conditionne les listings sortis tout frais des imprimantes de nos gros ordinateurs, et où on va même jusqu'au massicotage et à la reliure de brochures diverses !
J'entre donc dans l'atelier pour une vulgaire petite photocopie. Dans la salle désertée pour cause de repas j'aperçois mon homme, seul, devant la photocopieuse. Alors là, c'est le moment ou jamais ! Je m'approche timidement de lui, et je lui sors tout de go :
_Pardon Monsieur de.... vous n'auriez pas un parent à la DGSE, des fois ? Oui, je sais ! Il faut être gonflé, inconscient, mal poli, indiscret, imprudent, et bien des choses pour avoir ce culot !
Mais que voulez-vous, ma curiosité et ma soif de connaissances ont toujours été chez moi, une maladie « orpheline » contre laquelle je n'ai jamais pu lutter victorieusement.
Et là, je vois mon homme faire le regard circulaire classique, que l'on voit dans tous les bons polars, dans tous les bons films d'espionnage, ou « l'indic » qui s'apprête à donner un renseignement capital, fait vachement gaffe pour savoir si personne d'autre ne vas écouter sa confidence. Il se penche vers moi, et me fait dans un murmure de connivence :
_Vous êtes de la « Maison » ?
Oh purée ! Le choc ! J'aurais reçu une décharge électrique de cent mille volts que je n'aurais pas été plus secoué ! Car ce terme de « maison » distillé comme un mot de passe convenu entre gens du même « club privé » me faisait comprendre que j'avais visé juste.
_N...on ! Non ! Bredouillais-je très rapidement et lamentablement. Et je m'empresse de lui expliquer le « pourquoi » de ma curiosité. Il se fend d'un large sourire, et me fait cette confidence qui ne me rassure pas du tout.
_Non, il s'agit de mon frère qui est le directeur du service « action » !
Hou ! La ! La ! Je me recroqueville mentalement de plus en plus ! Je serre les fesses beaucoup plus concrètement et je pense en mon for intérieur ; « mais qu'est-ce qui m'a pris de me mêler de ce qui ne me regardait pas ? ». Pourtant, mon interlocuteur, très affable et qui ne semble pas du tout gêné par mon indiscrétion, me fait l'insigne honneur de discuter le « bout de gras » sur cette « maison » qui semble fortement être aussi la sienne.
Étonnant non ? Et pourtant, parfaitement authentique. Je vous le jure ! Je me suis quand même retiré sur la pointe des pieds, les muscles fessiers toujours bloqués, en faisant une petite prière pour que mon interlocuteur éphémère n'aille pas raconter cette petite entrevue à son frangin. Dans ces milieux là, on ne sait jamais ce qui peut leur passer par la tête. Dieu merci, je suis toujours vivant ! Car je suppose que nous n'avons pas dû échanger des secrets vitaux pour la sauvegarde de la nation française. Ceci vous explique que mon milieu professionnel était quand même bien exposé à ce genre d'activités plus ou moins louches. Je me souviens aussi, quasiment à la même époque, d'un de nos chefs de service au profil plutôt bizarre. Déjà, c'était un ancien colonel de parachutiste. Si ! Si ! J'écris bien « colonel de paras » ! Ce qui ne l'empêchait pas d'être à la tête d'un service informatique. Il avait gardé de son ancienne activité militaire des réflexes et des tics assez « folkloriques ».
C'est ainsi que dans nos réunions hebdomadaires, il ne manquait, pour rappeler l'armée, que les casques lourds, les treillis et les cartes d'état-majors. Cela ressemblait plus à un briefing avant une action militaire qu'à une réunion de travail sur nos problèmes informatiques. Et nous attendions tous, avec gourmandise, la dernière et immuable phrase, de notre « chef de bataillon » en guise de conclusion :
Bon ! J'espère que tout le monde à les couilles claires ?
Et là, de nous esclaffer grassement et hypocritement comme tous les bons fayots d'employés vis-à-vis d'un supérieur.
Jusqu'au jour où il s'aperçut que parmi tous les mâles qui constituaient habituellement nos réunions se trouvait, pour la première fois, une représentante du sexe féminin. C'est bien la seule fois où nous l'avons vu rougir jusqu'aux oreilles en se fendant de plates excuses auprès de cette dame qui prit la chose avec beaucoup de joie comme vous pouvez vous en douter !
Que notre chef fut un ancien militaire, en soi, cela ne prêtait pas à fantasmer sur d'autres activités plus ou moins irrégulières, mais, mais, mais..ce que j'appris par les confidences d'un collègue était beaucoup plus suspect.
Celui-ci était vaguemestre et s'occupait du courrier interne de l'entreprise. C'est ainsi qu'il m'apprit que notre brave colonel l'envoyait souvent porter des lettres confidentielles dans divers ministères stratégiques de la république. Et qu'on aille pas me dire que cela concernait exclusivement « l'informatique » ! Ah ! Il s'en passe des « choses » sur nos belles plate-formes aéronautiques.
Ce qui est tout à fait logique quand on sait qu'elles sont ouvertes sur le vaste monde et que tant de monde s'y croise !
Pour conclure, si vous pensez que tout ceci sort de l'imagination débridée et irresponsable d'un romancier raté en peine d'attention, vous aurez raison ! Je ne tiens pas à avoir d'ennuis avec la....
« maison » !
Et l'espion très.... amateur que je suis, n'a plus qu'à aller se.....coucher !


