lundi 7 novembre 2011

Ô Stampe Ô mores Un avion mythique


Des avions « mythiques », il en existe des dizaines. C’est à la discrétion de ceux qui les considèrent comme tels, en fonction de leurs souvenirs et de leur goût. Le mien, c’est le « Stampe » Il m’est cher à plus d’un titre ce vieux coucou. Certains penseront que c’est une antiquité dormant sous la poussière d’un musée. Erreur ! Il vole toujours. Il est indestructible, il est éternel. Il est pourtant fait de toile et de bois. C’est un biplan conçu avant la seconde guerre mondiale, et par des Belges, de surcroît. Ce qui prouve que les Belges, à part la bière, les bandes dessinées et les blagues sont aussi capables de faire des avions. Et quel avion !
Il a formé des centaines de pilotes de toutes nationalités. Il a été l’avion des premiers émois aéronautiques pour bien des aviateurs professionnels qui en garderont un souvenir ému, même si au bord de la retraite, ils pilotent des 747 ou des A380. Car nous savons tous que les « premières fois » sont inoubliables ! Et pas seulement en aviation, si vous voyez ce que je veux dire. Bon ! Après cette petite mise en bouche, il serait temps que je vous parle de moi et de mon aventure « sentimentale » avec cet avion.
Je devais donc avoir douze ou treize ans. Mon père travaillait alors sur cette base aérienne Ô combien « mythique » elle aussi, de Vélizy-Villacoublay. Pour un raison simple c’est qu’il y était adjudant chef comptable dans l’armée de l’Air, et ce que nos contemporains, de moins de quarante ans, ne peuvent pas savoir, c’est que lorsqu’ils vont du petit Clamart sur Versailles, en roulant sur la « 186 », sur leur droite, ils observent une multitude de bâtiments divers d’une densité remarquable. Ils auraient beaucoup de mal à imaginer qu’à cet endroit, dans les années soixante, une splendide prairie verte s’étendait là, à perte de vue. Et que sur cet espace bucolique se trouvait un autre terrain d’aviation, mais privé, celui-là !
Mon père s’était lié d’amitié avec un vieux « forban » d’une cinquantaine d’année, à la chevelure blonde et ondoyante à la Mermoz et qui travaillait sur la base. Ce brave type avait la particularité d’être un pilote amateur. Et il pilotait, bien sûr, sur le petit terrain privé, le dimanche. Mon père ne tarissait pas d’éloge à son sujet. Une vraie passion. Allant même jusqu’à me raconter que son « héros » fit toute la guerre comme mitrailleur de queue sur B17, les fameux bombardiers américains. Je ne sais pas si cette histoire était vraie, mais elle m’impressionna fortement. Comme mon père connaissait ma passion pour l’aviation il eut l’idée géniale (pour moi) de me proposer un baptême de l’air dont son pote serait le pilote ! Vous pensez bien que cette idée me fit sauter de joie du haut de mes treize ans.
C’était plutôt un « faux » baptême, car à l’âge très modeste de deux ans et demi, j’avais déjà parcouru 12000 kilomètres dans la carlingue d’un « Halifax » vieux quadrimoteur bombardier que les Anglais (dans leur « immense » générosité) nous avaient refilé après la guerre pour palier à notre aviation civile exsangue. Nous revenions alors de Madagascar où je suis né. Mais comme je n’avais strictement aucun souvenir de ce premier voyage, ce vol représentait pour moi quand même le premier « conscient » et « vécu » Dire que j’étais rassuré et détendu serait un tantinet exagéré. J’avais quand même un peu les jetons. Je dois l’avouer humblement. C’est ainsi que j’arrivais, un beau matin froid et légèrement brumeux, sur ce petit terrain, en face du « grand » plein d'avions militaires, dans la 403 noire paternelle. Je vis alors un grand gaillard, costaud, au visage rigolard et malicieux, me