jeudi 3 mai 2007

Les feux de l'amour.











Quarante mille hectares de forêt partis en fumée dans le Colorado, aux Etats-Unis! Le plus gros incendie de l'histoire de cet Etat américain.
Et tout çà pourquoi?
Parce qu'une femme, agent des forêts, a brûlé sans précaution une lettre de son ex-mari qui l'avait mise en colère!









Messieurs, ne prenez jamais à la légère, les échanges épistolaires que vous pouvez avoir avec une personne de l'autre sexe!
La femme prise par-dessus tout ce genre de rapport qui prolonge à l'infini un besoin de romantisme et d'absolu jamais assouvi.
L'homme, ce gros débile cynique, s'en moque comme d'un prospectus publicitaire vantant les mérites d'un bandage herniaire.
Passée les prémices nécessaires pour arriver à ses fins, sa littérature amoureuse le laissera aussi froid que la vue d'une rame de journaux accrochée à un clou dans "la cabane au fond d'un jardin!"

La femme? Jamais!
D'ailleurs, j'ai entendu cette question posée dans un jeu télévisé. C’est vous dire si c’est sérieux !

Quelle est la première chose qu'une femme exige d'un homme après une rupture sentimentale? Bien avant les bijoux, la maison, les enfants, la garde du pékinois et du poisson rouge ?
Ce sont les lettres que Madame a envoyées à Monsieur! C'est vous dire!
Certains vous parleront de lettres enflammées, de propos brûlants pour qualifier l'ardeur dévorante comme un incendie qui envahit l'âme et le corps des amants passionnés.

Mais si une femme brûle les lettres de son mari, vous pouvez être sûr que la rupture est consommée, comme le sont d'ailleurs les quarante mille hectares de la forêt du Colorado!

mercredi 2 mai 2007

Nuts et nuts alors !!
















J’ai pas de pot ! Vraiment pas de pot ! Dans ma chienne de vie, rien, strictement rien ne me sera pardonné!

Déjà le grand Balzac faisait remarquer, dans les « illusions perdues » je crois, qu’il existe des êtres à qui toutes les indulgences sont accordées. Ils peuvent faire n’importe quoi, n’importe quelle bêtise. Il se trouvera toujours quelqu’un pour leur trouver des excuses ou mieux, ils auront toujours le pot, le bol insolent, de passer à travers toutes les sanctions, punitions, et procès. Et pour d’autres, on ne leur passera jamais rien ! Pas même le plus petit des écarts de conduite!

Vous vous doutez bien, que je fais hélas partie de la seconde catégorie!

Le dressage avait déjà commencé très tôt !

Dès que je piquais un bonbon ou que je disais un mot de trop en classe, c’était la paire de baffe et le coup de pied rageur dans le fondement qui pleuvaient instantanément !

Je ne voyais jamais rien venir ! Pas doué ! Mais pas doué du tout pour la mauvaise conduite, la polissonnerie, les roueries habituelles de l’enfance ! Pas malin du tout ! D’ailleurs, je ne le suis toujours pas !


Le summum fut atteint quand je revenais un soir de l’école, toujours sagement, et en vélo.

Il y avait une putain de côte à monter avant d’arriver chez moi. Deux de mes petits voisins et amis étaient tout fiers de se faire remorquer par un camion, dès que l’occasion s’en présentait ! Je les engueulais copieusement à chaque fois pour leur manque de prudence.

Et eux de se foutre de moi, en me traitant de « trouillard » et de « dégonflé » !

Un jour maudit, étant seul et fatigué, je vois l’arrière d’un beau poids lourd qui me tendait les bras ! Je m’accroche….Badaboum ! Je me ramasse une gamelle !
Mais une gamelle, mes enfants ! Et devant qui ?

Un féroce motard de la gendarmerie qui surveillait ma manœuvre foireuse ! Je vous épargne l’engueulade et les menaces policières ! La guigne monumentale ! C’était à pleurer de rage et de désespoir !

L’autre jour, en randonnée, je sors une barre chocolatée (pas de publicité, siouplait !) de mon sac. Et là, je me fais prendre une leçon de diététique par une nuée de copines furibardes m’accusant de m’empoisonner avec des « saloperies pareilles » ! J’aurais sortis une banane enfilée dans un préservatif, que le scandale n’aurait pas été plus grand !

C’est pas tout ! L’autre soir, à Rungis, entre la chorale et le lyrique, j’ai un petit creux. Je sors la même barre chocolatée ! Et rebelote ! Je me reprends la même avoinée par des camarades bien intentionnés, et je re-subis les mêmes leçons de diététique sans broncher!

Et le comble du comble, c’est que j’engueule systématiquement mon épouse, toutes les semaines, quand elle achète ces « saloperies » au supermarché du coin.

_Tu vois pas que ça coûte la peau des fesses ? Que c’est bourré de sucreries qui nous bouchent les artères, et que si on fait pas gaffe, c’est l’attaque assurée et le fauteuil roulant ?

Mais vous connaissez comme moi, l’obstination marchande des épouses !

Vous comprenez maintenant, pourquoi je suis si sage ?

Pourquoi je ne trompe jamais ma femme ?

Pourquoi je respecte à la lettre les limitations de vitesse ?

Pourquoi je paie mes impôts à l’heure en déclarant le moindre centime ?

Pourquoi je fais réviser ma voiture en temps en en heure ?

Pourquoi je n’ai jamais insulté mes supérieurs, alors que j’ai souvent pensé que c’était des tarés irrécupérables ?

Ce n’est absolument pas la « vertu » qui m’habite, (le premier qui dit « de cheval » prend ma main dans la tronche !) mes pauvres amis, mais la TROUILLE ! A la limite de la lâcheté, oui !

Je suis condamné à la sagesse et à la tempérance !

Et quand j’écris « condamné » c’est bien le mot !

Vivement le paradis, que je puisse me bourrer la tronche tous les jours, baiser comme un satyre tout ce qui bouge, boire comme un trou, fumer comme une cheminée d’usine, dire des gros mots à longueur de temps, mentir sans vergogne, péter, roter, et surtout, surtout donner des baffes à tous ceux qui me cassent les noix avec des conseils à la con!

Enfin, vivre comme un être humain authentique quoi ?

Car si « l’enfer est pavé de bonnes intentions » Il est surtout peuplé d’agents du fisc, de gendarmes, de directeurs de conscience, de conjoints, et d’un tas « d’amis » qui vous tombent dessus au moindre écart de conduite, à la moindre déviation idéologique ou théologique !

Ah ! Mes chers amis ! Le vice et la débauche, ça se mérite ! Il faut simplement un peu de courage!

Il y en a qui sont naturellement doués pour cela, et d’autres pas ! Il faut savoir l’accepter !


PS. Nuts, en anglais, signifie un mec légèrement frappé de la calebasse ! J’ose espérer que vous ne pensez pas à quelqu’un en particulier, et qui me serait proche ?

lundi 30 avril 2007

Abeilles contre fourmis.

















Notre professeur de « sciences naturelles » était un jeune breton d’une trentaine d’année, au visage rond et éternellement hâlé. C’était une « peau de vache » redoutable qui nous terrorisait par sa discipline de fer. Mais celle-ci était tempérée par un humour ravageur et un sourire canaille qui ne le quittait jamais ! C’est un passionné des matières qu’il enseignait !
Il nous entraînait souvent dans des musées ou des carrières de gypse, en nous détaillant avec fougue et enthousiasme tout ce que nous pouvions y voir !
Le coup de pompe au cul féroce, et la paire de baffes voltigeuses n’étant jamais très loin non plus !
Bref ! Un excellent enseignant, comme il n’en existe probablement plus.
Le temps était venu, dans le programme de la classe, de nous parler
des « insectes sociaux »
Et les deux principaux étant, comme chacun le sait, (ou l’a complètement oublié) ;
les fourmis et les abeilles ! « La fourmi n’est pas prêteuse ! C’est là son moindre défaut ! »
mais ce qu’ajoutait monsieur Boucher (oui ! c’était son nom !)
c’est qu’elle possède aussi un semblant d’initiative, en étant capable d’assumer des tâches pour lesquelles elle n’était pas formée à sa naissance ! Au contraire de l’abeille qui est un véritable robot à ailes vrombissantes !
C’est tellement vrai qu’à notre époque merveilleuse de miniaturisation, les chercheurs militaires américains testent des « drones » copiés sur ces fameux insectes !
Le drone étant un avion sans pilote pour les quelques rares ignorants qui ne le sauraient pas encore !

