samedi 23 juin 2007

Dans les vieux pots….

Sur les ondes d’une radio, qui diffuse des sketchs et des chansons, j’entendais, l’autre jour, un jeune comique faire hurler une salle de rire en leur montrant la ringardise et l’obsolescence des revues et des journaux des salles d’attente des médecins et dentistes.


Alors là, je vous demande pardon, jeune homme !
Moi, j’en raffole ! C’est un de mes sports de prédilection !
Car je me suis aperçu avec bonheur que ces vieux journaux révélaient des trésors de comiques involontaires.
Pour ceux qui ne seraient pas convaincus, je vous invite à les compulser avec beaucoup d’attention la prochaine fois qu’une dent de sagesse vous tracasse, ou qu’une bronchite tenace vous envoie consulter.
Comme l’année qui vient de s’écouler a vu des élections présidentielles, que l’on peut qualifier raisonnablement de mémorables, il doit encore traîner de vieux « Nouvel Obs »
des numéros du « Point », de « L’Express » etc..
Ne vous privez surtout pas du plaisir rare de relire les prédictions et supputations de nos élites éditoriales ! Si vous aviez quelques complexes concernant vos capacités d’analyste des situations politiques ou la valeur de certains candidats, ce sera pour vous une thérapie salutaire !
Car si l’on peut dire des tombereaux de conneries verbalement, malheureusement, les écrits restent !
Je dois dire, qu’à la grande honte de mon épouse, il m’est arrivé de demander au praticien que nous venions consulter, l’autorisation d’emporter une de ces magnifiques revues pour continuer une lecture passionnante, ou pour agrandir mes archives personnelles !
Certains petits malins vont sournoisement me faire remarquer qu’il en est exactement de même pour ma pomme ! Et ils auront raison, les monstres !
Alors si l’on doit tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant de parler, il est nécessaire de survoler dix fois son clavier d’ordinateur avec ses doigts avant de « pondre » des pensées « définitives » !

Amour thérapie

Les mecs! Faîtes gaffe! Je parle pour les timides, les coincés du falzar, les sinistrés de la gaudriole, les desséchés du vers à soie, les mous du bas, les cérébraux exclusifs, les platoniciens du sexe, les abandonnés de la bête à deux dos!
Il y a danger imminent!
Paraîtrait, d'après d'éminents spécialistes médicaux, que les hommes qui ne font pas assez l'amour risquent de mourir de crise cardiaque plus rapidement que les fous du sexe!
Pour les chauds lapins, et les stakhanovistes du "radada", l'espérance de vie est augmentée d'une manière considérable!

Alors, à toutes les houris du féminisme bien pensant et chatouilleux, en interdisant à ces infirmières bienveillantes que sont nos chères péripatéticiennes d’exercer leur thérapie sexuelle, c'est la vie et la santé de la population mâle que vous mettez ainsi en danger!
Y-avez-vous songé, ne serait-ce qu'un moment? Peut-être l'ignoriez-vous! C'est bien possible!

Mais maintenant, il faut rectifier le tir! Si je puis m'exprimer ainsi!
Hep ! Mesdames! Plus de migraines intempestives, plus de prétextes fallacieux et sournois pour vous soustraire à vos devoirs d'épouse et de maîtresse!
Il y va de notre santé et de notre vie!
J'espère que vous l'avez bien compris?
Sinon, c’est de la « mise en danger de la vie d’autrui ! »
Il y a des lois pour réprimer ce genre de délit grave !

vendredi 15 juin 2007

Les oreilles de la mer.

Dans ma vie, j’ai parfois aperçu des choses peu communes, et même pour tout dire, extraordinaires, mais bien au sens étymologique du terme, c'est-à-dire, « hors de l’ordinaire » Cela s’est passé durant mon séjour, toujours aussi « enchanteur », à Bou-Sfer ! Pour plus de précision, les évènements que je vais vous relater se sont dérouler juste à côté ! Dans la petite « station balnéaire » d’Aïn-el-Turck!

Pistonné comme je l’étais, j’y suis envoyé un jour pour une garde très « spéciale » ! Cette garde doit se dérouler de nuit, dans un endroit assez mystérieux, que mon sergent se refuse à me décrire. Ça commençait bien ! Voilà-t-y pas qu’on embarque dans un « tube » Citroën, avec un maître chien et sa « délicieuse » bestiole !

