samedi 14 juillet 2007

Un volcan aux baisers de feu

L'autre jour, je zappais comme un malade à la recherche désespérée d'une émission ou une chaîne intéressante! J'arrive dans la bande des chaînes de "news" étrangères. Je passe vite fait les amerloques et les british pour tomber sur une des nombreuses stations de la botte italienne. Tout d'abord, j'aperçois un écran sombre où s'agitent, par moments, quelques lueurs rouges. Au bout de quelques instant, je me rends compte qu'il s'agit de l'éruption d'un volcan filmé la nuit. Pas un commentaire, pas une musique! Rien que le bruit des grondements et du souffle de la bête cracheuse de feu. Plus le temps passe, plus les images sont belles, extraordinaires, incroyables, fascinantes au sens littéral du terme. Je m'aperçois que le temps passe, mon doigt toujours crispé sur la télécommande, mais mystérieusement incapable de faire le moindre geste pour changer de chaîne.
C'est un feu d'artifice gigantesque et naturel qui s'offre à mes yeux éblouis!

L'aube paraît progressivement, dans des couleurs orangées, roses! Et le spectacle continue!
Le jour, on voit des torsades monstrueuses de fumées sombres et grises qui se déchaînent comme des danseuses hystériques.




Des masses incroyables de roches incandescentes sont projetées dans le ciel. Les images se succèdent, toujours neuves, toujours renouvelées! Et puis soudain, un petit texte apparaît au bas de l'écran pour nous signaler qu'il s'agit de l'éruption de l'Etna filmé au mois d'octobre 2002! Toujours sans paroles!
J'adore nos amis, nos cousins, nos frères italiens!
Le beau, le goût, la grâce et l'harmonie sont dans leurs chromosomes depuis la nuit des temps!
Ils ont un sens inné, et un amour sans faille pour tout ce que la nature peut nous fournir de beautés terrifiantes et magiques!
Qui pourrait avoir cette idée géniale, en France ou dans le monde, de montrer de si belles images pendant plus d'une demi-heure, sans commentaires, sans musiques, et de ne pas procurer, ne serait-ce qu'une seconde d'ennui!

Mamma mia! Que bella nazione!

vendredi 13 juillet 2007

W.A.F.! W.A.F.!

Un ignoble personnage, le mot n'est pas trop fort, et qui se prétend journaliste sur une chaîne de radio, a osé l'impensable, a osé commettre le crime de lèse majesté féminine le plus incroyablement provocateur; il a parlé du W.A.F.!
Qu'est-ce que le W.A.F.?
Une "amerloquerie" supplémentaire signifiant;
"Women Acceptation Factor"
Autrement dit, la capacité pour une femme d'accepter ou de comprendre le fonctionnement d'un objet manufacturé.
Non? Sans blague? Nos charmantes compagnes seraient-elles si différentes de nous, que des commerçants cyniques et sans scrupules en mesureraient même l'écart?
Si une femme arrive à utiliser un engin, un produit sans trop de difficulté, cela signifie donc que cela sera aussi simple…… pour le reste de l'humanité!
Ah! Qu'en termes galants, ces choses-là sont dites!
Fichtre! Plus sexiste que çà ? Tu meurs!
Et cela vient d'où?
Du pays étant censé être à la pointe de l'égalité, de la parité sexuelle !
Les Etats-Unis! On croit rêver!
On peut lutter contre des "machos" bornés, contre des mâles primaires qui refusent de se plier devant l’évidence de votre brillante intelligence, mesdames !
Mais que faire devant des experts financiers rapaces, cupides, qui ne pensent qu'au rendement et aux parts de marché?
La lutte est inégale! Je dirais même désespérée!
A quand l'exploitation du P.A.F ? « Pet Acceptation Factor »
(Pet étant le mot américain désignant les animaux de compagnie)
Et si maintenant on parlait des singes? Non?
Car suivant cette implacable hiérarchie, ce que comprend un singe….. !
Là, je n’ose pas continuer !
Car je sens une menace sournoise me fondre dessus, comme un gerfaut sur un mulot !
C'est dommage!
Décidément, la parité n'est pas un long fleuve tranquille!

lundi 9 juillet 2007

La voix d’Orly

« Arrivée en provenance de Malaga, vol Ibéria 520, porte numéro trente…… »
« Embarquement immédiat, vol AF030, à destination de Chicago,
porte numéro cinquante-deux »

