21 janvier 1793,
mort de Louis XVI. Je ne peux jamais voir passer cette date sans
penser à la mort tragique de ce grand roi de France. Moi, je
l’ai toujours considéré, ce grand roi, comme un martyr de la
bêtise humaine et, en « sous-main », de la vanité
bourgeoise qui pointait déjà son groin malfaisant.
Certains de mes amis
qui suivent mes écrits depuis longtemps vont être surpris de mes
propos, mais j’en assume parfaitement le paradoxe.
Comme l’aurait dit
Talleyrand, un autre « ci-devant » ayant trahi sa caste
allégrement : « ce fut pire qu’un crime, une
faute ! »Une faute impardonnable que je ne pardonne pas,
malgré les siècles et les années. Je suis pourtant un roturier de
la plus basse extraction, avec des dizaines de quartiers de roture,
et non pas de noblesse, derrière moi. Car pour moi, une injustice
reste une injustice, qu’elle fut commise il y a quarante siècles
dans l’Égypte des pharaons, ou hier dans le cinquième
arrondissement de Paris. Une injustice reste une injustice. Je hais
du plus profond de mon être cette barbarie de l’exécution sous
l’échafaud. Je n’ai jamais pu m’y faire. Je ne comprendrai
jamais la passion morbide de certains de mes compatriotes pour cette
monstrueuse machine. Lors du bicentenaire de la révolution, j’ai
même vu, dans certaines cérémonies du souvenir, la vente de
petites guillotines en jouet. Le comble de l’horreur et de
l’obscénité pour moi ! Décidément, je ne dois pas faire
partie de la même humanité que celle que je côtoie tous les jours.
Pour revenir à
cette date tragique, il est un fait qui m’a profondément
impressionné et que PERSONNE, j’écris bien personne, n’a relevé,
et surtout jamais mentionné dans nos livres d’histoire, c’est
l’immense dignité avec laquelle est mort ce roi martyr. Vous
pouvez penser ce que vous voudrez de lui, vous ne lui ôterez jamais
ce courage magnanime dont il fit preuve lors de son exécution. C’est
si vrai que s’il en avait été autrement, nos bouchers
révolutionnaires se seraient fait un malin plaisir de nous le
rapporter. Voilà aussi ce qui me fait admirer ce pauvre homme dans
le martyr qu’il a subi de la part de ce peuple ingrat, mais surtout
abusé par une petite caste de bourgeois-malfrats, toujours la même,
tellement pressée d’assouvir la vaniteuse comédie du pouvoir dont
elle avait été frustrée pendant si longtemps.
J’aurais encore
beaucoup de choses à écrire pour défendre ce grand roi, car mon
admiration pour lui ne s’arrête pas à la simple compassion pour
sa mort tragique. J’espère que vous le comprenez ainsi !