J’écris « délicieuse », car je vis un jour, un de ces redoutables guerriers (le maître ! Pas le chien !) assis piteusement sur un banc, de grosses larmes de désespoir coulant sur ses joues juvéniles ! _Qu’est-ce qui t’arrive ? Lui fis-je, plein de compassion, et de camaraderie militaire. _C’est ce con de clébard ! L’émotion étant trop forte, il s’arrêta pour reprendre sa respiration. _Oui ! Et bien ? Qu’est-ce qu’il t’a fait ce « brave toutou » ? _Il m’a bouffé mon chat ! Ah oui ! C’était atroce, pour sûr ! Mais il devait avoir un pois chiche dans le réceptacle qui lui servait de boîte à cerveau, pour ne pas savoir que les chiens et les chats n’ont pas la réputation bien établie de s’apprécier entre eux ! Sauf, comme casse-croûte à la rigueur ! « J’te bouffe ! Moi non plus » est la version animale de la célèbre chanson de Gainsbourg ! Le gentil toutou, qui avait à son « actif » deux ou trois cadavres était muselé ferme ! Car j’ai oublié de vous préciser que ces chiens étaient de vrais tueurs qui vous attaquaient silencieusement dans le dos ! Pas un grognement ! Pas un aboiement ! Dans la camionnette qui nous transportait ses mâchoires étaient à vingt centimètres et dans l’axe parfait d’ustensiles précieux de ma personne qui me permirent d’être « papa » quelques années plus tard ! 

Enfin bref ! Nous voilà partis pour une destination inconnue. Nous traversâmes les faubourgs d’Aïn-el-Turck, et je me dis : « Chouette ! On va en ville ! » Ah ! La naïveté de la jeunesse ! C’est qu’après les faubourgs, il y a une vaste garrigue « merdique » faite de buissons bas, rabougris, pas un arbre, la terre est ocre et pisseuse ! Bref ! C’était pas des jardins à la Française du style « Le Nôtre » ! Et je me dis : « mais qu’est-ce qu’on peut bien garder dans ce dépotoir végétal ? » Surtout que ce terrain « très vague », mais alors là « très vague » se situait en pleine ville arabe. Il n’y avait aucune clôture, pas le moindre fil de fer barbelé, comme on aurait dû s’y attendre, pour garder quelque chose de vaguement « militaire » ! Et le pire de tout ! Pas le moindre éclairage, ni le plus petit lampadaire ! C’est alors que notre chef nous donna des consignes qui me firent dresser les cheveux sur la tête! Ils nous donna d’abord nos pistolets mitrailleurs, et chose incongrue et terrifiante ; Des chargeurs « avec les cartouches » et « des » qui marchent comme des vraies pour jouer à « tue-tue-pan-pan » comme dans la réalité ! Car il faut vous dire, que dans l’enclave de Mers-El-Kébir, enclave encore française pour quelques mois, nous n’avions pas le droit d’être armés, et encore moins d’avoir des balles. On faisait toutes nos rondes avec des pistolets mitrailleurs sans chargeurs ! « Ubu roi » est bien français, n’est-ce pas ? Cornegidouille ! Ce que nous déclara alors notre « serpate chef » augmenta d’un cran mon angoisse !

_Vous avez ordre de tirer à vue sur tout ce qui s’approche du petit bâtiment que vous voyez là-bas !

Hein ! J’avais dû mal « esgourder » ou je devais faire un cauchemar éveillé ?

_Vous, vous êtes sûr sergent ? On, on, on a le droit de tirer ?

Coassais-je d’une voix piteuse, fort peu virile, et surtout fort peu militaire !

_Absolument ! Non seulement le droit, mais l’ordre ! Vu ? Vous êtes des soldats ou des mauviettes ?