dimanche 10 mars 2013

Le fils caché de Galabru

Les vérités graves vous tombent dessus, au soir de votre vie, alors que vous ne demandez rien à personne. Je vais même provoquer un scandale en semant le trouble et la zizanie dans la famille d'un grand acteur que j'admire et que j'aime depuis toujours ; Michel Galabru. Cela me fait de la peine mais la vérité a parfois des exigences que nul ne saurait combattre. J'avais bien eu quelques soupçons à l'examen de toute la filmographie de ce grand personnage de la scène, en l'examinant de près. Quelques réflexions d'amis ou de proches m'avaient mis aussi la puce à l'oreille. Mais comment pouvais-je me douter ? Jamais ! Ô grand jamais, une pensée aussi insolente ne m'avait traversé l'esprit ! Pensez-vous ! Le premier souvenir de mon futur « papa » est tellement fugace que c'est à l'occasion de la vision du générique de « Cyrano de Bergerac » avec le regretté Daniel Sorano, que je me souvins d'un certain Ragueneau joué par mon « géniteur » incongru J'avais alors, à peine douze ans ! Galabru, ce que beaucoup trop de gens ignorent, faisait alors partie de la Comédie Française. Je l'ai donc suivi de loin, tout au long d'une carrière d'acteur magnifique. Je ne m'étendrai pas sur ses rôles de gendarmes dans la ville de Saint Tropez. Non pas que je n'y ai pas pris beaucoup de plaisir, comme des millions de Français, mais mes souvenirs les plus magnifiques, mes plus grandes joies dramatiques que je lui dois sont : « les Rustres » de Goldoni. Le Molière italien ! Et il y eut aussi le génial et sombre film: «le juge et l'assassin » où il déploya toute l'étendue de son génie d'acteur. Galabru acteur comique ? Qui l'a vu dans « Uranus » de Claude Berri où il joue un père atroce qui vomit un fils encore plus pourri que lui, pendant l'occupation allemande, ne le verra plus sous cet unique aspect. Bref ! J'étais totalement innocent de la connaissance de cette filiation quand survint un incident qui me révéla ce secret redoutable.
Je me promenais à vélo quand je rencontrais un ami accompagné, comme à son habitude, de ses deux petits chiens. Je descends de ma bicyclette, je lui fais un brin de causette,et voilà t-y pas qu'une voiture s'arrête brutalement, en pleine rue, à notre niveau. Une jeune femme en sort en courant et qui se précipite vers nous. Tiens ? Elle cherche une adresse ? Pas du tout ! Madame veut des renseignements sur les toutous de mon ami. S'engage une conversation un brin décalée, à laquelle se mêle encore une autre femme trimbalant un autre « toutou ». Je me sentais un tantinet « piéger » dans cette conférence sur des « clébards » dont je me foutais royalement. Heureusement, la conversation se termine et cette jeune femme se met à foncer en courant vers sa voiture. C'est alors qu'elle se retourne et me fixant de ses yeux d'un bleu délavé qui me clouent l'âme, elle me lance cette phrase impérissable : « Vous savez que vous êtes le portrait craché de Galabru ? »
Ça, c'est un truc à vous flinguer sur place, à faire un « infractusse » illico ! Surtout que nous n'avions pas échangé un seul mot, vu que j'étais le seul à ne pas avoir de compagnon canin, donc pas « intéressant ». Vous dire que mon atteinte au moral fut sévère serait d'une banalité désarmante, car le fait d'être probablement le « fils caché de Galabru » est sûrement une grande fierté intellectuelle que l'on ne saurait refuser, mais sur le plan physique qu'il y aurait comme quelque chose de lourd à porter. Si, du moins, vous compreniez à demi-mot ce que je veux dire ! (Et cela m'arrangerait beaucoup). Sur le plan de la fierté paternelle, j'y ai beaucoup gagné. Par contre sur le plan de ma séduction personnelle....mon deuil est définitif et sans appel !
Pardon Maître ! Je vous aime !

mercredi 27 février 2013

Bonsaï ! Bonsaï !

