lundi 17 septembre 2012

Un patrimoine « rugissant »


Hier, c'était la journée du « patrimoine ». Le mien, il est essentiellement aéronautique. Comme le dit si joliment cette expression : « je suis tombé dedans tout petit » ! Eurêka ! Je me suis souvenu qu'il y avait un musée très intéressant à côté de chez moi. Il s'agit de celui de SAFRAN. Mais, moi, le « safran », à part un épice merveilleux, je ne vois pas ce que cela à voir avec l'aviation ! Par contre ces six lettres me parlent plus : SNECMA. Que voulez-vous, on ne peut rien contre les atteintes de l'âge ! On n'a du mal à s'adapter. Bref ! Par un temps magnifique j'arrive aux abords de cette grande usine où se trouve le musée. Nous sommes accueillis par un « vautour » tout bariolé. Je parle du bombardier de ma jeunesse que j'ai connu de couleur métallique brillante et non peinturluré de blanc et de bleu comme un « clown triste » ! Je ne sais pas qui a eu cette « merveilleuse » idée, mais je ne le félicite pas ! Pauvre avion ! Il devrait être au musée de l'air du Bourget. A ce sujet, je ne peux que vous rappeler mon autre souvenir, écrit ici même : « La petite porte du hanger ». http://capharnaumpensees.blogspot.fr/2009/06/la-petite-porte-du-hangar.html
Mais revenons à notre « épice » ! Une fois garée ma voiture, je traverse le parking et qu'aperçois-je, trônant en plein « cagna » sans précaution, isolé comme un pauvre orphelin ? Un drôle d'engin tout droit sorti d'une série de science fiction : le premier prototype de
l'aérotrain de Jean Bertin. On ne peut pas dire que ce soit, à franchement parler, un « avion » ! Vu qu'il n'a jamais volé qu'à quelques centimètres au-dessus d'un rail en béton ! A l'entrée du musée, on nous distribue gratuitement et très aimablement des cartes postales où figurent des moteurs d'avion. Ce n'est pas d'un « romantisme » débridé mais cela rompt définitivement avec les paysages bucoliques et les personnages dénudés des vacances à la mer. A l'intérieur, je suis accueilli par de drôles de bruits ! Je pense qu'un avion à réaction va s'écraser sur le bâtiment ! Que nenni ! Il s'agit de haut-parleurs « d'ambiance » ! Il y a là des portraits des grands dirigeants de la SNECMA que j'ai toujours beaucoup de mal à appeler « SAFRAN ». Ensuite, on entre dans le « saint des saints» !
La galerie des vieux moteurs rotatifs et à pistons ! Que c'est émouvant de voir ces merveilles de mécanique et de précision. Quelles sommes d'intelligence, de passion, de travail, parfois de découragement provisoire, de joie d'enfants déployés par tous ces ingénieurs qui ont façonné ces petits chefs-d’œuvre ! Et pour moi, encore des souvenirs d'enfance, quand je savais reconnaître au seul bruit de ses ou de son moteur l'avion qui se posait à Villacoublay, la base où travaillait mon père. Je ne confondais jamais un C47, avec un SO 30P « Bretagne » ni avec un vieux « toucan » version francisé du fameux « Junker JU 52 » allemand. Pas plus qu'un vieux SIPA, ni un « ramier » ! Maintenant, je suis perdu dans l'anonymat des réacteurs sans âme ! Bah ! Il faut bien vivre avec son temps. Surtout que les réacteurs ne le cèdent en rien en complexité et en précision d'usage d'avec nos ancêtres à piston.
Un merveilleux « Mirage IIIC » est suspendu au-dessus de nos têtes ! Moi qui ne l'avait jamais vu d'aussi près. Il faut dire qu'un maquette « Heller » en plastique ne donne pas autant de détail ! Et sans oublier mes « potes d'enfance » Tanguy et Laverdure qui m'ont fait beaucoup rêvé sur cet extraordinaire avion de chasse ! A côté un moteur « Hercules » de mon bon « nordatlas » des « familles » avec lequel je suis parti faire mon service en Algérie ! Mon Dieu qu'il était bruyant ! Et ses « toilettes » situées juste dans les deux portières coquilles qui s'ouvraient pour laisser tomber nos parachutistes ne m'inspiraient pas du tout confiance, si vous voyez ce que je veux dire ! Car moi, je n'avais pas de parachutiste prévu dans mon paquetage ! Et les deux pilotes militaires qui lisaient leur journal généreusement déployé sur leur tableau de bord, non plus ! Je poursuis ma visite et tombe sur les deux énormes réacteurs « Olympus » du Concorde ! Ah ! Il devait en «bouffer » du kérosène !
Quand je pense que mon parrain a été le premier pilote de Concorde pour Air France, que mon propre frère a fait les premiers documents de vols pour le tout premier trajet « Paris-New-york » !
Quand je vous disais que je suis tombé dedans tout petit ! Et cela a duré toute ma vie. D'ailleurs la maquette du Concorde trône en bonne place dans ma vitrine, dans mon bureau ! Comme l'Alouette II de Sud-Aviation, tout pareille à celle du musée ! Pour les fusées, j'ai commis une « trahison » je n'ai que la « Saturn V » des Américains ! Une faiblesse,mais elle est tellement belle !
Une petite pensée pour Jean Bertin, un génial ingénieur français qui n'a pas pu lutter contre le TGV!Mais la sortie me réserve une dernière surprise avec un drôle d'avion que peu de gens connaissent, et dont j'ai AUSSI fait la maquette : le fameux « coléoptère » avec son aile annulaire ! Une vraie curiosité aéronautique. Je pourrais encore vous écrire un « dictionnaire » complet sur ma passion aéronautique, mais je sens que je vais lasser !
Je ne voudrais pas vous quitter sans avoir une petite pensée pour le C.E.V. De Melun-Villaroche qui a vu tant de nos brillants chasseurs et avions faire leur premier vol ! Et à tous ces pilotes d'essai qui se sont tués pour expérimenter toutes ces belles machines.
Une dernière petite chose amusante : Voir tous ces jeunes lancer leur fusée fabriquée par eux-mêmes ! J'ai le souvenir d'avoir fait mes propres fusées, avec un carburant « secret » dont je ne dévoilerai pas la formule, vu que c'est aussi un puissant explosif. Carburant que je mettais dans un tube d'aspirine et dont l'allumage était très perfectionné : Je casse une ampoule de 4,5V dont je plongeais le filament dans le carburant solide : Ensuite, avec un très long fil électrique et une pile alcaline je faisais la mise à feu. A une époque « bénie » où l'on nous foutais une paix royale, et où ne sévissait pas encore une paranoïa maladive ! On faisait même voler des boites d'allumettes ! C'est vous dire !
Mais le vrai patrimoine est aussi au fond de nos souvenirs, nous les anciens !  

samedi 28 juillet 2012

Les saucisses du scandale.


Hier a eu lieu la cérémonie d'ouverture des jeux olympiques. Belle fête, un peu trop bruyante à mon goût, ne supportant plus, depuis des années tout se qui braille en anglais ! Chacun a ses « allergies » on n'y peut rien, c'est physiologique. Mais, mais, mais... ce qui me révulse au plus au point, ce n'est pas le fait que nous, Français, on se soit fait brûler la politesse par ces « bouffeurs » de viandes bouillies à la menthe qui nous ont toujours détesté, non ! ce sont plutôt les margoulins financiers qui se repaissent de ces jeux comme les vampires sucent le sang de leurs victimes. C'est ainsi qu'un brave  boucher de Weymouth a eu l'idée calamiteuse et scandaleuse, il faut bien le souligner, de décorer sa vitrine de belles saucisses en forme d'anneaux olympiques. Oh ! Le « criminel ! Sans crier gare, un serviteur zélé de cette race de vampires, a foncé dans la boutique, sommant le « gredin » de retirer immédiatement l'objet du scandale sous peine d'une plainte en bonne et due forme, agrémentée d'une amende colossale ! Et qu'avait donc commis comme faute ce « délinquant » de boucher ?
Oh ! Trois fois rien. Il ne savait pas qu'une marque d'un produit infect qui empoisonne les estomacs de la planète entière, avait « l'exclusivité commerciale » de l'utilisation des anneaux olympiques !
Oui, messieurs, dames ! Les anneaux olympiques sont la propriété « exclusive » d'une bande de margoulins racketteurs ! Elle n'est pas belle notre époque ? Et personne n'a le droit de s'en servir, de les mettre en logo, de jouer avec, de les décliner sous forme humoristique sans PASSER A LA CAISSE !
Et qui a permis cette « immonde cochonnerie » ? (c'est le cas de le dire!) le Comité international olympique ? Alors,comme ça, on vend son âme au « diable » du marketing ? Car le diable de la Bible est mort depuis longtemps ? Pas sûr !

