vendredi 13 novembre 2020

UNE PRIÈRE LUMINEUSE DANS NOS TÉNÈBRES ACTUELLES!

Hier, j’ai visionné un film sur Arte : « La Prière » de Cédric Khan. 

De toute beauté ! Surtout de beauté spirituelle et humaine ! Tout d’abord, j’ai failli passer à côté tant le sujet semblait rebutant et peu ludique ; la rédemption d’un jeune drogué dans une communauté religieuse, catholique, perdue en pleine montagne. Pas de quoi se tordre de rire ! Et pourtant ? 

Subjugué dès les premières images, et par le jeu éblouissant de ce jeune acteur, je n’ai pas pu m’en dégager jusqu’à la fin. Étonnant de simplicité et de vérité psychologique. Rien de manichéen, ni de convenu. L’humanité brute dans ce qu’elle a de plus sombre, de plus tragique, de plus pitoyable, mais aussi de plus lumineuse, de plus fraternelle, de plus spirituelle. Un choc frontal dur à encaisser.

Il m’est arrivé dans avoir la gorge tellement serrée que j’ai failli pleurer comme un enfant. Aucune honte ! Juste le sentiment d’une humanité enfin retrouvée dans ce monde envahi par les ténèbres ! 

Oui ! Un beau film salvateur, une rareté. 

A tout petit bijou, il ne saurait manquer un écrin digne de lui. J’ai entendu pendant ce film l’un des plus beaux arias merveilleusement chantés. Digne du divin Mozart ! 

« Bist du bei mir » de  Gottfried Heinrich Stölzel 

Une musique céleste bien en harmonie avec ce film. 





mardi 21 janvier 2020

UN ANNIVERSAIRE TRAGIQUE, JAMAIS OUBLIÉ


21 janvier 1793, mort de Louis XVI. Je ne peux jamais voir passer cette date sans penser à la mort tragique de ce grand roi de France. Moi, je l’ai toujours considéré, ce grand roi, comme un martyr de la bêtise humaine et,  en « sous-main », de la vanité bourgeoise qui pointait déjà son groin malfaisant.
Certains de mes amis qui suivent mes écrits depuis longtemps vont être surpris de mes propos, mais j’en assume parfaitement le paradoxe.
Comme l’aurait dit Talleyrand, un autre « ci-devant » ayant trahi sa caste allégrement : « ce fut pire qu’un crime, une faute ! »Une faute impardonnable que je ne pardonne pas, malgré les siècles et les années. Je suis pourtant un roturier de la plus basse extraction, avec des dizaines de quartiers de roture, et non pas de noblesse, derrière moi. Car pour moi, une injustice reste une injustice, qu’elle fut commise il y a quarante siècles dans l’Égypte des pharaons, ou hier dans le cinquième arrondissement de Paris. Une injustice reste une injustice. Je hais du plus profond de mon être cette barbarie de l’exécution sous l’échafaud. Je n’ai jamais pu m’y faire. Je ne comprendrai jamais la passion morbide de certains de mes compatriotes pour cette monstrueuse machine. Lors du bicentenaire de la révolution, j’ai même vu, dans certaines cérémonies du souvenir, la vente de petites guillotines en jouet. Le comble de l’horreur et de l’obscénité pour moi ! Décidément, je ne dois pas faire partie de la même humanité que celle que je côtoie tous les jours.
Pour revenir à cette date tragique, il est un fait qui m’a profondément impressionné et que PERSONNE, j’écris bien personne, n’a relevé, et surtout jamais mentionné dans nos livres d’histoire, c’est l’immense dignité avec laquelle est mort ce roi martyr. Vous pouvez penser ce que vous voudrez de lui, vous ne lui ôterez jamais ce courage magnanime dont il fit preuve lors de son exécution. C’est si vrai que s’il en avait été autrement, nos bouchers révolutionnaires se seraient fait un malin plaisir de nous le rapporter. Voilà aussi ce qui me fait admirer ce pauvre homme dans le martyr qu’il a subi de la part de ce peuple ingrat, mais surtout abusé par une petite caste de bourgeois-malfrats, toujours la même, tellement pressée d’assouvir la vaniteuse comédie du pouvoir dont elle avait été frustrée pendant si longtemps.
J’aurais encore beaucoup de choses à écrire pour défendre ce grand roi, car mon admiration pour lui ne s’arrête pas à la simple compassion pour sa mort tragique. J’espère que vous le comprenez ainsi !



mercredi 1 janvier 2020

LES DATES « DOUBLONS » DANS L’HISTOIRE DE FRANCE

Où l’étrange malédiction qui les frappe !
Voici une manière originale de présenter mes vœux à la famille et aux amis. Au lieu des sempiternelles : « bonne année, bonne santé, na-na-ni, na-na-nère ... » je vais vous faire part d’une étrange découverte au sujet de ces fameuses dates « doublons » dans l’histoire de notre pays. Il ne vous a pas échappé que nous sommes au premier janvier de la seule du siècle avec un doublon, au cas (improbable!) où certains d’entre vous l’auraient oublié.
Déjà, cela ne concerne que les millénaires ! Les centaines, on s’en fout ! 101, 202, 303 , 404 etc...n’inté ressent que la maison Peugeot et ses vieux modèles de voiture. A ce sujet, combien de jeunes savent que le « 0 » était tout simplement le trou où l’on mettait la manivelle pour faire partir le moteur ? Mais à part ça, aucun intérêt !
Les fameux doublons commencent par l ‘année 1010. Et c’est là où l’on touche du doigt, si j’ose écrire, l’étrangeté du phénomène. Qui est foutu de nous dire ce qui s’est passé de significatif, de passionnant, de remarquable en 1010 ? Ne vous battez pas ! Il n’y a rien à voir ! Rien ! A part quelques profs d’histoire un peu tatillons et surtout très casse-c… je ne vois pas ! Alors continuons joyeusement notre voyage dans le temps.
_1111 Ah ! Voilà une belle année qui aurait tant plu à des millions de cancres ! Manque de pot, là aussi, vide total ! C’est pourtant un beau chiffre bien remarquable, règne de Louis VI le gros.
-1212 En plein dans le règne de Philippe Auguste ! Certes, c’est un roi qui a beaucoup fait pour Paris, mais à cette date ? Pas de faits marquant.
_1313 Alors là, les Templiers étaient toujours en train de hurler sous les tortures de l’inquisition, grâce à Philippe le Bel. Jacques de Molay ne cramait pas encore sur le bûcher de l’île de la cité. Quand même ! Ils auraient pu précipiter un peu les choses !
Ben non :! Il a fallu qu’ils attendent 1314 ! L’un pour partir en cendres, l’autre pour mourir.
_1414 Jeanne d’Arc avait deux ans. Trop tôt pour entendre ses « voix » ! Les Anglais campaient toujours sans vergogne chez nous, en buvant leur « cup of water » vu qu’ils n’avaient pas encore trouvé leur thé. Après avoir été chassés temporairement pendant six siècles de chez nous, ils reviendront grâce aux Beatles, et bien aidés par leurs cousins d’outre-atlantique. Mais ceci est une autre histoire, comme le disait un « franc-mac » de chez eux, un certain Rudyard Kipling.
_1515 Ah ! Splendide ! Enfin ! La voilà la belle date si chère aux incultes de l’histoire de leur pays ! La seule où l’on se souvient qu’un roi de France , François 1° mit la raclée à des Suisses qui devinrent neutres depuis cette « dérouillée ». Il y a des vexations qui marquent longtemps et douloureusement ! Remarquez bien, qu’ils se sont bien vengés depuis longtemps, avec leur « franc » à la santé insolente, et leurs coffres forts qui accueillent nos évadés fiscaux !
_1616 Henri IV était mort depuis 6 ans. Louis XIII n’avait que quinze ans. Pendant ce temps-là les Concini, un couple de ritals sans scrupules se bâfraient à la cour de France, avec la complicité de la régente Marie de Médicis. Mais tout allait encore très bien pour eux ! Rien à signaler ! Un an plus tard, un ado pressé allait les faire zigouiller sans procès.
_1717 Louis XV n’a que 7 ans. C’est le régent Philippe d’Orléans qui règne alors. Il pense plus à trousser les marquises dans les bosquets de Versailles, qu’à entreprendre des actions d’éclats. Je vous renvoie au film « Que la fête commence » de Bertrand Tavernier. Encore une date à oublier.
_1818 Trois ans après Waterloo « morne plaine ». La « symphonie Napoléon » du nom d’un des romans à succès d’Anthony Burgess s’est achevé depuis trois ans déjà sur l’îlot de Sainte Hélène. A la symphonie succède la petite musique de nuit de la restauration de Louis XVIII ! Pas de quoi pavoiser !
_1919 On approche. La grande boucherie de 14-18 vient de s’achever. Tout le quart nord-est de la France n’est plus qu’une vaste contrée lunaire, parsemée de trous d’obus, où plus un brin d’herbe ne pousse. Des villes et des villages entiers sont rayés de la carte. Là aussi, il vaut mieux oublier cette année-là.
Qu’est-ce que je vous écrivais ? Que des années nulles et sans intérêts, tous ces doublons ! Etrange non ? A part l’exception qui confirme la règle ; 1515 !
On se pose donc avec angoisse la question à un euro; que va donner 2020 ?
Il paraît que les gens heureux, comme les sociétés, n’ont pas d’histoire !
On peut donc se souhaiter une bonne et heureuse année, bien neutre, bien terne, où il ne se passera aucun événement historique majeur parce que nous aurons vécus en paix, et dans la prospérité.
Mieux que ça, encore ! On pourra se décerner la bonne note de 20/20 !

PS Ne signer aucun document avec seulement « 20 » comme année. De petits futés malveillants pour diverses raisons, vont se sentir obligé d’y ajouter un autre chiffre 



dimanche 8 décembre 2019

PETITES ÉCONOMIES DE MÉCANIQUES AUTO

« Avoir un bon copain, c’est beaucoup mieux que d’avoir une blonde », chantait Jean Gabin dans sa période de « crooner » français. Mais un excellent camarade de travail, c’est encore plus utile !
L’histoire que je vais vous raconter en est la parfaite démonstration. Aux temps héroïques et merveilleux de mon activité professionnelle, j’avais le privilège insigne de travailler dans un grand aérogare célèbre de la région parisienne. Je travaillais en horaires continues, de nuit, comme de jour, dans un service informatique situé dans les sous-sols de cette immense machinerie aéronautique. Donc très tôt, vers cinq heures du matin, par un hiver noir et glacé, j’arrive en vue de ce vaisseau de verre tout illuminé. Je m’apprête à m’engouffrer dans les entrailles de celui-ci. Dans un virage, j’aperçois soudain, dans le rétroviseur de mon SUV Renault 4lL modèle 70, les phares du bolide teuton de mon camarade. Il vient prendre son service en même temps que moi. On se connaît depuis longtemps, et le fait de travailler ensemble, dans le même métier, pendant des heures dans un espace confiné et bruyant, crée des liens d’amitiés dignes des chambrée de feu le service militaire. Ce que je décris là, les moins de trente ans peuvent oublier ! Un quart d’heure plus tard, on se retrouve attablés dans notre local de repos, en train de siroter un café maison.
Là, mon pote m’attaque bille-en-tête :
_ Dis-donc ? Tu utilises toujours tes clignotants aussi souvent ?
« ???? » Oui ! C’est la seule réponse qui me vient sur le coup ! Pas très bien réveillé, j’accuse le coup et je lui demande de me répéter la question.
_ Ouais ! Parce que, c’est fou le nombre de fois que tu les utilises ! C’est beaucoup trop !
_ ???? Mon silence se veut encore plus éloquent.
_Moi, je te dis ça, c’est tout à fait par amitié pour toi, mais tu sais que ça use les ampoules prématurément ? Et les ampoules ça coûte cher !
A cet instant de mon récit, je devine, gros comme un 747 en final, ce que vous êtes entrain de penser. Mon camarade se fout joyeusement de moi. Il me fait la « blagounette » du matin, juste pour me réveiller ! Il va éclater d’un gros éclat de rire franc et massif. C’est là que les choses grimpent au sublime !
Pas du tout ! Il est très sérieux ! La gravité de son visage le prouve. Un sérieux appuyé par une très solide réputation de radinerie, de pingrerie qui atteignent des sommets que vous ne pouvez pas imaginer ! Surtout le connaissant et le pratiquant depuis des mois, des années. Raconter ses exploits dans sa chasse perpétuelles aux petites économies, voire aux gentilles petites escroqueries dans les supermarché du coin, réclameraient la rédaction d’un volume gros comme un annuaire téléphonique de la fin des années quatre vingt.
A son grand désappointement, je n’ai pas suivi son conseil. J’ai continué, et je continue toujours à utiliser, comme un « fou furieux » les clignotants de ma voiture. On ne se refait pas !

vendredi 6 décembre 2019

LE MIRACLE MUSICAL DE NOËL

Oh oui ! C’est un merveilleux miracle qu’il m’a été permis de vivre, tout récemment.
Comme tous les abrutis gavés par cette société de « con..sommation » nous sommes partis de chez nous pour les sempiternelles courses aux achats, dans un de ces cirques commerciaux chargés de la tonte des troupeaux de clients habituels. Je gare mon vieux chariot métallique fatigué par de nombreuses escapades routières et citadines. Je descends « d’icelle » Oui ! Parce je suis snobe, je n’emploie pas l’expression « de celle-ci » ! Vieille expression française surannée, et j’écris ce qu’il me plaît ! D’accord ? C’est alors que se produit le véritable miracle ! Que je vous explique un brin !
D’habitude, mes oreilles perçoivent, en cette période de fêtes de fin d’année, dans nos parkings de magasins, des « tonnes » de guimauves sonores amerloques !
Les éternelles « Djinne gueux Bêle Djinne gueux Bêle » du crooner fatigué d’outre-atlantique ! Ah pour « bêler » , ça bêle ! Et nous sommes tellement habitués à ces bêlements annuels qu’on n’y prête plus attention ! Alors, imaginez mon choc, mon émotion, ma joie quand j’ai entendu ce vieux cantique de Noël de mon enfance, et en FRANÇAIS s’il vous plaît ! Oui ! Vous lisez bien ! Je n’affabule pas ! EN FRANÇAIS ! « Douce nuit ! Sainte nuit ! » En français, je vous dis ! C’est bien simple, j’ai failli en chialer d’émotion ! Enfin, je revenais dans mon pays ! J’avais quitter provisoirement, et pour quelques secondes seulement, ce nouvel État américain ; la France ! Je revenais chez MOI ! Que c’était beau ! Bon ! Ne nous payons pas d’illusion ! Comme tous les miracles, il n’a pas duré longtemps ! Mais c’est justement ce qui en a fait toute sa saveur, toute sa beauté.