Ce matin, je farfouille dans mon blog. J'exhume un vieil article, je l'édite, je corrige un mot, je rajoute une citation, une photo etc.. ! C'est alors que surgit d'une manière subliminale et incongrue, dans ma pauvre cervelle, l'image d'un bonsaï ! Allez savoir pourquoi. Mais à côté de cette belle plante miniature, une silhouette humaine apparaît aussi, avec de petits ciseaux qui taillent de ci-de là, les minuscules feuilles de cet arbrisseau « japonouille ». Je suis sûrement influencé par un reportage que j'ai vu, la veille, sur France2 et consacré à cet art ancestral nippon. Le plus cocasse c'est que le spécialiste français, nationalement reconnu se trouve à Châtenay-Malabry, la ville de mon enfance. C'est alors que je comprends subitement ce qui m'a provoqué cette pensée pas si « incongrue » que cela! C'est parce qu'à ma manière, je travaille aussi sur mes « bonsaïs » !
Certes ! Ce ne sont pas de beaux végétaux que l'on cultive en pot, mais chacun de mes textes est un être vivant dont les mots sont les feuilles et que je dois, moi aussi, tailler, raccourcir, entretenir si je ne veux pas qu'il meurt dans l'oubli ou qu'il se dessèche avec le temps. Certains ont plus de succès que d'autres ! Je n'ai jamais compris pourquoi ! C'est le mystère absolu de toute création, de tout objet crée. On a du mal à admettre qu'il a sa vie propre, et qu'il vous échappera totalement. Comme votre enfant, vous le verrez agir et grandir, en être dépossédé par les autres qui y trouveront un bonheur ou un intérêt que vous n'aurez même pas su deviner, au moment même où vous le mettiez sur les « fonds baptismaux » de votre esprit.
Alors je vais continuer à cultiver mes « bonsaïs littéraires » et s'ils pouvaient avoir la même longévité de leurs confrères végétaux, ce serait inespéré ! Plusieurs siècles pour certains !
Certains « cafardeux » vont encore me chercher des noises pour mon titre ! Oui ! Je sais ! Le vrai cri de guerre des japonais c'est « Banzaï, Banzaï ! Et si moi, j'ai envie de mettre un peu de douceur dans ce monde de brutes ?


Le Bonsai avec passion 

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jeudi 21 février 2013

Henri Guillemin

Pendant longtemps j'ai cherché un titre à la hauteur de l'admiration que je porte à cet homme merveilleux. Et puis je me suis rendu compte qu'un seul aurait eu son agrément tant sa rigueur intellectuelle l'imposait. Depuis toujours j'ai une passion enfantine et fascinée pour les grands conteurs. J'ai le plus grand respect pour tous ces hommes et toutes ces femmes qui savent  « raconter », mais qui font surtout passer un souffle de passion sur le récit ou sur le sujet qu'ils servent ainsi avec talent. Et le sujet dont savait si bien servir Guillemin, c'était l'histoire. Quel bonheur d'écouter ce grand intellectuel, au sens vrai du terme, l'entendre tailler à coups d'arguments rageurs dans des vérités historiques, imposées par l'idéologie sociale des puissants qui se succèdent au pouvoir depuis toujours dans notre pays et ailleurs !

Pour cet amoureux fou de la vérité historique ce fut un sport dangereux ! Et il le savait ! A présent, le mensonge règne en maître absolu! Il se croit le plus fort ! Il a l'arrogance tranquille de tous les vaniteux puissants, qui sont sûrs de leur impunité.Heureusement pour le monde et l'Humanité, il y a toujours eu des gardiens de la Vérité universelle et qui veillent à ce que le pouvoir du mensonge vacille et soit enfin terrassé. Henri Guillemin fut de la race de ces « veilleurs » de ces « porte-flambeaux » qui se relaient tout au long des siècles pour transmettre la lumière et la chaleur de cette Vérité éternelle sans laquelle nous ne pourrions survivre ni progresser. Dans ma petite lucarne informatique je l'ai souvent écouté avec plaisir. Malheureusement, la vie est parfois misérable et mesquine; j'ai failli oublier ce merveilleux conteur.

Heureusement, par un hasard extraordinaire, lors d'une recherche sur le net, je retombe à nouveau sur ses vidéos. Et là, qu'elle ne fut pas ma joie, je tombe sur ce chef-d’œuvre de confession lyrique et mystique à la fois, intitulé :  « ma conviction profonde ». De ma vie, je n'ai jamais été aussi ému et aussi bouleversé par un récit sobre, concis, précis, clair, simple et purifiant l'âme comme l'eau d'un ruisseau de montagne. Vous savez comme moi, que dans l'existence, on se trouve parfois terriblement seul avec ses doutes, avec ses chagrins, avec ses angoisses, avec ses interrogations, alors jugez de la joie que l'on peut éprouver quand on entend un être qui vous prend par la main, amicalement, pour vous montrer son Espoir, la fin de sa Quête spirituelle, qu'il vous la livre sans pudeur , gratuitement et bénévolement. Alors vous comprenez immédiatement, que ce « don précieux », il n'est pas donné qu'à vous. Il vous saute à la figure, et que vous avez le devoir impérieux de le répandre autour de vous. Ce n'est pas le « secret » de quelques sectes vaniteuses et élitistes ! Oh non ! C'est un don qui doit être partagé universellement. Car Henri Guillemin était un authentique "homme du Peuple" et qui désirait que son savoir soit donné à tous, sans aucune exception, car la Connaissance doit appartenir à tous, que le Savoir est délivrance, qu'il brise les chaînes de la servitude de ce peuple dont il était issu lui-même et dont il était fier.