Vous ne me croyez sûrement pas ? En fait c'est encore plus grave que ce que je le pensais ! Car je viens de tomber sur une page du site de « médiapart » :
« L'olympisme à l'ère du capitalisme tardif »

On peut y lire, entre autre :

 Ainsi, une « brand police » constituée de centaines d’hommes en uniforme parcourent le Royaume-Uni pour garantir que l’exclusivité des sponsors officiels de Londres 2012 (Adidas, McDonald’s, Coca-Cola, BP) est respectée. Un boucher de Weymouth qui avait arrangé des saucisses en forme d’anneaux olympiques dans sa vitrine a été prié de les retirer sous peine d’une action pénale. MacDonald’s a obtenu un monopole sur les frites et Heineken celui de la bière dans l’enceinte des jeux. Il est formellement interdit à toute entreprise qui n’est pas officiellement associée à la grand messe de l’ennui d’utiliser les mots « été », « or », « Londres » et « 2012 ». En gros, les jeux olympiques à l’ère du capitalisme tardif, c’est un CRS qui s’assure que vous buvez votre Coca-Cola devant la demi-finale féminine d’haltérophilie.

Alors, vous m'excuserez à l'avance, si je commets cette indignité, cette grosse « sottise », cette bouderie d'adolescent, mais je vais zapper ces jeux de mes yeux pendant les quinze jours de leur durée. Je ne désire pas alimenter les « royalties » de ces margoulins!





samedi 28 avril 2012

Défense……d’en parler !


Qui ne connaît pas « Numerobis », le petit architecte égyptien de l’album « Astérix et Cléopâtre » ? Il est sympa, mais extrêmement incompétent et…. nul ! C’est pour cette raison qu’il fait appel à « Panoramix »  le druide, pour lui filer un coup de main, afin de construire un beau palais pour sa reine. Nous avons tous rigoler en voyant ses œuvres architecturales bancales, tenant comme par miracle, avec des fenêtres au parallélépipède pas « rectangle » du tout ! Vous pensez sûrement que des « Numerobis », à notre époque, cela n’existe plus que dans l’imagination débridée de deux « gamins » Uderzo et Goscinny qui ont commis cette petite œuvrette pour enfants? Grave erreur ! L’histoire que je vais vous raconter est authentique ! Forcément, puisque c’est moi qui l’ai vécue !
Des millions de touristes venus du monde entier admirent notre magnifique « Arc de triomphe » en plein Paris ! Tous les « kodakeux » de la terre ont photographié cette admirable enfilade des  « Champs Elysées » qui va jusqu’à cet objet phallique, vieux de plus de 3000 ans, notre obélisque ! Pas celui qui est « légèrement enveloppé » et compagnon d’Astérix, mais celui choisi par Champollion et offert, par le roi d’Egypte, à la France.
Quand nos « kodakeux » font un tour à cent quatre vingt degrés sur eux-mêmes, ils se retrouvent dans l’axe de l’avenue de la « Grande Armée » ! Et que peuvent-ils voir (je n’ose pas dire « admirer », et vous comprendrez pourquoi par la suite !) un gros machin cubique, blanc, improbable, que l’on nomme « la grande arche de la Défense ». Splendide hymne à la gloire de l’architecture moderne française ! Enfin….presque !
Revenons à ma modeste personne. Du temps où je sévissais dans le service informatique d’une grande entreprise de chez nous, je devais m’occuper de la sauvegarde des données d’un bureau d’architectes de notre belle maison. Bien que son secteur d’activités principales soit l’aviation, elle envoyait ses ingénieurs et ses techniciens dans le monde entier, réaliser des chantiers d’aéroports et des projets très divers dont, chose extraordinaire mais vrai, celui de la grande arche ! Étonnant, non ?
C’est donc à cette occasion que je fais la connaissance d’un cadre, dessinateur de son état, qui m’invite dans son bureau pour que je puisse remplir ma mission de « sauvegarde ». On cause, on papote, on discute boutique et forcément on en vient au projet sur lequel travaillait mon cadre, il y a quelques mois de cela. C’est ainsi qu’il me parle de son ancien travail sur la grande arche. Et, moi, avec mon grand talent, toujours en alerte, toujours sur la brèche, pour mettre les pieds dans le plat, et raviver des sujets qui fâchent, je lui parle d’une petite chose qui m’a tracassée, en  admirant ce grand « machin », bijou du centre d’affaire de la défense !
_Dis donc ! Elle ne serait pas un peu de "traviole" ta « caisse à savon » par rapport à l’axe des avenues ?
Oui ! Je le confesse ! Il m’arrive d’être un peu.... taquin, et brute de fonderie dans mes propos.
C’est alors que je le vois rougir et sourire un peu niaisement.
_Je vais te faire une confidence ; c’est moi qui ai fait cette belle « connerie » !
????? fais-je très étonné ! Oui ! Je sais ! C’est très dur de traduire « ???? » !
_Tu me charries ?
_Non !Non ! Pas du tout ! Figure-toi qu’on devait quand même la désaxer de quelques degrés pour une histoire d’emplacement de ligne de métro. Mais en principe cela n’aurait pas dû se voir. Mais sur les plans, j’ai doublé par erreur l’angle de déviation. Quand je m’en suis aperçu, il était trop tard, les plans étaient déjà partis. !
_Non ?
_Si !
_Oh ! Et les architectes ? Cela a dû « ramoner » ferme dans les chaumières ?
_Ah ! Pour sûr ! Ils se sont traités de tous les noms d’oiseaux possibles !
_Mais et toi ? Tu ne t’es pas fait incendier ?
_Bof ! Je suis passé entre les goutes en faisant le mort !
C’est pourquoi, chers amis lecteurs, à chaque fois que je vois ce bâtiment de travers, je pense à mon collègue et à son « académicien » d’architecte, s’il vous plaît !
Si vous allez sur wikipédia, vous pourrez lire ceci :

La Grande Arche n'est pas exactement dans l'Axe historique de Paris, avec lequel elle fait un angle de 6,33°. La raison est double :
d'un point de vue technique d'abord : Erik Reitzel a pu installer les fondations de la structure de l'Arche afin de respecter l'autoroute et les lignes ferroviaires existantes, ainsi que le projet de prolongement de la ligne 1 du métro de Paris,
d'autre part d'un point de vue symbolique : Johann Otto von Spreckelsen a en effet souhaité décaler la Grande Arche de 6° 33″ afin de mettre en valeur le volume du cube et recréer le décalage existant déjà entre la Cour Carrée du Louvre et la place de la Concorde.
Qu'en belles paroles élégantes ces choses là sont dites ! Ah ! Sans la diplomatie des termes bien choisis et sans leurs beaux « habillages »  que serait l’existence ! Je vous le demande !
Donc, rien à voir avec ce que je viens de vous raconter !
Et c’est tant mieux ! Car je ne tiens pas à être traîné en justice pour diffamation ou pour dénigrement d’un monument français, atteinte à l’honneur d’un glorieux architecte etc…!
J’ai tout « inventé » ! Ce n’était que pour me rendre intéressant ! D’ailleurs, je suis à demi rassuré ; personne ne va croire à cette histoire idiote ! Elle est tellement invraisemblable !
Pour terminer sur une note légère, savez-vous comment se nomme réellement  l’arche de la défense ? L’arche de la Fraternité ! Réellement de travers ! Tout un symbole !