Eh oui ! J’ai eu la joie, le bonheur, le privilège, l'insigne honneur, de côtoyer, de travailler pour ce qu’on appelait autrefois
« la voix d’Orly » !
Ceux qui ont connu l’aérogare sud, dans les années 70, se souviennent peut-être de ce local vitré, à gauche des escaliers monumentaux qui mènent au premier étage.
Il y avait là aussi, une autre grande baie vitrée qui donnait sur le PIT ou Permanence des Installations terminales !
Maintenant, il ne subsiste plus qu’une « trouée », qu’une galerie menant à la livraison bagages. Dans ce petit « bocal à poisson, on pouvait apercevoir une charmante sirène, tout de rouge vêtue, avec un petit « bibi » de la même couleur, penchée sur un micro. Une balustrade en bois permettait de protéger cette petite vitrine particulière de tous les « voyeurs » occasionnels. Derrière, dans un local attenant, se trouvait le PCA (Poste de Coordination Aérogare) Termes ronflants pour indiquer, que dans ce lieu très professionnel
« sévissait » une troupe de jeunes mâles excités, en bel uniforme bleu marine, à galons dorés, censée attribuer des salles d’embarquement et de débarquement pour les passagers en partance ou arrivant de l’étranger.
Nous avions aussi la charge de communiquer au « rossignol » féminin d’à côté, les annonces publics.
Et pour ce faire, nous avions à notre disposition un magnifique
engin « ultramoderne » pour l’époque et qu’on désignait sous le terme de :
« Télautographe ».
Il consistait en un beau stylo, prisonnier entre deux tiges métalliques, écrivant sur un rouleau de papier en continue.
Le « miracle » de la technique électromagnétique faisait que ses mouvements étaient traduits en impulsions électriques qui se transmettaient par fil à un récepteur muni d’un même stylo et reproduisait exactement l’écriture ou le dessin de l’expéditeur ! Donc, à chaque arrivée, ou annonce d’embarquement demandée par la compagnie aérienne
nous envoyions un petit « billet doux » à notre charmante copine
« encagée » !
Mais vous savez ce que c’est que la jeunesse !
Toujours insolente et « poétesse » en diable !
Alors, il arrivait parfois, que « Miss micro » reçoive une petite pâquerette, un petit cœur percé d’une flèche !
Parfois même, un objet oblongue terminé par deux petits cerises, qui faisait jaillir une hôtesse furibarde dans notre local :
_Quel est l’abruti qui m’a envoyé cette cochonnerie !
Le plus souvent, car les hormones travaillant les jeunes corps, on ne pouvait s’empêcher d’aller faire un brin de causette à notre jolie collègue.
Ce qui parfois frôlait l’incident « diplomatique » grave !
Je me souviens d’un pote débarquant sans prévenir dans le local sono.
Il aperçoit la foule compacte et curieuse des badauds qui les observait.
_Regarde-moi ces guignols ! Ils nous prennent pour des singes au zoo de Vincennes ?
_Dis Bernard, t’aurais pu attendre que je ferme le micro au moins !
Apparemment les « guignols » n’ont pas dû comprendre qui leur parlait de cette manière aussi cavalière. Les annales de l’époque n’ont pas retenu le lynchage par une foule en colère d’un employé de l’aéroport !
Il faut dire que les 6000 haut-parleurs qui répercutent les annonces de nos « speakerines » nous poursuivent, même dans des endroits les plus incongrus !
C’est aussi, qu’occupé à une opération très intime de vidange de liquide dans les toilettes du sous-sol, vous entendiez des sons assez étranges :
« Wouah ! Hi ! Hi! Arrête idiot! Faut que je fasse mon annonce ! »
Vous reconnaissiez soudain Sylvie ou Josiane qui avaient encore oublié de fermer leur micro !

Plus tard, quand Orly Ouest fut ouvert, nous eûmes aussi un PCA et un local sono.
Mais beaucoup moins « mis en scène » !
Planqués dans des bureaux anonymes du troisième étage !
Tous les documents photographiques que vous pouvez admirer proviennent de cet endroit.

Notamment, document rarissime et unique,
les fameux « Télautographes » !
Ces documents sont d’autant plus rares et précieux qu’ils sont entièrement de ma fabrication ! Prises de vue, développement du négatif, tirage, etc… !
A l’époque, j’étais déjà un fondu de photos ! Je ne peux résister au plaisir de vous montrer un cliché assez « croquignolet » !
Le jeune type que vous voyez assis à côté de l’hôtesse sono qui se prénommait Annie et qui nous abandonna lâchement pour devenir hôtesse de l’air à Air France, n’est pas déguisé ! C’est un vrai écossais !
C’était le cousin « authentique » de notre charmante collègue qui venait ainsi lui rendre une petite visite !
« It was funny ? Is’nt it?

vendredi 6 juillet 2007

La fuite de PIE VII

C'est un charmant petit village du limousin profond.
Il est endormi, là, au sommet de sa colline, dans ce paysage tourmenté, dont le relief tragique est tempéré par la verdeur de sa végétation.