Mais trêve de discussion, mon ami et mon Maître ne mérite qu'une seule chose de ma part ; que je vous livre tel quel son message :


samedi 2 février 2013

6 février..............

Pour la gente masculine, il est un phénomène universellement constaté ; elle a toujours eu de grosses défaillances de mémoire quand il s'agit de fêter des anniversaires. Surtout celui des compagnes ou des épouses ! Allez savoir pourquoi ? Quant aux dates historiques.....à part le sempiternel et agaçant 1515, c'est un désastre de plus en plus grand dans la culture de nos compatriotes.
Mais il est une exception magnifique ; la date de son anniversaire. Seul événement « historique » digne d'intérêt pour nous tous, il faut bien l'admettre. Alors je ne vous parle de la mienne. Même avec un seul neurone en mauvaise santé, dans une boite crânienne trop grande pour lui, vous avez deviné quand je suis né. Information banale pour vous, et qui ne vaut pas le « détour » ou la moindre attention. Vous allez voir que non ! Car mon frère cadet est né strictement, lui aussi, le même jour ! Avec trois ans d'écart. Mais la coïncidence familiale ne s'arrête pas, quand je vous aurais appris que ma grand-mère maternelle était née, elle aussi, un 6 février !
Alors maintenant je vais faire un grand saut périlleux dans une grande « aventure » dont tout le monde se fout quand j'ai la très mauvaise idée de la raconter, lors d'un dîner de famille, par exemple ! Ayant la persévérance des gens un tantinet « borné », je vais quand même vous la raconter.
Figurez-vous que j'apprends, en plein dans son mandat présidentiel, que le président Reagan était né, lui aussi, un 6 février ! Et qu'on allait fêter joyeusement et très médiatiquement ses 75 ans.
Je ne sais pas se qui se passe alors dans ma caboche. Toutefois, mes neurones organisent un « brain storming » d'enfer pour me pondre un fait extraordinaire. Je vais, moi-même, avoir 39 ans !
Ah je sens, comme une légère impatience agacée dans votre esprit! Qu'est-ce que c'est que cette histoire idiote ? Patience ! Car vous avez oublié que mon frère a trois ans de moins que moi ! Il va avoir 36 ans. Vous ne voyez toujours pas? Alors là ….vous le faîtes exprès. Oui, c'est ça ; 39+36=75 ans !
Émerveillé par la trouvaille (je suis bien le seul) je commets alors un acte d'une extraordinaire audace, mais aussi,d'une impardonnable stupidité, il faut bien le reconnaître qui, même des décennies plus tard, me fait encore « honte » ! J'écris carrément cette histoire, dans une belle lettre adressée à l'Ambassade américaine à Paris, pour faire suivre. J'attends avec l'impatience que vous devinez, la réponse amicale de remerciement de ce président, que je pourrais ainsi faire « encadrer » dans mon bureau, pour être le « trésor familial » que l'on se passera de génération en génération ! Vous pensez bien que je n'eus aucune nouvelle de ma missive incongrue. Il est même possible qu'un agent de la CIA soit venu rôdé autour de mon domicile, pour voir s'ils n'avait pas affaire à un fou muni de « mauvaises intentions ». Pour effacer (momentanément) de ma mémoire ce souvenir d'une cuisante défaite d'amour-propre qui sont, comme chacun le sait, les plus douloureuses, je vais vous parler beaucoup plus sérieusement des autres « 6 février ». Le plus célèbre fut le 6 février 1934 qui vit les « hordes fascistes » comme le disaient nos « bons » maîtres, se déchaîner à Paris. Ce qui nous valut un « raz-de-marée » de la gauche en 1936 ! Comme beaucoup plus tard, la fièvre « gauchiste » de mai 68 amena un « raz-de-marée » de la droite au mois de juin suivant. Pour clore, (et non pas le stupide « pour clôturer » n'ayant de « clôture » en fil de fer barbelé à mettre autour,) mon histoire de date, je m’apprêtais à vous donner la liste de quelques célébrités nées un « 6 février », mais je m'aperçois que sur la « toile » Internet a déjà fait le boulot ! Alors, je ne vous citerai que ceux qui me plaisent :


-Patrick Macnee (Chapeau melon et bottes de cuir)
-François Truffaut, cinéaste français
-Bob Marley, né Nesta Robert Marley, chanteur de reggae
-Jacques Villeret, comédien français

PS : Non, ce n'est pas un prétexte déguisé pour qu'on envoie des cadeaux ! Et c'est vraiment par hasard si nous sommes en février !