jeudi 8 mars 2012

Sisley et sept beaux


Ce n’est pas terrible. Je le sais ! J’aurais pu écrire aussi : Sisley, mais c’est beau !  Bon ! On arrête là les jeux de mots vaseux pour passer à l’essentiel : L’autre jour, j’ai fait ma randonnée habituelle dans ce petit village béni des dieux de l’art pictural : Moret-sur-Loing. Car, pour ceux qui l’ignoreraient encore, Moret est la cité des impressionnistes et surtout de l’un des plus célèbres d’entre eux : Alfred Sisley. Alfred, pour les intimes, et malgré un prénom bien de chez nous, était anglais. Ce qui ne l’a pas empêché d’être un amoureux fou de ce petit coin de France loin de son Albion ancestral. Pour revenir à Moret et à ses berges du Loing, il faisait un temps gris, bas de plafond, triste comme un discours politique de campagne électorale. Ce qui ajoutait à la désespérance du climat, c’était cette nature sans feuilles d’un hiver qui se traîne, avec ces arbres squelettiques et endormis. Malgré tout, la promenade le long du canal était passionnante grâce l’armada de péniches amarrées, bigarrées, parfois aux couleurs vives, et même criardes, plus étranges et originales les unes que les autres ! Et là, au détour d’un petit pont, sur une pelouse dégagée, au bord du canal, on aperçoit soudain un panneau rectangulaire, blanc, planté sur un piquet, incongru, solitaire. Qu’est-ce ? On s’approche. Ô stupeur ! Ô bonheur étrange et sublime ! Un tableau ! Et pas n’importe lequel : peint par l’artiste lui-même. Et que représente-t-il ? Précisément le paysage que l’on a sous les yeux.
Alors là, je vous demande un moment de réflexion. Voilà un tableau qui vaut une fortune, des millions de dollars, qui dort sur une cimaise de musée, et moi, et les promeneurs occasionnels qui passent  par-là, nous pouvons jouir « gratuitement » de la beauté du même spectacle. Ce n’est pas formidable ?  Et ce petit « miracle » va se reproduire une bonne dizaine de fois, tout au long de notre itinéraire pédestre.  Certains « pisse-froids », des hépatiques chroniques vont encore jouer les rabat-joie en nous faisant la réflexion que le paysage a bien changé, que la « vision » intimiste de l’artiste transfigure ce même paysage, que l’art « sublime » la pauvreté brute d’une image vulgaire imprimée dans notre cerveau par un œil bestial et désespérément matérialiste, concret et sans aucune poésie.  Certes !  Réflexion aggravée par le fait que nous n’étions pas à la même saison. Le tableau a été peint par un bel été lumineux. Bref ! De retour à la maison, j’examine ma moisson d’images. Bien triste ! Rien qui puisse faire rêver un amateur de belles photos.
C’est alors que je me souviens, imbécile que je suis, que j’avais fait la même randonnée, trois ans plutôt, mais en été, ce coup-ci. Et les photos dormaient encore dans mon ordinateur.
Ah mes aïeux ! Changement de décor ! Par la magie de mon appareil photo numérique, j’ai retrouvé cette beauté sublime de la nature autour de Moret. Tout y était ! La belle lumière, les arbres magnifiques, les saules pleureurs, le charme et la douceur des lieux. Ce petit village est bien un petit coin de paradis. Maintenant, je comprends qu’un peintre génial comme Sisley ait pu en tomber amoureux.  Et pour bien vous démontrer que je n’exagère pas je m’en vais vous montrer une photo que j’ai prise et qui aurait peut-être plu à notre grand artiste. Et voyez comme le sort des cités est parfois étrange. Les Allemands, pendant la dernière guerre eurent l’idée « généreuse » et « bienfaitrice » de faire sauter le pont de Moret pendant leur retraite. Ce qui eut pour effet de détruire, par la même occasion les constructions hideuses de l’ancien moulin que l’on peut voir sur le tableau de Sisley, au début de cet article. Ce qui a permis de dégager une belle vue de la ville et de la rendre ainsi encore plus belle.
ALBUM SUR FACEBOOK

  

dimanche 19 février 2012

La tour Bourane-Montparnasse infernale

Oui ! Je sais ! Drôle de titre ! Mais ceux qui me lisent depuis un certain temps savent qu’il n’est jamais « innocent » et qu’il correspond toujours à mon propos.
Car, qui a-t-il dans ce titre ? La tour Montparnasse. C’est déjà un début. Parce qu’elle fut l’endroit d’un exploit personnel que je ne pourrais plus jamais renouveler. Cela se passait exactement en juin 1989. Il ne faisait pas beau. Le temps était maussade mais sans pluie. Vous savez que je suis un passionné d’aviation, et que cette année-là avait lieu l’un des salons d’aviation les plus importants au monde, celui du Bourget. Alors qu’est-ce que je venais foutre dans cette tour, en plein Paris ? Et pas n’importe où dans cette tour ; Sur la toute dernière plate-forme à son sommet !  Vue imprenable sur la capitale. Mais chose encore plus remarquable, vue sur l’aéroport du Bourget, là-bas, dans le lointain ! Je crois que vous commencez à deviner. Mais c’est pas tout ! A l’époque, j’étais aussi passionné  de photographie. J’avais donc mon appareil avec moi, un magnifique Pentax reflex des « familles » et surtout un magnifique objectif zoom. Pourquoi cette mise en scène un peu spéciale ? Parce que j’attendais un évènement « spécial » lui aussi ! Le vol de la navette Bourane sur le dos de son Antonov 225. La navette Bourane était le « pendant » de la navette spatiale américaine pour les Soviétiques. L’An-225 était un avion géant à six réacteurs de dimension colossale. J’avais donc appris qu’il devait faire un tour complet de la capitale, au-dessus, carrément des périphériques, car le survol de Paris est toujours interdit à très basse altitude.  Alors, à l’heure prévue, j’ai pointé mon objectif sur le parking où se trouvaient les engins enlacés que je voyais parfaitement bien du haut de mon « perchoir » de plus de 200 m.
C’est ainsi que je les ai vus prendre la piste, s’aligner, décoller. C’était prodigieux ! J’ai suivi ce vol de bout en bout, en seulement pivotant sur moi-même ! Comme j’étais pratiquement le seul sur ce toit, je me suis toujours demandé pourquoi nous n’avions pas été plus nombreux à avoir la même idée ! Peut-être suis-je un peu « braque » et « givré » ce dont sont persuadé pas mal de mes proches. C’est en retrouvant de vieilles photos jaunies, au grenier, que ce souvenir m’est revenu brusquement, et surtout l’envie de vous le faire partager.
Ceux qui vont faire la fine bouche, parce que ces clichés sont de mauvaise qualité et dignes d’un piètre débutant, devront se dire que ces documents sont les preuves du vol unique de cette navette spatiale dans le ciel de Paris. Ce sont des documents historiques et précieux pour les passionnés maladifs de l’aviation, comme moi!

 Comme je viens de voir une magnifique vidéo de cet avion l'Antonov 225 Mriya sur YouTube, je ne pouvais faire moins que de l'ajouter à cet article:


mardi 10 janvier 2012

Le bizutage explosif d’un jeune CRS


Cela se passe au début des années 70 sur l’aéroport d’Orly. En cette période de « plomb » sévit déjà un terrorisme venu du Moyen-Orient qui n’a rien à envier à celui de notre époque. Et je dirais qu’il est même encore plus actif. Un certain Carlos, de sinistre réputation, fait déjà régner la terreur. Donc, nos belles plates-formes aéroportuaires sont surveillées comme le « lait sur le feu » par des compagnies de CRS sur le pied de guerre. Parmi ces fiers combattants de l’ordre, une jeune recrue fait le pied de grue sur la rocade qui va d’Orly-Ouest à Orly-Sud. Cette rocade qui forme un grand arc de cercle surplombe de quelques mètres les aires de stationnement des avions. Notre jeune flic est engoncé dans sa capote trop longue pour lui, de serge bleu sombre que nous connaissant tous. La casquette trop grande, vissée sur son crâne juvénile rasé de frais, notre sentinelle se bat les mains gantées par ce froid hivernal qui pince impitoyablement. Son, pistolet mitrailleur inutile lui bat les flancs.Pour dire les choses franchement, il s’emmerde fermement à cent sous de l’heure ! Pour se distraire un peu il regarde la grosse bestiole de ferraille qu’il a sous les yeux ; un Boeing 747 de la compagnie israélienne El Al flambant neuf, car ces avions sont récents à cette époque. Ce point de stationnement s’appelle « delta zéro » car je ne peux m’empêcher d’avoir la vanité puérile de me la « péter » un peu en montrant mon expérience professionnelle déjà très lointaine. 
Donc cette grosse « vache » d’aluminium montre plutôt son cul d’où émerge un « anus noir » qui siffle continuellement dans un chuintement agaçant : L’APU ! Eh ! Eh ! Encore une occase de me la « re-péter » pour vous dire que « l’APU » autrement dit ; Auxiliary Power Unit est un petit réacteur qui fournit la puissance électrique à l’avion quand celui est au sol, immobile. Voilà pourquoi notre brave « gun-man » n’entend pas la grosse limousine noire qui vient de stopper à dix mètres de lui, dans son dos. De celle-ci surgit un homme porteur d’un long tube sombre sur son épaule. Poum ! Le bruit est presque ridicule.
Pas le temps de réfléchir, que la voiture repart à fond dans un grand crissement de pneus martyrisés. Notre pauvre CRS médusé ne comprend même pas ce qu’il vient de voir. Il regarde à nouveau vers l’avion où tout semble normal. Les techniciens au sol continuent de s’activer comme si rien ne venait de se passer.
-Bah ! J’ai dû rêver pense-t-il naïvement ! J’ai mal dormi et le cassoulet d’hier soir n’est pas bien passé.
Ce n’est qu’une fois revenu au poste de commandement où le souffle rageur d’un supérieur hurlant sa colère dans sa pauvre petite tronche juvénile, en faisant gicler au passage, sa casquette du crâne, qu’il comprend enfin la portée de l’incident qu’il vient de vivre.
Oui ! Car revenons sur ce malheureux « incident » ; Figurez-vous que nos « artilleurs » ont raté 
la grosse « baleine » qu’ils avaient devant eux ! Ce qui s’appelle positivement et sans aucune excuse : « rater une vache dans un couloir » Plus mauvais tireurs que ça, ce n’est pas possible ! Mais vous allez me poser LA question à « cent balles » ! Je le sens ! Curieux comme vous êtes. Si ces andouilles ont raté l’avion, quid de l’obus ? Eh oui ! Il a bien fallu qu’il atterrisse quelque part cet obus ? Oh mais où ! Passant par-dessus le satellite Ouest, il est venu « gentiment » traverser de part en part un DC9 de la JAT (ancienne compagnie de l’ex-Yougoslavie) qui était stationné en « Delta sept » (je ne peux m’empêcher de me la péter) blessant légèrement trois passagers. Et toujours sans exploser ! Vous pensez que cela s’arrête là ? Pas du tout. Nous avions une belle cantine de piste avec une magnifique grande baie vitrée qui donnait sur le taxiway. Sous cette belle vitrine se trouve un petit soupirail au niveau du sol. Et ce petit soupirail à quoi sert-il ? De fenêtre au vestiaire des employés. Et c’est là que les artificiers sont venus chercher l’obus qui « reposait » gentiment sur le sol en béton de la pièce. Toujours intact, bien sûr ! Juste en dessous de la salle du resto ! Je ne sais pas qui leur avait refourgué la camelote, à nos branquignols terroristes, mais à mon avis, leur S.A.V. a dû s’en prendre plein la tronche. 
Je ne sais pas ce jour-là ce qui nous a protégé : la providence, la chance, Dieu ou je ne sais qui ou quoi, mais nous sommes passés devant une catastrophe effroyable !
Quant à mon petit CRS, je ne sais absolument pas ce qu’il est devenu. Gageons qu’il ait quitté un métier où sa « sensibilité », ou son « sang-froid », n’a pas été reconnu à sa juste valeur.
Pour vous prouvez que je n’invente rien et que cette histoire est parfaitement authentique, je vous mets des informations « glanées » sur Internet.
  



Le 13 janvier 1975 a lieu un attentat à Orly. Des terroristes soutenus par le FPLP, avec Carlos à leur tête, tirent avec un lance-roquettes sur un avion de la compagnie israélienne El-Al, mais le ratent. Un avion yougoslave est touché, faisant 3 blessés. La terrasse d'Orly Sud sera fermée au public à la suite de cet événement.

jeudi 22 décembre 2011

Stop à la « cruauté » animale !

Dans les nombreux messages qui m’assaillent tous les matins, dans ma messagerie électronique, le titre d’un seul me saute brutalement dans mes pupilles encore ensommeillées :
« Stop à la cruauté animale » Le site, qui pousse ce cri de « désespoir », m’invite à donner mon « opinion » et pour se faire, m’incite à lire son article intitulé (je n’invente rien) :
Cruauté animale ! Et au singulier, s’il vous plaît !
Bon ! Puisqu’on m’y pousse gentiment, je vais donner « mon » opinion. Oui ! L’animal est cruel envers l’homme, et ceci depuis toujours. D’ailleurs, ma chatte Keny, qui dort insolemment sur mon écran d’ordinateur, alors qu’elle n’a rien à y faire, me le prouve tous les jours. Il suffit que j’ose simplement la déloger pour qu’elle sorte ses griffes et me fasse une gueule à faire peur !  L’ingrate ! Moi qui la nourris tous les jours avec de bonnes croquettes bien « chères » ! Et il n’y a pas que les chats qui sont cruels envers les hommes ! Je ne vous parle pas de tous ces préposés de la poste  mordus au cours de leur mission  par des chiens furieux et cruels.  Ah ! Oui ! La « cruauté animale » ne m’en parlez pas ! Elle sévit tous les jours de par le monde, et fait de nombreuses victimes parmi les hommes ! Et ces affreux moustiques qui transportent le paludisme ? Et la mouche tsé-tsé qui transmet la maladie du sommeil ? Ce n’est pas de la « cruauté animale », ça ?  Et les tigres qui bouffent deux ou trois indiens en guise de déjeuner ? Ils ne sont pas cruels, eux ? Mais comment peut-on se défendre contre cette « cruauté  animale »? C’est bien gentil de la dénoncer, mais encore faudrait-il nous indiquer par quels moyens !
En résumer, je conseille plutôt à ceux qui luttent contre la « cruauté animale » de lutter aussi contre
 la « cruauté » envers la langue française !  A mon avis, c’est encore plus urgent !



mercredi 30 novembre 2011

Lysistrata à l’amende


Dans cette société déboussolée, qui a perdu ses repères moraux les plus sûrs, qui ne sait plus ou elle en est, mais qui court encore sur ses pattes comme une gallinacée à qui on a coupé la tête, la justice est à son image : décervelée ! Vous en voulez une preuve ?
Je ne sais pas si certains d’entre vous ont entendu ce jugement effarant prononcé, en France, contre un homme qui n’aurait pas assez « honoré » son épouse ! Je n’invente rien, la preuve :

Condamné pour ne pas avoir suffisamment "honoré" sa femme. Un homme va devoir verser 10 000 euros de dommages et intérêts à son épouse "pour absence de  relations sexuelles pendant plusieurs années".

Ainsi en a décidé la cour d'appel d'Aix-en-Provence qui estime que "les attentes de l’épouse étaient légitimes dans la mesure où les rapports sexuels entre époux sont notamment l’expression de l’affection qu’ils se portent mutuellement, tandis qu’ils s’inscrivent dans la continuité des devoirs découlant du mariage". 

 Comment en est-on arrivé à une imbécillité pareille ? Mystère ! Mais il se pose un grave problème en vertu de la « sainte parité » ! Vous ne devinez pas lequel ? Mais si, bien sûr !
Combien d’hommes vont être en droit de réclamer la même chose pour refus, de la part de ces dames à la migraine tenace, de ne pas satisfaire les besoins « légitimes » et maintenant « légaux » de leurs époux ?  En d’autres termes mieux choisis combien de « Lysistrata aux petits pieds » vont se retrouver devant un tribunal pour avoir jouer les bêcheuses emmerdantes et les frigides compulsives pendant des décennies et avoir ainsi  infliger  un « martyr » conjugal jamais sanctionné par la loi à leur pauvre mari ?  
C’est un comble, et une injustice flagrante, que ce soit un homme qui soit ainsi le premier condamné alors que nous savons bien que, statistiquement parlant, ce sont plutôt ces dames qui seraient « hors la loi » dans ce domaine ! C’est vous dire si nous sommes dans une époque qui marche sur la tête. Je me souviens du film « Garde à vue » où un Michel Serrault génial jouait un notaire soupçonné de pédophilie criminelle parce que sa belle femme, jouée par Romy Schneider, lui refusait sa chambre depuis son voyage de noces ! Dans le film, elle finissait par se suicider, s’infligeant ainsi un châtiment bien mérité !
Alors messieurs, si vous avez affaire à une épouse « récalcitrante » de la gaudriole conjugale, vous savez ce qui vous reste à faire !
 Portez plainte devant la justice ! La loi est désormais avec vous !
Ah mais ! 