Nous devons assister, ma femme et moi, à un baptême dans la plus pure tradition locale.
Un baptême comme on n'en fait plus.


Le bébé porte la robe de son arrière-grand-mère pour la même cérémonie.
C'est vous dire si on a le sens des traditions dans cette famille heureuse!
Je poireaute depuis quelques minutes devant une église aux pierres de granit et dont le portail est orné de dizaines de carreaux en porcelaine, comme il se doit, représentant des visages de saints ou de personnages célèbres de la région. Mais mon regard est attiré par une grande maison à colombage, d'un âge ancestral, située de l'autre côté de la place. Je m'approche tranquillement, et je commence par discerner une plaque de marbre sur laquelle est gravée une inscription:


"Dans cette maison, sa Sainteté le Pape PIE VII a dormi après son évasion le ….1814"
Le début de la date est en pointillé parce que je ne m'en souviens plus!
Par contre, l'année, elle, est bien exacte!
PIE VII! Le pape qui a fait rigoler des milliers de jeunes cancres et même les autres!
Celui qui fut "kidnappé" par Napoléon pour son sacre, et qui s'écria:
"Tragediante! Comediante"! à l'adresse de son illustre "malfrat"!
Alors ce qui me rend perplexe c'est de savoir que des édiles d'un modeste village aient eu l'idée saugrenue de perpétuer un souvenir aussi ténu de notre histoire de France!
Sans oublier l'itinéraire étrange qui amena ce souverain pontife au sud de Limoges, ce qui, vous en conviendrez aisément, n'est pas le plus court chemin pour rejoindre l'Italie!
Surtout quand on est en fuite!
A moins qu'il ne cherchât ainsi à tromper les soldats lancés à sa poursuite?
C'est aussi le mot "évasion" qui m'amuse un brin!
Car le pauvre pape était bien prisonnier de "l'ogre" comme on disait dans les cours royales européennes! Enfin, celles qui avaient survécu à l'ouragan corse!
Et la fuite de PIE VII, çà c'est un événement!
Vous êtes priés de ne pas ricaner trop bruyamment!
Enfin pour ceux qui savent encore lire les chiffres romains !

Dieu, et puis l'Amour!

Sacré Johnny!
Je me suis encore fait avoir ce coup-ci!
Je ne suis pas un de tes "fans" au sens où on l'entend généralement.
D'ailleurs dans "fan", il y a le mot "fanatique" et le fanatisme nous en consommons assez chaque jour comme çà dans ce vaste monde déchiré par des conflits sanglants!
Mais mieux que cela, je suis comme des millions de Français, ton compagnon fidèle depuis plus de quarante ans!
Tu es le parent "virtuel", le cousin, le frère, l'oncle, le copain de classe ou d'armée, que nous avons côtoyé tout au long de notre vie.
Certes un copain un peu remuant! Un peu trop turbulent pour nos vies bien calmes!
Mais tu sais mettre de la couleur, de la poésie, de la joie par tes chansons que nos oreilles captent malgré elles sur les ondes où dans les médias!
Même si nous ne le voulons pas, même si nous sommes parfois agacés, même si nous ne sommes pas tous des aficionados pur sucre, des inconditionnels acharnés, malgré nous, nous ne pouvons pas nous défaire d'un attachement sincère, d'une sympathie, d'une amitié, d'une tendresse que tu a su nous imposer à nos dépens, et à notre corps défendant!
Quand j'admirais hier soir, cette grand messe païenne, quand je voyais ces "vieux beaux" avec leurs tatouages ridicules, quand je voyais ce couple d'amoureux tendrement enlacé et t'écoutant religieusement, quand le voyais ces tout jeunes enfants au sourire sincère et plein de bonheur, quand je voyait l'immensité de cette foule dont les bras s'agitaient en cadence comme les milliers de cils d'un corail multicolore dans ce coquillage de béton, je me disais qu'il y avait là, tapie au fond de millions de cœur, la présence mystérieuse et mystique de deux choses formidables: Dieu, et puis l'Amour!

lundi 2 juillet 2007

Les castors juniors.

