Vous trouverez ici, les pensées et réflexions d'un simple quidam qui, sans prétendre rivaliser avec La Bruyère, avec Montaigne, avec Diderot, avec Chamfort ou La Rochefoucauld, tient quand même à faire entendre son chant solitaire et parfois désespéré! Mais toujours avec humour!
vendredi 14 mars 2008
« Mister Ed » Mon bon samaritain (3)
Une sombre déprime m’avait atteint, malgré la bienveillance de mes « sauveteurs » !
J’avais perdu mes repères, et j’étais plongé dans un monde totalement étranger, sans même pouvoir m’exprimer correctement, car mon anglais était des plus rudimentaires. Mais on fait vite des progrès quand la nécessité vous pique les fesses ! C’est ainsi que je fus bientôt presque en mesure de tenir une conversation. A tel point qu’un soir, au cours d’un repas, et pour montrer toute la reconnaissance et toute l’amitié que j’avais pour ce grand peuple américain, je me lançais dans un grand discours lénifiant et dithyrambique sur la vertu et le courage « légendaire » des compatriotes de « Mr Ed ».
Je vis alors un sourire s’allumer dans l’œil de « Mr Ed » !
(Je traduis directement, car je ne vais pas me lancer dans un américain que j’ai aussi vite perdu que je l’avais appris !)
_Mon cher Gérard ! Je t’arrête tout de suite ! Le peuple américain n’est primitivement constitué que de toute la racaille, de tous les paumés, de tous les malfrats, de tous les voyous, de tous les emmerdeurs religieux, et de toute la lie sociale dont l’Europe voulait se débarrasser en priorité ! Et ceci a constitué le noyau du « peuple américain » !
Plus modeste et réaliste que ça, c’est difficilement possible !
Pour leur compte, les Gluth étaient d’origine suédoise !
D’ailleurs, il suffisait de les examiner tous les trois, pour comprendre qu’ils n’avaient émigrer du Mozambique !
Un véritable archétype de la race aryenne comme les aimait un cinglé notoire !
Toute la région des grands lacs était peuplée alors, d’une population d’origine nordique et germanique !
Et les Gluth en était un élément vachement bien représentatif !
Heureusement pour ma consolation, mes journées étaient égayées par les spectacles extraordinaires que me faisait vivre cet engin magique et merveilleux que j’avais découvert, chez mes tarés familiaux : la télévision couleur !
Car, vous ne pouvez pas imaginer tout ce que j’ai vu de passionnant
de là-bas !
Tout d’abord les Jeux Olympiques de Mexico !
Et il s’en est passé des « choses » durant ces jeux !
C’est ainsi qu’un soir, Mister Ed faillit avaler son whisky de travers !
Lui et moi, on vit cette chose incroyable :
un sauteur en hauteur, arriver devant la barre, lui tourner le dos !
Oui ! Lui tourner le dos, et sauter par-dessus celle-ci !
Nous vîmes, pour la première fois au monde, le « Fosbury flop » !
Bon ! D’accord !
Je suis aussi sportif qu’un tabouret de bar !
Mais quand même !
C’était un évènement historique, que même moi, je sais apprécier !
Autre évènement historique concernant ces jeux ; le geste incroyable des athlètes noirs américains ; Tommie Smith et John Carlos !
Le poing dressé et la tête basse !
Mais le plus beau, le plus merveilleux, le plus extraordinaire, ce fut cet instant magique, juste le jour de Noël, où l’astronaute, Frank Borman lut un verset de la Bible, juste avant que son vaisseau spatial, ne disparaisse derrière la lune, et reste ainsi muet pendant plusieurs minutes ! Trois hommes perdus dans l’espace, à trois cent mille kilomètres de la terre, dans une minuscule « boite de conserve » en aluminium !
C’était pour nous une émotion extraordinaire, et que je vivais dans le pays même de ceux qui en étaient les artisans !
Ce fut la mission Apollo 8, celle qui précéda, l’arrivée des Américains sur l’astre des nuits, l’année suivante, avec Apollo 11 et Neil Armstrong !
D’ailleurs, les Gluth, en bons chrétiens qu’ils étaient, lisaient la Bible en même temps que Frank Borman !
Instant vraiment extraordinaire et magique !
Donc, question « télé » j’étais gâté par les évènements.
Côté traditions familiales, ce ne fut pas mal non plus.
J’eus droit à « l’abominable » fête d’Halloween que des marchands de soupe tentent vainement de nous imposer en France, pour combler leur manque à gagner entre la fin des vacances et les fêtes de Noël ! .
Mais aux « Staïstes » c’était quand même plus charmant et rigolo, car on y bénéficiait de l’authenticité locale.
Surtout quand je vis un père accompagnateur, en short, un bob retourné sur la tête, assis, les genoux repliés, dans le traîneau à quatre roues
de son gamin !
Des spectacles comme celui-ci, aurait déclenché, au bout de dix minutes, un attroupement hilare et moqueur, au pays de Voltaire et de Descartes, qui est le mien !
Mais dans ce grand pays, le ridicule vestimentaire ne tuait plus depuis longtemps !
Bon ! Je sais que depuis cette époque glorieuse, nous les avons largement rattrapés, dans ce domaine là !
Mais à l’époque, cela choquait encore (ou plutôt amusait !) le jeune européen que j’étais !
Ah ! Et le “Thanksgiving Day” Voilà de l’étouffe chrétien, sous la forme d’une énorme et brave dinde qui ne demandait rien à personne !
Surtout pas qu’on lui bouffe sa chair farineuse et sans goût !
Il faut vraiment être amerloque pour apprécier cette bestiole un peu cruche et sans saveur !
Il me fallait pourtant faire honneur à cette grande fête familiale et patriotique !
Comme vous pouvez le constater, je fus vite intégré comme membre à part entière de la famille. Il faut dire que le calme, la gentillesse, l’équilibre psychique et mental de ses trois membres, tranchaient d’une manière absolue d’avec celle de la famille « Derviche hurleuse » qui, hélas, aurait du être la mienne, de l’autre côté de la rue !
Mais que voulez-vous ! On ne peut pas échapper à son destin !
vendredi 7 mars 2008
Coq en panne et poules frondeuses
En fait de « trou du cul », c’était plutôt ceux de ses poules qui l’intéressait le plus, car ceux-ci lui pondaient de beaux et magnifiques œufs qui assuraient un ordinaire, certes modeste, mais dont notre brave fermier se contentait aimablement !
Un ordinaire qu’il partageait avec Eglantine son épouse depuis….. !
Oh et puis à quoi bon préciser ! Tout le monde s’en fout, et moi le premier.
Le couple avait aussi quelques hectares de cultures, qui représentaient l’essentiel de leurs revenus.
Ils y vivaient très chichement, très pauvrement, mais paisiblement, à la fin du compte !
La grande fierté d’Eusèbe, c’était son poulailler !
Ah ! Son poulailler !
S’il n’y avait pas eu Eglantine, il y aurait même dormi dedans!
Ce qui lui arrivait régulièrement, quand un excès de libation poussait son épouse à le flanquer hors du logis conjugal !
Ses poules, il les chérissait comme ses propres enfants !
Enfants, que la cruelle Nature avait refusé de lui en donner les joies de la paternité!
C’était un poulailler très modeste dont le cheptel ne dépassait pas une dizaine d’animaux, mais c’était un hôtel « trois-plumes » pour cocottes et coq en pâte !
La volière était faite d’une belle construction en bois. Elle était propre, et pimpante !
Chaque animal avait son box empli de paille douce et propre. Les deux vastes portes, aux extrémités de la pièce, donnaient sur une immense pelouse, où le peuple à crête rose vaquait et pérorait à son aise. Un vrai paradis de poules pondeuses !
C’était son « jardin secret » à l’Eusèbe !
Sa « danseuse entretenue », sa fierté comme d’autres le sont de leur voiture de luxe, de leur piscine, de leur clebs « pédigree-péteurs », de leur vélo de course, de leur chiards, de leurs maîtresses, de leur bonsaï « made in China » acheté à la superette du coin !
Comme il se doit, il régnait sur ce « gynécée » à plumes,
un « maître » incontesté ! ;« Pavarotti » !
Oui ! Je sais ! C’est surprenant, pour un nom de coq !
Mais la culture lyrique de notre brave Eusèbe était des plus restreintes!
Il était donc allé au plus célèbre, et au plus connu, pour baptiser celui qui chantait tous les matins, pour annoncer au monde, qu’il était là, fier de ses plumes, de sa crête de rubis, et de son autorité virile sur la gente pondeuse !
Ah ! Qu’il était beau, l’animal !
Avec son poitrail chatoyant, son regard altier, ses petits coups de tête à la cantonade, pour repérer le fessier offert d’une belle poulette de passage.