jeudi 24 janvier 2013

Un moment de faiblesse indécente

Comment pouvais-je deviner que le simple fait de revoir ce film, « My Fair Lady » allait être très dangereux pour ma santé sentimentale? Voilà ce que c'est que de ne pas prendre de précautions suffisantes. J'étais là, à « zapper » comme un malade sur la télé, à la recherche de quelque chose d'intéressant à me mettre sous les yeux. Il y a longtemps déjà que les concours de « brailleurs » et « brailleuses » se prétendant chanteurs ne m'intéressent plus. J'ai viré, depuis des années, de mon champ de vision, par une prophylaxie sanitaire mentale, tout ce qui se rapporte à une escroquerie morale qui ose s'appeler « télé-réalité » où il n'y a plus un atome de cette réalité, mais où tout est fabriqué pour les instincts les plus bas, où la vulgarité et la bêtise sont justement les seules « réalités ». Éliminées aussi, toutes les séries policières venues du nouveau monde, parce que je suis un citoyen français et que je ne vis pas à New-York, Los Angeles ou Miami. Une de temps en temps, j'aurai toléré, mais « noyé » dedans, non merci ! C'est alors que je tombe sur cette vieille « sucrerie », sur ce vieux film kitsch qui ressemble à une grosse pâtisserie dont on aurait oublié le goût depuis des années : « My Fair Lady » ! Par une flemme autant physique qu'intellectuelle, je me laisse emporter par cette histoire que je suis sensé connaître par cœur. Mais c'est là que s'opère la magie intrinsèque à tout chef-d’œuvre ; un renouveau éternel dans le bonheur qu'il nous donne.
Il n'existe pas d'autre principe pour les détecter. Donc, je revois aussi, par la même agréable occasion, et avec un grand plaisir, cet immense acteur que j'ai toujours admiré : « Rex Harrisson »
Qui ne l'a jamais vu dans « Guêpier pour trois abeilles » de 
Joseph L. Mankiewicz, ne peut pas connaître toute l'étendue de son immense talent de comédien :
Ah, ce merveilleux « professeur Higgins » dans « My Fair Lady » ! dont l'humour tout britannique, dont le cynisme bien poli de la Grande Bretagne, dont la perfidie amusée de cette Albion éternelle, brillent dans un regard plein de malice, et suintent sur tout son beau costume de tweed impeccable !
Un plaisir gourmand de chaque instant du film. Mais le plus beau vient de notre charmante Audrey Hepburn. Immédiatement, vous êtes prisonnier de son charme envoûtant. Vous ne comprenez pas ce qui vous arrive, mais vous êtes fasciné par cette petite brunette qui n'a pas les rondeurs pulpeuses d'une Marilyn mais qui est infiniment plus attirante. Déjà, vous avez un premier choc lors de « l'exercice » un tantinet pervers que lui inflige Higgins en l'amenant à Ascott ! Sa beauté est rayonnante. Elle est d'une élégance à couper le souffle (merci à l'ami Hubert de Givenchy qui l'habilla toute sa vie). Alors, je dois aborder maintenant, l'épisode le plus douloureux, le plus surprenant de cette histoire. Je prends beaucoup de précaution, car je ne vais pas être très fier de moi. Ma famille va peut-être me renier en lisant ces lignes. Je vais abandonner toute fierté, toute pudeur.
Notre charmante héroïne s'apprête pour le bal des «Ambassadeurs ». Elle est à la maison. La scène débute par une discussion entre Higgins et son ami, au rez-de-chaussée. Soudain, « Elle apparaît sur le palier dans une robe magnifique de soie blanche qui habille son corps à la perfection, dans un port altier digne d'une reine, avec le regard profond, sérieux, mystérieux.
C'est alors que je suis saisie par une émotion irrépressible qui me broie la gorge, et des larmes me viennent aux yeux ! Je suis interdit, incapable de comprendre ce qui m'arrive. J'ai honte de moi.Je me giflerais de colère et de rage, mais je n'y peux rien. L'émotion est trop forte pour être réprimée ou dominée.
Je vous avais prévenu que ce ne serait pas beau à raconter ! Quel moment de faiblesse impardonnable ! C'est-y pas malheureux d'en arriver là !
Il paraît,.... je me suis laissé dire, ...j'ai vu quelque chose dans ce sens dans la presse, comme quoi, notre charmante Audrey serait redevenue « tendance » ! Et surtout auprès des petites filles ! Je boirai donc la honte jusqu'à la lie. Moi, aussi émotif qu'une gamine ? Quelle déchéance !
Malgré mon cynisme de façade (j'espère que vous l'aurez compris!) je voue une admiration sans bornes pour cette grande dame qui, non seulement, fût une grande actrice mais surtout une femme admirable, simple et généreuse. Elle a pourtant connu, la faim, la misère, la terreur des bombardements, l'héroïsme de la résistance et la perte de proches pendant la seconde guerre mondiale. La noblesse de son tempérament le doit-elle aussi, au fait que sa maman était une authentique baronne hollandaise ? « Bon sang » ne saurait jamais mentir.
Mais je ne retiendrai qu'une chose : elle m'a fait pleurer comme une « gamine », et ça, je ne lui pardonnerai jamais ! 