Qui ne connaît pas la célébrissime patrouille des « castors juniors », les neveux d’oncle Donald ! ! Des travailleurs pleins d’énergie, des petits gars astucieux et bourrés de connaissances pratiques dans tous les domaines de la construction de maison.
Habitant une cité pavillonnaire, j'ai la chance d'avoir des voisins charmants et civilisés ; mes « Riri, Fifi, Loulou » à moi !
Comme vous le savez, les Français ont la bougeotte!
Moi qui suis un sédentaire indécrottable, j'observe toujours ces ballets de déménagements, avec un mélange d'effarement et de crainte.
Heureusement, le cheptel renouvelable de mes « castors- propriétaires » nous a toujours été favorable; de jeunes couples sympathiques avec enfants en bas âge!
Et comme on le sait, le castor ne travaille pas seulement avec ses….pieds !

Charmants, discrets, travailleurs. Je prie le Ciel pour qu'il en soit toujours ainsi!
Et la caractéristique des jeunes couples qui emménagent, c'est leur extraordinaire énergie, leur incroyable endurance physique s'exerçant dans tous les domaines!
Et pas seulement dans celui de leur appendice caudal
comme certains « voyous » me pousseraient à l’écrire !
Ils sont en plus, caractérisés par une frénésie extraordinaire dans le réaménagement de leur maison, mes….. « castors » !
Tous les week-ends ça ponce, ça scie, ça pose du carrelage, ça refait l'installation électrique, et bien sûr, entre "bricolos" du dimanche les conversations vont bon train!
_Ah! Mon pauv'e Monsieur, je ne veux pas dire du mal de l'ancien propriétaire, mais qu'est-ce qu'il travaillait mal!

Me confie en sourdine le nouveau « castor »
_Regardez-moi ce travail de "gougnafier"!
Et moi d’examiner, avec le visage attristé du faux derche, qu’il convient d’adopter en pareille circonstance, le travail de sagouin du précédent « castor » !
_Il travaillait peut-être vite, mais c'est pas du travail soigné! Je suis obligé de tout refaire!
Et moi d'acquiescer "lâchement" en ayant encore à l'oreille les récriminations du "gougnafier" précédent sur le….précédent « gougnafier », bien sûr !
_Je ne sais pas s'il travaille toujours comme çà dans son boulot, celui que nous remplaçons, mais moi, si j'étais son patron, je le foutrais à la porte!
Ah ! La concurrence est rude et le jugement assassin, entre
« castors » juniors !

Je vous le dis tout net; le jour où je déménage, je fous le feu à ma baraque!
D'accord, c'est interdit!
Mais on a bien le droit de protéger sa fierté et son orgueil, non?

lundi 25 juin 2007

La garde meurt, et ne se prendra plus !

Voilà une glorieuse activité que mes deux fistons ne connaîtront jamais !
Le service militaire obligatoire a été supprimé, d’avantage pour de sordides questions budgétaires, que pour des raisons philosophiques ou patriotiques.
Ainsi, ils ne pourront plus jamais apprécier tout le « bonheur », tous les « fins plaisirs » engendrés par cette activité hautement virile, et surtout vitale à la protection des casernes et des équipements militaires. Ma toute première garde se passa par un froid polaire à ne pas mettre un pingouin dehors, dans la plaine orléanaise, par une nuit noire, et à trois heures du matin, s’il vous plaît !

Je faisais alors mes « classes » sur la base aérienne d’Orléans-Bricy Emmitouflé dans une capote trop longue, un poste émetteur-récepteur de trente kilos dans le dos,
( ces abrutis n’avaient pas encore inventé le téléphone portable de
30 grammes !)







je devais « garder » un « hercules C130 » iranien ! Tous les fans d’aviation savent ce que c’est qu’un « hercules C130 » ! Mais pour ceux qui s’en tamponnent comme de leur premier avertissement fiscal, il s’agit d’un énorme avion cargo, quadrimoteurs, construit par la compagnie Lockheed !



Ce bel oiseau contenait pas mal de missiles
et
autres engins mortels !
Et « iranien » par-dessus le marché ! Dans le contexte politique actuel, c’est plutôt marrant, non ?







Bref ! Je suis passé sans transition des plaines glaciales françaises, au four infernal du soleil d’Afrique du Nord ! Alors, il me fallut, comme les petits copains, faire mes tours de garde réglementaires à intervalles très réguliers ! Pour vous prouver l’authenticité de mon récit, je vous fournis gracieusement la photo du poste de police où se passaient ces activités « culturelles »
de premier ordre !