Bon ! Ça va ! On a compris ! Pas la peine de nous insulter par-dessus le marché! Qu’est-ce que c’est que cette histoire ? Nous n’avions pas le droit de garder notre casernement avec des armes, et là, en pleine ville arabe, dans un terrain vague sans éclairage, la nuit, on nous demandait de tirer sur tout ce qui bougeait ? C’était proprement hallucinant ! A ne pas croire ! Voilà pourquoi, l’ordre de mon sergent, de tirer sur « tout ce qui bouge », me laissait perplexe. Je craignais fort qu’il y eut des victimes vraiment collatérales pour le coup ! D’après les racontars, force clebs errants et quelques autochtones imprudents avaient péris de s’être aventurés en ces lieux maudits. J’ai commencé ma ronde, avec ma lampe torche, dans l’état d’esprit que vous pouvez imaginer ! La petite chose en béton que l’on devait garder, était d’une discrétion bien dans sa fonction. C’était un tout petit local blanc, pas plus grand qu’un abri de jardin, au toit plat, e t possédant tout de même une vaste fenêtre. Dans le noir absolu de cet endroit infernal, c’était la seule chose éclairée qui donnait une vague impression de vie rassurante ! Au moins, un être humain devait se trouver là dedans ! La curiosité, la trouille, le besoin de chaleur, l’ennui, m’attiraient irrésistiblement vers ce local, comme le papillon de nuit vers le lampadaire éclairé de la rue. L’ordre formel nous avait été donné de ne pas nous en approcher. On devait le garder, un point, c’était tout ! Mais vous connaissez ma curiosité maladive ! Rien n’y résiste ! Pas même les consignes d’un sergent de « mes deux » ! J’approche donc de la fenêtre. A ce niveau du récit, il me faut vous dire que je risque peut-être ma peau de dévoiler ainsi des secrets militaires ! Je sais qu’il doit y avoir prescription, mais quand même ! J’aperçois donc, un jeune opérateur assis à une table, et ayant devant lui des appareils électroniques bizarres. Il m’aperçoit à son tour, car j’étais dans la lumière de son local. Mais au lieu de l’air renfrogné et sérieux, auquel je me serais attendu, c’est au contraire à un visage souriant et sympathique que j’ai affaire. Et comble de bonheur, il me fait signe de venir le rejoindre ! Je suis tellement interloqué par cette invitation incongrue que j’hésite à entrer ! Il répète alors son invitation silencieuse par un geste de la main sans équivoque. A mon avis, il doit se tartir, se faire suer, et la solitude angoissante de la nuit doit lui peser autant qu’à moi. J’entre dans cette cahute bétonnée, et c’est tout de suite la stupeur ! J’entends d’abord de drôle de bruits, des sifflements, des bourdonnements inquiétants ! Et là, sur le mur, j’aperçois des silhouettes noires que je prends stupidement pour des poissons !

C’était pas des poissons ! Ou alors de très gros poissons ! C’était des sous-marins ! Le sourire de mon compagnon se fait plus large, car il comprend mon étonnement !

_Bonjour ! Alors c’est toi le « puni » de service ? Me lançait-il, un rien goguenard !

_Oui ! Oui ! Mais qu’est-ce que vous faîtes ici ?

_Ah ! Ah ! Ça t’impressionne ? Hein ! Ben figure-toi que nous sommes des oreilles très spéciales ! _Tu vois ces silhouettes de bateaux et de sous-marins ? Et bien nous sommes chargés de les repérer et de les écouter !

_Comment ça ?

_Oh ! C’est très simple, nous avons disposé au fond de la mer, dans des endroits très secrets, des micros spéciaux que nous appelons des « hydrophones » ! Ces hydrophones sont chargés d’écouter tous les bruits qui se produisent sur des dizaines de kilomètres à la ronde. Et comme tu l’ignores peut-être, chaque navire a sa signature sonore ! Nous sommes capables de distinguer un petit cargo, un gros tanker, un paquebot, et surtout des sous-marins ! D’ailleurs, pour ne rien te cacher, c’est notre mission essentielle ! Nous avons la signature sonore de tous les sous-marins soviétiques, et américains. Et à l’oreille, je les écoute et tente de les localiser en fonction de la position de l’hydrophone.

Ah ! Je comprenais mieux les « précautions » un peu expéditives de nos supérieurs, pour garder cet endroit. Nous étions alors, en pleine guerre froide, mais qui était très « chaude » ailleurs. Il me montre alors, un combiné téléphonique tout à fait ordinaire.

_Nous sommes reliés directement au ministère de l’Intérieur par cette ligne, sans passer par aucun standard ou relais privé !