Pavarotti avait bien un « rival » en la personne d’un jeune coquelet de cinq mois, mais celui-ci, par son comportement un peu « fragile » et « émotif », surtout peu enclin à « cocher » nos pondeuses, ne portait nullement ombrage à la belle santé reproductrice de notre « Chantecler » Le père Eusèbe, dont un petit verre de « gros plant » matinal, allumait le regard, ne manquait jamais d’assister, chaque matin, au concert matinal du ténor de sa basse-cour.
_Alors ! qu’est-ce que c’est-y qui va nous chanter c’matin,
L’Pavarotti, ?
L’interpellé penchait sa petite tête et de son petit œil rond, examinait son « proprio » d’un air interrogatif et légèrement méprisant !
Et pour bien montrer qu’il se foutait « royalement » de ses remarques insolentes, poussait son hymne quotidien à la gloire de la vie campagnarde..
Dans le troupeau à plumes, on distinguait d’autres
« personnalités » dont une succincte et rapide description est nécessaire pour comprendre les nœuds secrets de cette histoire dramatique.
Alonza était une jeune poulette, non encore reproductrice, mais au caractère déjà bien trempé.
Ses nombreuses prises de becs avec ses « consoeurs » commençaient à faire jaser, et agaçaient pas mal les vieilles pondeuses qui ne supportaient pas toujours son regard hautain, sa faconde, et ses airs supérieurs de « jeunette » qui sait tout, avant même d’avoir commencé à vivre !
Elle n’était même pas jolie !
Et Pavarotti l’ignorait superbement !
Ceci expliquant peut-être le caractère acariâtre de la donzelle.
Hélas, pour le plus grand malheur de tous, et pour la suite funeste de l’histoire ;
c’était l’intellectuelle de la bande !
Steemy faisait toujours rire nos pondeuses à cause de sa démarche chaloupée, qui tentait d’une manière ridicule, de les imiter. C’était un petit coq fragile et délicat. Il avait bien commencé par pousser quelques petits cris, un matin, pour imiter son grand ténor d’aîné, mais le son qui était sorti de son gosier, ce jour là, était si minable, si fluet, si peu puissant, en un mot, si ridicule, qu’il en éprouva une honte définitive !
Depuis, il se gardait bien de toute poussée sonore intempestive, en présence de son glorieux aîné ! Mais vous connaissez comme moi, la gente féminine et son irrépressible besoin de consoler le malade, le faible, et souvent aussi le truand, la feignasse, l’alcoolique, et pour tout dire, le ….taré intégral !
Ceci vous fera comprendre pourquoi il devint, malgré sa « fragilité », le chouchou protégé de ces dames !
D’ailleurs, celles-ci l’acceptaient sans vergogne dans leurs conversations intimes. Elles étaient reconnaissantes du fait que, « lui » au moins, par sa « sensibilité », les comprenait !
C’était pas comme ce balourd, ce rustaud de Pavarotti qui, s’il leur procurait bien ces petites sensations, ces plaisirs secrets auxquels elles ne pouvaient résister malgré tout, n’était qu’un être « primaire » et « frustre » dont on ne pouvait rien attendre de plus, qu’une brève saillie furtive de reproducteur prétentieux ! Ainsi allait la vie paisible de notre poulailler.
Les saisons passaient. L’hiver, tout ce petit monde vivait calfeutré dans la masure.
Le père Eusèbe couvait (c’était bien son tour ! ) avec soin son cheptel aviaire, pour que ses petites pensionnaires ne prennent pas froid.
Mais le beau printemps arrivait pour chasser les vilains frimas, et l’été dardait rapidement ses rayons prometteurs !
Et cette année là, il promettait d’être caniculaire !
Ce qu’il fut. Les journées étaient torrides, et les nuits peu rafraichissantes.
Alonza avait chaud. Le poulailler dormait paisiblement en cette étouffante nuit d’été. Les ronflements de ses consoeurs l’empêchaient de réfléchir.
Si ! Si ! Ça ronfle une poule !
Tous les dessins animés de Tex Avery, et de Walt Disney, nous le prouvent à l’envie !
Notre brave poulette avait un défaut supplémentaire ;
elle était insomniaque !
Et ça tournait ferme (sans jeu de mot) dans sa cervelle de poule !
Il serait préjudiciable à la bonne suite du récit de croire que la petite cervelle d’une gallinacé ne peut pas réfléchir comme un gros cerveau d’humain suffisant.
Bref ! Allonza s’emmerdait sec, puisqu’il faut dire les choses crûment, comme elles se présentaient alors.
N’y tenant plus, elle sauta de son perchoir pour sortir de cette étuve duveteuse et trop sonore à son goût. Plongée délicieusement dans la relative fraîcheur de la nuit, ses petites pattes la portèrent irrésistiblement vers la maison du père Eusèbe.
Une des fenêtres donnant sur la cour était faiblement éclairée, et son intensité variait brusquement d’une manière mystérieuse.
Si mystérieuse qu’Allonza se crut obligée de sauter sur le rebord pour savoir quel était le curieux phénomène provoquant ses halos bizarres et fugaces.
A sa grande stupeur, elle vit le père Eusèbe affalé dans un fauteuil, devant un engin étrange, qui diffusait une image en couleur.
Le paysan avait la bouche ouverte et cuvait, comme à son ordinaire, ses trois ou quatre litres de mauvais pinards quotidiens. Eglantine écossait des petits pois dans une écumoire. Activité désuète, que nos jeunes générations ne comprennent pas plus, qu’ils ne comprendraient le tissage de la laine sur un rouet!
Les ronflements de chaudière emballée de son poivrot de mari empêchait Eglantine de suivre le débat télévisé portant sur la condition féminine, et la nouvelle position des femmes dans la société moderne !
Un coup de pied vengeur dans le fauteuil tentait bien de faire taire, de temps à autre, cette horrible pollution sonore, mais en vain.
_Bon Dieu d’sac à vin de merde ! Tu vas t’y pas te taire ! Tu pourrais pas cuver ta vinasse « alieur » !
Car Eglantine avait de la conversation !
L’interpellé poussait un grognement qui semblait plus sortir d’une bauge à cochon, que de la bouche d’un être humain. Ce qui avait quand même l’avantage de procurer quelques précieuses secondes de répit, à notre écosseuse de petits pois, pour suivre le débat qui la passionnait. Une aussi, qui n’en perdait pas une miette, c’était notre Allonza ! Son petit œil rond collé à la vitre semblait enregistrer, tel un objectif de caméra, tous les mots de la conversation télévisuelle. Au bout du cinquantième coup de pompe, et parce que l’émission était terminée, Eglantine se leva pour éteindre le poste, et se dirigea vers la fenêtre pour en fermer les volets. Notre poulette affolée se jeta en bas du mur, et couru de sa démarche clopinante vers son poulailler salvateur. Cette nuit là, sous une crête plus échauffée que d’habitude, un petit cerveau vrombissait à la manière d’un hachoir électrique, et de sombres pensées en éclaboussaient les parois !
Pavarotti s’ébroua, s’épousseta, fit battre ses ailes, tressaillit du bec, et de la crête. Puis, d’un pas hautain et vaniteux, lent comme une pensée de sénateur, se dirigea vers son tas de paille sèche, le fumier n’étant plus assez noble pour ses ergots délicats. Là, de petits coups de tête périscopiques, précédèrent son chant glorieux et sonore. Le concert dura un petit moment. Moment que notre animal appréciait au plus haut point. C’était les seuls instants de la journée où sa vanité pouvait s’exprimer sans complexe.
La « levée des couleurs » étant terminée, notre parangon à plumes se sentit des poussées impérieuses qui ne souffraient d’aucune attente. Et le premier cloaque qui passa à sa portée fut le bienvenu !
Mais soudain, sa sérénité fut troublée par une rumeur étrange venue de l’appentis, d’où ses dames n’étaient pas encore sorties pour picorer leur population
« de vers et de vermisseaux ».
Ceux-ci ne se plaignirent pas du sursis ainsi accorder à leur petite vie dérisoire et alimentaire. Ça bavassait ferme sous les crêtes rubicondes qui tressaillaient sous la passion des conversations. Des coups d’ailes hystériques ponctuaient certaines phrases bien senties par une Alonza très remontée ! Pavarotti s’avança prudemment pour savoir de quoi il pouvait bien s’agir. Mais soudain, un silence étrange se fit à l’approche du « seigneur des lieux ». Les becs de ces dames s’étaient brusquement celés comme par un mot d’ordre secret. Pavarotti en tressaillit de surprise ! Elles le dévisagèrent soudain comme s’il était devenu brusquement un étranger qu’elles voyaient pour la première fois ! Il en fut si désarçonné qu’une pierre qu’il n’avait pas vu failli le faire trébucher, perdant ainsi encore un peu plus de sa superbe. Et devant son cheptel, encore ! Mais une cervelle de coq n’est pas assez grande pour emmagasiner trop de soucis, et de questions en une seule fois. C’est ainsi qu’il continua sa petite journée, peinard et sans changer ses habitudes pour autant. C’est le lendemain que les choses prirent un tour légèrement plus dramatique. Pavarotti, qu’une envie pressante chatouillait depuis un moment, se rua sur la première poulette qui passa à sa portée. Mal lui en prit ! Au lieu de la soumission attendue, et du plaisir assouvi rapidement, il fut la victime d’une volte-face de la « promise », et d’un violent coup de bec sur son poitrail multicolore !