Donc l’abeille est un animal un peu « con-con » et légèrement borné qui ne connaît qu’une seule mission à accomplir :
la sienne !
On butine, on protège, on nourrit, on construit, un point c’est tout ! Pas d’heures « supp », pas de travail au black, pas de fantaisies !

Notre sémillant professeur en était là de ses explications quand survint sans prévenir, en ouvrant brusquement la porte de la classe, notre ineffable secrétaire scolaire. Femme sans âge, petite, au regard torve, aux lèvres outrageusement peinturlurées d’un mauvais rouge à lèvres, elle était chargée des tâches administratives de notre joyeux collège. Revêche, jamais souriante, sa démarche voûtée trahissait l’aigreur d’une vie de vieille fille sans passion.

La discussion furibarde et animée qui suivit, entre nos deux adultes, n’eut pas toute la clarté que nous aurions désirée pour le mécanisme délicat de nos jeunes cervelles !
Les histoires d’adultes, c’est toujours compliqué !
Mais il ressortait très clairement que notre jeune maître, et ceci à la vue de son visage rubicond (ce n’est une pierre précieuse idiote, mais une couleur), et de ses yeux noirs de fureur, qu’il aurait volontiers étranglé son interlocutrice, le soir, dans un coin sombre des bâtiments de notre école !

Quand elle tourna enfin les talents, et disparut à notre vue, notre entomologiste nous fit face, et de son sourire le plus canaille nous dit :

_A votre avis ?

Et la classe dans un cri unanime et vengeur : « UNE ABEILLE » !
Le petit sifflotement de contentement de notre jeune professeur, en regagnant son bureau, faisait plaisir à entendre, tellement il exprimait le plus grand bonheur et le plus profond des contentements de soi. Il était ainsi rassuré sur l’efficacité de sa pédagogie.

samedi 28 avril 2007

Une question de choix.

Un jour, je regardais le film;"Les Milles:le train de la liberté" film de Sébastien Grall avec ce merveilleux Jean-Pierre Marielle incarnant le courageux Commandant Charles Perrochon.
Voilà un officier gravement blessé par la grande guerre, ayant sous sa responsabilité un camp d'internement pour prisonniers politiques dont beaucoup d'Allemands!
Quand la France fût vaincue il aurait dû rendre ses prisonniers aux autorités civiles pour qu'elles fassent la chose la plus abjecte qui soit; les livrer aux nazis! Il préféra réquisitionner un train, sous sa propre autorité, au mépris de tout ce qu'il avait appris sur la grandeur et la servitude militaire; notamment l'obéissance absolue aux ordres de sa hiérarchie.

Dans le "Crabe tambour" de Pierre Schoendorffer, Jacques Perrin joue un officier qui n'a pas voulu renier sa parole donnée aux combattants musulmans qui s'étaient battus à ses côtés! Il aurait dû le faire, il aurait continué la belle carrière d'officier de marine et terminer dans la peau du commandant de frégate joué par Jean Rochefort!


Le Marquis de Montespan était très amoureux et fidèle à sa charmante épouse, chose rare et même exceptionnelle, dans ce milieu obséquieux et servile des courtisans de la cour de Louis XIV! Quand celle-ci le trompa pour le monarque, il aurait dû en être flatté, comme beaucoup d'autres, et en profiter grassement! Non! Il préféra s'afficher un soir de bal à la cour, avec d'immenses bois de cerf sur la tête! Il fréquenta même une prostitué vérolée, pour refiler cette maladie honteuse au roi débauché, par l'intermédiaire de l'infidèle, ce qui lui valu son exil dans ses terres, où il organisa les "funérailles" de la traîtresse! Il devint ainsi « veuf in partibus » Quel est le dénominateur commun de ces trois personnages? La devise de l'ombrageux marquis:



"Mon âme est à Dieu!" 
"Mon épée est au Roi"
"Mon honneur est à MOI!"
PS Une coïncidence extraordinaire en amenant une autre ; en faisant une recherche sur le Crabe Tambour,je suis tombé sur les mémoires de Pierre Guillaume qui a inspiré l’histoire du film à Pierre Schoendorffer ! Et devinez quelle fut ma stupeur et mon étonnement de voir que cet officier français a repris presque textuellement la devise du marquis, pour le titre de son livre ! Or ce texte, je l’ai écrit il y a cinq ans déjà ! Hallucinant, non ? Des fois, je me fais peur !

Les sœurs oubliées.

Non, je ne vais pas vous parler des sœurs Brontë ! Pas plus que des sœurs Tatin et de leur tarte. Pas non plus des sœurs carmélites du couvent de l’Immaculée Conception. Pas même des « Andrew sisters » ! Quoique là, il y aurait quand même, comme un léger rapport ! Nos chers potes anglais, qui ne savent pas faire les choses comme tout le monde, ont décidé que leurs navires appartenaient au monde féminin ! Ils prennent peut-être leurs femmes pour des barcasses où l’on peut planter son mât ! Allez savoir ? Et quand deux bateaux ou même deux coques de noix, ont été fabriquées à l’identique, ils les qualifient de « sisters ship » ! Des frangines en quelque sorte ! Ces deux sœurs oubliées sont celles d’une « pimbêche » qui se prenait pour une poule de luxe, parce qu’elle fréquentait du beau monde, mais qui s’est ratatinée lamentablement sur un vulgaire glaçon traînant dans l’océan Atlantique ;
« la » Titanic !

Sur cette photo on voit "la" Titanic et "la" Olympic côte à côte! On ne peut pas mieux comme preuve!





Donc, les deux autres frangines sont « la » Olympic et « la » Britannic ! « la » première a navigué pendant trente longues années et transporté plus d’un million de passagers, sans le moindre incident ! Vous croyez que l’on en a « causé » dans « l’poste » ? Rien ! Nada ! Pas le plus petit article ! Quand on lit ce qu’ont raconté des légions de crétins de journalistes au sujet du Titanic, comme quoi, c’était pas un bateau insubmersible, qu’il avait été mal conçu, que les hommes auraient trop prétentieux de défier ainsi la nature, et nana ni, et nana nère ! Quelle bande de pisse-copies nuisibles!


Pauvre Thomas Andrew ! Le jeune et intelligent architecte qui pondit ces trois merveilles ! Quel tort imbécile on a pu lui faire ! Et il est mort bravement sur celle dont il pensait qu’elle lui assurerait sa gloire ! Triste gloire posthume !




Enfin, il y eut « la » Britannic » ! Plus puissante, et légèrement plus longue que ses deux sœurs. Cette pauvre « Britannic » devait avoir aussi un sort funeste, car elle coula à la suite de sa rencontre malheureuse avec une mine allemande, du côté des Dardanelles ! Cette stupide mine allemande n’ayant pas compris que ce bateau était un navire hôpital (heureusement vide de blessés !) tout blanc, avec une belle croix rouge sur ses flancs !








Encore une fois, la conception et les calculs de Thomas Andrew n’y étaient strictement pour rien !



Je me souviens d’avoir vu un documentaire où l’on voyait le commandant Cousteau, dans sa soucoupe sous-marine, avec une vieille infirmière de 80 ans, qui revenait ainsi sur le navire où elle avait servi 60 ans plus tôt ! Emouvant, non ? Et aucun James Cameron pour venir s’intéresser à cette pauvre épave qui n’intéresse strictement plus personne !

Comme le chantait Brassens ;
« Trompettes de la renommé, vous êtes bien mal embouchées ! »
Je dirais même plus ! Complètement bouchées ! Et si vous ne croyez pas à ce scandale historique que je dénonce ainsi, je vous montre quelques documents photographiques qui l’attestent. Je vous donne le lien d’un internaute qui a eu le même besoin que moi, de réparer une flagrante injustice !

http://perso.orange.fr/titanic/page59.htm

mercredi 25 avril 2007

Mon "Titanic" à moi.