mercredi 16 janvier 2013

Ulysse 2013 et le retour des Sirènes

Il est une expression que je n'ose plus écrire : « tout le monde connaît... » tant notre culture fond comme une noisette de beurre dans une poêle à frire mise sur le feu. Si j'ai donné un « millésime » à ce pauvre Ulysse c'est pour faire référence à un dessin animé franco-japonais : Ulysse 31 ! En espérant que cet artifice branché, puisse attirer au moins une génération assez récente de jeunes pour lesquels ce nom ne soit pas trop « inconnu ». Donc, ce pauvre Ulysse, du moins celui d'Homère, s'en revenait chez lui, après s'être occupé d'une sombre histoire de roi cocufié par une belle gourgandine qui lui préféra un prince étranger déguisé en berger. Les « feux de l'amour » à la sauce grecque, en quelque sorte ! Mais il est toujours dangereux de vous mêler de ce qui ne vous regarde pas ! Et notre pauvre marin allait en savoir quelque chose, sur le chemin du retour. Bref ! Quasiment à la fin de son voyage, il doit affronter un terrible danger : Les Sirènes et leurs chants mélodieux. Il met de la cire dans les oreilles de ses marins (l'ancêtre des boules Quiès!) et lui s'attache au mat de son navire pour ne pas tomber dans les bras de ces redoutables et mortelles « tentatrices » ! Car on a oublié de vous préciser qu'elles sont un peu « cannibales » sur les bords. Je sens un peu d'inquiétude chez mes lecteurs qui se demandent bien où je veux en venir. Oh mais c'est très simple ! Les Sirènes sont de retour. Mais d'une manière très « branchée », très moderne, très « geek » comme disent les jeunes. Elles envahissent nos courriers électroniques, nos « courriels » pour rester français. C'est ainsi qu'ouvrant ma boite personnelle, je tombe, tous les jours, sur des « invitations » étranges du genre : « réponds-moi vite, j'ai quelque chose pour toi, signé « Sandra ». ou alors « viens vite découvrir les photos de clarasexy ! Il est bien entendu que je ne connais aucune « Clara » par plus qu'aucune « Sandra ». J'ai même reçu cette invitation phénoménale :
« Pour une aventure sans lendemain », accompagnée de la photo d'une créature de « rêve » comme on écrit dans les romans à deux balles ! Je vous dis qu'elles sont revenues, qu'elle sont partout !
Bon ! A la place de cordages et de cire, j'ai une petite flamme générée par mon logiciel « anti-spam » qui les bouffe sans pitié, au fur et à mesure de leur arrivée. J'ai à peine le temps de lire, ou plutôt d'entendre leur « chant pervers » ! Mais quand même ? Ça fout les jetons des créatures pareilles ! On a beau dire, ce sacré Homère était quand même un visionnaire de génie, pour avoir deviner, plus de vingt neuf siècle avant nous, qu'on subirait encore ce fléau redoutable dans nos machines prétendument « modernes » !

jeudi 10 janvier 2013

Molière ou Corneille ?