Vous y voyez la guérite où j’ai passé les heures les plus
« excitantes », les plus passionnantes, les
plus enthousiasmantes de mon existence !
La guérite, c’est ce petit
« cercueil » vertical dans lequel vous logez le temps de votre garde, et qui vous donne un avant goût de ce qui vous attendra un jour, quand la vie sera fatiguée de vous avoir assez supporté, ou que vous ne la supporterez plus vous-même !
Donc, par un bel après-midi de plomb, de chaleur infernale, je mijotais lentement dans
mon « autocuiseur » en bois.L’air était vibrant et trouble, comme il se doit par ces températures torrides.
Rien à l’horizon ! Que de la terre ocre et sèche, quelques buissons rabougris, un silence de tombe, pas un brin d’air !
Soudain, un mirage ! Le paludisme venait peut-être de me foudroyer sournoisement !
Mon esprit délirait ! Je venais de perdre la raison sous les coups de ce climat impitoyable !
Là ! Devant mes yeux ! Une vision sublime ! Enchanteresse !
Un tableau séraphique !
Une lucarne sur le paradis terrestre ! Ce n’était pas vrai !
Ce ne pouvait pas être vrai ! Je devais être en plein délire !
La fièvre me terrassait !
Une jeune fille, ses cheveux au vent, la jupette sombre, bien sage, le petit corsage blanc tout pimpant, un visage de madone, un sourire angélique chevauchait un antique vélo solex, et pris le virage pour se présenter devant la barrière du poste !
Pour tous ceux qui ne comprendraient pas mon « trouble »
et mon « émoi »
il faut impérativement que je vous explique certaines petites choses :
Cela faisait des mois que nous n’avions pas vu « une seule » femme !
Nous étions entourés exclusivement « d’animaux » masculins, des plus brutes, et des plus mal embouchés qui soit !
La « douceur féminine »?
il y a longtemps qu’on en avait fait notre deuil !
Pas un seul petit minois féminin pour calmer les rêves et les ardeurs de jeunes corps au somment de leur capacité libidinale !
Ce n’est pas l’ersatz de femelle qui me donnait lieu de chef, qui aurait pu adoucir ce manque atroce !
Alors cette vision brutale ! Comme ça, sans prévenir ! C’était trop !
Je me revois encore, la bouche ouverte, la bave aux lèvres, le regard encore plus niais que celui de Steevy Boulais, me jeter sur la barrière pour l’ouvrir !
Mon « apparition séraphique » passa devant moi, avec un charmant sourire de reconnaissance, et me fit un petit signe amical de la main !
J’étais encore dans la douceur angélique de mes pensées quand un « affreux pas beau » vint les éteindre sauvagement ! Le sergent de garde !
Celui-ci sortit du poste de police en trombe comme un pit-bull enragé, en aboyant des « horreurs » après moi !
_ Non mais ? Espèce de con ! ça va pas de laisser entrer les civils dans la caserne, comme ça ? Je vais t’expédier au trou vite fait, moi ! Ça va pas traîner ! Ah ! L’abruti ! Et tu sais qui c’est au moins ? Hein ! Tu as relevé son identité ? Comment on va faire pour « la » savoir maintenant !

Le Bon Dieu, qui protège toujours les innocents et les imbéciles, comme chacun le sait, fit en sorte que cette charmante enfant fut précisément la fille de notre colonel ! Ce qui m’évita, cette fois-ci, le « trou » promit ! Ce qui est quand même moins agréable qu'un compromis!

Quelques minutes plus tard, ruminant ma déconvenue et les insultes du chef, je pris de bonnes résolutions ! Ça tombait bien ! Une voiture se pointait, venant de l’intérieur du camp.
Je pris mon attitude la plus martiale, la plus virile pour faire stopper le véhicule, en me plaçant courageusement devant son pare-chocs, et en faisant un signe de la main, que des malfaisants auraient pu prendre pour le salut « fasciste » ! .
Ne jetant même pas un œil au chauffeur, je pris ostensiblement ma planchette porte-documents pour noter consciencieusement le numéro minéralogique du véhicule « suspect » !

C’est alors que le « pit-bull » ressorti de sa tanière encore plus vite que la première fois, en aboyant encore plus fort !

_Mais ? Espèce de crétin, tu ne vois pas que c’est la voiture du colonel ?