_Gare tes fesses, malotru !
La stupeur, encore plus que la colère, provoquèrent chez le gallinacé mâle une sorte de vertige qui l’empêcha de sévir, comme il eut été en droit de le faire !
C’était la première fois de son existence qu’il était victime d’une rebuffade pareille !
Reprenant pourtant vite ses esprits, il se dit, pour lui-même, et surtout pour se consoler, que cette poule devait avoir quelques dérangements secrets des intestins qui la poussaient, la malheureuse, à des extrémités aussi insolentes !
Ses « envies » ainsi brutalement coupées, il ne songea plus à cocher de la matinée. Mais heureusement que l’esprit des coqs, autant que celui des hommes, oublie vite ce genre d’incident. Donc, après une petite sieste réparatrice, notre « seigneur et maître » reprit sa « chasse » interrompue.
Il avisa la « rouquine », une poule dans la force de l’âge, une de celles qui ne font aucune manière, et dont Pavarotti faisait habituellement son ordinaire avec gourmandise et volupté. Comme il s’apprêtait à grimper joyeusement cette femelle, celle-ci, à l’instar de la précédente, lui fit face avec fureur !
_Non Mais ? Tu ne prendrais pas mes fesses pour un « baisodrome » des fois ?
_Mais « Titine » ? Qu’est-ce qui te prend ?
_Il me prend que j’en ai marre de sentir ton sale « cloaque » sur mon duvet propre !
Et puis je veux être libre de mon corps, à présent !
« Libre de son corps » ? Pavarotti n’en était plus à la colère, à présent, mais à l’interrogation existentielle et métaphysique à propos d’un phénomène qui le dépassait ! Ce qui lui causa une forte migraine, manifestation clinique dont il n’avait pas l’habitude !
_Mais qu’est-ce qu’il leur prend, à ces idiotes ? Un coup de chaleur ?
Son trouble fut si manifeste, et sa céphalée si prenante, que le reste de la journée lui fut morose et déprimant ; Son moral en subit un contrecoup puissant.
Le lendemain matin, l’Eusèbe, qui passait comme à son habitude pour voir son ténor à plumes, s’inquiéta de constater chez son « poulain » une méforme évidente !
Méforme dont le résultat fut un « cocorico » légèrement foireux et dont les nombreuses fausses notent traduisaient un état d’âme en berne !
_Eh ben ! L’Pavarotti ! C’est-y que t’aurait pris un coup de froid? Ou alors, c’est-y qu’t’abuse de ta santé auprès d’mes poulettes ? Sacré bandeur, va !
Car l’Eusèbe était un fin observateur de la vie sexuelle des gallinacés !
Comme vous l’avez déjà constaté, ceux-ci comprennent parfaitement bien notre langage, et le coup d’œil assassin du coq aurait du alarmer Eusèbe !
Le « Pauvre con ! » mental que lui adressa un Pavarotti en colère, était aussi « sonore » que le meilleur de ses « cocoricos » !
Revigoré par cette saillie « intellectuelle », notre animal se dit qu’il devait réagir sainement et courageusement devant ces évènements perturbateurs.
Il réussit à se convaincre que le mâle c’était lui, et qu’il se devait à lui-même, ainsi qu’à la bonne santé mentale et physique de toute la basse-cour, de montrer qui commandait sur son territoire ! Ah ! Mais !
C’est ainsi, que conquérant et regonflé à bloc, il se précipita sur la « Roussette » une vieille pondeuse inoffensive, au bord de la décrépitude !
Courageux ! Mais pas téméraire !
Les nombreuses « saillies » subies par la pauvre poule, au cours de sa douloureuse existence, devaient lui garantir un succès facile !
Ah ! la ! la ! Le malheureux !
Mal lui en prit ! (J’aurai pu écrire aussi : « mâle lui en prit )
Non seulement il subit une raclée sévère de la part de sa partenaire, non volontaire, mais une horde de poules en furie vint l’assaillir et le battre comme plâtre ! Pendant plusieurs minutes ce ne fut que cris, fureur, volées de plumes, de duvets, de coups de pattes et d’ergots. C’est par miracle, si notre ex-flambard en sortit vivant !
La crête froisée, les plumes arrachées, couvert de poussière, et même d’excréments, notre pauvre Pavarotti n’était plus que « l’ombre de lui-même », comme on l’écrit des milliers de fois, dans des romans à deux balles !
Mais le plus dur, pour lui, ne furent pas ses souffrances physiques !
Non ! Ce serait trop simple ! Il dut se « farcir » pendant un temps qui lui sembla interminable, un discours lénifiant sur la nouvelle condition des poules, et le respect que celles-ci attendaient désormais de leur coq ! Quand il regagna son coin, dans le poulailler, il était tellement assommé par le sort, les soucis, et le dépit, qu’il s’écroula comme une masse sans vie. La fin du coq glorieux et fier de lui venait de sonner tristement! Les jours qui suivirent furent les plus sombres de la vie de notre ténor champêtre. Eusèbe s’inquiétait de cette méforme chronique dont était frappé son coq. Il se confia à son épouse pour savoir s’il ne devait pas appeler le vétérinaire de la ville. Mais celle-ci fut d’un avis contraire qu’elle exprima, comme à son habitude, d’une manière plutôt fleurie :
_Si c’t’animal est aussi feignasse que toi, ça m’étonne qu’à moitié ! Tel maître, tel animal !
Car Eglantine était une fine psychologue !
Bon ! L’Eusèbe se le tint pour dit, mais dans sa caboche un nouveau soucis germa, et il se promit de surveiller son poulailler avec un peu plus d’attention que d’habitude. Les jours qui suivirent, ne virent pas le moral de notre pauvre coq remonter.
L’Eusèbe était de plus en plus inquiet.
Mais un beau matin, la catastrophe survint.
L’Eusèbe qui s’était levé plus vasouillard que d’habitude, finissait dans sa cuisine son troisième verre de « gros plant » quand lui parvint à travers la porte de la maison un bruit ou plutôt, un cri qui ne lui était pas familier.
Son inquiétude grandit quand il remit les bretelles de son pantalon pour sortir et voir de quoi il retournait.
La foudre d’un bel orage d’été n’aurait pas eu plus d’effet sur notre fermier que cette vision d’horreur qu’il eut soudain devant les yeux !
Une poule, montée sur le tas de foin habituellement réservé à Pavarotti, s’escrimait à imiter celui-ci par des « cocoricos » féminins d’un ridicule consommé.
La musique n’y était pas, et encore moins, la belle puissance virile de notre ex-clairon champêtre. Une fureur noire et assassine remplaça brutalement la paralysie temporaire de notre brave paysan.
Il se précipita avec une célérité, et une vigueur qu’il ne se connaissait plus depuis des siècles, sur cette « incongruité scandaleuse » !
Le formidable coup de pompe dans l’arrière train que se prit une Alonza insolente, fit comprendre à cette dernière, que sa nouvelle fonction avait du mal à se faire accepter par ce balourd, ce macho, ce pèquenot, ce sac à vin minable d’Eusèbe!
Elle y laissa quelques plumes et quelques touffes de duvet !
Mais, elle l’aurait à l’usure !
« Foi d’animal, intérêt et principal » !
Dans sa razzia vengeresse, Eusèbe cherchait à présent ce couard, ce déserteur de Pavarotti !
Lui faire çà ! A lui !
A lui, qu’il choyait, qu’il admirait tous les matins, qu’il bichonnait comme son propre fils !
Ah ! Il allait voir de quel bois se chauffait un Eusèbe en colère !
_Ça va chauffer pour ton matricule ! Sacré bon dieu d’animal !
Et si ça suffit pas, je connais une bonne recette de « coq au vin »
qui lui fera une belle oraison « funeste » !
Car Eusèbe avait de la religion !
Il entra dans le poulailler à la recherche du
« traître » et du « renégat » !
Et ce qu’il vit alors lui coupa définitivement les jambes ! Pavarotti, coincé entre deux pondeuses…….COUVAIT !
L’échange de regard entre l’homme et l’animal prit beaucoup plus l’allure d’une stupéfaction douloureuse et réciproque, que celle d’un sentiment de colère !
_Mais quoiqu’c’est-y que tu branles là ? T’es malade ou quoi ?
Je vous épargne-le :
« Mais qu’est-ce que tu nous couves ? »
Que certains, à juste titre, trouveraient un peu facile et vulgaire !