Pourquoi « l’Intérieur » me dis-je dans ma barbe juvénile ? Et pas le ministère de la Marine ? C’est un mystère que je n’ai jamais élucidé depuis ! Je suis quand même sorti vivant de cette garde d’enfer ! Et j’y ai appris, par la même occasion une chose surprenante ;

La mer aussi a des oreilles !

jeudi 14 juin 2007

Montaigne, mon Maître


Nous n'avons pas beaucoup de guides, ici-bas, qui méritent notre estime et notre admiration, qui emplissent notre cœur d'une reconnaissante sans bornes.
Les "guides" de la révolution, les "maîtres" à penser, les "caudillos", les "petits pères des peuples", les grands "timoniers", les génies des "Carpates", les "Führer" nous en avons eu à foison durant le siècle de fer qui vient de se terminer.
Mais celui-là ne m'a jamais déçu ni abandonné.
J'avais fait sa connaissance, comme tout le monde
(je parle d'un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître), au collège.
Bien qu'il parlât une langue un peu rêche, un peu vieillotte, pour ne pas dire ridicule, j'avais déjà été ému par sa jovialité et sa bonne humeur qui transparaissaient malgré les sombres citations de lui, que l'on nous forçait d'ingurgiter.

Car Montaigne n'est pas un philosophe froid et prétentieux.

C'est tout le contraire! C'est l'homme de l'intimité et du bonheur de vivre.

"Moi, je m'aime bien! Je me "roule" en moi-même"

Ce n'est pas de l'égocentrisme, c'est simplement l'expression d'une joie de vivre saine et naturelle.

Lui l'épicurien qui se faisait réveiller en pleine nuit pour goûter à la joie de se rendormir!

Mais surtout, surtout! Montaigne est le philosophe de la Liberté!

Liberté de conscience et de pensée dans quelque domaine que ce soit!

Lui, qui vécut la tragédie épouvantable des guerres de religion, aurait infiniment de choses à nous apprendre encore!

S'il vivait parmi nous, il haïrait comme je hais tous les idéologues, tous les "petits marquis" de la pensée qui se prétendent modernes et qui ne sont que les gôliers du génie populaire.

Il voulait que l'on donne à tous les hommes, sans exceptions, les moyens intellectuels de se forger un jugement personnel sans "cornacs" prétentieux et liberticides!

"Les hommes sont comme des abeilles qui pillotent de-ci de-là et qui font un miel qui est tout leur"

Comme il serait bien malheureux dans notre époque détestable du "prêt à penser !"

"On nous a tant assujetti aux cordes, que nous n'avons plus fière allure!"

Mais l'espoir revient! Un de ses admirateurs et vrai serviteur vient d'en faire une traduction en français moderne pour qu'il soit enfin redécouvert et lu, comme il le mérite! La fin du 16ième siècle et notre époque tourmentée ont beaucoup de point commun. Mais je ne vois point arriver à l'horizon de nouveaux "Vert-galant !"


PS. Les citations du grand homme sont faites de mémoire! Alors soyez indulgent si elles ne correspondent pas tout à fait à celles des "essais"

mercredi 13 juin 2007

Caïn n’a pas tué Abel

C’était un collège privé d'une ville de la banlieue parisienne.
Il était dirigé par deux moines défroqués. Son propriétaire était un petit corse d’ un mètre soixante au garrot, habillé comme un mafioso de Chicago des années trente, c'est à dire d’un chapeau de feutre gris avec une bande noire, d’un manteau en poil de chameau beige jeté négligemment sur les épaules, d’un costume rayé trois pièces, de pompes bi-colores noires et blanches. Il avait un visage rond, ridé, à la peau mate, planté d’un long fume-cigarette. Sa femme, aux cheveux blancs et au bon sourire de normande, faisait un mètre quatre vingt bien sonné, en étant deux fois plus large que lui. Ceux qui penseraient à un meuble très connu, de la même origine, n’auraient pas tout à fait tort!
Ce petit collège privé représente pour moi les plus merveilleux souvenirs d'une scolarité chaotique.
J’avais pour joyeux compagnons le fils d’un sénateur communiste, celui d’un député « UNR » très célèbre, qui était en même temps le neveu d’un amiral trublion et « écolo » avant la lettre. J’avais aussi pour copain le fils d’un célèbre présentateur radiophonique qui avait été exilé en Corse, (j’écris bien « exilé ») parce qu’il était un farouche anti-gaulliste !
Vous saupoudrez le tout de surveillants de l’île de beauté, à la mine sombre et fière, et vous aurez une petite idée de notre « arche de Noé » scolaire .
Mais il y avait surtout notre professeur de mathématique, Monsieur Caïn.
Une terreur ! C’est surtout l’impression qu’il nous faisait !
D’une maigreur cadavérique, le visage émacié secoué, de temps à autre, de rictus clownesques, des lunettes corrigeant une forte myopie, il avait tout pour nous inspirer une crainte terrifiante.
S'ajoutait à cela un esprit féroce, à la répartie cinglante et aux anathèmes définitifs sur nos qualités intellectuelles très limitées.
Un jour, un élève plus audacieux ou plus inconscient eut le malheur de provoquer sa colère.
Il s'approcha de lui, et devant la classe médusée, il releva la manche de son veston pour montrer un avant bras décharné. Près de quarante ans après, je revois cette série de chiffres bleus, comme celles que l'on voit parfois sur certain quartier de bœufs dans les boucheries.