mardi 29 novembre 2011

Cogito ergo sum


« Je pense donc je suis » ! Voilà une belle formule latine qui remonte bien loin dans mon enfance studieuse et laborieuse. Un vieux monsieur du nom de Descartes l’avait prononcée, il y a de cela des siècles,  et elle se répandait dans tous nos livres de philosophie scolaire.
Cette vieille relique de penseur, aux cheveux longs et au regard fiévreux, ne m’inspirait alors qu’un désintérêt méprisant dû à une adolescence tout à fait ordinaire.
Et voilà que l’âge survient avec son recul impitoyable sur les années passées. Alors qu’on a « posé les valises » et que les soucis de la vie s’estompent un peu, on voit resurgir cette préoccupation philosophique essentielle !
Qu’est-ce que je suis bien venu foutre sur terre ? Quel est ce mystère insondable qui fait que je suis venu assister à cette « comédie humaine », à ce « banquet de farceurs improbables » que l’on nomme « humanité » ?
Qui ne s’est jamais posé cette question terrifiante ? Je n’arrive pas à concevoir un seul être humain qui ne se soit jamais interrogé sur ce problème fondamental ! Voilà pourquoi je reviens à mon vénérable philosophe. Il a dû, sans l’ombre d’un doute ( et dans son cas, c’est assez judicieux) se poser rigoureusement la même question que moi. Oui, je pense, et par cette simple action, j’ai la seule et unique preuve de mon existence. Et cette existence est pour moi un mystère insondable car elle rejoint cette interrogation fondamentale : pourquoi j’existe plutôt que rien ? Quel est ce miracle inouï qui fait que je sois là, où je suis, que je vois, que je respire, que je réfléchis, que je ressens, que je souffre, que j’ai peur, que je ris, que j’ai la certitude absolue de mon « unicité » et de ma « singularité » Ce qui me pousse à un égocentrisme absolu (mais provisoire) : L’univers entier n’existe qu’à travers moi. Il n’existe que parce que j’en suis conscient. Mais je me suis aperçu, Ô miracle, par la seule volonté de mon raisonnement, que je ne suis pas le seul dans ce cas là ! Oui ! Il existe d’autres « bipèdes » qui me ressemblent, qui ont des bras, des jambes, une tête, enfin, bref, un aspect « humain » et qui pourraient peut-être comprendre aussi ce que je ressens  ! Car ce n’est pas évident ! Parfois, cela me fait penser à ce film génial : « The Truman show » avec Jim Carrey où l’on fabrique un univers entièrement artificiel pour un seul être humain où tout est faux ! Tout est fabriqué ! Il est le seul à ne pas le savoir ! Et si j’étais, moi aussi, le fruit d’une expérience diabolique (ou divine ), et si j’étais un cobaye crée pour voir comment réagi un être humain dans certaines circonstances ? Oui, je sais ! Cela frise la folie ! Alors qu’y a-t-il de concret pour nous sauver de cette  schizophrénie ? L’Amour, bien sûr ! Quand un « autre » être humain vous semble plus « intéressant », plus « essentiel », plus « important » que vous-même !  Pour conclure cette petite digression philosophique, si notre brave Descartes proclamait « Je pense, donc je suis », il ajoutait : « si je suis Dieu est » ! Mais Dieu étant « Amour » on peut conclure en toute certitude que : « Si je suis, c’est que l’Amour EST » ! 

jeudi 24 novembre 2011

Sus à l’économe !


Non-mesdames ! Il ne s’agit pas d’un jeu sexuel sur la personne d’un comptable de magasin ! Je vous parle de  cet outil indispensable et très utile qui sert à éplucher les légumes.
L’autre jour, un dimanche matin pour être précis, il me vient le brusque désir de faire la cuisine, en préparant un bon petit plat des familles pour midi. Comme beaucoup d’hommes j’adore jouer les chefs cuistots amateurs ! Quand  il s’agit seulement d’un passe-temps ! Faut pas pousser la « plaisanterie » trop loin. Sans oublier que  la cuisine que nous préparons a toujours  meilleure saveur, c’est bien connu. Pour se faire, je prépare dans la «joie et l’allégresse » tous mes ingrédients sur la planche de travail. Moi, il faut que tout soit bien répertorié, présent,  et à portée de main. Je ne suis pas comme « certaine » qui commence une recette sans savoir s’il y a toujours de l’ail ou des échalotes, qu’il faut aller chercher « ventre à terre » chez « l’Arabe » du coin, parce que « Madame » n’y a pas pensé. Bref ! Ce jour-là, tout était présent et en quantité adéquate. Je sors les patates, je les étale sur le journal pour ne pas salir la table. Je pars à la recherche de mon épluche-légume. Et c’est là que le drame survint. Au bout du troisième tiroir exploré, je pousse le cri « primal », le hurlement de la « bête  aux abois », le rugissement du « fauve en colère », « le feulement du tigre à qui on vient de marcher sur la queue », le « ricanement de l’hyène en colère » !
_Putain de bordel de merde ! Où est encore passé cette saloperie d’économe ?
Conséquence immédiate de ces cris de détresse hurlés dans toute la maison : la famille rapplique au grand complet ! Et qu’est-ce que je me prends pas dans la tronche, comme quoi, il faut être « cinglé », « malade mental », « malade des nerfs » pour se mettre en colère pour un motif aussi « futile » ! C’est tout juste si je ne suis pas au bord du divorce, et mes fils prêts à appeler les secours pour qu’on me passe la camisole de force.
Après cet incident sonore, l’épluchage des pommes de terre, avec un vulgaire couteau « normal » dans le  silence réprobateur d’une famille toujours en colère, me plonge  dans un état dépressif déplorable ou je rumine une sombre vengeance et où je m’imagine entrain d’éplucher mon épouse avec un épluche-légume tout neuf !  
Maintenant, il faut que je songe à plaider ma cause, avant que vous me preniez pour le dernier des tarés et des atrabilaires irrécupérables ! 
Parce que ces « vacheries » d’économes j’en ai acheté des dizaines ! J’en ai acheté de toutes les sortes ! Des « en bois », des « en plastique », même un beau en acier chromé. Vu la célérité de leur « disparition » j’en ai même acheté, un jour, trois d’un seul coup, en me disant que je pourrais au moins compter sur un « rescapé » ? Peine perdue !
Bon ! Ce n’est pas moi, avec ma galanterie habituelle où pas une once de misogynie ne pointe à l’horizon, qui pourrais imaginer une seconde que ma femme les balance systématiquement avec les épluchures ! Oh ! Non ! C’est mal me connaître ! Et surtout, je n’oserais même pas proférer cette vilaine accusation sans rougir de honte devant cette mauvaise foi évidente et indigne de moi !
Alors je suis allé encore acheter pour la DERNIERE FOIS cet instrument « volatile » à la  propension mystérieuse à disparaître au moment où j’en ai besoin. J’ai acheté le plus modeste et le moins cher, bien sûr ! Puis soudain, une idée géniale et lumineuse a germé dans mon esprit (comme on écrit dans les romans à deux balles). Je suis rentré chez moi. J’ai foncé dans mon bureau, et là j’ai mis cet objet infiniment précieux DANS MON COFFRE FORT ! Et ne me dîtes pas que je n’ai pas une petite chance de le récupérer la prochaine fois que je serai obligé d’éplucher mes patates? Non, je ne suis pas fou ? Qui a dit ça ?