L'histoire de notre beau pays est remplie de mystéres, de secrets insondables. Voilà qui fait le charme éternel des vieilles sociétés occidentales comme la nôtre. Grenier inépuisable pour des historiens de toutes nationalités. Et le mystère des écrits de Molière en est un fameux.
Je suis tombé, l'autre jour, sur une émission absolument passionnante de Franck Ferrand sur France3 :« L'ombre d'un doute ». J'adore ce jeune historien. Déjà parce qu'il a tout le talent du conteur. Sa voix est mélodieuse et sa diction parfaite. Il remplacera un jour, notre « indestructible » Pierre Bellemare, et surtout parce qu'il possède une immense culture et une passion de l'histoire qu'il sait parfaitement nous transmettre. Donc le sujet de cette émission était de savoir qui de Molière ou de Pierre Corneille était l'auteur réel de ces pièces de théâtre, monuments de la littérature française que sont « l 'avare », « Tartuffe », « l'école des femme" etc... !
Rassurez-vous, je ne vais pas me lancer dans une longue exégèse et refaire l'émission. Je me contenterai de vous mettre le lien des sites intéressants. Non ! Je vais plutôt faire une petite ballade dans mes souvenirs et mes réflexions. Comme dans tout sujet à polémiques, deux camps s'affrontent farouchement ; il y a ceux qui croient dur comme fer que Molière a réellement écrit ses pièces et ceux, plus récents, qui pensent que Corneille en est le réel auteur. Personnellement, je n'avais pas d'idées préconçues, ou plutôt...si! Ayant été instruit depuis toujours dans la vénération scolaire classique, je ne me posais même plus la question. Comme il y a toujours des iconoclastes qui remettent toujours tout en question (et c'est très bien ainsi!) la question est brutalement remontée des profondeurs de l'histoire dans les années 80. Bref, voilà l'auteur du Cid propulsé « nègre » de Molière ! Ah pour faire hurler dans le « Lanterneau » littéraire, rien de tel ! Autant projeter un film porno devant une réunion épiscopale d'évêques ! Pourtant, après avoir visionné l'émission, ce qui m'a alors convaincu de la thèse de Corneille, écrivain des pièces, c'est l'analyse scientifique faite par un logiciel informatique. Et comme je suis un ancien "informaticien", vous pensez bien que ce fut "pain béni" pour moi! Mais, hors du fait scientifique et rationnel, c'est un argument de Franck Ferrand qui m'a fait me remémorer un vieux souvenir de mon adolescence. Nous apprenons donc, que Corneille, contrairement à sa réputation d'écrivain très sérieux, dû au succès du Cid, avait une passion non assouvie pour la comédie. Et c'est là que cela fait « tilt » dans ma mémoire. J'ai eu l'immense privilège d'assister à une représentation de « l'illusion comique » de Corneille qui, comme son titre le montre expressément, est une comédie ! Et où ça ? Dans le théâtre Firmin Gémier, au palais de Chaillot, en 1965. C'est Georges Wilson (le papa de Lambert) qui tenait le rôle de « Matamore » et qui en était aussi le metteur en scène. C'est dans cette même salle que je vis
 « La folle de Chaillot » avec la grande, l'inoubliable Edwige Feuillère de ce même TNP dirigé par Jean Vilar (et pas Hervé le chanteur!) quelques années auparavant. Donc, notre ami Corneille savait écrire, aimait lui aussi les comédies. Indice très important qu'il faut garder à l'esprit, comme un autre indice le fait que Molière est mort onze ans avant Corneille ! Mais alors ? Si l'auteur de Cinna et de Polyeucte est aussi celui du Bourgeois gentilhomme où a-t-il piqué ces idées ?
Et c'est alors, en toute beauté que survient un autre souvenir, mais « cinématographique » celui-là !
J'espère que beaucoup d'entre-vous sont allés voir le film  de Laurent Tirard « Molière » en 2007, avec une troupe d'acteurs fabuleux, comme Romain Duris, Fabrice Lucchini etc... C'est un petit chef-d’œuvre d'intelligence, de culture, d'esprit, et c'est joué à la perfection. Et que raconte le film ?
Les aventures fort cocasses d'un jeune Jean-Baptiste Poquelin qui n'est pas encore « Molière » mais dont toutes les frasques et les aventures dans une maison bourgeoise de province lui inspireront tous les sujets de ses pièces à venir. Et c'est là qu'a germé dans mon « puissant cerveau » une idée géniale que j'ose soumettre à la connaissance publique. Et s'il ne s'agissait pas, tout simplement, d'une « collaboration » étroite, assumée, secrète entre un écrivain talentueux et un acteur, chef de troupe charismatique connaissant toutes les ficelles de son métier? Voilà qui réconcilierait les deux camps ! Molière fournissant la « matière » guidant la mise en scène et les personnages, et Corneille écrivant de son génie littéraire tous les vers en alexandrin et les quelques textes en prose. Moi, personnellement, j'y vois une synthèse parfaite, la résolution complète du mystère, et sans que la gloire et la renommée de nos deux grands génies en soient altérés le moins du monde, car je continuerai à les aimer et les respecter tous les deux.

 Documents annexes: la bande annonce du film "Molière"  de Laurent Tirard et la scène du Cheval