Le pauvre gallinacé, qu’une déprime définitive et mortelle taraudait depuis plusieurs jours, eut pourtant ce sursaut d’indignation, cette lueur de révolte, de l’ampoule qui jette un dernier éclair avant l’extinction définitive !
_Si cet enfoiré aviné me fait encore une toute petite réflexion,
« je lui vole dans les poils »
L’expression « voler dans les plumes » eut été ridicule de sa part, dans le cas présent !
Mais il n’eut pas le temps de réagir qu’un Eusèbe, par sa colère vengeresse retrouvée, le flanquait par terre, et le poussait vers la sortie, de la même manière qu’il fit comprendre à Alonza qu’elle n’était pas non plus à sa place !
C’est ainsi que notre pauvre Pavarotti se retrouva dehors, au soleil, le moral encore plus enfoncé dans ses ergots que d’habitude.
(Oui ! Vous avez déjà compris que son moral pouvait difficilement être
« enfoncé dans ses chaussettes » !)
Il dut subir, mais sans s’émouvoir outre mesure, un torrent d’invectives, d’éructations assassines, de postillons vinicoles, de la part d’un Eusèbe dont le foie malmené continuait à entretenir la colère !
Heureusement Eglantine veillait !
_T’as pas fini d’gueuler comme un « viau » !
« Va plutôt arroser l’champ d’maïs !
Car Eglantine était une pacifiste !
Les jours qui suivirent, furent des jours de déprime absolue !
Tant pour Pavarotti, qui continuait à couver, sous les regards vigilants
de ses « matones » à plumes, que pour notre brave Eusèbe qui n’osait même plus jeter un regard sur ce qui fut sa fierté.
Il poussait la désespérance jusqu’à mettre la radio à fond, lorsque que montait, dans le matin clair, les quelques notes foireuses et grotesques d’une Alonza triomphante !
Attitude d’une lâcheté sans nom qui agaçait bien évidement, sa compagne !
_Tu d’viendrais pas sourdingue, avec ton pinard, des fois ?
Car Eglantine était mélomane !
Il n’avait plus goût à rien, le pauvre homme !
Même son « gros plant » avait un goût amer et acide !
Les rares fois où il osait s’aventurer près de l’enclos, il ne faisait même plus attention à l’étrange spectacle d’une couvée de poussins qui suivait un Pavarotti traînant un accablement pénible à voir !
C’est que dans le poulailler livré à lui-même, les choses ne s’arrangeaient pas du tout.
Les discussions allaient toujours bon train, autour d’une Alonza remontée, et qui se remettait difficilement de son altercation avec le fermier.
Il faut dire que son croupion douloureux savait le lui rappeler, à chaque fois qu’elle tentait de se reposer !
Maintenant que le problème de la liberté sexuelle était résolu, on s’attaqua joyeusement à celui du contrôle des naissances.
Ces dames en avaient assez d’être des pondeuses reproductrices !
Elles exigeaient d’avoir des poussins, quand elles le voulaient, et au nombre qu’elles voulaient ! Le programme fut d’autant plus facile à tenir, que Pavarotti n’était plus en état de faire quoique ce soit !
Dans son accablant malheur, Pavarotti eu un allié surprenant.
Steemy, que la situation dramatique de son congénère avait quand même fini par émouvoir, se dit en son for intérieur,que les choses étaient mûres, pour faire connaître à son aîné des plaisirs compensateurs, que celui-ci avait longtemps méprisé, par ignorance
et surtout par préjugé, bien sûr !
On les vit donc ainsi, tous les deux, en grandes conversations, pendant de longs moments, accompagnés par des gloussements moqueurs et sans pitié des femelles aux aguets de leurs confidences intimes.
Quand je parle de conversation, le mot est très légèrement galvaudé.
C’était plutôt un monologue, un cours magistral et unilatéral donné par un Steemy à un coq dont la pupille terne, et le regard absent, montraient à l’évidence, que si le corps était toujours là, l’esprit s’était déjà évadé depuis longtemps de sa petite boite crânienne.
Pavarotti n’était plus qu’un automate de chair et de sang.
Du côté de l’Eusèbe, les choses ne s’arrangeaient pas non plus !
Sa consommation de pinard, encore moins !
_Mais tu va « zarriver » à nous foute sur la paille avec ta vinasserie de m’erde !
Car Eglantine avait le sens de l’économie !
Les travaux des champs s’en ressentaient aussi !
Et ça, c’était infiniment plus grave !
La saison avançait, il fallait faire les moissons, et un tas d’obligations paysannes qui ne souffraient d’aucun retard.
Eglantine, un beau matin, faisait le ménage dans la modeste cuisine du logis, tout en ressassant les sombres soucis que lui causait son intempérant de mari.
Soudain, comme une explosion cataclysmique, la porte de la pièce s’ouvrit sur un Eusèbe au comble de la fureur et de la folie meurtrière !
Il passa en trombe devant sa femme, sans même la voir !
Se saisit de la vieille pétoire accrochée à un clou, et qui n’avait pas servi depuis
la guerre de 1870 !
Il mit ostensiblement deux cartouches dans le fusil
tout en regardant sa femme d’un air terrifiant !
_Eusèbe ! Tu vas t-y pas faire des conneries ?
Car Eglantine était une âme inquiète !
Sans une réponse à sa dramatique interrogation
le « vengeur à la pétoire » était déjà sorti dehors !
Le « char d’assaut » s’arrêta devant l’enclos de la volière.
L’Eusèbe, sur le visage duquel coulait à présent deux grosses larmes de désespoir, contemplait un spectacle affligeant et obscène :
Steemy cochait un Pavarotti soumis et amorphe !
Quand l’ex-gloire du poulailler tourna sa tête, et vit deux énormes trous noirs pointés sur lui
Il sut que sa souffrance et son martyr arrivaient enfin à leur terme !
La double détonation fit tressaillir Eglantine dans sa cuisine.
_Pourvu que c’te couillon, y m’fasse pas veuve, avec tout le boulot qu’y reste à faire !
Car Eglantine était une sentimentale !
Elle fut rassurée quand elle vit sur le pas de la porte, un Eusèbe blême, extatique, le fusil en bandoulière, et tenant par le cou, les corps inertes des deux délinquants sexuels !
_Bah ! C’est pas avec des conneries pareilles que t’auras des poussins c’t’année !
Car Eglantine était toujours une fine observatrice !
Ce qui ne l’empêcha pas de plumer avec ardeur et dextérité nos deux « cadavres » !
Mais comme l’Eusèbe aurait été incapable d’avaler, ne serait-ce qu’une miette de sa défunte fierté à plumes, il fut décider d’aller les vendre à Mohamed dit « Momo » le rôtisseur ambulant de la place du marché dominical.
Et nous étions, comme par le plus grand des hasards, dimanche !
C’est ainsi qu’Eusèbe vendit les deux coqs au marchand, quand il alla faire son tiercé habituel au café du village.
Quand il revint, un peu plus tard, il vit les deux beaux poulets, sur la rôtisserie verticale, bien rôtis, succulents à souhait !
Eusèbe avait une grosse boule dans la gorge, et l’étreinte d’une émotion irrépressible, le fit chialer comme un enfant.
Dans le poulailler, l’ambiance était légèrement plus détendue, et plus gaie.
Si la disparition de ce brave et « charmant » Steemy les avaient plongées dans une tristesse sincère, et de bon aloi, par contre, la disparition de Pavarotti les laissa de marbre !
Et une bonne nouvelle n’arrivant jamais seule, elles n’avaient plus rien à craindre pour leur maternité non désirée.
Alonza triomphait !
Elle avait eu la peau de cet imbécile, de ce grotesque, de ce prétentieux, de cet inutile, de ce parasite de Pavarotti !
Elle en tressaillait de bonheur ! Elle riait !
(si ! si ! Ça peut rire une poule !)
Elle exultait ! Mais ce qui la mettait dans une joie proche de l’extase, c’était de savoir que ce sac à vin d’Eusèbe, ce tortionnaire imbécile, avait procédé lui-même à la mise à mort de ces deux crétins de coq ! Double triomphe !
Elle reprit donc ses discours lénifiants pour expliquer comment désormais, on pouvait se passer de ces balourds de mâles, même dans les plaisirs secrets !
C’est qu’elle en avait appris des choses, grâce à la « lucarne magique » de chez le père Eusèbe ! Une semaine passa durant laquelle celui-ci ne décuva pas d’un seul jour !
Eglantine vivait ainsi un veuvage virtuel !
Elle pensa appeler un médecin, mais les finances de la maison n’étant guère florissantes, cela aurait encore été des frais superflus !
Malgré tout, il finit par émerger un beau matin ensoleillé, l’œil encore noyé d’alcool, le moral aussi sombre et noir que l’âme d’un politicien en campagne électorale !
Sa tristesse faisait peine à voir ! Même pour sa femme !
C’est vous dire si l’heure était grave ! Il se décida pourtant à sortir pour prendre l’air !
Pensant ainsi que le vent frais et matinal allait lui influer un nouveau dynamisme, et le remettre sur les rails de l’homme honnête et courageux qu’il avait quand même été, malgré tout, pendant de longues années !
Et puis, ce n’était pas un incident malheureux qui allait briser à jamais sa passion pour son poulailler ! D’autres éleveurs avaient dû surmonter ce genre d’épreuves !
Il ne faut jamais désespérer dans l’existence !
Un paysan aguerri aux dures vicissitudes de l’exigeante Nature doit le savoir mieux que quiconque !
Ainsi doper par ces pensées optimistes et revigorantes, notre Eusèbe se dirigea vers l’ancien objet de ses attentions …
Eglantine, devant l’attitude un peu plus positive de son compagnon, commençait à respirer de nouveau. Elle préparait avec entrain et enthousiasme une belle tarte aux pommes, en maniant le rouleau à tarte en bois.
La porte crissa pour laisser passer un Eusèbe proche d’un état somnambulique.
A pas lents et mesurés, comme un zombi frappé part le sort de quelque sorcier vaudou en colère, il décrocha à nouveau sa pétoire antédiluvienne.
Mais cette fois-ci, il remplit un sac d’une quantité phénoménale de cartouches de chevrotine. Eglantine suivit la scène de ses yeux exorbités, grands ouverts,
comme les assiettes « souvenirs », accrochées au mur de la salle à manger.
Un moment, elle pensa arrêter les velléités chasseresses de son Tartarin de mari, avec son rouleau à pâtisserie !
_Ouais ! Mais il est foutu de me truffer de plombs, si j’rate mon coup! c’t’animal !
Car Eglantine était la prudence même !
Elle le laissa sortir, pétrifiée d’inquiétude et d’interrogation, quant à la suite des évènements.
Ils ne tardèrent pas !
La ferme fut secoué d’une pétarade de coups de fusil qui sembla interminable à Eglantine !
_Pourvu qu’y s’fasse pas sauter l’caisson avec la dernière cartouche !
C’est qu’y a les foins encore à rentrer ! bon Dieu de bois !
Car Eglantine était toujours aussi prévoyante !
Mon Dieu, ce carnage !
Il fallait voir ce champ de bataille sanglant couvert de plumes, de duvet, de cadavres rougis par le sang de nos pauvres poulettes ainsi « martyrisées » par un « Dieu » vengeur et impitoyable !
Oui ! Car, tel Yahvé foudroyant Sodome et Gomorrhe par le feu du Ciel,
Eusèbe massacra d’une nuée de plomb, son cheptel en pleine partouze aviaire !
Les poules, grimpées les unes sur les autres, gloussant d’une manière obscène et ridicule, reproduisaient entre elles, par couple, et très maladroitement le simulacre de la reproduction !
Cette fois-ci, Eglantine renauda ferme devant cet abattage industriel.
Un ou deux, ça passe encore !
Mais dix volailles à plumer, elle y passa toute sa matinée.
Eusèbe, le visage en larmes, entassa les suppliciées dans sa « dedeuche » fougonnette, et rebelote pour la rôtisserie de Momo !
Celui-ci, devant cet arrivage conséquent, eut un moment de doute.
_Deus donc l’Eusèbe j’y voudrais pas que time refourgues di « bistiaux » malades au moins ?
Y sont sains, ti zanimaux ?
_Tout ce qu’il y a de plus sain du côté barbaque, Momo !
Mais du côté cervelle, j’garantis rien !
Mais c’est-y qu’on les bouffe, les cervelles ? Non ? La preuve?
La bourgeoise te les a guillotinés ce matin même !
Car Eglantine était une bonne républicaine !
Une demi-heure plus tard les anciennes poulettes du père Eusèbe prenaient une belle teinte caramel et appétissante à souhait dans la rôtisserie de Momo. La plus dorée et la plus délectable était la carcasse de feue Alonza !
Après tout, c’était peut-être ça les « feux de l’Enfer » !
Il y eut bien quelques râleurs, quelques insatisfaits parmi les clients de Momo, dans la journée !
Notamment, Monsieur Joly le pharmacien !
_Je ne sais pas avec quoi ils nourrissent leurs volailles, à présent, mais à ce régime là, ils vont nous faire crever de saturnisme !
Ding ! Fit le quatrième plomb, en tombant dans son assiette !
Ma terrifiante histoire aurait pu s’arrêter là, mais le sort pitoyable du père Eusèbe mérite une petite rallonge narrative.
Quelques jours plus tard, notre malheureux paysan, encore plongé dans les affres de son deuil récent, accentués par une intempérance en progression vertigineuse, dû se rendre à sa banque pour quelque opération urgente et indispensable.
Lorsqu’il poussa la porte de l’établissement, son cerveau embrumé par les vapeurs d’alcool lui fit interpréter d’une manière totalement incongrue et erronée
les sons qui parvenaient à ses oreilles !
C’est ainsi que de nombreux quidams attendaient patiemment devant plusieurs guichets où officiaient de charmantes et ravissantes employées.
Celles-ci ne pouvaient faire autrement que de s’entretenir avec leur client par un bavardage courtois et sonore.
Mais la cervelle dérangée de notre pauvre paysan transforma ces conversations en caquetages lui vrillant les tympans et l’âme !
Il n’entendait plus des mots mais des
« cot cot codec ! cot cot codec ! »
Son visage se couvrit de sueurs !
Et soudain il bondit en hurlant par-dessus le premier guichet à sa portée !
Il tenta d’étrangler la pauvre malheureuse qui se trouvait derrière !
_Sacrées putassières de poules de merde !
Enfoirées de salopes vicieuses !
En tous les cas, ce sont les seules paroles compréhensibles et audibles que les témoins rapportèrent, dans le commissariat de police, où l’on enferma le fou furieux !
Maintenant Eglantine rend visite à son époux très régulièrement, dans sa nouvelle résidence ; l’asile d’aliénés du département !
Propre et très bien tenu !
Elle peut l’observer dans sa chambre entièrement capitonnée, par un petit hublot vitré pratiqué dans la porte.
Il est là, bien vivant, bien remuant, debout, dans sa belle camisole de force toute blanche !
Comme il a percé son traversin avec ses dents, il crache quelques petits duvets, et pousse de très joyeux, très sonores mais très approximatifs
« Cocorico » !
Toutes les amies de cette pauvre Eglantine la soutiennent dans cette dure épreuve.
Et pour toutes celles qui l’interrogent pour savoir ce qui est arrivé à son mari
elle a cette réponse immuable :
_Ben c’est qu’il a attrapé le « délire homme très mince » !
Car Eglantine a de la culture médicale !
Au fait ? Vous reprendrez bien une cuisse de poulet ?
« Mister Ed » Mon bon samaritain (2)
Si les maisons américaines sont en bois, aussi fragiles que des boites d’allumettes, par contre, elles sont grandes !
C’est ce que je constatais tout de suite ! Même les plus modestes !
Mais le morceau de « choix », c’était la cuisine !
Véritable « salle d’opération » où tout brillait à vous en faire mal aux yeux !
On n’aurait même pas eu le courage d’ouvrir une boite de sardines, tant on aurait eu peur de salir ce bijou de propreté !
C’est ici, que je retrouvais Cindy ! (Maintenant que je connais le sketch de cet « ignoble » Dany Boon, je ne peux pas écrire le prénom de cette pauvre enfant sans être ridiculement gêné !) L’opération qu’elle était en train d’entreprendre, cadrait parfaitement bien avec le décor de laboratoire qui m’environnait. Figurez-vous qu’elle venait de se servir un verre de lait. Opération banale, me direz-vous ? Attendez la suite !
Elle sortit alors, d’une étagère, un petit présentoir en bois, dans lequel se trouvaient alignés, de minuscules « tubes à essai » remplis chacun d’un liquide d’une couleur différente.
Mais quelles couleurs ! Hou ! Cela allait du bleu turquoise, au rose pâle, en passant par un jaune canari ! Après plusieurs secondes de réflexion, elle opta enfin pour un bleu tendre. Elle le versa dans son verre de lait qui prit ainsi cette belle couleur !
Tout à fait naturel pour du lait !
Car je devais apprendre une grande règle de l’art culinaire amerloque ; c’est que le goût des choses, ils s’en tapent !
Mais ce qu’il faut surtout ; c’est que ce soit « beau » !
Nos « ignobles » tripes à la mode de Caen, nos boudins noirs « monstrueux » leur font peur !
Mais une belle gelée transparente bleu cobalt, ça, cela les ravit !
Le choc des cultures, qu’on vous dit !
La journée se déroula sans problème majeur, à part le passage impromptu d’un agent du FBI ! Ouais ! Car ma charmante cousine avait signalé la disparition d’un dangereux « terroriste » aux autorités compétentes !
Et celui-ci était activement recherché avant qu’il ne puisse commettre ces « ignobles » forfaits ! Mais le fonctionnaire ne devait pas être très « zélé » car il n’a même pas cherché à me voir, ni moi, ni mon passeport ! Il s’est contenté d’une conversation avec ma généreuse hôtesse.
Pas besoin de vous faire un dessin ! Les mœurs policières ont rudement changé depuis !
« Dont worry ! My dear Djirâârde! It’s only the FBI »
Oui! C’est vrai ça! Pas de panique ! C’était juste le FBI !
A la nuit tombée, je fis enfin la connaissance du mystérieux « Mister Ed »!
Car toute la journée, ma porteuse de choucroute blonde n’arrêtait pas de mentionner ce curieux personnage !
Elle m’aurait parlé de son « husband », et malgré mes six longues années d’anglais scolaire totalement inutiles, j’aurais fini par comprendre !
Mais un certain « Mister Ed » ?
C’est alors qu’il apparut dans l’encadrement de la porte !
Il me fixa de sa bouille ronde et de ses grands yeux « bleu profond », et avec un sourire charmant et joyeux, en me pointant le ventre de son indexe, me sortit cette phrase rituelle que je devais entendre tous les jours :
« One day more, one dollar more » !
Comme première prise de contact, c’était plutôt saugrenu ! Surtout qu’il passa à côté de moi, indifférent pour aller s’asseoir dans le canapé du salon. Là, il se servit aussitôt un verre de whisky, et se planta devant la tété.
Miss « choucroute » le rejoignit pour tenter de lui expliquer ma présence sous son toit !
Pendant la conversation, Mister Ed me tendait son verre en signe de salut, puis continuait de regarder sa télé en écoutant distraitement sa femme !
Il me faisait l’impression d’un homme habitué à ce que son épouse lui rapporte souvent des chiens errants, des chats égarés, des ratons laveurs en goguette, des clochards occasionnels, des épouses en rupture de ménage, enfin bref, toute une faune que son grand cœur se devait de secourir, et parce que son devoir de « Jéovâ ouitessesise » lui recommandait impérativement de faire !
Ah oui ! Parce que j’allais apprendre ce petit détail sans importance ; Misses Gluth faisait partie de l’Eglise des « témoins de Gévéor » du quartier !
Mais heureusement pour moi, son prosélytisme fut toujours très léger et discret !
J’eux quand même droit, à me farcir toutes les cérémonies religieuses, le dimanche matin, au temple, pendant tout mon séjour, alors que ce « mécréant » de Mister Ed faisait sa partie de golf avec ses copains. Vous constaterez, par la même occasion, ce schéma universel qui veut que les femmes soient infiniment plus bigotes que ces « incrédules » indécrottables de maris ! Schéma que l’on a retrouvé pendant des siècles en Europe occidentale, où pendant que ces dames assistaient à la messe, ces messieurs étaient à la taverne, puis au bistrot !
Même les « Témoins de Gévéor » amerloques n’y coupent pas !
C’était quand même le moins que je pouvais faire pour honorer et respecter ma généreuse hôtesse !
Le tableau ne serait pas complet, si je ne vous parlais pas d’un petit tas de poil qui se voulait être un chien et que mon hôtesse me présenta comme se prénommant :
« moûnéééé » !
« Mouné » ? Ça sort d’où ?
Voyant mon regard plus qu’interrogatif, elle vint à mon secours par une explication encore plus absconse : « It’s a french painter ! You know ? »
Le temps que je « décode », ce qui me prit au moins un bon quart d’heure, je compris qu’il s’agissait de « Monet » !
Quel honneur pour notre grand peintre !
Car Miss « Choucroute » adorait son « moûnéééé » !
Quant à sa race précise, je serais totalement incapable de vous la préciser ! Je dirais seulement qu’il avait quatre pattes, un poil noir et blanc, et sûrement des yeux planqués dedans !
A suivre !
vendredi 29 février 2008
« Mister Ed » Mon bon samaritain (1)
Le remord vous taraude soudain, au détour d’un souvenir, comme une vieille crampe à l’estomac.
La mienne s’appelle : « Mister Ed » !
Expression empruntée à une très vieille série américaine, qui faisait parler un cheval dans son box !
Un cheval philosophe ! Je n’irai pas jusqu’à dire, que dans ce grand pays, les chevaux sont parfois plus intelligents que les autochtones, mais on n’en est pas loin !
Pourquoi la famille avait-elle baptisé ce pauvre Monsieur Gluth ainsi ?
Pour la très originale raison qu’il se prénommait « Edward » !
Ma faute, c’est d’avoir enfoui dans ma cervelle, pendant des décennies, cet homme merveilleusement bon, un des être les plus généreux, les plus adorables, les plus discrets, les plus effacés, les plus humains, que je n’ai jamais rencontré au cours de ma vie.
Mais pour arriver jusqu’à lui, il me faut raconter une longue histoire !
« L’Amérique ! L’Amérique ! Je la veux, et je l’aurai ! » Chantait Joe Dassin dans les années soixante-dix !
Et le brave « couillon » que j’étais alors, la voulait aussi !
Revenu du service militaire, je glandouillais dans une période de chômage qui s’étirait dangereusement au fil des mois !
Nous étions en 1968 !
Ah ! La belle année de toutes les aventures !
Il s’en est passé des choses ! Et surtout pour ma pomme !
L’année la plus extraordinaire, la plus dense, la plus mouvementée que je n’ai jamais vécu ! Commencée dans les sables de l’Algérie, sur les bords de la méditerranée, pour se terminer sur les bords du lac Michigan, en étant passé par les barricades de mai 68 !
Un vrai festival à donner le tournis ! Bref !
Le malheur voulu (et c’est un vrai malheur !) que nous eussions une vague cousine éloignée vivant aux Etats-Unis !
Ah ! La belle aubaine ! Formidable !
Nous allions pouvoir réaliser notre « rêve américain » !
Car je n’étais pas seul sur les rangs !
Ma jeune sœur de 17 ans à l’époque, partageait le même espoir : vivre aux « stâââtes » !
Les Etats-Unis bénéficiaient à l’époque, d’une aura extraordinaire !
Encore plus qu’aujourd’hui !
Le rock, les « yéyés », la musique, la fabuleuse épopée lunaire, le train de vie, tout fascinait les jeunes gamins que nous étions !
Un magnifique « miroir aux alouettes » !
C’est alors que la « charmante » cousine proposa d’emmener ma frangine comme « baby-sitter » de ses enfants, chez elle, là-bas, à Northbrook, petite ville de la Banlieue de Chicago.
Le rêve se réalisait !
Ma frangine nous expédiait régulièrement des lettres enthousiastes !
Tout se passait merveilleusement bien !
Tellement bien, que je piaffais d’impatience de la rejoindre !
Mais je n’arrivais pas à obtenir le fameux visa d’immigrant !
« Bah ! Qu’à cela ne tienne ! Tu viens avec un visa « touriste »
et on le fera changer une fois sur place ».
Et moi, comme le crétin que j’étais, et que je reste encore un peu, je l’ai cru !
Un beau matin, je me retrouvais à la gare des Invalides, puis au Bourget, ensuite Londres, et Enfin Chicago !
L’arrivée fut prodigieuse ! Un rêve éveillé !
J’étais saoulé par tout ce que je voyais !
Ma pauvre petite cervelle n’arrivait plus a emmagasiné toutes les sensations nouvelles que je ressentais alors !
Je débarquais littéralement sur une autre planète !
Les couleurs, les odeurs, les arbres, les maisons, les voitures, tout semblait sortir d’un film !
Mais ce coup-ci, j’étais dedans !
J’arrivais dans une maison pimpante, en bois, comme des centaines d’autres dans ce quartier calme de Northbrook.
Endroit typique et mille fois vu dans toutes les séries amerloques à la con, que l’on peut voir de nos jours !
Bob, le nouveau conjoint de la cousine était venu me chercher à l’aéroport !
C’était un petit brun, taciturne, peu bavard et avocat de son état.
Je retrouvais la frangine ! Suivirent les embrassades, les pots de bienvenue etc… !
Je fis alors la connaissance des deux charmantes gamines
dont ma sœur étaient censée s’occuper !
Elles étaient allongées à même le sol moquetté de leur chambre.
L’aînée ne devait pas avoir plus de huit ans !
Quant à la cadette, elle avoisinait ses quatre ans bien sonnés !
Et j’étais littéralement émerveillé parce qu’elles regardaient !
Une télévision en couleurs !
Chose rarissime encore en France, où le seul poste couleurs, que je n’avais jamais vu alors, se trouvait au palais de la découverte à Paris !
Que regardaient-elles, ces charmantes petites filles ?
Pas une émission pour la jeunesse, mais une troupe de « girls » en train d’agiter les guiboles en cadence. L’aînée, voyant mes yeux écarquillés, et se trompant sur les raisons de mon étonnement, me lança du coin de l’œil, avec un sourire entendu :
« Hein ! Tu les voudrais bien dans ton lit celles-là ? »
L’incongruité du propos, sortant de cette bouche enfantine
me cloua sur place par la stupeur et la gêne ainsi engendrée !
Sur cette nouvelle « planète » où je venais de débarquer
je n'en étais qu’à mon premier étonnement !
Je ne sais pas si vous pouvez imaginer une seconde ma situation !J’étais dans un pays étranger, perdu, sans argent, sans autre relation et connaissance que cette folle à lier, et son poivrot de mari, qui venait de mettre à la porte le seul être humain auquel je puisse me rattacher:
ma sœur !
Dire que j’étais dans une situation désespérée et désespérante, l’expression est faible !
Heureusement pour moi, entre deux orages verbaux de
« Vampirella », et comme les espions qui s’échangent un secret à l’oreille, ma sœur m’avait soufflé ce conseil, d’aller voir la maison d’en face, si j’avais des ennuis!
Ah ! Pour sûr que j’avais des « ennuis » !
(Ne rêvez pas mes Dames! Je ne suis plus comme ça depuis longtemps!)
Et c’est pas un sketch de « Dany Boon » ! Avec son « marque ta page » !
« communistes » c’était les « germs » !
vendredi 22 février 2008
« J’aime les femmes » !
La réponse claqua comme un coup de pistolet !
_Non !
_ ??!!!??? Pensa le « journaleux ! » désarçonné par cette réponse insolente !
_Non ! C’est comme si vous me demandiez si j’aime les frites, les moules ou les oiseaux !
Ce citoyen agacé signifiait par là, que loin d’être misogyne, il aimait sa femme, en respectait, et admirait certainement beaucoup d’autres, mais il ne se croyait pas obligé, pour autant, d’aimer TOUTES les femmes.
Alors, vous qui me connaissez déjà depuis un certain, vous savez donc, que je partage tout à fait cette opinion.
Moi non plus, je n’aime pas « les femmes » !
Et je vais vous surprendre un brin; beaucoup d’hommes pensent exactement comme moi, sans bien sûr l’avouer, les faux-culs !
Cela ne m’empêche nullement d’aimer ma femme, d’être très sensible à la beauté féminine, d’admirer et de respecter beaucoup de femmes, d’être poli et galant.
Mais l’admiration obligatoire et sans faille devant la gente féminine en général : NON !
Et ce n’est pas cette guerre imbécile des sexes, voulue et entretenue par nos furies féministes qui me fera changer d’avis !
D’ailleurs, la dévotion avouée et proclamée pour la toute la gente féminine est infiniment suspecte dans la bouche d’un homme qui s’en vante !
La seule catégorie d’hommes qui les aime toutes et qui en est admirée d’elles, avec une complicité touchante, est celle des homosexuels !
Ce qui prouvent bien, d’ailleurs, que ceux qui les aiment
en « général », ne les « pratiquent » pas en particulier !
C.Q.F.D. !
Les chefs-d’œuvre de la colère
Il passe le temps et les modes, inoxydable, inaltérable, comme l’astre lunaire passe au-dessus de nous depuis des millénaires, sans que la beauté de sa clarté mystérieuse ne soit en rien altérée. C’est ainsi qu’hier soir, à la suite d’un dérapage bienheureux de ma
« zappette », je suis tombé pile poil sur la fin du film de Charlie Chaplin :
« Le Dictateur » !
Le moment précis où il se révèle, où il tombe le masque, et fait un discours d’une vérité glacée, d’une grandeur humaine absolue.
Pas un mot, pas une virgule qui ne se soit à changer ou que le temps aurait rendu désuet !
Non ! Discours d’une actualité terrifiante d’humanité douloureuse !
Tout est encore vrai ! Dramatiquement vrai !
Malheureusement, seuls les acteurs ont changé !
Même si la version française ne correspond pas tout à fait à l’anglaise, le traducteur a su en donner la « substantifique moelle » !
Je ne sais pas s’il en existe une version écrite ! C’est bien dommage !
Car cela vaudrait le coup de s’y attarder !
Il est de grandes colères théâtrales qui gardent intactes leur vertu de révolte au cours des ans et des siècles ! Je songe au monologue de Figaro de Beaumarchais !
On dirait que l’homme n’est jamais autant génial et lucide que lorsqu’il se met en colère contre le comportement imbécile des siens !
Je me souviens d’un pamphlet de Michel de Saint-Pierre, auteur quasiment oublié, et qui s’intitulait ;
« Sainte Colère » !
Pourtant la colère est un péché, en principe!
Cela n’a pas empêché le Christ lui-même de s’y adonner, quand il a chassé les marchands du temple !
Alors n’ayons aucun complexe de nous mettre en colère, quand on en sent la nécessité impérieuse !
Avec sa petite sœur, la révolte, c’est peut-être elle qui nous sauvera de la tyrannie vicelarde qui est en train de croître silencieusement dans notre dos.
Voici le texte du discours du film transposé à ma manière:
vendredi 1 février 2008
Saines colères
Je ne dis pas que c'est pas injuste, je dis que ça soulage !
Oui ! Il y a de « saines colères » ! Et même de « sainte colère » comme le titre d’un roman lu dans ma jeunesse
écrit par un vieil « aristo » du nom de Michel de Saint-Pierre !
Tout ça pourquoi? C’est simple !
Hier, j’entends un jeune « crâne d’œuf » de chercheur nous sortir une étude scientifique de derrière les fagots, comme seuls ces nouveaux rats de laboratoire savent nous en pondre pour notre plus grande joie :
« Les risques d’infarctus du myocarde sont considérablement diminués chez les hommes de plus de cinquante ans qui se mettent souvent en colère ! »
Ah ! Voilà une chose qui me plaît « vachement bien » !
Moi, des trucs comme ça, je demande à en entendre tous les jours !
C’est du miel pour mes trompes d’eustache ! Et non pas de la cire, car je me les lave tous les jours ! Bande de médisants !
Il est vrai, qu’il a été souvent constaté que les timides, les introvertis, les coincés du bulbe, les pusillanimes, les angoissés perpétuels, les saints et les saintes, comme Sainte Thérèse de Lisieux, Sainte Bernadette, ne font pas de « vieux os » !
La gentillesse, la bonté et la sainteté sont extrêmement dangereux pour la santé !
Par contre, les teigneux, les atrabilaire, les casse-couilles congénitaux
les « Tatie Danielle », les méchants viscéraux, les vieux satyres libidineux, les « chaisières » desséchées, ont une durée de vie généralement assez longue !
La biologie et la morale ne font pas toujours bon ménage !
Tout ceci repose sur un secret de bonne santé que je vais m’empresser de vous dévoiler, parce que je suis sympa :
Ce secret tient en un seul mot, et je préciserai même, un seul verbe : Evacuer !
Il ne vous a pas échappé que le corps humain évacue quotidiennement du liquide et du solide !
Et même chez nos compagnes, ce serait plus du « liquide »
que du « solide » ce qui occasionne une constipation endémique perçue sur la plupart des visages féminins que nous croisons dans la rue !
Pour nous, les hommes, nous avons une réserve supplémentaire dont nous devons impérativement « évacuer » régulièrement le trop plein, au risque d’un engorgement préjudiciable à notre égale et constante bonne humeur !
Regardez aussi les bataillons d’enrhumés que nous croisons tous les jours !
Ils « évacuent » les milliards de bacilles et de bactéries qui encombrent leurs poumons en nous expectorant dans la tronche tous leurs miasmes !
Si les rognons de la belle-mère ne passent pas l’examen rigoureux de votre estomac ; une seule solution : l’évacuation d’urgence dans un lieu d’aisance accueillant !
Vous voyez ? Toujours évacuer !
Ce qui est valable pour la sphère physique l’est tout autant pour la sphère psychologique. Revenons à la colère. C’est comme une grenade que vous venez de dégoupiller !
Si vous ne vous en débarrasser rapidement, vous allez avoir droit à un ravalement de façade Très douloureux !
Par contre, si vous la balancer immédiatement sur la face de rat qui vous agace sévèrement, qui vous les « broute » menue, et que vous voyez celle-ci exploser en mille morceaux, avouez que ça soulage, et donc, que cela vous fait du bien !
Cela vaut, bien sûr, pour la vie domestique !
« Bordel de merde ! Où sont passés mes slips? Je vais me mettre quoi, sur le cul ? Jamais, tu fais des lessives ? »
Ou encore :
« Espèce de gourde ! T’as encore balancé le «Tele 7 jours » de la semaine dans la poubelle ? »
« Et qui va encore la fouiller, pour faire rigoler une fois de plus le voisin ? »
« A ton age, t’es toujours pas foutu de lire une date sur un canard ? »
Je ne vous donne là que des exemples très simples et très courants !