lundi 7 novembre 2011

Ô Stampe Ô mores Un avion mythique


Des avions « mythiques », il en existe des dizaines. C’est à la discrétion de ceux qui les considèrent comme tels, en fonction de leurs souvenirs et de leur goût. Le mien, c’est le « Stampe » Il m’est cher à plus d’un titre ce vieux coucou. Certains penseront que c’est une antiquité dormant sous la poussière d’un musée. Erreur ! Il vole toujours. Il est indestructible, il est éternel. Il est pourtant fait de toile et de bois. C’est un biplan conçu avant la seconde guerre mondiale, et par des Belges, de surcroît. Ce qui prouve que les Belges, à part la bière, les bandes dessinées et les blagues sont aussi capables de faire des avions. Et quel avion !
Il a formé des centaines de pilotes de toutes nationalités. Il a été l’avion des premiers émois aéronautiques pour bien des aviateurs professionnels qui en garderont un souvenir ému, même si au bord de la retraite, ils pilotent des 747 ou des A380. Car nous savons tous que les « premières fois » sont inoubliables ! Et pas seulement en aviation, si vous voyez ce que je veux dire. Bon ! Après cette petite mise en bouche, il serait temps que je vous parle de moi et de mon aventure « sentimentale » avec cet avion.
Je devais donc avoir douze ou treize ans. Mon père travaillait alors sur cette base aérienne Ô combien « mythique » elle aussi, de Vélizy-Villacoublay. Pour un raison simple c’est qu’il y était adjudant chef comptable dans l’armée de l’Air, et ce que nos contemporains, de moins de quarante ans, ne peuvent pas savoir, c’est que lorsqu’ils vont du petit Clamart sur Versailles, en roulant sur la « 186 », sur leur droite, ils observent une multitude de bâtiments divers d’une densité remarquable. Ils auraient beaucoup de mal à imaginer qu’à cet endroit, dans les années soixante, une splendide prairie verte s’étendait là, à perte de vue. Et que sur cet espace bucolique se trouvait un autre terrain d’aviation, mais privé, celui-là !
Mon père s’était lié d’amitié avec un vieux « forban » d’une cinquantaine d’année, à la chevelure blonde et ondoyante à la Mermoz et qui travaillait sur la base. Ce brave type avait la particularité d’être un pilote amateur. Et il pilotait, bien sûr, sur le petit terrain privé, le dimanche. Mon père ne tarissait pas d’éloge à son sujet. Une vraie passion. Allant même jusqu’à me raconter que son « héros » fit toute la guerre comme mitrailleur de queue sur B17, les fameux bombardiers américains. Je ne sais pas si cette histoire était vraie, mais elle m’impressionna fortement. Comme mon père connaissait ma passion pour l’aviation il eut l’idée géniale (pour moi) de me proposer un baptême de l’air dont son pote serait le pilote ! Vous pensez bien que cette idée me fit sauter de joie du haut de mes treize ans.
C’était plutôt un « faux » baptême, car à l’âge très modeste de deux ans et demi, j’avais déjà parcouru 12000 kilomètres dans la carlingue d’un « Halifax » vieux quadrimoteur bombardier que les Anglais (dans leur « immense » générosité) nous avaient refilé après la guerre pour palier à notre aviation civile exsangue. Nous revenions alors de Madagascar où je suis né. Mais comme je n’avais strictement aucun souvenir de ce premier voyage, ce vol représentait pour moi quand même le premier « conscient » et « vécu » Dire que j’étais rassuré et détendu serait un tantinet exagéré. J’avais quand même un peu les jetons. Je dois l’avouer humblement. C’est ainsi que j’arrivais, un beau matin froid et légèrement brumeux, sur ce petit terrain, en face du « grand » plein d'avions militaires, dans la 403 noire paternelle. Je vis alors un grand gaillard, costaud, au visage rigolard et malicieux, me tendre une paluche de déménageur. Il était d’un calme rassurant et posé. Très vite nous nous sommes dirigés vers « l’oiseau » de toile grise qui nous attendait sur le tarmac. Le « Stampe » est un biplace. Ce qu'il a de particulier c'est que le passager ou l'élève est à la place avant, et que le moniteur est derrière lui. Vu la petite taille de mon âge, on m'avait affublé,en guise de coussin d'un parachute qui ne m'aurait servi à rien en cas d'incident, mais qui me permettait de voir à l'extérieur comme les grands. Une fois coincé dans mon modeste habitat, je surveillais les préparatifs avec attention et angoisse. Quand le moteur se mit à pétarader et à ronfler, je fus stupéfait et un peu suffoqué par l'intensité du bruit auquel je dus, de force, m'habituer. Malgré le petit pare-brise de plexiglas installé devant moi, je ne pus me protéger d'une circulation d'air qui me donna l'impression d'avoir la tête à la portière d'une voiture roulant à cent à l'heure!
Et comme mes deux inconséquents d'adultes qui m'avaient organisé ce voyage n'avaient pas prévu de me donner un casque ou même un protège oreilles, je me suis farci une otite carabinée au retour qui abaissa mon acuité auditive de l'oreille gauche pendant des années.
Pour l'instant, l'avion fait des soubresauts incontrôlés sur une piste en herbes folles. La tonte du gazon n'ayant pas dû être faite depuis longtemps. Le bruit du moteur s'est encore accru en intensité, ce que je n'avais cru guère possible! Après une course de plus en plus chaotique j'ai senti que l'on se soulevait un peu, et puis brusquement tout s'est stabilisé. Nous étions en l'air!
Ah! La joie de voir la terre s'éloigner, les maisons se faire toutes petites. Nous avons survoler Meudon, ensuite, mon grand escogriffe de pilote a plongé sur Paris. Pas exactement! Mais comme je ne pouvais pas distinguer les limites de la capitale, je ne savais pas encore que son survol est formellement interdit à tout aéronef privé. En fin de compte, nous avons remonté la Seine au dessus de Suresnes et de Nanterre. Et là, j'ai encore le souvenir indélébile d'avoir pu admirer le CNIT, cette grosse étoile de béton, toute neuve, et non encore enchâssée de ses buildings d'affaire. Nous sommes revenus nous poser tranquillement. Bon, pendant trois jours j'ai hurlé comme un perdu, persuadé que l'entourage ne m'entendait pas! Mais quel souvenir.
Un autre souvenir, mais dramatique celui-là, et dont peu de gens ont le souvenir; c'est celui d'une collision dramatique d'un « Stampe » et d'un « SE 210 caravelle » en approche d'Orly.
Ce pauvre avion fut littéralement « scalpé » par le « Stampe » dont le moteur se retrouva sur les genoux d'un passager qui n'y survécut pas! L'appareil réussit néanmoins à se poser avec huit mètres de toit de carlingue en moins! Cela se passait le 19 mai 1960 et la compagnie était "Air Algérie". 

Mais je préfère me souvenir de mon « baptême », et lorsque je vis dans une brocante, la boite d'une maquette représentant mon glorieux biplan je ne pus résister. Maintenant, il trône dans une vitrine, accompagné de vénérables compagnons comme un « Caudron Simoun » un B17, un « Halifax » et des dizaines d'autres, le Concorde, deux A380, un 747, une « Alouette II », un « Puma 330 » le « Spirit off Saint-Louis », un hydravion japonais, un « Jap zéro » etc....