Ah ! Ah ! Je sens que je commence à en faire baver plus d’un (et d’une) de curiosité. Qu’est-ce que c’est que ce « Titanic » ? Notre narrateur aurait-il échappé à un naufrage catastrophique, lui aussi ? La dernière fois, je vous avait raconté mon départ de cette île lointaine qui m’avait vu naître, Madagascar. Mais ce que vous ignorez sûrement, c’est qu’une petite graine mâle avait été mise dans le ventre de ma maman, un beau jour d’été, par un père viril et amoureux, dans ces Ardennes aux collines sombres, boisées et mélancoliques, que Rimbaud avait fuit un siècle plus tôt ! Donc, en tout logique, et si vous avez bien tout suivi, il a bien fallu que ce bourgeon ardennais fasse un long périple pour éclore dans la savane tropicale ! Après ça, étonnez-vous que je ne sois pas un peu braque et « bizarre » ! Et ce périple aventureux, plein d’embûche et de souffrance, c’est ma mère qui se l’est payé ! D’une manière toute conventionnel pour l’époque ; en bateau ! Ce navire portait le nom d’une de nos plus grandes gloires scientifiques et archéologiques ; Le Champollion ! Je pourrais, avec le talent que vous me connaissez, en faire moi-même le récit. Mais il se trouve que j’ai retrouvé un vieux cahier écrit de la main de ma propre mère, racontant cet « Odyssée ». Même avec toutes les imperfections de style qu’il contient, sa spontanéité mérite que son récit soit rapporté tel quel :


« Le Champollion était un vieux rafiot qui avait dû faire plusieurs guerres. Il était haut. Trop haut, nous disaient les marins ! Plus tard, quand il y avait un peu trop de vent ou que sa charge était mal équilibrée, il gîtait dangereusement ! Il avait trois cheminées qui nous crachaient dessus des petits brins de suie. Nous avions beaucoup de mal à nous laver à l’eau de mer. Le savon ne moussait pas. Nous avons fini par être très sales. Même pour laver notre linge, c’était tout un problème. Nous n’avions pas de cabines personnelles, bien sûr ! C’était de grands dortoirs. Nous avons embarqué début novembre. Nous ramenions chez eux, des Syriens, des Libanais qui étaient venus, eux aussi, faire la guerre, les pauvres ! Car ces pays étaient sous protectorat français. Nous les avons débarqués à Port-Saïd. Nous n’avons fait que deux escales : Port-Saïd et Djibouti. Quand nous sommes arrivés à Port-Saïd nous avons eu droit à un spectacle pas ordinaire ! On lançait des pièces dans l’eau, et des enfants plongeaient pour les attraper ! Il y avait beaucoup d’animation autour du bateau. Des marchands de tapis, et d’un tas d’autres choses, et ça criait de tous les côtés. Ceux qui avaient l’habitude marchandaient. Nous n’avions pas le droit de descendre (à terre). Inutile de dire que je ne m’y serais pas risquée. Nous avons longé le canal de Suez qui me semblait très étroit. On voyait les bédouins sur leur chameau qui longeaient le canal. Puis le golfe de Suez et la mer Rouge. Nous sommes arrivés le soir à Djibouti.La vue du port la nuit, avec l’arrivée des navires, et aussi les cornes (de brume) qui résonnaient dans la nuit ; c’était vraiment féerique, et le bateau qui coule (sic) tout doucement pour arriver à quai. Là nous avons pu descendre avec mes amies. Nous avons pris un taxi et nous avons fait le tour de la ville. Je devrais dire du village ! Car c’était un bled tout petit au milieu du sable, sans un arbre. Le seul arbre était un palmier en zinc qui se trouvait au bar de l’escale. (Ce qui est extraordinaire dans le récit de ma mère, c’est que ce « palmier en zinc » deviendra un bar célébrissime pour des milliers de militaires et de marins français passant par Djibouti pendant près d’un demi-siècle !) . A Djibouti il fait une chaleur torride. Je trouvais les noirs de ce pays, vraiment très noirs ! De l’ébène ! Très maigres, avec des yeux brillants. Ils sont brûlés par le soleil. Je me demande de quoi ils vivent. Ce qu’ils peuvent manger dans ce pays aussi sec. Et nous repartons ! Nous longeons le Golfe d’Aden. On me dit que sur cette pointe des Somalies, il n’y a pas très longtemps, il y avait des anthropophages ! Nous arrivons dans l’océan indien, et j’ai l’impression que nous ne reviendrons jamais ! Je me sens comme un marin de Christophe Colomb ! Pensez que le voyage a duré un mois ! Le bateau gîte de plus en plus.

Nous les grandes personnes, nous avons le mal de mer. Mais les enfants, les plus grands vont nous chercher à boire. Quant aux plus petits, les mères les attachent sur le pont à l’arrivée du bateau. Seul moyen pour ne pas qu’ils tombent à la mer. Elles ne pouvaient pas les garder tout le temps dans les dortoirs ! Pour ces mamans, quel voyage pénible ! Quand je pense à toutes nos mijaurées de maintenant (sic) ! Il y a de quoi être écoeuré ! Seule distraction ; les poissons volants qui suivaient le bateau ou des bancs de dauphins. J’étais enceinte de six mois. Mon ventre grossissait, mais moi, j’étais maigre comme un clou. Car je vomissais tout ce que j’avalais ! Je ne descendais plus au réfectoire. Les seules choses que je pouvais supporter c’était ce que m’apportais les matelots ; un verre de lait, une poire, une orange ! Je ne me souviens pas de l’escale de Diego Suarez. Je devais être trop malade. Quand nous sommes arrivés à Tamatave, un message a été envoyé à Ivato pour dire qu’il y avait une jeune femme qui était trop faible pour prendre le train de Tananarive. Alors il ont envoyé un avion. Un petit avion d’une dizaine de place. Ça a été mon baptême de l’air!
Voilà le récit de ma maman. Au passage, je vous signale que Tamatave est la ville où est né notre chanteur Antoine ! Lui est un voyageur infatigable, moi un sédentaire forcené. Vous pensez naïvement que tout s’arrête ici ? Vous avez tort ! Car si dans le titre de mon message, je parle de « Titanic » ce n’est pas un « hasard » ! Mes parents m’avaient vaguement expliqué que ce pauvre « Champollion » avait fini sa carrière tristement par un naufrage dramatique. Et dans la légende familiale, il s’agit d’un drame au large de Zanzibar. Des naufragés avaient même été dévorés par des cannibales ! N’importe quoi ! Un jour, la réalité historique me sauta à la figure d’une manière totalement incongrue et inattendue. Je musardais dans un vide grenier brocante, comme il en fleurit des dizaines, dans la région parisienne. Et soudain, mon cœur fit un raté. Sur une pile de vieux « Paris-match » s’étalait un titre :




« Le naufrage du Champollion » En une fraction de seconde la relique journalistique fut mienne, et je parcourus, encore dans les allées du marché, tant ma curiosité était immense, l’article relatant le drame. Ce pauvre navire a raté l’entrée du port de Beyrouth, le 22 décembre 1952. Il s’est coupé en deux.

Le 22 décembre 1952, le Champollion à la suite d'une erreur de navigation due à la mise en service du nouveau phare de l'aéroport de Beyrouth, vient s'échouer sur les brisants à 200 mètres de la plage de la capitale du Liban.


Il me reste de cette histoire un amour, une passion irrépressible pour les grands navires, les grands paquebots. Est-ce le bruit lancinant des chaudières à charbon qui m’a bercé le temps de ma gestation ? Allez savoir ? Un jour, je vous parlerai du vrai Titanic auquel je me suis intéressé bien avant James Cameron ! Titanic que je connais par cœur ! Oui, par cœur ! De la quille au sommet des cheminées. De la poupe à la proue. C’est bien simple ; j’ai l’impression de l’avoir toujours connu, d’avoir participé au voyage funeste. Mais ceci est une autre histoire comme le disait un vieux british de ma connaissance.



PS. Vous trouverez toutes les informations sur drame par le lien que je vous fournis.

mardi 24 avril 2007

Mon cinéma.

Bien avant que Nougaro ne chante ces paroles éternelles

« Sur l'écran noir de mes nuits blanches,
Où je me fais du cinéma,
Une fois, deux fois, dix fois, vingt fois
Je recommence la séquence »



Bon ! Comme je devais avoir sept ou huit ans, il n’était pas question des « bras ou des hanches » d’une personne du sexe opposé.
Mais le principe était bien là !
Je me revois allongé sur le lit de ma chambre, le pouce dans la bouche !
Eh bien oui ! Je l’avoue maintenant sans honte ; je suçais mon pouce !
Ce n’était pas plus malin que de têter vingt clopes par jour !
Mais c’était certainement plus sain !
Je vous rassure, il y a longtemps que j’ai abandonné ce « vice » !
J’ai bien têté autre chose depuis, mais ceci ne vous regarde pas !
J’étais donc allongé sur le dos, le regard porté vers plafond.
Même les jours de beaux temps.
Je fermais les volets de ma chambre. Le soleil faisait danser les ombres.
Ceci étant bien sûr propice à mon imaginaire.
Mes petits camarades piaillaient dehors, dans le bruit éternel de la volière enfantine, en criant, en s’interpellant.
Mais j’étais insensible à cette musique puérile.
J’avais une préoccupation beaucoup plus importante.
Devant l’écran blanc du plafond, le metteur en scène en herbe que j’étais, s’évertuait à peaufiner les scénarii que son jeune cerveau venait d’accoucher.
Je me revois avec précision en blouche blanche, discutant fermement avec un
« collègue » sortit d’on ne sait d’où !
Et pourquoi une blouse blanche ?Allez savoir !
Vous avez déjà vu Hitchcock, Truffaut, Tavernier ou Tarantino en blouse blanche, vous ?
Nous étions d'une manière étrange, dans une salle de projection, derrière une grande baie vitrée.
Alors le « film » commençait dans salle des "spectateurs" plongée dans le noir!
Le plus extraordinaire, c’est que mon « héros » était, à cette époque
une« héroïne » !
Une sorte de Jeanne d’Arc des temps modernes.
Tout ceci, à une époque où le féminisme était encore une grossièreté indécente !
Bien avant Lara Croft et ses stupidités faussement viriles, moi, j’avais déjà ma combattante suprême qui conduisait les camions, les locomotives, les avions, et qui trucidait férocement un tas de bandits méchants et laids à souhait !
Soudain un « Stop » retentissait dans ma tête !
La « scène » n’était pas bonne !
Je discutais donc avec mon interlocuteur mystérieux de la meilleure façon de reprendre cette séquence.
Une fois l’accord conclu, je lançais un mot tout à fait professionnel !
« Moteur » !
Et c’était reparti !
Oui ! Je sais ! Vous allez me croire encore plus cinglé que je ne le suis déjà.
Mais quand des années plus tard, j’ai entendu les paroles de la chanson du poète Toulousain, je me suis dis que je n’avais pas été le seul, de par le monde, à avoir joué au metteur en scène en chambre !
Comme je n’ai jamais fait de film, ni écris de scénario de ma vie, le septième art à dû faire une perte considérable par cette défaillance inexcusable !

samedi 7 avril 2007

L'Image mystérieuse.

Un chevalier empoussiéré à l'armure rouillée par la pluie et les combats incertains pénètre dans la cour de son château. Il revient de Palestine en passant par Byzance! Il s'appelle Geoffroy de Charny Sa troupe d'accompagnateurs décharge les lourdes caisses de butins et de cadeaux ramenés de là-bas! Nous sommes en Lorraine, à la fin de ce 14iéme siècle effroyable qui vit le début de la guerre de cent ans et les ravages de la grande peste! Peu de temps après, dans la petite chapelle de Lirey, on expose une étrange relique qui est, dit-on, le linceul ayant recouvert le corps du Christ! En cette époque troublée où les reliques d'un Saint suffiraient à reconstituer le squelette d'une dizaine de personnes, le scandale éclate pourtant! C'est que l'affaire est grave! Ne voit-on pas sur ce grand drap blanc l'image d'un corps supplicié et surtout un visage coiffé d'une couronne d"épines! La crédulité a ses limites, pense-t-on dans les milieux ecclésiastiques de la région! C'est ainsi que l'évêque de Troyes envoie, en 1357, une lettre au Pape. Connue sous le nom de "manifeste de Troyes", une copie en est conservée soigneusement à la Bibliothèque de France. L'évêque y affirme avec force détails que l'on a affaire à un faux grossier destiné à détourner les âmes pieuses de la vraie Foi enseignée par l'Eglise! Il dénonce même "l'artiste" ayant peint cette "œuvre impie". Son nom ne nous sera hélas, jamais connu! Peine perdue! L'objet du délit défie les autorités religieuses! Mais comme on se lasse de tout, même de saintes reliques, l'objet tombe dans l'oubli le plus profond! Arrivé à ce stade de l'histoire, on peut légitimement penser que tout est dit! Pourtant c'est là que tout commence, au contraire! Donc, on sait déjà que c'est un faux, et pendant plusieurs siècles, il va en être ainsi! C'est le paradoxe suprême de cette histoire. Tout le monde s'accorde à penser, Eglise en tête, que cet objet ne présente aucun intérêt, aucune valeur, sinon historique ou à la rigueur sentimentale. Cette opinion va atteinte son paroxysme à la fin du 19iéme siècle, en pleine révolution industrielle, et en plein triomphe de la science moderne sur l'obscurantisme religieux! C'est l'époque d'Auguste Comte et de son "positivisme". Marx a publié son "capital". Emile Combes, en France, va bientôt préparer la séparation de l'Eglise et de l'Etat en commençant par la confiscation totale de tous les biens du clergé! Bref! On ne peut pas dire que l'on baigne dans une franche religiosité! Pour ce qui est de notre pauvre objet, voici ce qui lui est arrivé depuis que nous l'avons quitté en Champagne. De la famille de Charny, il passe à celle des comtes de Savoie qui l'emmènent à Chambéry, capitale du comté à cette époque! Il va dormir là tranquillement pendant près de deux siècles jusqu'à une nuit tragique où la chapelle en bois qui l'héberge est ravagée par un incendie en 1532. Sauvé miraculeusement du feu, il est restauré par des religieuses deux ans plus tard. Il conservera toujours les traces de cette aventure sous la forme de pièces de tissu cousues aux coins des pliures. Ensuite la maison de Savoie émigre de l'autre côté des Alpes, et s'installe dans sa nouvelle capitale, Turin. Une nouvelle chapelle est édifiée pour l'accueillir, que l'on peut toujours admirer, et qui a brûlé, elle aussi, il y a quelques années lors de travaux de restauration! Jusque là, je vous l'accorde, rien d'extraordinaire! Il fait partie des millions d'objets pieux qui dorment dans la multitude des édifices religieux qui parsèment l'Europe entière. Il est d'un anonymat désespérant! Un brocanteur n'en tirerait pas dix francs dans un marché aux puces! Attendez un peu la suite! Vous allez assister maintenant à sa vraie naissance! A l'événement choc qui va le faire passer de simple objet plein de poussière et de mépris, à celui par qui le scandale va arriver en trombe et en fanfare! Dans cette bonne ville de Turin, un avocat du nom de Secondo Pià exerçait ses talents de photographe amateur sur tous les monuments de la ville. Il faut savoir qu'à l'époque, la photographie était une science naissante, et un art nouveau qui fascinait encore beaucoup le public. Ce photographe amateur demanda donc aux autorités ecclésiastiques l'autorisation d'exercer son art balbutiant sur le linceul lors d'une "ostension" qui aurait lieu en mai. On entend par "ostension" et non pas "ostentation" le fait d'exposer une relique à l'occasion d'une cérémonie religieuse. Il faut savoir que l'ostension du suaire était un moment privilégié à plusieurs titres; Le premier est qu'il avait lieu tous les dix ans! Le deuxième est qu'à cette occasion, il était déployé dans son entier! D'habitude il reposait plié dans sa châsse d'argent comme une vulgaire nappe de salon après un repas de première communion! Un beau soir, notre artiste s'installe dans la chapelle silencieuse et déserte, il est devant sa grande chambre photographique en bois. Il installe les projecteurs, fait les réglages d'usage et prend plusieurs clichés sur ses belles plaques de verres en des poses de plusieurs minutes chacune. Après son travail méthodique et solitaire, il se retire dans son laboratoire et procède au développement. Soudain, à la fin du trempage dans le bain de produit révélateur, l'émotion manque de lui faire échapper la plaque de verre de ses doigts! Ce qu'il voit le pétrifie! Un visage! Le visage d'un homme! Celui-ci est parfaitement visible, comme apparu du néant! Il est grave et fascinant! La stupeur monte d'un cran quand notre homme saisi instantanément un mystère encore plus grand! Parce qu'il est photographe, il comprend que le suaire tout entier n'est qu'un IMMENSE négatif photographique! Nous étions le 28 mai 1898 Et oui négatif + négatif = positif! Vous savez, comme en mathématiques moins par moins égale plus! Ou encore les ennemis de mes ennemis sont mes amis etc…. Si vous faites comme moi, que vous scanner l'image du suaire, et que vous traitiez l'image par un logiciel de dessin assez perfectionné, amusez-vous à passer de l'image positive en image négative! Un vrai bonheur! Vous croyez peut-être que cela s'arrête là? Bande de naïfs! Il y a une suite! Alors revenons à cette image photographique ! N’était-elle pas extraordinaire ? Et à plus d’un titre ! Premièrement comment peut-on expliquer qu’un faussaire du 14° siècle se soit casser les pieds à faire un négatif d’une image, pour une masse de paysans incultes qui n’en demandaient pas tant ? J’attends les esprits forts au tournant ! Et qu’il a fallu l’aube du 20iéme siècle pour en saisir toute l’importance grâce à la photographie ? Deuxièmement, chose plus incroyable, cette photographie est TRIDIMENSIONELLE ! Ah ! J’entends d’ici les soupirs de consternation ! Quézaco ? De quoi « c’est-y qui nous cause », l’autre fêlé ? Pour cela, un peu de respiration, et je suis à vous pour la suite. Alors ! Qu’est-ce que c’est que l’image tridimensionnelle ? C’est tout bêtement une image en relief ! Mais vous allez voir que le « tout bêtement » peut se révéler extraordinaire ! Et pour une fois, l’expression n’est pas galvaudée ! Pour les savants et les techniciens qui en ont été les premiers témoins, cela a été aussi pétrifiant que pour Secondo Pià et ses plaques photographiques ! Je vous raconte l’anecdote dans le désordre et d’une manière plus épique que scientifique, mais pour cette dernière option vous pourrez vous reporter aux nombreux ouvrages savants qui ont traité du problème ! J’ai donc vu cette expérience dans un téléfilm dont le titre était : « Le témoin silencieux » qui datait de 1978 si mes souvenirs sont bons. Des techniciens d’un laboratoire d’optique avaient fabriqué des appareils de prises de vues spéciaux qui devaient prendre des clichés de la surface martienne, et ceci en relief afin d’en mesurer les dimensions. Un jour, un technicien désœuvré eût l’idée saugrenue de passer une revue hebdomadaire qui contenait l’image du saint suaire, et notamment la tête du Christ ! Il fit un saut de carpe en arrière qui fit sursauter à leur tour ses compagnons de labo ! Ce qu’il vit dans l’objectif de sa caméra, c’est une tête de Christ en relief ! Il faut bien comprendre qu’une simple photo d’identité ne donne qu’une image désordonnée dans un tel appareil ! Il faut que la photo ait été faite en « relief » d’abord ! Vous imaginez ce que cela signifie comme conséquence ? Il faut que le faussaire ait lui-même crée cette image en relief ! Impossible pour n’importe quel peintre ou dessinateur humain ! Aucun, je dis bien aucun artiste n’a réussi cet exploit ! S’il l’affirme, on peut le traiter de menteur sans complexe ! Encore la petite question récurrente : pourquoi un peinte faussaire du 14iéme siècle se serait-il cassé les pieds, avec des détails aussi complexes pour une masse de paysans incultes et illettrés ? Hum ? Depuis, des armées d’experts, de contre-experts, se font une guerre sans pitié à coup d’articles de presse, dans les revues scientifiques. Je vous signale, que dans cette extraordinaire histoire, je suis totalement neutre. Cet objet est un mystère en lui-même. L’Eglise le rejette pour une raison simple ; la Foi religieuse catholique et chrétienne en générale, ne repose absolument pas sur la vénération de reliques ! Les trois religions du Livre ; le Judaïsme, le christianisme, l’Islam rejettent, elles aussi, le culte des idôles, des images, et des reliques ! Alors ? Et si c’était une invention du Diable ? Mais çà, comme le disait déjà Rudyard Kipling, "Ceci est une autre histoire!" J’ai pensé qu’en cette période de Pâques, c’était une petite histoire qui était en situation avec l’époque de l’année. Joyeuses Pâques à toutes et à tous !


vendredi 23 mars 2007

Adieu Madagascar !



Il y en a qui naissent, tout vulgairement, dans le 14ième arrondissement de Paris, ou à Montluçon ! Ben moi, pour ne pas faire comme tout le monde, je suis né à 10000 kilomètres de mon beau pays ! A Tananarive, Madagascar ! D’ailleurs, si par hasard, un “pékin » vous donne son nom, et qu’ il y a plus de « a » que de consonnes dans celui-ci ; n’hésitez plus à comprendre d’où il vient, il est malgache !
Donc, je suis né dans un hôpital, dans cette grande ville, au milieu de petits malgaches, et c’était moi alors, la « pièce incongrue », le produit « exogène », le « poussin noir » de la couvée ! Marrant non ?
Mes premières expériences sensuelles furent donc des odeurs, des goûts étranges, des choses peu communes dont je serais sevré très rapidement, et que je ne retrouverai plus jamais……sauf ! Mais je vous en parlerai plus tard !


Pour parfaire mon éducation sensorielle, ma mère me confiait à la « ramatou », notre domestique noire, qui me transportais au marché de Tananarive, dans son dos, à la mode africaine ! Vous imaginez une petite tête blonde émergeant d’un coufin multicolor, dans le dos de cette femme, à travers les étals de poissons, de fruits exotiques, de fleurs, de légumes ?
Ah ! Je devais avoir un franc succès ! J’aurai bien aimé comprendre ce que les femmes malgaches pouvaient bien se dire, quand elles papotaient ensemble, avec ma nounou indigène, à mon sujet !
Comme tout enfant qui se respecte, je donnais des frayeurs épouvantables à mes parents !
Un jour, je devais avoir à peine huit mois, et ne marchais donc pas encore, je me suis « évadé » de mon grand lit, pourtant fait de quatre hautes planches ! Disparu !
Kidnapping ? Enlèvement par des partisans malgaches de l’indépendance ? Pas du tout !
J’étais passé sous le matelas, j’avais défait une planche du sommier, et m’étais carapaté en rampant !
Je me promenais aussi, au fond du jardin, sous d’immenses toiles de soie, transparentes où courraient des tarentules grosses comme des assiettes à dessert !

Mais comme j’étais une trop grosse mouche, elles ne m’ont jamais rien fait !
Notre blanchisseur chinois avait d'horribles balafres parallèles sur le visage.
On dit qu'une nuit, une de ces gentilles bestioles était venue trottiner sur sa figure!
J’ai quitté cette terre qui m'a vu naître, où j’ai grandi pendant près de trois ans.
Je ne savais pas encore que je ne la reverra plus jamais.
Adieu la brousse aux senteurs vanillées!
Adieu les petits copains malgaches; Bakouli, Delphine et Germaine!


Adieu la saveur des sauterelles grillées!
Adieu les promenades au marché bigarré et bruyant de Tananarive, sanglé dans le dos de la "ramatou", la bonne toujours gaie et dévouée.
Donc, un beau matin, sur le tarmac de la base aérienne d'Ivato, ce fût la cohue des grands départs pour la métropole.

Au milieu d'un fouillis indescriptible de bagages, de souvenirs hétéroclites glanés comme autant de trophées glorieux qui encombreront pendant des décennies des buffets de salle à manger, dans un reproche dérisoire et silencieux, les adieux se sont fait déchirants comme à l'accoutumé.
Un énorme individu habillé d'une combinaison de vol, sorte de maître de cérémonie, tenant un papier à la main, a arrêté le bruissant caquetage, en ordonnant aux passagers de le suivre
La troupe des voyageurs s'est ébranlée, dans un silence penaud, sur la piste aux revêtements métalliques, dont les trous réguliers laissent voir la terre de latérite rouge.
L'oiseau du voyage était là! Devant eux! Tout sombre et taciturne!

C'était un grand quadrimoteur, un vieil appareil militaire rescapé des bombardements sur la Ruhr, cadeau empoisonné de nos chers amis britanniques
Les spécialistes disaient que c'était un "Halifax". Il fût donné à la France pour lui permettre d'assurer le transport de ses troupes, et des personnels civils, après la saignée provoquée par la guerre, dans notre patrimoine aéronautique.
Tout cette petite troupe s'est arrêtée devant une ouverture, près de la queue de l’appareil !
Un petit escabeau trônait au milieu de cette béante caverne.

Ce sera le premier souvenir conscient du petit garçon qui regardait, fasciné, les entrailles de ce monstre d'aluminium. Comme il était un des plus jeunes passagers, (avec son frangin, que je ne dois pas oublié) et que sa curiosité le poussait dans l'antre de la bête, on le laissa grimper le premier.
Une main féminine, tendue, l'accueillit pour le saisir et l'aider à grimper à bord.
Le sourire de l'hôtesse était gracieux et maternel pour ce petit "bout de choux" en culotte courte et bouffante, comme c'est la mode pour les enfants en cette période d'après-guerre.
Elle portait sur la tête le même petit chapeau qu'il a déjà vu sur celle de son papa, avec le même petit oiseau de métal doré.
Tout le monde était maintenant installé à bord, sur des fauteuils en toile montés en toute hâte et qui ne faisaient pas oublier la vocation première de l'appareil, c'est-à-dire le bombardement !.
Les préparatifs terminés, l'équipage est à son poste dans la cabine de pilotage.
Soudain, après quelques toussotements chaotiques, un bruit infernal se déchaine, suivi quelques secondes plus tard par un autre, puis, par un troisième et enfin par un quatrième!
Les quatre monstres sortirent ainsi, d'une longue léthargie impatiente. Leur vacarme est assourdissant!
Le petit garçon s’est senti brusquement oppressé, bien qu'il fût blotti dans le giron maternel. Son enthousiasme avait fondu en proportion inverse des décibels reçus par ses jeunes oreilles!
Alors la machine s'ébroua! L'oiseau de métal se s'éveillait.
Tous les passagers tressautaient en choeur, comme dans une sorte de gigue initiatique préparant une cérémonie expiatoire!
L'avion s'aligna sur la piste principale. Les freins furent lâchés. La vitesse augmenta progressivement, ce qui eut l'heureux effet de supprimer les tressautements ridicules. Mais le bruit devint de plus en plus insupportable, « exploit » qui aurait semblé impossible quelques secondes avant!
Hop! Un brusque mouvement de l'appareil vers le haut fit se soulever les estomacs.
Le miracle venait de se produire! Oh! Emerveillement indicible!
Mon petit nez collé sur la vitre du hublot, je crus faire un rêve éveillé!
Je volais dans les airs pour la première fois de ma vie! Je vis en bas, tout petit, les maisons, la brousse, les gens et les engins mécaniques sur le bord de la piste!
Oublié, le bruit des quatre cavaliers de l'apocalypse!
Oubliée, l'angoisse qui sert les entrailles!
Je n’ai pas les yeux assez grands pour voir tout ce qui me passionne! En bas ce ne sont que rizières aux formes géométriques, prairies, 

troupeaux de zébus, ces étranges bovins avec leur grosse bosse sur le dos!


L'avion amorce maintenant un large virage en montée, cap à l'ouest, à l'assaut de la masse nuageuse des orages tropicaux. Elle entoure bientôt l'appareil de sa lumière cotonneuse et me renvoie, moi et les occupants, à la promiscuité frileuse de la soute du bombardier. Mais un malheur n'arrivant jamais seul, il fit soudain de plus en plus froid! Il fallut se couvrir chaudement. De longues heures monotones se préparaient. Il faut s'armer de patience!

L'aventure, ainsi commencée, va durer quatre longues journées.
Ce sera d'abord le survol de l'archipel des Comores
Zanzibar et la côte des pirates, les neiges du Kilimanjaro, peintes de rose par la nuit tombante et le premier atterrissage sur le continent africain à Nairobi!
Après, direction Khartoum, dont le nom éclate comme un roulement de tambour de brousse. Fournaise impitoyable! Qui fait beaucoup souffrir la maman du petit garçon!
Où il faut boire salé afin d'éviter la déshydratation!
Ensuite, c'est le désert de Libye où finissent de rouiller les carcasses des véhicules blindés des armées de Rommel et de Montgomery. Et on se pose à El Haden !
Tunis est atteinte, puis ce sera la traversée finale de la Méditerranée vers Istres Marseille . Enfin, dans le crépuscule tombant sur une grande cité où le petit garçon aperçoit une drôle de petite tour pointue, l'atterrissage au Bourget!
Mais c’est pas tout !
Une vingtaine d’année plus tard, je mange dans un restaurant chinois ! Je commande innocemment des lychees ! Ô stupeur incomparable ! Un goût merveilleux, venu du fond des âges, me saute aux papilles ! Mais où-je goûté cette chose délicieuse que je sais, au fond de moi, avoir déjà mangé quelque part ?
La réponse viendra de ma maman ! Car, dans les années soixante-dix, il n’y avait que deux pays au monde qui cultivaient ce fruit ; Madagascar et la Chine !
Je sais ! Depuis, cela a beaucoup évolué ! Mais à l’époque, c’était encore vrai !
Et donc, comme la fameuse « Madeleine de Proust » la mémoire du goût venait de me transporter d’un seul coup dans ma petite enfance !
Il ne faut jamais oublier que nos cinq sens ont une mémoire !
C’est comme pour le toucher !
Pourquoi croyez-vous que beaucoup d’hommes ont le fantasme mammaire ? C’est tout simplement à cause de l’allaitement maternel !

lundi 12 mars 2007

"Nous entrerons dans la carrière...."











........Quand nos aînés n'y seront plus ! Chantons nous fièrement, avec la Marseillaise !

Ben ! L’autre jour, nous y sommes entrés dans la « carrière » !

Et même « des » carrières ! Car aussi incroyable que cela puisse paraître, Paris, notre belle capitale en est truffée.

Et dans des endroits les plus incongrus !

Savez-vous que sous l’hôpital Cochin continue de s’affairer une drôle de tribu ? Cette tribu amoureuse de vieilles carrières abandonnées, s’est donnée pour tâche de les remettre en valeur pour être visitées. Mais encore sous le mode confidentiel ! Faut pas que cela soit la foule des grands jours comme pour les catacombes, qui ne sont pas très éloignées d’ailleurs!

Heureusement que les patients de l’hôpital, pour la grande majorité d’entre eux, ne savent pas ce qu’il y a sous leur lit ! Ils ne seraient pas rassurés quant à la solidité des fondations de l’édifice ! Mais paraît qu’il n’y a rien à craindre !

Donc toute la famille Gilbert est descendu dans les profondeurs ! Heureusement qu’il n’y eu pas d’éboulements catastrophiques, sinon, toute une fratrie était décimée d’un coup !

Plus une belle-sœur par ci, un beau frère par là, avec en « prime » un neveu, une nièce et le dernier des descendants de la lignée !

Alors, après avoir descendu un escalier d’une centaine de marche, nous avons découvert un nombre incroyable de galeries, de salles, de couloirs, de puits de service !

Tout un univers et une vie étrange nous est apparue soudain.

Nous avons même admirer un puit d’eau de source, et non pas de la Seine ! D’une transparence, d’une pureté incroyable ! Comme elle était éclairée par le fond, on aurait cru que sa surface n’était qu’une vitre de verre !

Des inscriptions mystérieuses parsemaient les murs. Mais la plus cocasse et la plus explicite était celle-ci : « SOUS LE POTAGER DU VAL DE GRACE »

A mon avis, y a des carottes qui ont dû disparaître sans que « Jeannot lapin » y soit pour quelque chose ! Cela m’a fait penser au film de Pierre Tchernia « Les Gaspards » où toute population de « réfractaires » à la civilisation s’était réfugiée sous la capitale, et où l’on voyait disparaître des poireaux dans le sol, à la stupéfaction d’un malheureux jardinier !