lundi 18 novembre 2019

PUZZLE, L’AVENTURE INSOLITE

Voilà une belle occupation faite pour tous les paresseux, tous les convalescents, tous les retraités sans imagination, tous les détenus en prison, tous les casaniers indécrottables, et surtout ceux qui n’ont rien à faire de plus intelligent ou de plus sérieux. C’est ce que pense la majorité des gens, tous ceux qui n’ont jamais eu le vice sournois d’en entreprendre, ne serait-ce qu’un tout petit. Je viens d’en terminer un grand de près de mille pièces. Et ben...Je peux vous dire que pour de l’aventure , j’en ai eu... de l’aventure ! Et que d’émotions, que de suspenses redoutables, que de moments de désespoir surmontés ! Mais si ! Mais si ! Ne ricanez pas bêtement avant d’avoir lu la suite de mon récit.
Tout d’abord, cela commence innocemment, par la vue d’un puzzle inachevé qui traîne sous le lit d’une chambre située sous les combles de la maison. Pauvre chose abandonnée, par qui ? Pourquoi ? On ne le saura jamais. Un grand cadre surgit à votre vue, aux trois quarts vide, où surnagent quelques pièces, ébauche d’un magnifique tableau d'Auguste Renoir, "les jeunes filles au piano". Et là, un piège sournois se referme sur vous. Il est invisible indécelable, comme tous les pièges, et quand vous en prenez conscience, quelques jours plus tard, il est déjà trop tard, vous êtes déjà condamné. Comme un mauvais sort qu’on vous aura jeté, il vous prend soudain l’envie irrépressible, mystérieuse, envoûtante de vouloir l’achever. Cette occupation n’a jamais été votre « tasse de thé ». Pire ! Vous l’avez snobée comme la plupart des gens. Moi ? Faire un puzzle ? Comme tous ces débiles désœuvrés qui n’ont rien d’autre à faire !
Alors, tous les soirs, avant le coucher, vous montez vers le lieu de votre addiction « puzzilistique » comme l’alcoolique pousse la porte de son bar, après sa dure journée de travail. Et là, vous attend le nouveau casse-tête de nuit. Tout d’abord, le néophyte que vous êtes prend une pièce entre ses doigts et cherche où il peut bien mettre cette putain de petite chose. Cela prend des heures, des journées parfois, et quand vous trouvez enfin l’endroit magique, vous poussez un cri de joie comme l’orpailleur qui vient de trouver sa première pépite d’or de l’année. Mais il faut bien avouer que le rendement n’est pas terrible Alors commence le temps des stratégies. Déjà, on tente de regrouper les pièces par couleurs. Mais, bien sûr, les choses ne sont pas si simples ! Bon courage au léger daltonien que je suis! Il y a des nuances de gris qui sont ravageuses et d’une perversité diaboliques ! Ensuite, vous faites une découverte passionnante ; figurez-vous que les pièces possèdent des familles de formes ! Là, ça commence à prendre une tournure intéressante ! Beaucoup sont identiques mais...presque, voilà le gros piège sournois qui vous guette ! Il y a ce que je nomme les « faux amis ». Les pièces « Canada dry » ! Qui ont l’air d’être à leur place, qui ont l’air d’avoir la définitivement la bonne place ! Mais qui ne sont pas du tout à la bonne place ! Et il vous faudra des soirées et des soirées entières , pour enfin le comprendre ! Et même parfois, à la toute dernière extrémité, à la fin du puzzle. Il y a enfin la dernière subtilité, la subtilité suprême quand vous comprenez que le peintre, ici Renoir, a donné à ses coups de pinceaux, une ligne directrice verticale qui va être d’une puissance salvatrice extraordinaire pour trouver la bonne pièce au bon endroit.
Voilà pour les stratégies. Mais en attendant, que de moments de panique et même de franc désespoir ! Jugez plutôt ; vous avez un beau trou au beau milieu d’une zone déjà bien mise en place. Et dans ce trou, horriblement, vous ne trouvez aucune pièce pour le combler, aucune pièce, même de loin, ne peut s’y mettre ! Là, vous avez une envie furieuse de tout foutre en l’air ! Vous vous dîtes qu’on vous a volé ! Que ce puzzle est défectueux ! Que c’est un scandale de tromper les gens ainsi avec une marchandise aussi merdique !
Mais la terreur suprême, si c’est encore possible, c’est de croire qu’il vous manquera une pièce au denier moment, et que, comme un imbécile, vous avez travaillé des semaines pour rien ! Enfin, que vous êtes un abruti parfait de vous être lancé dans cette stupide occupation pour débiles mentaux ! Oui, je sais ! C’est un peu exagéré, mais cela résume bien mon état d’esprit dans ces moments-là.
Et puis on se dit qu’il faut quand même aller jusqu’au bout. Suivant la pensée d’un grand prince du du seizième siècle Guillaume d’Orange-Nassau :
« Il n’est point besoin d’espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer ! »
Et ...c’est bien vrai ! C’est merveilleusement vrai ! Merci Guillaume ! C’est exactement ce que j’ai fait. Même s’il manque des pièces, on peindra leur trou ! Ben voyons ! Voilà une vraie pensée de désespéré. Et donc le miracle opère quand je repends le collier. C’est ainsi qu’il est des pièces que vous prenez et qui trouvent leur place immédiatement, sans aucune réflexion, instamment, comme par miracle ! D’autres fois, vous essayez quinze pièces et c’est la toute dernière, la bonne, qui est enfin trouvée, dans un soupir féroce, à réveiller toute la maisonnée ! Mais le stress final, le plus angoissant, après avoir subi toutes ces péripéties insolentes, c’est quand il vous reste à peine cinq pièces et que vous n’arrivez pas à les placer ! Alors, dans un sentiment de colère désespérée, vous défaites toute la zone concernée, et vous entreprenez de replacer tous vos pions.
Je puis vous dire que lorsque vous placez la toute dernière pièce, il vous prend une envie furieuse d’entonner à tue-tête l’alléluia de Haendel ! C’est quasiment pavlovien !
Alors ? qu’est-ce que je vous disais ? C’est pas de l’aventure, ça ? Avec drames, rebondissements comme dans tout beau scénario de film. C’est là, sans aucun doute possible, qu’on apprend la patience, la lutte contre le découragement, la stratégie, le renoncement aux certitudes, les sacrifices nécessaires, la vie quoi ? Après, arrive la leçon de l’humilité absolue, quand une voix féminine proclame sans état d’âme : « ta cochonnerie, tu as l’intention de l’accrocher où ? Parce que je ne veux pas de ça nulle part dans la maison! » C’est ainsi que l’objet de votre passion, de votre orgueil, de votre fierté très éphémère, reprend le chemin du dessous de lit d’où il n’aurait jamais dû sortir !
« Ainsi passe la gloire du monde ! »

PS A la demande d’une personne mise en cause par mon récit , je dois avouer une basse calomnie qui n’est pas à mon honneur, et dont l’intéressée a exigée une rectification immédiate de ma part.

jeudi 19 septembre 2019

AD ASTRA OU...AD PATRES ?

Hier, je me suis précipité pour aller voir le film de James Gray avec Brad Pitt et  Tommy Lee Jones.
Avec tout ce que je débite sur ce pays, les USA, on peut difficilement me taxer « d’américanophile » excessive ! Pourtant, j’y suis allé de bon cœur pour retrouver les sensations de ma jeunesse, lorsque j’avais été voir « 2001 Odyssée de l’espace » en exclusivité aux Champs Élysées à Paris, dans les années 70. Le nœud de cette histoire est la quête du père, ou plutôt son assassinat.  « Tuer le père » pour assurer sa propre existence psychologique,  est une vieille lune aussi vieille que l’humanité elle-même. Voilà l’explication de l‘expression « ad patres » de mon titre.
Techniquement, le film est une splendeur. Les scènes sont époustouflantes de réalisme. Tout semble crédible, même pour ce film de sciences fiction. Le professionnalisme des Américains dans ce domaine n’est plus à prouver. Brad Pitt joue merveilleusement bien, tout en sobriété, et il faut oublier le bellâtre qui fait se pâmer certaines hystériques. C’est un très grand acteur dans la lignée des plus grands, comme Gary Cooper, Robert Mitchum, Glenn Ford, Clarke Gable et tous ceux que j’oublie forcément ! Mais revenons au sujet du film. Cet astronaute croit que son père, grand astronaute lui-même, est mort lors d’une expédition lointaine. Son deuil est fait depuis longtemps. Il a retrouvé, en apparence pour son entourage et ses chefs, un équilibre psychologique parfait qui lui permet d’être devenu un grand professionnel respecté. Et c’est à ce professionnel sans défaut que l’on va demander de retrouver ce géniteur dont on a caché le fait qu’il était encore en vie. A cet instant du récit, je prends conscience moi-même d’un phénomène étrange par assimilation, par transfert comme on dit en psychologie. Cette absence du père, cet abandon cruel d’une famille, vécu par un petit garçon de dix ans, je l’ai connu avec mon propre père. Il n’était pas astronaute. Il avait un métier moins glorieux et plus vulgaire. Il était militaire, parti au loin, pour défendre un empire colonial qui partait déjà en lambeaux. Voyez comme c’est stupide ? Je n’avais pas encore fait le rapprochement avec l’histoire de ce héros interplanétaire. Maintenant je sais la souffrance indicible qu’a ressenti le personnage dans son duel tragique, dans cette tempête de sentiments,  entre haine et amour pour un père absent. Un père que l’on vénère, mais un père que l’on hait pour la souffrance qu’il nous inflige. Ô combien sommes-nous à avoir vécu ce cas douloureux! Peut-être que tous les petits garçon de la terre l’ont ressenti au moins une fois dans leur vie. Mais ce n’est pas le seul domaine abordé dans ce film beaucoup plus profond qu’il n’y paraît. Le personnage se pose les questions existentielles que tout être humain se pose aussi ; quel est le sens de ma vie ? Pourquoi suis-je là ? Pourquoi faire ? Quelle force mystérieuse m’a placé là,  à mon insu, sans me demander mon avis ? Et surtout, qu’exige-t-elle de moi ? Enfin, après de nombreuses aventures et péripéties plus ou moins tragiques dans ce film à rebondissements, dont l’issue est quand même heureuse et pleine d’espoir ; quelle est la conclusion de tout ceci ?  La même que celle d’un grand écrivain, bien de chez nous, un certain Antoine de Saint-Exupéry. Et que faisait-il dire à un autre héros, sur une autre planète, plus poétique que réelle ?
« L’essentiel est invisible aux yeux » ! 
Tous ces vaisseaux spatiaux ultra-modernes ne sont que des tas de ferrailles sans intérêt. Que le fait de savoir si nous sommes seuls...ou pas dans l’univers, n’a strictement aucune importance ! Même si nous avons des « compagnons éloignés » il est probable qu’ils ont à faire face aux mêmes questionnements métaphysiques que nous. Et même s’ils sont mille fois plus intelligents que nous, cela n’a strictement, là non plus, aucun intérêt. L’intelligence rationnelle n’est rien sans la Foi, sans l’Amour de l’Autre, sans la connaissance intuitive mais absolue, de la réalité de cette force mystérieuse, tapie au fond de notre cœur, et que nous savons être notre Créateur.