mercredi 26 décembre 2012

Le magnétoscope, un « dinosaure » disparu

Il est toujours dangereux, aventureux, et mal vu d'être un pionnier dans n'importe quel domaine. Au mieux, vous êtes regardé comme un joyeux farfelu dont la fréquentation est à éviter.
Un jour, comme des millions de français et de parisiens, je m'en vais arpenter les stands de la foire de Paris, au printemps de l'année 1978. Je tombe en arrêt sur une nouvelle invention, absolument fascinante ! Un engin qui a la particularité d'enregistrer des émissions de télévision en direct et de vous les restituer sur votre propre téléviseur ! Le vendeur me dit que cela s'appelle un « magnétoscope ». Oh la ! La ! J'en bave de bonheur et de curiosité.
Comme à l'époque je suis célibataire, et que je n'ai pas encore de « ministre des finances » pour me casser les …pieds, avec ce que je fais de mon argent, je passe commande de cet engin hors de prix et rarissime à l'époque. Ceci se passe au mois de mai 1978. Je suis obligé d'attendre le mois de septembre suivant pour recevoir mon engin. C'est vous dire si l'objet et précieux et déjà très convoité. Pour moi, c'est une aubaine fantastique vu que je travaille la nuit et les week-end dans un grand service informatique qui fonctionne 24h sur 24. C'est sans compter sur la jalousie endémique de mes collègues qui, apprenant la nouvelle, ont tous cette réflexion sublime et instinctive : « Ah  ben maintenant, tu vas pouvoir te passer des films de cul » !
Authentique ! Moi, qui suis toujours resté d'une niaiserie à faire peur, je n'y avait même pas pensé une seconde ! Mais EUX, si ! Décidément, je dois être un « martien » ! Ou on ne sort pas du même moule ! Je n'ai pas écrit de la même « moule » ! Il faut faire attention quand on lit ! Ou on a décidément pas les mêmes valeurs ! Bref ! Tout se passe bien jusqu'au jour où je reçois un coup de fil d'un journaliste de VSD. Sur le coup, je crois à une blague. Mais pas du tout !
Un beau jour, deux journalistes débarquent dans mon petit studio d'Antony, dont un photographe, pour m'interviewer. Moi qui suis d'un naturel bavard et disert, je ne me fais pas prier pour leur vanter mon expérience télévisuelle. Je crois, avec la naïveté du néophyte, que mes propos vont être largement rapportés et exploités.Le photographe mitraille mon studio et les plumitifs se barrent au bout d'une bonne heure. J'attends donc, avec l'impatience que vous devinez, le numéro hebdomadaire qui va exposer mon expérience. Ah je ne suis pas déçu ! Je suis vert de rage ! Je ne reconnais aucun de mes propos, et pas une seule photo de moi! Et au passage, je me fais traiter « d'intoxiqué » d'une manière très « sournoise » sous forme d'une question qui ne trompe personne ! Quoi faire ? Protester ? Porter plainte ? Ils sont bien trop malins et protégés. Et puis, au fond, je me fais la réflexion que tout ceci est bien dérisoire et sans importance ! J'enterre ce pauvre journal au fond d'une malle dans un grenier, et je l'oublie.
Ah les femmes et leur obsession du rangement ! Voilà-t-y pas qu'elle m'exhume cette « relique » en me demandant si je ne peux pas la mettre à la poubelle ! Sacrilège infâme ! Non mais ? Et quoi encore ? Car même « insulté » c'est un « monument » de ma vie journalistique ! Ah mais ! C'est ainsi que tous mes souvenirs, avec ce pauvre magnétoscope me remontent à la mémoire. Car ce que vous ignorez, c'est TOUT ce que j'ai fait par la suite, avec cet engin révolutionnaire pour l'époque. Je me suis acheté une caméra noir et blanc, avec une grosse alimentation. J'ai fait avec des « reportages » sur la famille, les amis. Ce pauvre engin a voyagé sur des centaines de kilomètres dans le coffre de ma « 4L » sans broncher, sans une seule défaillance, dans une valise métallique achetée à cet effet et où il y DORT toujours! Et aventure suprême, ce pauvre magnétoscope a fonctionné, en pleine rue, avec un groupe électrogène, pour faire un reportage sur des secouristes de la Croix Rouge dont je faisais partie. On est très loin des gadgets actuels qui sont grands comme des cartes de visites et qui vous filment en « HD » ! Mais pour la postérité, et les petits enfants (si j'en ai un jour) il est toujours bon de savoir par quelles étapes du progrès technique nous sommes passés.
Pour vous prouver que tout ceci est bien authentique et que je n'affabule pas, je vous mets à la suite de mon récit les preuves photographiques ainsi que l'extrait de l'article de VSD.
Au passage, je vous écrirais encore que je me fous du chanteur « Beranger » dont j'ignore encore toutes les « chansons » mais que je connais bien Marcel L'Herbier ; un monsieur infiniment sympathique qui me fit comprendre que le cinéma était un art merveilleux.
Mais les magnétoscopes ont disparu à leur tour, comme les dinosaures. On ne lancera plus ce cri si cher à Jean-Christophe Averty : « A vos cassettes » ! Bien que plusieurs centaines encombrent encore inutilement une partie de mes placards !
Il est de bon ton de se lamenter de la disparition d'espèces animales. Personne ne pleure sur la disparition de machines qui nous ont pourtant rendu bien des services et donner beaucoup de joies. 

 
La possession d'un magnétoscope conduit très vite à constituer des collec­tions de programmes enregistrés. Chez Gérard Gilbert, célibataire, opérateur sur ordinateur à Orly-Ouest, le magné­toscope trône sur un guéridon, tout près du fauteuil, à porté de la main.
« Vendredi dernier, dit-il, j'ai pu regarder dans la soirée quatre émis­sions diffusées par les trois chaînes. J'ai vu, en direct, la pièce de théâtre, Les Amours noirs d'un homme blanc, J'ai regardé ensuite, toujours en direct, à 23 heures, le reportage sur le chanteur Béranger jusqu'à 23H55. Dans le même temps, j'avais enregistré l'émis­sion de FR3, Le Nouveau Vendredi, de 20H30 à 21H30, puis l'émission d'Antenne 2, Apostrophes. J'ai regar­dé ces deux programmes après Bé­ranger. J'aurais très bien pu mettre aussi sur cassette Le Ciné-Club mais le film de Marcel L'Herbier, L'Inhumaine, ne m'intéressait pas. De toute façon il était déjà trois heures du matin quand j'ai pu me coucher, ma « soirée images » terminée. »
\ Gérard Gilbert est-il un dingue de télévision, un intoxiqué? Il proteste. « Je ne passe pas ma vie collé à mon petit écran. Seulement mon emploi à Orly ne me permet pas des horaires réguliers. Il en est de même pour mes camarades de travail. Alors, nous nous organisons pour enregistrer ce qui nous intéresse, en particulier les feuilletons dont nous ne ratons pas un épisode. »