Comme nous n’avons perdu personne grâce à un comptage sévère et rigoureux,

nous avons terminé par un « apéro » maison sur une immense table de pierre, comme il se devait !

Juste un petit tour au « micro musée » avant la sortie, et hop ! Nous étions redevenus des parisiens « aériens » !

samedi 10 mars 2007

Un dur moment de solitude


Cette histoire est authentique et n’est vraiment pas à mon avantage.

Heureusement que mon épouse ne sait pas que je vous raconte toutes ces inepties, car elle dirait encore que je suis tombé sur la tête, et qu’une fois de plus, je fais tout pour me dévaloriser !

Nos voisins avaient deux charmantes grandes filles d’une vingtaine d’année, dont l’une d’elle s’était entichée d’un chat !

Vous savez ce que c’est ! Rien n’était trop beau pour le joli « garnement » à poil.

Elle en était quasiment gâteuse, alors qu’elle était très loin d’en avoir l’âge !

Un jour qu’elle sut que je partais faire les courses au supermarché du coin, elle me saute dessus en me demandant un petit « service ». Elle me tend un bout de papier et me dit que c’est pour un « médicament ».

Vous savez qu’il dort toujours un « prince charmant » dans tout homme civilisé, un « Don Quichotte », un bon samaritain ! Mais vu la suite des évènements, cela aurait été plutôt « Don Quichotte » !

J’arrive à la pharmacie. Je me mets devant le comptoir où officie une charmante poupée d’au moins …..vingt ans !

Je déplie le petit papier, je lis ceci :

« Monsieur, auriez-vous la gentillesse de demander à la pharmacie, un médicament pour calmer les chaleurs de ma chatte » !

_Oui Monsieur ? Que puis-je pour vous ?

_Euh ! C’est pour un animal de sexe féminin……..qui…comment dire ?

Il est parfois,dans l’existence, de dur moment de solitude.

Et le comble, c’est qu’elle ne l’a même pas fait exprès, cette jeune écervelée !

Ah ! Les femmes ! Je vous jure !

On en commet des « exploits » pour leur faire plaisir !

Et vous croyez qu’elles nous en sont redevables ? Même pas !

Elle a peut-être calmé les « chaleurs de sa chatte » mais pas ma toute petite tendance, très modeste, quasiment insignifiante, pour une légère inclinaison à la misogynie !

Mais je me soigne ! Je vous jure !

vendredi 9 mars 2007

Chopin contre Jayne Mansfield


Qui connaît encore Jane Mansfield ? Cette actrice « bimbo » des années soixante, aux « airbags » personnels très développés ? J’aurai pu choisir aussi Mae West, Lolo Ferrari, ou Anita Ekberg ! Et le challenger est ? ….Madame Chopin !
Non ! Pas le musicien ! Mais ma prof de français du collège, où je bullais tranquillement, avec une bande d’adolescents, dans une classe non encore frappée par la mixité. C'est-à-dire exclusivement réservée à des garçons.
Notre brave enseignante n’avait rien d’un mannequin de chez Chanel ! Pire ! Elle était sans âge ! Ce qui se traduit, pour de jeunes insolents cyniques et sans cœur que nous étions alors, et ne connaissant pas encore la vie ; une vieille !
Avec son chignon sage, ses lunettes « sécurité sociale », ses fringues insignifiantes, sa minceur, son visage inexpressif, elle avait autant de « sex-appeal » qu’une huche à pain !
Mais elle était bien brave et d’une infinie patience avec nous !
Elle avait ainsi sa cour de « faux fayots » ! Si ! Si ! ça existe les…..faux fayots !
La preuve ?
Lorsque la sonnette de fin de cours retentissait, de sa voix grave de vieille fille est lançait rituellement cette phrase : « Apportez-moi mon manteau » !
Le manteau en question était une vieille loque sombre, avec pour simple « luxe », un col en peau de lapin !
Un « morpion » se précipitait pour aller le décrocher au portemanteau commun qui courrait le long du mur de la classe, et où s’entassait aussi nos affaires !
Et comme elle lui tournait le dos pour des explications de dernières minutes, on voyait avec amusement le « faux » majordome, faire racler le parquet à « la peau de lapin » soudain ravalée au rang peu glorieux de « serpillière » !
Mais lorsque Dame Chopin se retournait enfin, elle était accueillie par le sourire angélique d’un jeune page qui lui tendait très respectueusement un vêtement à la dignité retrouvée !
Comme quoi, « être faux cul » est un art que l’on acquiert très jeune !
Donc, un jour, notre classe était plongée dans un silence studieux dû à une interrogation écrite dont Miss Chopin avec le secret !
Mais comme je vous l’ai indiqué, nous étions à un âge où des recherches anatomiques très approfondies occupaient nos esprits. C’est ainsi que de mystérieux documents « scientifiques » circulaient en cachette pour des travaux secrets, de la plus haute importance !
Les êtres vivants, objets de ces recherches, étaient souvent dans le plus « simple appareil » pour une étude plus exhaustive, et plus précise.
Malgré toutes les précautions prises, d’inévitable chuchotements, de malencontreux mouvements trahissaient cette activité « underground » !
C’est ainsi, que circulait, au moment du drame, un document « sérieux » sur une poitrine dont les rotondités mammaires faisaient notre admiration et posaient problèmes !
Miss Chopin, dont l’œil de gerfaut surveillait les moindre mouvements de mulots imprudents, explosa !
_Apportez-moi ça !
Le « scientifique » foudroyé par cet ordre calamiteux pour la suite de ses travaux, s’avança donc dans l’allée, le visage rouge « véhicule de pompier », comme un supplicié monte au gibet !
Arrivé au bureau, « Savonarole » arracha promptement le document interdit, et se plongea dans un examen attentif !
Quelqu’un pénétrant dans la salle de classe, à ce moment précis, aurait pu admirer trente statues de marbre, où pas un souffle de vie n’aurait été perceptible ! Même les mouches se seraient abstenues de voler !
Ah ! L’insoutenable suspense de ces moments terribles !
Je la soupçonne même, avec le recul du temps, d’une perversité toute féminine, et d’une jouissance vengeresse absolument évidente !
La sentence tomba comme le feu du Ciel sur un coupable terrorisé !
_Et alors ? Qu’est-ce qu’elle a de plus que moi ?Hein ?
Les hurlements de rires furent à la mesure de la délivrance éprouvée par tous !
Son manteau eu droit, ce jour-là, à deux mètres supplémentaires de raclement sur le parquet.
Les discutions allèrent bon train, dans la cour de récré !
_Tu crois que ses « lolos » sont aussi gros que ça ?
_Ah ! T’es naïf, mec ! Elle est plate comme une limande! C’est plutôt deux chaussettes mouillées qu’elle doit planquer dans son corsage !
L’intéressée, par une pudeur totalement incompréhensible, n’ayant jamais voulu nous prouver ce qu’elle avait imprudemment avancé, nous en sommes donc resté aux spéculations hasardeuses !
PS Contrairement à ce que peuvent faire penser ces souvenirs de potache, je garde un souvenir ému et respectueux pour cette grande dame, fort brave, très dévouée à son métier.

mardi 6 mars 2007

Le fifrelin

Le dictionnaire donne de ce terme cette définition :
(Nom masculin) Familier. Se dit de quelque chose qui n’a pas de valeur. Menue monnaie.
Je m’insurge contre cette affirmation sèche et réductrice ! Car je puis vous dire que j’ai une autre information beaucoup plus précise, concernant ce terme charmant tombé trop tôt en désuétude. J’avais un professeur de mathématiques, un colosse breton de deux mètres, Monsieur Quiniou, dont j’ai longtemps pensé qu’il fût le père de l’arbitre international de football, vu que sa passion avouée et affichée était précisément ce sport. Il mâchonnait un éternel mégot très court et peu sportif, planté dans une bouille ronde comme le ballon de sa passion, et d’où explosaient deux énormes yeux bleus ronds, exorbités censés nous terroriser. Quand il déambulait, les mains dans le dos, dans les allées de la classe, la sueur froide qui coulait dans notre dos paralysait nos cervelles, et brouillait nos modestes raisonnements de  « pseudo-mateux » .
_C’est quoi ça ? Hurlement qui explosait soudain à l’oreille d’une victime prise au hasard ! 
_Le, le, le résultat ! M’sieur !  Coassait une voix enfantine       et quasiment inaudible !
_Ah Ouais ? A un quart de fifrelin près !
_Et tu sais ce que c’est qu’un fifrelin jeune homme ?
_Non M’sieur !
_C’est l’épaisseur d’un poil de grenouille !
Lançait notre prof, en envoyant, au passage, un nuage toxique de son infecte cigarette « boyard » au papier jaune pisseux, dans le visage de la pauvre victime asphyxiée !
Ah ! Ah ! Ah ! Ah ! S’esclaffait  très…..mollement une classe qui devait montrer à notre professeur, que nous apprécions beaucoup cette blague que nous entendions pour la millième fois ! Car je ne vous apprends rien en vous disant que les grenouilles n’ont pas de poils ! Sauf les « grenouilles de bénitiers », race en voie de complète extinction, d’ailleurs !

samedi 3 mars 2007

Paris ne vaut pas une fesse !