jeudi 6 octobre 2011

Un « père Goriot » iranien

Hallucinant ! Renversant ! Scandaleux ! Même après une nuit de sommeil mon indignation n’est pas retombée. Figurez-vous que, comme des millions de téléspectateurs, j’ai vu à la télé, hier soir, le « Père Goriot » de Balzac interprété d’une manière émouvante et poignante par Charles Aznavour. Le téléfilm terminé, je « zappe » nonchalamment pour faire retomber les émotions, et me calmer l’âme. C’est alors que je tombe, par le plus grand des hasards, au milieu d’un reportage sur ARTE, dont je ne comprends pas tout de suite le sujet. Je vois un vieil homme, au visage rond, les yeux humides de tristesse derrière de grosses lunettes. J’apprends avec curiosité que cet homme est le Docteur Mahmoody, le père et le mari des « héroïnes » du livre et du film « Jamais sans ma fille » ! Et ce que j’apprends me glace le sang ! C'est-à-dire le long « chemin de croix » de ce « monstrueux » père qui aurait battu sa femme et sa fille comme le « fanatique » iranien qu’il est ! Des millions d’hommes et de femmes ont lu et vu cette histoire « poignante » à travers le monde. Nul doute ! La cause est entendue ! Ces « pauvres » femmes ont échappé à « l’horreur » de la vie iranienne. Moi-même, ayant lu le livre, j’en étais resté sur cette impression. Sauf que… ! Sauf que ! Ce n’est pas elle qui a écrit le livre, comme chacun s’en doute un peu, mais un certain William Hoffer déjà auteur du célèbre « Midnight express » ! Alors ? Comment un jeune docteur iranien, occidentalisé, cultivé, doux et pacifique, a-t-il pu se transformer en un « monstre fanatique » et intolérant pour revenir à la « barbarie bornée » de plusieurs siècle en arrière ? C’est un mystère que des millions de personnes, à travers le monde, se sont certainement aussi demandé ! Ben ! C’est très simple ! D’une simplicité « biblique » ! Tout simplement parce que c’était FAUX ! Le Docteur Mahmoody n’a jamais changé, LUI ! Par contre, sa « charmante » et « victime » d’épouse s’est ENORMEMENT enrichie grâce à un FAUX récit. Mais là où le scandale devient proprement sordide et ignoble, c’est lorsque l’on append les conditions du divorce ! A « l’Américaine » bien sûr ! C'est-à-dire que ce « père indigne » n’a su qu’il était « divorcé » que six mois après le jugement ! Olé ! Et par une simple lettre ordinaire où il était mentionné : « adresse inconnue » mais qui a très bien su le trouver ! Petit complément insignifiant ; tous ces biens, y compris la « belle baraque » de quelques milliers de dollars sont revenus à « Madame » ! Même ses cahiers d’étudiants et ses affaires personnelles ! On a interrogé un américain, collègue de Mahmoody à l’hôpital, et c’est là que le récit prend un tour politique et « sociologique » passionnant. Ce collègue a reconnu que son ami était un brave homme mais que le « contexte politique » de l’époque lui était très défavorable ! Tu parles ! Nous étions en plein dans la prise d’otages de l’Ambassade américaine à Téhéran ! Et là, il a eu cette réflexion qui vaut son pesant de caramel : Il a dit que les Américains en général avaient besoin « de haïr » un ennemi ! Que pour eux, les choses étaient « blanches ou noires » ! Pas de nuances ! Les Iraniens étaient les méchants, donc tous les Iraniens étaient des méchants ! Sans exception ! Si cette démonstration ne suffisait pas, il fallait entendre le juge qui avait prononcé le jugement de divorce. Quand il parlait de la loi, son discours semblait juste et de bon sens. Mais « en civil », il fallait l’entendre parler de
 « patriotisme » où il aurait « bousiller » tous ces « méchants » fanatiques islamistes. Sans se rendre compte une seconde, que son fanatisme à lui, était tout aussi effrayant ! Et l’on comprend mieux maintenant, l’imposture de : « Jamais sans ma fille » ! Mais qu’un père puisse être pris pour un « monstre » par la terre entière, et qu’il soit à jamais privé de sa fille, ça, c’est tout à fait « normal » ! Par une expérience privée personnelle, je sais à quel point certaines « mères » peuvent être des montagnes de monstruosités, et de manipulation. Je le sais cruellement dans ma chair, et dans mon âme ! Je connais maintenant le degré de fourberie et de mensonge dont les hommes (et surtout les femmes) sont capables par avidité, cupidité, fanatisme idéologique ou religieux ! C’est vraiment, et proprement, à désespérer parfois, de la race humaine ! Et il n’y a bien que Dieu pour protéger les innocents et ceux qui souffrent ! Comme un certain père Goriot-Mahmoody !

vendredi 2 septembre 2011

L'aigle de Moissy

Un jour, alors que je ferraillais férocement dans un forum de discussion, sur cette nouvelle agora virtuelle que l'on nomme le « ouèbe », un intervenant, sûrement peu cultivé et non averti, me sortit cette phrase gravée à jamais dans ma mémoire: « Quand on vous lit, on dirait du Bossuet! »
Poum! J'ai failli tomber de ma chaise en ratant un battement de cœur. Ma chatte, perchée comme à son habitude sur mon écran antédiluvien me gratifia alors d'un sourire étrange.
Kouâââ? Moi? Bossuet? Pour ceux, les moins de soixante ans, qui ont un peu de culture, Bossuet était surnommé « l'Aigle de Meaux »! Maintenant, je vous autorise à vous pâmer d'admiration devant ce titre « génial » dont je me suis affublé pour ce petit « poulet *».
Ce souvenir émouvant et flatteur ne serait pas revenu à la surface de ma mémoire si je n'étais pas tombé sur un livre de la collection de Jean d'Ormesson vendu, que dis-je vendu? Bradé au prix dérisoire de trois euros dans une grande surface sur les « Oraisons funèbres » de ce grand écrivain français. Je sais! Il faut être maso et un tantinet pervers, comme moi, pour lire du Bossuet à notre époque. Tiens? A propos « d'aigle » j'en connais un qui déploie ses ailes dans un engin métallique du côté de Meaux, précisément! Je suis sûr qu'il va se reconnaître en me lisant.
Pour revenir à notre orateur célèbre, je dois confesser (ce qui est de circonstance vu que cet homme était évêque) que je ne connais de lui que cette apostrophe célèbre lors de l'oraison funèbre d'Henriette de France: « Madame se meurt, Madame est morte »! Oui, je reconnais que c'est un peu court pour faire une thèse sur ce grand homme. Donc, je me suis mis à feuilleter mon bouquin à trois euros. Qu'est-ce qu'il écrit bien Bossuet! Je n'ai pas tout compris, mais quel style!
Cela me fait penser irrésistiblement à cette vieille mémé du Sud-Ouest, ayant écouté son évêque lors d'une messe, et qui s'exclamait ainsi: « Je n'ai rien compris, « coune dé boune dille » mais qu'est-ce «qui cause bien monsieur le curé! » ». Il faut dire que ce pauvre Bossuet serait un peu « dérouté » par l’athéisme majoritaire de notre élite intellectuelle et bien pensante. Et que dire des « écolos » lisant cette phrase: « Il ne faut pas aimer le monde! Seul Dieu doit être l'objet de notre amour ». Ah il n'aurait pas été élu lors de
« primaires » des verts! C'est bien simple, on croirait entendre un ayatollah iranien.
Il est vrai que les beautés de ce monde nous aveuglent sur la finalité de notre destin et que nous oublions la vanité de toute entreprise humaine, que la brièveté de la vie nous est une notion de plus en plus étrangère à notre esprit, nous faisant ainsi oublier la gloire éternelle de Dieu!
Quoi? Comment? J'écris comme Bossuet, maintenant? Mais c'est épouvantable?
Sors de ce corps Jacques-Bénigne! Oui, il se prénommait ainsi! Tout le monde ne peut pas se prénommer « Kevin » ou « Yann ».
Pour nous, il y a un autre « Aigle de Meaux » qui nous attend à la rentrée! Mais c'est plutôt ses mimines qu'il va nous agiter devant nos figures réjouies!
Et l'aigle de Moissy va de nouveau, de sa voix de basse, chanter du Mozart.
Mais je suis sûr que Jacques-Bénigne aurait aimé ce Requiem majestueux, bien digne de ses « oraisons funèbres ». Que la mort est belle quand elle est magnifiée par de tels génies!
Ça y est! Je recommence! Au secours! Sauvez-moi!

PS *« poulet »: Pour les quelques malheureux qui n'auraient pas bien saisi, il ne s'agit pas d'un gallinacé déplumé que l'on becte avec des pommes de terre, mais d'un petit texte sans importance.

samedi 26 mars 2011

La mort aura tes yeux, mon fils !

Cette histoire est authentique. Elle se déroule quelque part, en Amérique latine, il y a quelques décennies déjà, dans une de ces « mignonnes » petites dictatures folkloriques, mais sanglantes quand même. Disons que le potentat local se nomme Ramon Alcazar en l’honneur d’Hergé, car comme le personnage des albums de Tintin, il est général. Cela va de soi.
Un dictateur sud-américain qui n’est pas « général », c’est comme un pape sans sa soutane blanche ou un producteur de cinéma sans son « barreau de chaise » rivé sur ses lèvres !
Tout va bien chez lui. Il terrorise « gentiment » sa population comme il se doit. N’étant pas marxiste, ni même gauchiste,  il a la protection de la CIA et de son grand frère du Nord. Ne précisons pas d’avantage, tout le monde comprendra. Bref ! Tout serait parfait dans la vision idyllique de sa petite dictature pour Ramon, si dans celle-ci, une mouche, une tache, une crotte de punaise ne venait pas gâcher ce beau tableau. Son fils Benito ! Autant Ramon est fougueux, colérique, énergique, remuant, cynique, impitoyable, mégalomane, autant le fiston est effacé, timide, pusillanime, à la limite de l’autisme. Benito ! Pas pour son père, en tous les cas ! Prénom choisi par sa mère, une entraineuse de cabaret, rencontrée dans la jeunesse peu sage de son déjà voyou de père. Gourgandine envoyée à la trappe depuis longtemps et remplacée par une marâtre plus « présentable » mais tout aussi vénale. C’est peu de dire que le pauvre garçon n’a pas bénéficié de toute la tendresse maternelle qu'un enfant est en droit d’exiger dans une vie normale.
Mais le pire, c’est qu’il subit quotidiennement le mépris non dissimulé de son géniteur de père. Lui qui pensait pouvoir compter sur une descendance digne de sa « grandeur » pour sa succession, c’est raté. Et son ressentiment explose à chaque fois que des circonstances malheureuses exposent ce mauvais rejeton à la vue de ce père affligé.  Ah ! On ne peut pas dire qu’il soit à la fête, le pauvre Benito. Comme une catastrophe génétique n’arrive jamais seule, la nature, dans sa cruauté vengeresse, a fait que le fils est tout le portrait physique de son père ! Un quasi sosie, en plus jeune. Vous imaginez un peu la rage, la colère du père, et la détresse du fils à chaque fois qu’ils se croisent ? Même dans les dictatures, qui ne sont pas d’opérette, les bonnes choses ont aussi une fin. Les peuples sont toujours d’une instabilité désarmante sous ces latitudes surchauffées et moites. Cela doit donc venir du climat ou d’un fonctionnaire de Washington qui veut « booster » sa carrière, à moins que Ramon soit devenu trop encombrant …..ou trop cher ! On lui concocte donc, une bonne petite révolution des familles, histoire de renouveler le cheptel des dictateurs de la région. Tant il vrai que si un tyran local est excellent pour la stabilité des populations, celles-ci aiment quand même la variété et le changement. Elles ont droit à un peu de « distraction » de temps en temps.
« Changement d’herbage, réjouit les veaux » ! Vieux proverbe bucolique de nos campagnes.
Donc, il y a du rififi dans l’air. L’orage populaire gronde, On évacue en vitesse le palais présidentiel. Un convoi automobile se forme en emportant butin, femmes et enfants, direction la frontière la plus proche. Mais il ne faut pas prendre les révolutionnaires pour des billes. Ceux-ci organisent immédiatement une chasse à la poursuite des fuyards. Fuyards qui arrivent sans encombre au dernier petit village situé sur une hauteur, avant la frontière. Celle-ci n’est plus qu’à quelques kilomètres. L’ex-potentat et son fils sont dans le même véhicule, avec l’ex-chef d’état-major de son armée. Ils aperçoivent au loin, les colonnes blindées de la révolution en marche qui montent vers eux, dans un gros nuage de poussières ! Ils seront là dans une poignée de minutes, peut-être de secondes. Que faire ? C’est alors que le militaire à une idée géniale. C’est fou comme la trouille peut faire fonctionner les méninges rapidement dans ces moments là !
-Mon général ! Votre fils vous ressemble tellement que si vous lui donnez votre uniforme, il se fera passer pour vous ! Il ne craint rien, c’est après vous qu’ils en ont ! Dans la confusion, cela vous laissera le temps de gagner la frontière.
 Plus rapidement que Fregoli ou qu’Arturo Braquetti, voilà notre pauvre Bénito promu « généralissime » avec une quincaillerie médailleuse à faire pâlir de jalousie un maréchal de l’ex-empire soviétique.
Les adieux entre le père et le fils sont brefs. Non seulement à cause des circonstances, mais on ne rattrape pas aisément des années de désert affectif.
La voiture du tyran déchu s’éloigne en trombe, et file vers la frontière salvatrice.
Dans un dernier réflexe inconscient, Ramon jette un œil distrait dans le miroir de courtoisie du pare-soleil de la voiture et aperçoit la silhouette de son fils qui diminue rapidement.
Il voit ses yeux tristes, résignés, pleins d’une lassitude qui l’ont toujours exaspéré.
Mais soudain, il se passe quelque chose dans son cœur qui explose comme une grenade dégoupillée.
Une arme terrifiante vient de le terrasser à laquelle il ne s’attendait pas, et pour laquelle il n’avait jamais pris la moindre  précaution : Ah la gueuse ! Ah  la traitresse !:
La tendresse paternelle !
Il revoit, en une fraction de seconde, toute la vie de son enfant. Lui, si docile, si transparent, comme un bon « toutou » domestique. Lui qui ne s’est jamais plaint, qui a tout subi de son père sans jamais rien dire, et qui aujourd’hui, accepte sans rechigner de sauver celui qui le méprisait.
Ramon se met à trembler de tout son corps. Il étouffe. Il se met à hurler cet ordre insensé dont il ne se serait jamais cru capable quelques instants auparavant;
-Stop ! Stoppez la voiture TOUT DE SUITE ! C’est un ordre !
-Mais mon général ? C’est de la folie ? Ils vont nous rattraper !
-Je m’en fous ! Arrêtez !
Le chauffeur arrête brutalement la voiture, laisse descendre Ramon, et redémarre à toute vitesse, sans demander son reste. Si le patron est devenu cinglé, c’est son problème ! Mais il ne va pas en payer les conséquences à sa place.
Benito qui se résigne déjà à son sort, relève la tête, et ses yeux s’agrandissent d’étonnement.
Il voit le nuage de poussières se dissiper et la silhouette de son père apparaître et qui court vers lui.
_Mais papa ? Qu’est-ce que tu fais ? Tu es fou ?
Sans un mot, Ramon étreint dans ses bras, de toutes ses forces, ce fils qu’il croyait mépriser, ne pas aimer.
Ils s'observent longuement, sans un mot, leur yeux noyés de larmes où tant de choses essentielles se figent pour l'éternité.
Le vilain tyran fut fusiller comme il se doit. Un fils pleura son père tout le restant de son existence.
Je dédie cette histoire à tous les pères qui pensent ne pas avoir aimer leur fils suffisamment.
Et à tous les fils qui s'imaginent, souvent à tort, que leur père ne les aime pas.

A mes deux garçons









vendredi 18 mars 2011

Les oubliés de la gloire du cinéma français


 Pourtant, j’en ai vu des milliers de film dans ma déjà longue vie ! Mais jamais, jamais je n’ai méprisé, et encore moins oublié les soi-disant « second rôle » ! Certains sont passés au premier, mais beaucoup sont restés au second, voire au troisième.
J’ai toujours eu pour eux une tendresse particulière et un respect qui a toujours perduré.
Qui se souvient de Saturnin Fabre, de Noël Roquevert, de Jean Tissier, de Jules Carette, pour les plus anciens ? Sans eux, nos grands chefs-d’œuvre du cinéma ne seraient restés que des films ternes et oubliés. Ils étaient la couleur, le relief, la saveur, l’humanité indispensable nécessaire pour faire passer la vie sur la toile de l’écran de nos salles de quartier.
L’un d’eux vient de disparaître. Il s’appelait Michel Fortin. Vous l’avez tous vu ! Mais vous êtes incapable de voir son visage ou de vous rappeler son nom au moment où vous lisez ces lignes. C’est bien la preuve de notre ingratitude de spectateurs. Mais pour moi, il est aussi un souvenir cocasse et très vivant.
Figurez-vous que par un bel après-midi d’été, ensoleillé et chaud, j’émerge, après mon boulot des sous-sols de l’aérogare d’Orly, sur le trottoir en face de la tour de contrôle. Là, j’aperçois une collègue qui aurait dû être parti depuis longtemps, mais qui observe quelque chose, en compagnie d’une troupe de badauds. C’est un tournage de film. J’en ai vu des quantités à Orly ! Mais celui-ci est spécial, les acteurs sont très célèbres. Il s’agit de Pierre Richard et de Gérard Depardieu. Rien que ça ! Et le film qu’ils tournent s’appelle « La Chèvre » ! Je suis sûr que beaucoup d’entrevous l’ont vu. Et voilà où je voulais en venir. Le passager dont Pierre Richard veut « emprunter » le chariot est Miche Fortin. Je suis sûr que maintenant vous vous dîtes : « Ah mais bien sûr ! Je l’ai souvent vu ! Je le reconnais maintenant ! »
Pauvre Michel ! Je ne sais rien de sa carrière, s’il a été malgré tout heureux, s’il a bien vécu de son métier, s’il a souffert de l’abandon, de la maladie. Je ne sais rien. Mais il peut être sûr, de là où il peut me voir, qu’il m’a donné des moments de joie et de plaisir inestimables.
Comme les autres, je vais le ranger dans ma galerie des GRANDS « petits » rôles.
Et en prime, je vous offre la scène de « La chèvre » où j’ai cuit au soleil pour voir la gestation de ce grand moment de cinéma impérissable.