jeudi 24 novembre 2011

Sus à l’économe !


Non-mesdames ! Il ne s’agit pas d’un jeu sexuel sur la personne d’un comptable de magasin ! Je vous parle de  cet outil indispensable et très utile qui sert à éplucher les légumes.
L’autre jour, un dimanche matin pour être précis, il me vient le brusque désir de faire la cuisine, en préparant un bon petit plat des familles pour midi. Comme beaucoup d’hommes j’adore jouer les chefs cuistots amateurs ! Quand  il s’agit seulement d’un passe-temps ! Faut pas pousser la « plaisanterie » trop loin. Sans oublier que  la cuisine que nous préparons a toujours  meilleure saveur, c’est bien connu. Pour se faire, je prépare dans la «joie et l’allégresse » tous mes ingrédients sur la planche de travail. Moi, il faut que tout soit bien répertorié, présent,  et à portée de main. Je ne suis pas comme « certaine » qui commence une recette sans savoir s’il y a toujours de l’ail ou des échalotes, qu’il faut aller chercher « ventre à terre » chez « l’Arabe » du coin, parce que « Madame » n’y a pas pensé. Bref ! Ce jour-là, tout était présent et en quantité adéquate. Je sors les patates, je les étale sur le journal pour ne pas salir la table. Je pars à la recherche de mon épluche-légume. Et c’est là que le drame survint. Au bout du troisième tiroir exploré, je pousse le cri « primal », le hurlement de la « bête  aux abois », le rugissement du « fauve en colère », « le feulement du tigre à qui on vient de marcher sur la queue », le « ricanement de l’hyène en colère » !
_Putain de bordel de merde ! Où est encore passé cette saloperie d’économe ?
Conséquence immédiate de ces cris de détresse hurlés dans toute la maison : la famille rapplique au grand complet ! Et qu’est-ce que je me prends pas dans la tronche, comme quoi, il faut être « cinglé », « malade mental », « malade des nerfs » pour se mettre en colère pour un motif aussi « futile » ! C’est tout juste si je ne suis pas au bord du divorce, et mes fils prêts à appeler les secours pour qu’on me passe la camisole de force.
Après cet incident sonore, l’épluchage des pommes de terre, avec un vulgaire couteau « normal » dans le  silence réprobateur d’une famille toujours en colère, me plonge  dans un état dépressif déplorable ou je rumine une sombre vengeance et où je m’imagine entrain d’éplucher mon épouse avec un épluche-légume tout neuf !  
Maintenant, il faut que je songe à plaider ma cause, avant que vous me preniez pour le dernier des tarés et des atrabilaires irrécupérables ! 
Parce que ces « vacheries » d’économes j’en ai acheté des dizaines ! J’en ai acheté de toutes les sortes ! Des « en bois », des « en plastique », même un beau en acier chromé. Vu la célérité de leur « disparition » j’en ai même acheté, un jour, trois d’un seul coup, en me disant que je pourrais au moins compter sur un « rescapé » ? Peine perdue !
Bon ! Ce n’est pas moi, avec ma galanterie habituelle où pas une once de misogynie ne pointe à l’horizon, qui pourrais imaginer une seconde que ma femme les balance systématiquement avec les épluchures ! Oh ! Non ! C’est mal me connaître ! Et surtout, je n’oserais même pas proférer cette vilaine accusation sans rougir de honte devant cette mauvaise foi évidente et indigne de moi !
Alors je suis allé encore acheter pour la DERNIERE FOIS cet instrument « volatile » à la  propension mystérieuse à disparaître au moment où j’en ai besoin. J’ai acheté le plus modeste et le moins cher, bien sûr ! Puis soudain, une idée géniale et lumineuse a germé dans mon esprit (comme on écrit dans les romans à deux balles). Je suis rentré chez moi. J’ai foncé dans mon bureau, et là j’ai mis cet objet infiniment précieux DANS MON COFFRE FORT ! Et ne me dîtes pas que je n’ai pas une petite chance de le récupérer la prochaine fois que je serai obligé d’éplucher mes patates? Non, je ne suis pas fou ? Qui a dit ça ?

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