Les vérités graves vous tombent
dessus, au soir de votre vie, alors que vous ne demandez rien à
personne. Je vais même provoquer un scandale en semant le trouble et
la zizanie dans la famille d'un grand acteur que j'admire et que
j'aime depuis toujours ; Michel Galabru. Cela me fait de la
peine mais la vérité a parfois des exigences que nul ne saurait
combattre. J'avais bien eu quelques soupçons à l'examen de toute la
filmographie de ce grand personnage de la scène, en l'examinant de
près. Quelques réflexions d'amis ou de proches m'avaient mis aussi
la puce à l'oreille. Mais comment pouvais-je me douter ?
Jamais ! Ô grand jamais, une pensée aussi insolente ne m'avait
traversé l'esprit ! Pensez-vous ! Le premier souvenir de
mon futur « papa » est tellement fugace que c'est à
l'occasion de la vision du générique de « Cyrano de
Bergerac » avec le regretté Daniel Sorano, que je me souvins
d'un certain Ragueneau joué par mon « géniteur »
incongru J'avais alors, à peine douze ans ! Galabru, ce que
beaucoup trop de gens ignorent, faisait alors partie de la Comédie
Française. Je l'ai donc suivi de loin, tout au long d'une carrière
d'acteur magnifique. Je ne m'étendrai pas sur ses rôles de
gendarmes dans la ville de Saint Tropez. Non pas que je n'y ai pas
pris beaucoup de plaisir, comme des millions de Français, mais mes
souvenirs les plus magnifiques, mes plus grandes joies dramatiques
que je lui dois sont : « les Rustres » de Goldoni.
Le Molière italien ! Et il y eut aussi le génial et sombre film:
«le juge et l'assassin » où il déploya toute l'étendue de
son génie d'acteur. Galabru acteur comique ? Qui l'a vu dans
« Uranus » de Claude Berri où il joue un père atroce
qui vomit un fils encore plus pourri que lui, pendant l'occupation
allemande, ne le verra plus sous cet unique aspect. Bref !
J'étais totalement innocent de la connaissance de cette filiation
quand survint un incident qui me révéla ce secret redoutable.
Je me promenais à vélo quand je
rencontrais un ami accompagné, comme à son habitude, de ses deux
petits chiens. Je descends de ma bicyclette, je lui fais un brin de
causette,et voilà t-y pas qu'une voiture s'arrête brutalement, en
pleine rue, à notre niveau. Une jeune femme en sort en courant et
qui se précipite vers nous. Tiens ? Elle cherche une adresse ?
Pas du tout ! Madame veut des renseignements sur les toutous de
mon ami. S'engage une conversation un brin décalée, à laquelle se
mêle encore une autre femme trimbalant un autre « toutou ».
Je me sentais un tantinet « piéger » dans cette
conférence sur des « clébards » dont je me foutais
royalement. Heureusement, la conversation se termine et cette jeune
femme se met à foncer en courant vers sa voiture. C'est alors
qu'elle se retourne et me fixant de ses yeux d'un bleu délavé qui
me clouent l'âme, elle me lance cette phrase impérissable :
« Vous savez que vous êtes le portrait craché de Galabru ? »
Ça, c'est un truc à vous flinguer sur
place, à faire un « infractusse » illico ! Surtout
que nous n'avions pas échangé un seul mot, vu que j'étais le seul
à ne pas avoir de compagnon canin, donc pas « intéressant ».
Vous dire que mon atteinte au moral fut sévère serait d'une
banalité désarmante, car le fait d'être probablement le « fils
caché de Galabru » est sûrement une grande fierté
intellectuelle que l'on ne saurait refuser, mais sur le plan physique
qu'il y aurait comme quelque chose de lourd à porter. Si, du moins,
vous compreniez à demi-mot ce que je veux dire ! (Et cela
m'arrangerait beaucoup). Sur le plan de la fierté paternelle, j'y ai
beaucoup gagné. Par contre sur le plan de ma séduction
personnelle....mon deuil est définitif et sans appel !
Pardon Maître ! Je vous aime !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire