lundi 12 août 2019

MON DOUANIER ENCHANTEUR

Comme beaucoup d’utilisateur de PC, j’emploie un économiseur d’écran qui, en principe, est chargé de ne pas user prématurément ma précieuse lucarne informatique. Comme je suis un peu « snob » je n’utilise pas les images fournies par mon système d’exploitation, mais celles que j’ai collectionnées patiemment en les pompant sur le « ouèbe » lors de mes recherches. Mais encore plus « snob » ; je me suis fait une « pinacothèque » personnelle de tous les grands peintures de l’histoire de l’art mondial. Donc, de temps en temps, je choisis le dossier de l’un d’eux que je mets en diaporama défilant sur mon écran. Dès que je m’en lasse, je passe à un autre. Enfin, je finis par choisir le dossier du douanier Rousseau. Et alors là ? LE CHOC ! The choc ! A chaque fois que j’ouvre ma session, un « rêve », une image sublime me saute littéralement au visage ! Aucun autre grand artiste ne m’avait jamais fait cet effet-là ! Est-ce le chatoiement des couleurs ? L’incongruité des personnages, ou des animaux ? Mais j’ai fini par analyser et comprendre cette émotion. C’est la première fois que je vois un artiste peindre ses rêves ! Et c’est proprement magique ! Quelle pureté d’âme a-t-il fallu à ce grand poète des couleurs pour persévérer dans ce monde cruel de l’art officiel de l’époque.  Naïf  lui? Non ! Sublime mon cher douanier ! Tu as été beaucoup méprisé par des imbéciles sans âme, même si quelques grands amis peintres ont eu l’intelligence de te reconnaître et de t’aimer de ton vivant.  Mais tu as eu ta revanche posthume, et elle est colossale ! Tu mérites largement la qualité de génie. Car le génie c’est bien la merveilleuse et divine faculté qui permet à un être humain de créer un monde de rêves et de beautés qui n’existait pas avant lui, et dont il est le créateur unique. Je résumerai simplement d’une phrase : c’est BEAU ce que tu as peint ! Grâce à toi mon écran devient une œuvre d’art à chaque fois que je l’allume.

samedi 27 juillet 2019

LA MORT D’UN CHEVALIER DE L’INUTILE

Un de ses valeureux et talentueux représentant vient de mourir à l’âge respectable de 81 ans.
Il s’agit du journaliste d’investigation Pierre Péan. Je les nomme ainsi parce qu’une grande vérité m’a sauté à la figure lorsque j’ai écouté l’habituelle et convenue nécrologie, et souvent obséquieuse que lui faisait un de ses confrères journalistes, qui le détestait sûrement secrètement de son vivant.  Cette grande vérité, c’est toute l’inutilité abyssale de toutes ces enquêtes journalistiques transcrites dans de beaux bouquins, que la poussière recouvrira bientôt, dans l’étagère de la bibliothèque où ils sont rangés.  Comme beaucoup de mes concitoyens, tout au long de ma vie, j’ai collectionné tous ces cris de colères livresques et journalistiques. Je suis sûr que vous en avez encore une bonne dizaine chez vous, qui sont prêts  à partir à la poubelle, ou sur un étal du vide-grenier dominical.
Ils ont tous une particularité indéniable ; ils n’ont jamais, mais alors là ? Jamais provoqué un scandale, fait destituer un ministre, encore moins un président de la république ! Pourtant, ce n’est pas faute, pour certains d’entre eux, d’avoir  dénoncer des horreurs absolues, des crimes de guerre, des assassinats politiques, des arnaques, des trahisons, etc. Et le pire, le plus incroyable, c’est q’ils le firent avec toute l’honnêteté professionnelle du monde, avec force preuves à l’appui, avec un grand professionnalisme, donc à l’abri de toute attaque en diffamation ! J’ai encore à la mémoire un pauvre inconscient voulant dénoncer un « watergate à la française » ! Rien que ça ! La force de son argumentaire était colossale, mais fut inversement proportionnel à l’indifférence qu’il rencontra dans le public ! Un autre journaliste d’investigation dont j’ai même acheté quatre de ses œuvres (dont une dédicacée, s’il vous plaît!) fustigeait les « quarante voleurs » d’une caverne d’Ali Baba du côté du pouvoir. Je vous rassure ; les quarante voleurs se portent toujours à merveille ! Mieux ! Aujourd’hui, ils sont encore plus nombreux et plus prospères que jamais ! 
Pauvres journalistes d’investigation ! Vous pouvez dénoncer des magouilles par milliards, des trafics d’armes, de drogue, des réseaux de prostitution, d’esclaves, et même d’organes humains, vous n’obtiendrez jamais l’efficacité d’un petit article du « Canard enchainé » ou de « Médiapart » !
Car il faut se rendre à l’évidence ; le peuple, le bon peuple, se fout de tous ces scandales ! Il faut lui pardonner, tout ceci n’est pas son monde ! Il est déjà tellement plus préoccupé, lui, par ses propres petites magouilles, bien terre-à-terre, bien concrètes, par ses propres petits scandales dans sa sphère familiale, professionnelle, et amicale, que les turpitudes des « grands » ne l’intéresse pas du tout. On ne navigue pas dans la même pataugeoire ! Cela me rappelle aussi ce sketch de Coluche ;
« Je me fous de tout » où il disait  « je suis con ! Mais putain, que j’aime ça ! » Ce grand philosophe (à l’insu de son plein gré) qu’était Coluche, illustre merveilleusement bien le pourquoi de l’échec total de cette littérature d’investigation. Depuis l’aube de l’humanité, l’homme vit dans un monde de rêves qu’il se fabrique continuellement. Malheur à celles ou à ceux qui tentent de le réveiller de temps en temps. Ils seront souvent haïs ou méprisés.
Mais il n’y a rien à faire, il y aura toujours des individus qui auront envie de sortir de la caverne dans la fameuse allégorie de Platon, pour aller voir le soleil de plus près.
Pierre Péan était de ceux-là  et le meilleur hommage qu’on puisse lui rendre est de le laisser parler sur son métier et sa vocation :

 Dans une interview donnée au Figaro en 2014, il expliquait :

« Ce qui m’anime, c’est la curiosité, l’envie d’aller voir ce qui se passe derrière le mur, de plonger dans les coulisses. Essayer de comprendre. (…) J’aime traquer les vérités qu’on me cache, mais je n’ai pas envie de tuer, j’ai envie de comprendre. Je ne cherche pas à traîner les gens sur les bancs de la justice, à les faire condamner. Je ne me vois pas comme le bras armé de la justice. Ce n’est pas ma vocation. »
https://www.lemonde.fr/disparitions/article/2019/07/26/mort-de-l-ecrivain-et-journaliste-d-investigation-pierre-pean_5493540_3382.html

samedi 20 juillet 2019

PAN ! ...DANS LA LUNE !

C’est ma façon, à moi, de fêter ce cinquantenaire ! Ce titre, à la grivoiserie très légèrement surannée et un peu vulgaire, dévoilera toute sa vraie signification à la fin de mon récit.
Il est un peu plus de trois heures du matin dans la salle à manger de notre appartement HLM de la banlieue parisienne, ce matin du 21 juillet 1969. Nous sommes au rez-de-chaussée d’un grand bâtiment. Il fait chaud et moite. Les deux volets de la fenêtre sont largement ouverts sur la rue déserte et dans le noir. Le vieux poste « Ducretet-Thompson » en noir et blanc est allumé depuis des heures déjà ! Et un abruti, moi, manque de peu l’arrivée de Neil Armstrong sur le sol lunaire, à cause d’un assoupissement intempestif et mal venu. Tout ma jeunesse de passionné d’aviation et d’astronautique a été merveilleusement remplie par tous ces exploits spatiaux qui jalonnaient une lutte féroce entre deux empires qui se disputaient déjà le monde.  Je n’ai raté aucune avancée des grands programmes spatiaux américains ; « Mercury » avec Alan Shepard, John Glenn, « Gemini » avec Grissom, et déjà Armstrong, et enfin Apollo ! Il faut dire que les Russes, avec Gagarine avaient filé une forte gifle morale au camp occidental. Et je ne vous parle pas de « Spoutnik », la chienne Laïka, la première sortie d’un cosmonaute russe, hors de son vaisseau ! Je vous parle de tout cela de mémoire ! Sans aucune note ! Tout encore dans la tête. Quelques mois auparavant, j’étais dans une maison d’une famille américaine, un soir de Noël, en décembre 1968, devant un poste de télé en couleurs, lui ! C’est vous dire le retard technologique de notre pauvre pays, à ce moment-là. J’ai entendu cette chose hallucinante, un Frank Bormann, dans son module de service d’Apollo 8, réciter un verset de la Bible, avant que le vaisseau spatial disparaisse derrière l’astre de la nuit. C’était la première fois que des êtres humains, aussi loin de la terre, allaient disparaître sans que l’on sache si on allait les revoir de l’autre côté, et pour lesquels on ne pouvait strictement plus rien ! Moment terriblement émouvant, bien avant celui du 21 juillet 1969. C’était une époque merveilleuse, extraordinaire, pleine d’enthousiasme et de rêves d’avenir. Ah oui ! J’y étais en plein dedans….dans ce fameux rêve américain ! Mais vous savez aussi bien que moi de ce qu’il advient des rêves ? On se réveille !
Et le mien de « réveil » fut très brutal et dramatique ! Il sonna sa fin irrémédiable un certain 11 septembre 2001 ! « Mister Hide » venait de détrôner « Mister Jekill » ! Quel deuil ! Mon Dieu ! En ce jour tragique je venais de perdre toutes mes illusions, toute ma niaiserie pro-amerloque !
Néanmoins, je garde tout mon respect, toute mon admiration, tout mon profond respect pour ces astronautes américains. Comme je garde aussi mon respect pour ces millions de femmes et d’hommes qui œuvrèrent de tout leur talent, de tout leur génie, de tout leur courage, pour réaliser ces exploits extraordinaires que furent les missions « Apollo ».
Une petite exception pour un certain Werner Von Braun que j’admirais sincèrement, avant d’apprendre qu’il fut le complice des tortionnaires nazis dans la sinistre base souterraine de Dora qui fabriquait des fusées V2 qui s’écrasèrent par milliers en Angleterre et firent des milliers de morts. Décidément, il a des choses qu’on ne devrait jamais apprendre ! N’est-ce pas ?
Vous saisissez maintenant la « subtilité » de mon titre ? Quoi qu’à notre époque, cela passe plutôt pour un plaisir tout à fait « sain » et « naturel ».

UN ADOLESCENT...ATTARDÉ

On célèbre tous ce prodigieux exploit de l’arrivée de l’homme sur la lune. A cette occasion, on ne manque pas d’interviewer des acteurs ou des gens célèbres pour savoir ce qu’ils faisaient ce jour-là, à cette heure précise, au moment du premier pas de Neil Armstrong sur le sol lunaire.
J’écoute donc, ce matin, le témoignage d’André Dussolier, grand acteur que j’aime beaucoup, comme des millions de mes compatriotes. Mais il a une qualité supplémentaire, à mes yeux ; il est de ma génération. Mieux que ça ! Il est né juste pile poil un an avant moi, en février 1946. Et c’est là où les choses deviennent cocasses quand je l’entends dire à peu près ceci, sans garantie d’une exactitude parfaite : «Je me souviens, j’étais ADOLESCENT dans un collège….. ». Eh ! Eh ! Eh !
Cher André ! Je vous aime bien. Je vous admire. Mais là, vous avez très légèrement déraillé dans vos souvenirs. 1969 ?…..Vous aviez exactement 23 ans ! Moi-même, j’en avais 22 ! Non seulement je venais de finir mon service militaire, mais je revenais des États-Unis où j’avais assisté à la mission d’Apollo 8 qui fit le tour de la lune sans se poser !  Adolescent ? Fichtre ! La vôtre, d’adolescence, a dû être très compliquée. D’autant plus que la majorité, en 1969, était encore à 21 ans ! Un « ado-majeur » ?
Et le pauvre, de s’enfoncer, en précisant qu’il n’a pu voir les images que quelque temps plus tard, après sa ...scolarité. 
Comme quoi...les souvenirs ! Mais je ne me fais aucune illusion ; très peu de monde l’aura remarqué. Un demi-siècle ! C’est loin ! Mais la prochaine fois, mon cher André, apprenez mieux votre texte...en toute amitié.

vendredi 4 janvier 2019

HAL9000 CONTRE TERMINATOR


« Quand j’étais petit garçon…. »...Non, je ne révisais pas mes leçons en chansons, mais j’écoutais, fasciné, sur notre vieille télé en noir et blanc, un vieillard aux cheveux longs et blancs, qui se nommait Gaston Bachelard. Comme ces vieilles bigotes du sud-ouest qui ne comprenaient pas un traître mot du prêche que leur évêque faisait du haut de la chaire de leur petite église paroissiale, mais qui n’en proclamaient pas moins, « que Monseigneur causait bien », j’étais simplement fasciné par la musique de ses paroles. Pourtant, je retins quand même une pensée très intéressante de ce grand philosophe, quand le journaliste, un peu trop zélé qui l’interviewait, s’avisa de lui demander d’où il tenait ses idées philosophiques.
« J’écoute tous les jours les faits divers et les informations sortant de mon poste de radio » répondit ce sage personnage. Donc, ce matin, dans ma salle de bain, en me rasant, dans les deux sens de cette jolie expression, j’écoutais un discours sur «l’ IA ». Non ! Ce n’est pas le cri d’un cowboy chevauchant un mustang sauvage dans un rodéo au Texas, mais il s’agit de « l’intelligence artificielle ».Et j’apprends ainsi, avec stupeur et inquiétude, que des programmes informatiques de l’IA seraient tellement intelligents et tellement complexes que les hommes n’arriveraient même plus à comprendre les décisions ou les actions que ces programmes nous « pondraient ». Ce qui est effrayant c’est que cette même « IA » va envahir tous les domaines de la vie sociale, de la santé jusqu’à la répression policière. Pourtant, la science-fiction, via la grosse artillerie hollywoodienne nous avait bien mis en garde de ce qui pouvait nous arriver. Certains esprits « forts » vont encore se pincer le nez en mettant l’accent sur le fait que tout ceci n’est qu’imagination de scénaristes sous l’emprise de produits illicites. C’est ainsi que l’on vit naître toute une série de films sur le thème de la destruction de l’humanité par les outils informatiques qu’elle avait crée.  Le plus effrayant fut « Terminator » qui mit en valeur les beaux muscles de
Schwarzenegger. Le plus « intello » fut « Matrix » et son histoire de pillule bleue ou rouge. Mais moi, celui que je préfère c’est « 2001 l’odysée de l’espace ». Ah ! La perfidie criminelle d’un HAL9000 ! Voilà qui est génial. Pas de violence inutile ! Tout dans la douceur des mots « sucrés » et amicaux. La belle voix suave susurrant des conseils supposés judicieux, pour mieux vous assassiner dans le vide spatial. Ce super cerveau, ce cerveau aux connaissances colossales comprenant que la race humaine est malfaisante et doit disparaître car elle ne saurait être supérieure à ELLE, la machine. Voilà aussi ce qui risque de nous arriver à cause de l’inconscience et de la vanité qui caractérisent nos  docteurs « Folamour » du silicium.
Qui nous dit que ces « brillantes » machines, par un effet pervers et totalement incongrus de leurs neurones artificiels, n’arrivent pas à la conclusion que la race humaine est LE cancer de la planète et qu’il est donc urgent de l’éliminer ? Totalement farfelu ? Vous êtes prêt à parier dessus ?
Ah je sais ! On va m’envoyer dans les dents les lois de la robotique d’Asimov, dont la première stipule qu’un robot ne peut porter atteinte à un être humain. Oui mais ? Ceci est une loi morale. Et les robots ne connaissent pas la morale ! Et dans leurs vastes connaissances encyclopédiques, ils sauront que les hommes ont toujours violé les lois qu’ils ont édictées. Alors, il n’y a pas de raison pour qu’ils n’en fassent pas autant.
Je crois que nous sommes engagés sur une voie infernale ! A moins qu’une puissance divine, et non informatique, vienne nous délivrer au dernier moment. Car il manquera toujours un élément essentiel à toutes ces machines informatiques ; la foi religieuse. Elle déplace non seulement les montagnes, mais tue aussi les vilains robots.

lundi 19 février 2018

QUAND JOHNNY DEPOUILLE JEAN-PHILIPPE

Après ma « lettre à Jean-philippe » qui n’était qu’un cri d’humeur, de chagrin et de colère, je me suis mis à réfléchir sur toute l’épopée, non seulement de Johnny, mais de toute cette génération (la mienne) plongée dans le rêve américain d’après-guerre. Quand la vague « yéyé » a explosé à la fin des années cinquante, tous les chanteurs ne juraient que par tout ce qui venait des Etats-Unis. Ils prenaient tous des prénoms sonnant bien « cow-boys », bien « Yankee ». Outre les « Johnny » on a eu droit à des « Eddy », des « Dick » etc…Toutes les chansons étaient des succès US remis au goût du jour et traduits en Français. Mais au moins, c’était traduit dans notre langue ! Aujourd’hui, nos jeunes brailleuses et brailleurs ne font même plus cet effort ! Ils chantent carrément et directement en anglais ! Sans complexe ! Mais revenons à notre « Johnny ». Le paradoxe le plus incroyable, le plus risible, presque, c’est que lui, a toujours chanté EN FRANÇAIS ! C’est tellement vrai, tellement incontournable, tellement indéniable que personne, que ce soit aux Etats-Unis ou en Grande-Bretagne ne le connaît. Peut-être de quelques milieux musicaux spécialisés, mais certainement pas du grand public anglo-américain. Pour tout dire et bien résumer les choses, notre « crooner et rocker » national est bien français ! Typiquement français ! Tous ces albums sont en français, tous ses immenses succès sont en français. Excusez-moi si j’insiste, c’est pour bien vous faire comprendre la suite. Les millions de ses fans français, ont chanté et repris en français tous ses tubes. Notre pauvre « Johnny » a même été enterré à la Madeleine, haut lieu de l’histoire de la culture française. Alors, vous allez maintenant remarquer une chose assez surprenante, un détail qui pourrait être cocasse s’il n’était pas aussi douloureux. Laura et David sont, eux aussi Français ! Vous ne devinez pas un peu où je veux en venir ? Mais oui ! Le testament américain qui favorise Leaticia et déshérite Laura et David. Le paradoxe du paradoxe, si le testament est bien exécuté, c’est que toute la fortune et toutes les « royalties » qui seront engrangées dans le futur, iront engraisser le fisc américain, iront dans le trésor public d’un pays qui n’aura rien à faire d’un chanteur français et de ses millions de fans français et qui s’en fout comme de son premier « cent » !
Ah ! Il se termine bien le « rêve » américain de toute une génération !
Mais ce qui m’amuse encore un peu dans tout ce désastre musical, c’est que le clivage entre les deux camps désormais « ennemis » reflète exactement le même clivage de notre société entre la haute bourgeoisie politico-médiatique arrogante et triomphante d'aujourd’hui et le peuple des petites gens, toujours grugé, toujours couillonné par les éternels « plus malins ».
Je n’en écrirai pas plus. Je vous laisse le soin de ranger les protagonistes dans le « bon » camp.