_Quand on a vécu çà, ce n'est pas un petit "merdeux" de ton espèce qui va me faire peur!


La sentence définitive foudroya l'indiscipliné pour le reste de l'année scolaire.
Longtemps la crainte panique m'empêcha de le considérer avec sympathie.
Pourtant, quelques années plus tard, les circonstances voulurent que j'eus besoin de lui pour des cours particuliers. Je rencontrais alors un homme doux, charmant, affable, d'une grande délicatesse, et surtout d'une grande bonté et d'un grand respect pour le petit élève timide que j'étais! Merveilleux bonhomme qui hantera toujours mon esprit et mes pensées!
Non! Définitivement, pour moi, Caïn n'a jamais tué Abel!

dimanche 10 juin 2007

Histoire champêtre!

Pisse que j'en vois qui s'ennuient, je m'en va leur raconter une histoire ben triste qui m'est zarrivée l'aut'e" souère"!
Avec ma bourgeoise, vla-t-y pas que nous rentrions à la crèche, avec ma torpédo modèle 1935
à une allure que mon canasson, la "rossinante" qu'on l'appelle par cheux nous, y l'aurait pu nous dépasser, vain diou!
Pour rentrer à la ferme y m'faut longer la route sul la gauche!
Ma bourgeoise, qu'a des yeux qui traînent partout, y m'dit qu'a une fumelle qui m'suit avec un bolide qui sort au moinsse de chez Bugatti!
Et pi sans z'être vulgaire comme l'Etienne qui crache partout comme un Lama des Zandes, comme j'ai vu une fois dans un album de Tintin, j'vous dirai qu'cette fumelle, elle me reniflait l'parechoc qu'on aurait dit le chien de l'Marie quand il est en chasse!
Elle m'double par la droite en s'couant ma pauv'boite à sardine que s'en était une misère! Bon diou de sacre bleu! Qu'y j'dis!
Ben la v'là bien attrapée! V'la feu qui passe au rouge!
Moi j'suis à côté d'elle, sur mon feu à moi, à gauche!
Au vert, v'là t-y pas qu'elle part comme une diablesse, comme une sorcière allant au sabbat! Avec un boucan de tous les diables!
Et v'là la chose surprenante! Qui m'a laissée sur le flan! J'avions jamais vu une chose pareille!
V'là t-y pas qu'elle passe la main à la portière en levant un doigt en l'air!
_Qué qu'c'est que çà qu'elle me lance la Germaine?
_T'as vu Firmin? Elle veut-y prendre la direction du vent? Mais pourquoi ben faire?
Pourtant y f'sait beau!
C'est p't' être qu'avec ces voitures du diable y faut faire attention au courant d'air?
Si quéqu'un par ici dans vos boites électroniques et tout le fourbi, vous pouviez nous esspliquer, à moi et à la Germaine ce drôle de geste qu'est p'être un nouveau signe du code de la route!
J'voudrai pas avoir des ennuis avec la maréchaussée, si faudrait que j'le connaisse moi aussi!
Firmin de Mézidon le Graveleux

Cadeau gratuit


En feuillant une de ces innombrables publicités reçues à la maison, et qui ont contribué au sacrifice inutile d'arbres magnifiques, je suis tombé sur ce titre: "Cadeau gratuit"
En voilà une idée, qu'elle est bonne! Quelle chance! J'aurai pu tomber sur un cadeau qui coute cher!
Quand une hétaïre vous dira d'une voix timide et faussement gênée:
_Chéri! N'oublie pas mon petit cadeau!
Vous lui répondrez, grand seigneur:
_Tiens! Aujourd'hui, je suis bon prince, je te file un cadeau gratuit!
Faites gaffe quand même en ressortant, de ne pas être apostrophé par un individu louche et très vénal!
Nous sommes à une époque magnifique où même les cadeaux que vous recevez coûtent la peau des fesses!
Alors quand on vous offre un cadeau gratuit, surtout ne faites pas la fine bouche, acceptez-le!