« Avoir un
bon copain, c’est beaucoup mieux que d’avoir une blonde »,
chantait Jean Gabin dans sa période de « crooner »
français. Mais un excellent camarade de travail, c’est encore plus
utile !
L’histoire que je
vais vous raconter en est la parfaite démonstration. Aux temps
héroïques et merveilleux de mon activité professionnelle, j’avais
le privilège insigne de travailler dans un grand aérogare célèbre
de la région parisienne. Je travaillais en horaires continues, de
nuit, comme de jour, dans un service informatique situé dans les
sous-sols de cette immense machinerie aéronautique. Donc très tôt,
vers cinq heures du matin, par un hiver noir et glacé, j’arrive en
vue de ce vaisseau de verre tout illuminé. Je m’apprête à
m’engouffrer dans les entrailles de celui-ci. Dans un virage,
j’aperçois soudain, dans le rétroviseur de mon SUV Renault 4lL
modèle 70, les phares du bolide teuton de mon camarade. Il vient
prendre son service en même temps que moi. On se connaît depuis
longtemps, et le fait de travailler ensemble, dans le même métier,
pendant des heures dans un espace confiné et bruyant, crée des
liens d’amitiés dignes des chambrée de feu le service militaire.
Ce que je décris là, les moins de trente ans peuvent oublier !
Un quart d’heure plus tard, on se retrouve attablés dans notre
local de repos, en train de siroter un café maison.
Là, mon pote
m’attaque bille-en-tête :
_ Dis-donc ?
Tu utilises toujours tes clignotants aussi souvent ?
« ???? »
Oui ! C’est la seule réponse qui me vient sur le coup !
Pas très bien réveillé, j’accuse le coup et je lui demande de me
répéter la question.
_ Ouais ! Parce
que, c’est fou le nombre de fois que tu les utilises ! C’est
beaucoup trop !
_ ???? Mon
silence se veut encore plus éloquent.
_Moi, je te dis ça,
c’est tout à fait par amitié pour toi, mais tu sais que ça use
les ampoules prématurément ? Et les ampoules ça coûte
cher !
A cet instant de mon
récit, je devine, gros comme un 747 en final, ce que vous êtes
entrain de penser. Mon camarade se fout joyeusement de moi. Il me
fait la « blagounette » du matin, juste pour me
réveiller ! Il va éclater d’un gros éclat de rire franc et
massif. C’est là que les choses grimpent au sublime !
Pas du tout !
Il est très sérieux ! La gravité de son visage le prouve. Un
sérieux appuyé par une très solide réputation de radinerie, de
pingrerie qui atteignent des sommets que vous ne pouvez pas
imaginer ! Surtout le connaissant et le pratiquant depuis des
mois, des années. Raconter ses exploits dans sa chasse perpétuelles
aux petites économies, voire aux gentilles petites escroqueries dans
les supermarché du coin, réclameraient la rédaction d’un volume
gros comme un annuaire téléphonique de la fin des années quatre
vingt.
A son grand
désappointement, je n’ai pas suivi son conseil. J’ai continué,
et je continue toujours à utiliser, comme un « fou furieux »
les clignotants de ma voiture. On ne se refait pas !