Eh oui ! Johnny a fini par dépouiller Jean-Philippe. N’est-ce pas aussi la logique implacable de notre époque qui veut qu’un vieux pays génial et fatigué, comme le nôtre, se fasse enfin bouffer par un empire plein de morgue et de vanité qu’un pauvre Jean-Philippe a cru pouvoir admirer sans danger, sans savoir qu’un jour un « Johnny » en jupon finirait par le dépouiller comme un tricheur de poker au fond d’un saloon du Far West. 

mercredi 14 février 2018

LETTRE A JEAN-PHILIPPE

Là où tu reposes désormais, toutes les vanités du monde ont disparues. Voilà pourquoi je me permets de t’écrire cette lettre, avec ton vrai prénom, pas celui du saltimbanque et de l’artiste sous lequel tout le monde te connait. Il y a aussi une raison plus profonde et plus douloureuse. C’est celle qui s’adresse à l’homme et non pas au chanteur, non pas à l’homme public. Dernière raison, et non pas la  moindre ;  ta fille Laura a choisi, avant moi, de t’écrire publiquement. Elle a bien fait. Elle a très bien fait. Et tu vas comprendre pourquoi maintenant.
Cher Jean-Philippe, tu as accompagné toute ma vie, comme des millions de Français, même malgré moi. Je t’ai connu dès tes dix sept ans, tout timide, quand ta marraine, Line Renaud te présentait, pour la première fois à la télévision. Je t’ai vu en direct, moi ! Pas dans une émission de souvenirs ! Car je suis de ta génération. Celle qui cassait les fauteuils de l’Olympia au grand plaisir dissimulé de Bruno Coquatrix. Pourtant, je n’ai jamais été un de tes fans. Je ne me suis jamais roulé par terre d’hystérie dans tes premiers concerts, et pour tout dire, je ne t’ai jamais idolâtré comme certains. Pire ! Je n’ai jamais assisté à un seul de tes concerts en public. Pourtant, comme des millions de mes compatriotes tu as été un élément très important du décor de ma vie. Tu en as fait partie intégrante de cette vie. Tu l’as rythmée de toutes tes chansons, de tous tes albums, et même de toutes tes frasques sentimentales. Nous savions tout de toi. Tu étais devenu presque un membre de la famille, un « cousin » turbulent dont on suivait la carrière de loin. Et puis tu nous a fait le chagrin de disparaître, car nous avions oublié que tu était aussi mortel.
On a écrit et dit beaucoup méchancetés et de bêtises au sujet de tes obsèques quasiment nationales, souvent par la jalousie stupide d’une certaine intelligentsia qui se croit au-dessus de ces manifestations vulgaires et « populistes ». Mais il est un fait indéniable, que personne ne pourra nous voler ; nous avons été des millions à pleurer ta disparition. Une grande émotion, sincère, nationale, une grande douleur de toute une génération qui voyait disparaître ainsi tout un pan de leur vie et de leur jeunesse. La vie a repris son cours. On pensait faire notre deuil tranquillement. D’autres soucis plus graves nous accaparaient tous.
Et puis soudain ? BOUM ! Le drame ! Le choc ! Le scandale !
Ta fille Laura nous apprend avec stupeur et étonnement que tu l’as déshéritée, ainsi que son frère David. Elle le fait publiquement, au grand jour ! Alors là ? Je dois dire que les bras m’en sont tombés de dégoût et de colère ! Mais il faut bien que tu comprennes POURQUOI !