Il passa en trombe à côté de moi pour aller « servilement » faire de plates excuses à son officier supérieur !
Le regard noir qu’il me fit, en repassant, n’annonçait pas des choses réjouissantes pour mon matricule !
Que voulez-vous, la vie militaire implique des « dons » et des « réflexes » que je ne possédais sûrement pas !
Et je ne vous parle pas de la nuit ! Même dans ces pays chauds, il y fait froid !
Je me caillais joyeusement les « outils de reproduction », un matin, très tôt,
toujours dans mon « cercueil tricolore » quand, dans la pénombre
j’aperçus la silhouette caractéristique du légionnaire en goguette
à la « biture » avancée réglementaire, modèle 14, rectifiée 45, et au képi phosphorescent dans la clarté lunaire !
Avec un peu de pot, me pensais-je imprudemment, il va passer son chemin, et prendre celui de son cantonnement jouxtant le nôtre ! Mais cette nuit là, le « pot » n’était toujours pas avec moi !
Je le vois, avec une certaine appréhension, se diriger vers moi !
Je me dis alors, toujours très naïvement, et surtout pour me rassurer ; il va me demander du feu ou discuter un brin avec moi !
Mais le bruit que j’entendis alors, me fit sursauter !
C’était des petits reniflements « sangloteux » !
Et là, il m’arriva cette chose incroyable que peu d’hommes ont vécu!
J’ose le proclamer bien haut et fort !
Un légionnaire s’effondra dans mes bras, « en …….larmes » !

Ah ! Voir pleurer un légionnaire n’est pas commun !
Celui qui me dirait le contraire serait un fieffé menteur !
Mais ce qu’il me sortit tout à trac, au milieu de ses sanglots enfantins, me glaça les sangs, comme on lit dans les romans de Guy « des gares » ! Pardon ! De Guy Des Cars !

_Je, je viens de « planter » un flic algérien !

Ah ! Ouais ? C’est ça, mon coco ! Oh ? Comme c’est vilain ! coassais-je lamentablement
C’est bizarre, mais il me sembla soudain, qu’il pesait plus lourdement sur mes épaules ! Et puis rembarrer brutalement un légionnaire formé à toutes les techniques de combats à mains nues, s’avérait terriblement présomptueux, et pour tout dire, très imprudent pour le parfait petit être sensible et totalement pacifique que j’étais ! C’est fou comme on retrouve vite la voie de la diplomatie et de la bienveillance quand la trouille vous démange le fondement !
C’est ainsi que je réussis à le réexpédier sur le chemin de son casernement !
Je vous rassure tout de suite ; son crime « supposé » ne naviguait que dans le bocal d’alcool qui lui servait provisoirement de cervelle.
Nous n’avons jamais entendu parler d’un fait divers aussi sordide dans les environs !
Une autre fois, ce fut plus cocasse et plus émouvant. Je vis cheminer doucement vers moi, sur une vieille cane, un vieux musulman, dans sa djellaba blanche et immaculée.
Il faisait peine à voir, ce pauvre monsieur, tant il marchait avec difficultés et souffrance!
Il se planta devant moi, et me dit d’une voix douce et mourante :

_j’y voudri di papié pour rentrer en France ! Moi j’y fis la guerre avec les Français ! Tout partout !

Pour preuve de ce qu’il avançait, un placard de médailles impressionnant décorait (pour une fois l’expression était judicieuse !) l’habit du vieil homme !
Devant cette demande aussi incongrue que vaine, et ne voulant pas décevoir ce pauvre homme, je le fis entrer dans le poste de police, et s’asseoir sur un banc !
Comme le chef de poste tardait à venir, je lui tins compagnie quelques instants !
Son pauvre regard de « chien abandonné », où se devinait une détresse absolue, me déchira l’âme pendant longtemps !
Il me sortit alors cette phrase sublime ! Cette phrase inouïe, gravée à jamais dans ma mémoire, et qui de ce fait, en garantit son authenticité :

_Dis M’sieur ! Ça s’arrête quand « l’indépendance » ?

Voilà un pauvre hère qui n’avait pas dû bien saisir toutes les « subtilités » de politique internationale !
Cette réflexion d’un vieil homme usé, incite à méditer sur la vanité des choses d’ici-bas ! Mais je vous raconterai d’autres histoires qui se sont déroulées dans ce « cher » poste de police, pour des raisons tout à fait différentes, et pas tellement à ma gloire, je dois l’avouer humblement !

Et, comme le dirait un vieux « british » un peu rassis, se prénommant "Rudyard" ( il n’y a que des Anglais pour avoir des prénoms aussi « tartignols » !) :

« Ceci est une autre Histoire »