Si l’épouse révoltée vous demande pourquoi vous vous mettez ainsi en colère, la réponse est toute trouvée :
« Je pratique des exercices nécessaires au bon entretien de mes coronaires, pour vivre plus longtemps, afin de continuer à entretenir une famille de parasites ! Ça te va comme réponse ? »
Bon ! Il est certain qu’une pratique quotidienne et régulière de cette
« discipline » risque de faire rapidement le vide autour de vous !
Oui mais ! Au moins vous resterez vivant ! Et c’est bien l’essentiel !
Avons-nous besoin d’une étude scientifique pour savoir ce que nos pères et nos aïeux nous ont répété pendant des siècles ?
« Ce sont les meilleurs qui partent les premiers »
et son corollaire :
« Les mauvaises herbes ont la vie dure » !
dimanche 27 janvier 2008
Catastrophe machiste
Il a toujours été de bon ton d’affirmer, que seules les femmes n’éprouvaient parfois aucun désir, ni aucun plaisir aux galipettes amoureuses.
La faute des hommes ! Bien sûr !
Ces grands balourds maladroits et indélicats !
Et Dieu sait s’il y en a !
Même les plus malins qui se prennent pour des « experts » sont bien souvent victimes du talent de simulatrices de nos chères moitiés !
Jusqu’à présent, une personne de la gente masculine qui n’arrivait pas à faire fonctionner correctement sa trousse à outils intimes, était considérée comme impuissante !
Erreur !
D’après nos médecins chercheurs, il ne faut pas confondre
« impuissance » et « inappétence sexuelle » !
Il est même des hommes qui n’éprouvent aucun désir mais qui sont parfaitement « en ordre de marche » !
Alors ?
D’où viendrait ce terrible fléau qui est en train de croître dangereusement, et selon les recherches, toujours fructueuses, de nos savants ?
Peut-être n’éprouvent-ils plus de désirs pour des femmes qui n’arrêtent pas de vouloir se prendre pour des hommes ?
La parité, c’est bien joli ! Mais si l’on n’éprouve aucun goût pour l’unisexualité ? Hein ?
La « chauffeuse routière », la « CRS callipyge »
(cherchez un peu dans le dico, cela vous fera du bien !), la
« Rambelle au pétard meurtrier » c’est formidable !
Mais cela peut recroqueviller définitivement des instruments naturels plutôt fait pour s’agrandir sous la pression d’une belle émotion libidineuse !
Et ça Mesdames, cela ne se commande pas !
Cette nouvelle forme de défaillance virile est tellement incongrue que la langue française, pourtant si riche en ce domaine, est pour une fois, totalement désarmée !
Elle n’a pas de mot pour exprimer ce drame épouvantable de la virilité en berne, faute de désirs ! Et puis avouez que c’est non seulement vexant pour nos charmantes et adorables compagnes, mais c’est surtout très inquiétant pour la perpétuation de l’espèce, si un tel phénomène devait prendre de l’ampleur !
Mesdames, je vous lance ce cri d’alarme pathétique, mais ferme :
Vous avez l’avenir de la race humaine entre vos mains (si j’ose dire !) !
Restez désirables ! Restez de vraies femmes !
C'est-à-dire toujours, et très légèrement « casse-couilles » sur les bords !
Ce qui vu les circonstances, peut paraître paradoxal, mais quand même nécessaire pour exciter une libido défaillante dans le rang de certains mâles dégoûtés par les jeux de la « bête à deux dos » ! !
PS « Rambelle » féminin de « Rambo » Ouais Adrienne ! ça existe !
jeudi 3 janvier 2008
Affaire de « style »
Ceci fera sûrement plaisir aux rabelaisiens ayant la patience de lire mes délires épistolaires !
Il m’arrive parfois de vouloir me replonger dans la lecture de bons vieux polards classiques.
C’est ainsi que je mets la main sur le tout premier roman d’Agatha Christie : « La mystérieuse affaire de Styles »
« Styles » étant une petite ville anglaise !
Mais, soupçonnant le trop grand sérieux de sa lecture
je m’adjoins « prudemment » un bon vieux « San A » de Frédéric Dard ;
« Béru contre San Antonio »
que j’embarque aussi dans ma chambre.
Je commence d’abord le roman de la vieille british un peu rance.
Au bout de trois pages, la tentation est la plus forte !
Le « fog » de la Tamise ayant fait ses ravages dans mon cerveau, j’attaque l’infâme Béru contre son pote
« San A » !
L’abnégation littéraire a ses limites !
Et je ne suis pas un saint dans ce domaine.
Le remord venant, j’abandonne lâchement les « french poulets » pour les « keufs of tea » british !
C’est alors que je perçois soudain un bonheur hilarant et tout à fait nouveau pour moi ;
le choc des cultures, à travers le choc des polars !
_Mère sera enchantée de vous revoir après tant d’années, ajouta-t-il.
_Comment se porte-t-elle ? Demandais-je ?
_A merveille ! Vous savez sans doute qu’elle s’est remariée ?
Je ne parvins pas à cacher mon étonnement.
(English polar)
Sa majesté rafistole sa cigarette éventée avec le contour blanc d’un carnet de timbres, et grommelle :
_Je te demande un peu, une mobylette à son âge !
_Déjà, quand il passe entre deux mecs qui bâillent, il est obligé de se calorifuger l’horloge à la ouate Thermogène pour éviter les complications pulmonaires ! Tu imagines la veillasse sur deux roues, à jouer les Fend la Bise ?
(French polar)
Les romans de San Antonio ne sont déjà pas tristes, mais si vous les entrecoupez d’une tranche de pain de mie couverte de
« marmelade » avec une « cup of tea » et un « cloud of milk » dessus, c’est le nirvana humoristique assuré !
D’ailleurs, c’est facile à comprendre !
Rien de tel que de se cailler les meules par –15° pour apprécier un « home sweet home» douillet et chaud !
Je vous le conseille ! L’essayer, c’est l’adopter !
samedi 8 décembre 2007
Les gaîtés de l’escadron aérien.
Figurez-vous que je tombe sur une chaîne russe! Vouai ! Russe !
C’est rare de pouvoir regarder une chaîne de télévision russe !
Un galonné, avec toute sa « quincaillerie » sur la poitrine, et sa « tarte grise » vissée sur le crâne « causait dans l’poste ! »
Mes connaissances en russe sont plus que nulles !
Totalement inexistantes !
Mais j’aperçois soudain un objet formidable dans le dos du pingouin militaire endimanché.
Il s’agit de « Tupolev TU95 » !
Avion bombardier, à tout faire, un peu le pendant du B52 américain.
Les TU95 sont des avions à hélices « contra-rotatives » fonctionnant par paire sur chaque moteur !
En autre mission, ils servent d’avions d’observation ou d’espionnage, suivant la terminologie du camp dans lequel on se trouve, c'est-à-dire russe ou américain.
Soudain, une autre image !
Cette fois-ci, c’est un galonné ricain au visage franchement plus rigolard et détendu que le « russkof » !
Mon instinct me fait comprendre qu’étant de l’autre bord, il doit être un pilote de F15 qui devait surveiller ceux qui les espionnaient, ou qui les surveillaient !
(J’espère que vous suivez !)
Les images qui je vis alors, furent d’un surréalisme total !
On voyait les visages hilaires d’un équipage d’un bombardier russe, à travers les hublots d’un appareil en vol, qui faisaient des signes, des « coucous », et d’autres gestes obscènes que je ne rapporterai pas ici.
Présentant même des parties intimes de leur individu qui servent habituellement de coussins naturels pour s’asseoir !
De l’autre côté, les pilotes de chasse US, en vol rapproché près du TU95, n’étaient pas en reste !
C ‘est ainsi que devant l’appareil photo très complexe et coûteux d’un russe, le pilote yankee déploya sans complexe, et de la manière la plus impudique qui soit, toutes les pages d’un
« Play-Boy » emmené exprès pour la circonstance, et qui dévoilait les intimités indécentes d’une créature qui devait plutôt se les cailler à cette altitude !
Autre facétie ; le pilote américain sortait son flacon de bourbon ou de « Johnny Walker » et narguait malicieusement ces pauvres « russkofs » censés ne boire que leur « infecte » vodka
Des gamins, mesdames ! Voilà ce que nous sommes en réalité !
De vilains gamins ! On joue avec des bombes atomiques, des bombes H, on pilote des engins qui coûtent des fortunes aux malheureux contribuables, mais dès qu’on le peut, les garnements de l’école élémentaire ressortent leurs espiègleries enfantines !
Et je vais vous confier un secret mesdames, et gardez-le pour vous : on n’a pas du tout envie de changer ce travers juvénile !
C’est notre marque de fabrique !