Il ne s’agit pas là d’une nouvelle « pipolerie » de stars friquées qui se plaignent qu’un producteur véreux les aurait grugés ! Non ! C’est un VRAI DRAME FAMILIALE ! Et contrairement à ce que pensent certains, ce drame nous touche tous ! Et ce drame est en train de salir ta mémoire mais aussi notre vie, l’admiration que nous te portions, et même le respect pour l’homme qui s’était battu toute sa vie contre un sort tragique que lui avait fait l’existence, au début de sa vie. Nous connaissions tous le sombre destin qui avait été le tien, dans tes premières années. Nous savions la souffrance de l’orphelin trimbalé dans une troupe d’artistes vagabonds. De plus, lors de ta disparition, des centaines de témoignages d’anonymes, de gens du spectacle, d’amis nous ont prouvé d’une manière formelle et indéniable que tu étais un homme bon, généreux, simple et modeste dans le privé. Nous avons tous vu, constaté l’amour d’un père pour son fils, pour sa fille. Ce n’était pas du cinéma ou de la comédie mise en place pour des revues poubelles qui se repaissent de sentiments fabriqués.
Alors ce que tu as fait à Laura et David est impardonnable et même inimaginable !
CE N’EST PAS TOI ! Personne ne peut croire à cette abjection des derniers jours !
Par contre, on peut parfaitement bien imaginer qu’une petite caste de rapaces et de vautours (comme il en existe toujours autour de la fortune des artistes) ont mûrement réfléchis, pendant des années sur la manière de spolier une bonne partie de ta famille au profit exclusif d’une autre.
Mais je reviens tout simplement à Laura et à David. Au  delà de toutes considérations financières et matérielles, il y a la vraie douleur de deux êtres qui ont été trahis par celui auquel ils croyaient le plus, en qui ils avaient le plus confiance dans l’amour qu’il était sensé leur porter. Cette douleur est tellement intense qu’on ne peut pas la garder pour soi. Les grandes douleurs sont muettes ? C’est faux ! Elles peuvent être cataclysmiques ! Voilà pourquoi j’approuve totalement ce qu’a fait Laura. Je le sais personnellement, dans mon âme et dans mon coeur, car je sais, comme Laura et David ce que l’on ressent dans ces moments là. Tous ceux qui sont passés par cette épreuve douloureuse nous comprendrons aussi.
Alors, mon cher Jean-Philippe, je ne peux pas croire une seule seconde, que sachant la peine épouvantable que tu allais infliger à tes deux enfants, tu aies persisté dans cette mauvaise action, dans cette trahison, encore une fois, IMPARDONNABLE ! Et je mets en garde aussi tous ceux, tous les « ras la casquette » qui auraient l’audace de penser, qu’il ne s’agit là que  de FRIC ! Mais pas de sentiment de trahison. Quand quelqu’un déshérite ses enfants, c’est que, non seulement il les prive de biens matériels, mais c’est qu’il renie AUSSI sa paternité ou sa maternité. Il, ou elle, les gomme de sa vie ! Ce qui est intolérable et incompréhensible dans ton cas !
Ton épouse a eu le culot impudique d’écrire à la presse qu’elle était « écoeurée » par la révolte de tes enfants. Pourtant, c’est nous qui sommes écoeurés par tant de cynisme, tant de cupidité. Je crois que cette femme, et son clan de vautours, ne voient pas, ne comprennent  pas la haine colossale qui est en train de naître contre eux. On ne peut pas gagner dans tous les domaines. Il y a encore des sentiments qu’une montagne de fric ne pourra jamais acheter.
Enfin, mon cher Jean-Philippe (ex Johnny Halliday) toi qui as toujours aimé la « rock-and-roll attitude » j’espère qu’elle est aussi un signe de justice ? Cette justice qu’il faut rendre impérativement à tes enfants si tu veux vraiment reposer en paix dans ton petit cimetière de Saint-Bart.


PS Je sais que d’autres ont exprimés mieux que moi tous ces sentiments de colère au sujet de cette affaire, mais outre le fait que cela me soulage, cela me permet d’être ainsi le porte-parole de ceux qui pensent comme moi, mais qui n’ont pas pu l’exprimer.