Pardon ! Ô mon grand roi ! Pardon cher Henri IV, pour ce détournement indigne, pour cette parodie grotesque d’une de tes plus grandes répliques historiques !
Celle qui mit fin à une guerre fratricide et sanglante entre français !
D’ailleurs, dans ce titre, il ne s’agit pas de la ville lumière, ni de celle que défendit Sainte Geneviève, ni de celle des poulbots, ni de celle où coule de la Seine !
Non ! Il s’agit d’une péronnelle blondasse, au QI d’une paramécie, fi fille pourrie et gâtée d’un père crevant sous les milliards de dollars, le sieur Hilton ! Oui ! Comme les hôtels de luxe !
Pourquoi mon ire et ma colère contre cette nullité qui « ne s’est donné que la peine de naître » pour seul « talent », comme l’aurait écrit Beaumarchais, à propos des aristos ?
Mais il paraît que depuis ce temps-là, nous sommes tous égaux, et avons tous les mêmes « chances » ! Sauf qu’à l’époque, ils n’avaient pas pensé à l'aristocratie du « Dollar » !
Ben voilà ! Je regardais une émission de jeux, à la télé, présentée par un ludion comique du nom de Nagui ! Ce présentateur est charmant, drôle, possède un esprit au vitriol, et une immense culture bien dissimulée sous des blagues de potache.
Il interroge un panel de gugusses et de nanas de tous horizons, et de tous âges !
Ils sont cinq à souffrir sous l’interrogatoire !
C’est alors que Nagui pose la question :
« Quelle est l’amie féminine la plus proche de Paris Hilton ! »
Aïe ! Aïe ! Aïe ! Hou la la !
La vache ! Qu’est-ce que c’est dur !
Moi….le bec dans l’eau ! J’savais même pas que cette greluche avait une amie « intime » !
Quant à connaître son nom…. !!!
Et ben ! Je fus scié par ce qui me tombait brutalement sur les endosses ! Ils ont tous répondu correctement, ces « gueux » !
Tous ! je vous dis ! Hommes, femmes, jeunes, vieux ! Et moi, qui n’a même pas encore retenu le nom de cette poufiasse ! Car je l’ai déjà zappé !
Là, j’ai eu comme une angoisse ? Suis-je toujours sur la planète « Terre » ? Ou alors, ai-je subi à mon insu, un coma profond qui m’a fait zapper pas mal d’évènements ?
C’était pas fini ! J’allais boire le poison de la déconvenue jusqu’à la lie !
Quelques temps plus tard, nouvelle question :
« Quel était le nom du meilleur ami de Montaigne » !



Ah ! Fastoche ! Trop simple ! Ridicule ! Que je me suis dit !
La réponse a fusé, unanime, sur les pupitres électroniques :
« Ronsard » !
Arrrrgh ! Atterré que j’étais ! Tous ! Comme un seul « homme » !
Pauvre La Boétie ! Moi qui ai vu sa belle demeure, encore intacte, à Sarlat, dans le Périgord noir !
Pauvre France ! Ta culture fout le camp à la vitesse où des « niares » analphabètes engloutissent leurs « mac do » bourrés de « ketchup » !
Ah ! On connait par cœur les frasques de deux minettes insignifiantes mais bourrées de pognon, par contre, l’histoire de nos grands génies littéraires, et philosophiques
est passé déjà à la trappe !
Vous voyez comment le visionnage d’une simple émission de télé vous apprend plus de choses que la meilleure des thèses d’un sociologue, ou d’un ethnologue, sur la décadence annoncée d’une société !

vendredi 2 mars 2007

L’huître perlière

Il est dans la vie, des moments où tout semble vous échapper, où plus rien ne vous intéresse, où l’intérêt même pour l’existence s’enfuit irrémédiablement, et où vous plongez dans un abîme de solitude désespérante.

J’en étais là, un jour, lorsque je décidais de déposer cette malle pleine de sombres pensées, aux pieds d’une praticienne censée m’en débarrasser ! (Je parle d’une neuropsychiatre ! N’allez pas penser à une hétaïre ! Ma souffrance étant psychique et non pas libidineuse !)

Comme je suis un bavard impénitent, je me lançais, lors d'une séance chez elle, dans une longue digression sur l’art, et ce que j’en percevais du point de vue du créateur, de l’artiste maudit et tourmenté, que j’aurai pu être, si les muses du génie littéraire s’étaient un peu penchées sur ma modeste personne.
Mais comme elles ont dû renifler quelques miasmes de misogynie chez moi, elles se sont enfuies sans se retourner !
Bref ! J’expliquais donc, à cette « secoureuse des âmes » ma conception de la création artistique.
L’œuvre d’un artiste est comme le petit grain de sable qui vient se glisser subrepticement dans le manteau d’une huître. Ce petit grain de silice étranger et fort désagréable pour ce pauvre mollusque ne peut pas s’échapper ! Et l’animal n’a aucun moyen pour le faire partir !

Alors qu’à cela ne tienne, il va l’enrober de nacre, patiemment, longtemps, pour l’isoler, le neutraliser, et faire en sorte qu’il s’intègre à son propre organisme !

Et c’est ainsi que naît l’un des plus beaux bijoux du monde ; la perle magique et mystérieuse!

la perle ensorcellante qui entoure, avec ses soeurs en "martyr", le cou gracieux d'une beauté radieuse!

L’artiste est exactement comme cette huître ; il naît avec un « morceau de silice » dans l’âme dont il ne peut se débarrasser ! Sa souffrance, son angoisse existentiel, il va l’enrober, la neutraliser, avec ce que son talent va secréter comme génie artistique !

Ah ! J’étais content de mon petit effet !

Le temps passe ! Les décennies passent ! Et ce matin, qu’entends-je ? Qu’ouis-je ?

Un « microteux » sur une chaîne de radio « pestiférique » rapporte « l’interviouve » d’un vieux chanteur sur le retour ! Un de ces brailleurs célèbres dans les années soixante-dix !

Celui dont les belles fesses se sont étalées complaisamment sur des milliers d’affiche à Paris !

Et qui proclamait, « urbi et orbi » qu’il était quand même un homme ! Michel Polnareff !

Malgré ce que j’en dis, j’admire beaucoup cet immense artiste, et dont l’adjectif « génial » qu’on peut lui accoler, n’est vraiment pas galvaudé !

Seulement voilà ! Quand le journaliste lui demande si la musique ne l’a pas aidé à supporter ses années de galère, il a cette réponse surprenante : NON ! Car c’est elle la cause, « précisément », de tous mes malheurs !

Poum ! Ah ! ça jette un froid ! Notre « glavioteur dans l’micro » ne s’y attendait pas !

Et ce qu’il ajoute alors, me sidère ! M’hallucine ! Il ressort au journaliste, MON histoire de l’huître perlière !

Où qu’est-y qu’il l’avait entendue ? Transmission de pensées ? Affinité trans-sensorielle ?

Complicité artistique ? Ou simple coïncidence ?

Avouez que c’est cocasse, quand même ?

Et si vous ne me comprenez pas, ou si vous pensez que mon récit ne vaut pas tripette, je me referme comme……..une huître !