tendre une paluche de déménageur. Il était d’un calme rassurant et posé. Très vite nous nous sommes dirigés vers « l’oiseau » de toile grise qui nous attendait sur le tarmac. Le « Stampe » est un biplace. Ce qu'il a de particulier c'est que le passager ou l'élève est à la place avant, et que le moniteur est derrière lui. Vu la petite taille de mon âge, on m'avait affublé,en guise de coussin d'un parachute qui ne m'aurait servi à rien en cas d'incident, mais qui me permettait de voir à l'extérieur comme les grands. Une fois coincé dans mon modeste habitat, je surveillais les préparatifs avec attention et angoisse. Quand le moteur se mit à pétarader et à ronfler, je fus stupéfait et un peu suffoqué par l'intensité du bruit auquel je dus, de force, m'habituer. Malgré le petit pare-brise de plexiglas installé devant moi, je ne pus me protéger d'une circulation d'air qui me donna l'impression d'avoir la tête à la portière d'une voiture roulant à cent à l'heure!
Et comme mes deux inconséquents d'adultes qui m'avaient organisé ce voyage n'avaient pas prévu de me donner un casque ou même un protège oreilles, je me suis farci une otite carabinée au retour qui abaissa mon acuité auditive de l'oreille gauche pendant des années.
Pour l'instant, l'avion fait des soubresauts incontrôlés sur une piste en herbes folles. La tonte du gazon n'ayant pas dû être faite depuis longtemps. Le bruit du moteur s'est encore accru en intensité, ce que je n'avais cru guère possible! Après une course de plus en plus chaotique j'ai senti que l'on se soulevait un peu, et puis brusquement tout s'est stabilisé. Nous étions en l'air!
Ah! La joie de voir la terre s'éloigner, les maisons se faire toutes petites. Nous avons survoler Meudon, ensuite, mon grand escogriffe de pilote a plongé sur Paris. Pas exactement! Mais comme je ne pouvais pas distinguer les limites de la capitale, je ne savais pas encore que son survol est formellement interdit à tout aéronef privé. En fin de compte, nous avons remonté la Seine au dessus de Suresnes et de Nanterre. Et là, j'ai encore le souvenir indélébile d'avoir pu admirer le CNIT, cette grosse étoile de béton, toute neuve, et non encore enchâssée de ses buildings d'affaire. Nous sommes revenus nous poser tranquillement. Bon, pendant trois jours j'ai hurlé comme un perdu, persuadé que l'entourage ne m'entendait pas! Mais quel souvenir.
Un autre souvenir, mais dramatique celui-là, et dont peu de gens ont le souvenir; c'est celui d'une collision dramatique d'un « Stampe » et d'un « SE 210 caravelle » en approche d'Orly.
Ce pauvre avion fut littéralement « scalpé » par le « Stampe » dont le moteur se retrouva sur les genoux d'un passager qui n'y survécut pas! L'appareil réussit néanmoins à se poser avec huit mètres de toit de carlingue en moins! Cela se passait le 19 mai 1960 et la compagnie était "Air Algérie". 

Mais je préfère me souvenir de mon « baptême », et lorsque je vis dans une brocante, la boite d'une maquette représentant mon glorieux biplan je ne pus résister. Maintenant, il trône dans une vitrine, accompagné de vénérables compagnons comme un « Caudron Simoun » un B17, un « Halifax » et des dizaines d'autres, le Concorde, deux A380, un 747, une « Alouette II », un « Puma 330 » le « Spirit off Saint-Louis », un hydravion japonais, un « Jap zéro » etc....

jeudi 6 octobre 2011

Un « père Goriot » iranien

Hallucinant ! Renversant ! Scandaleux ! Même après une nuit de sommeil mon indignation n’est pas retombée. Figurez-vous que, comme des millions de téléspectateurs, j’ai vu à la télé, hier soir, le « Père Goriot » de Balzac interprété d’une manière émouvante et poignante par Charles Aznavour. Le téléfilm terminé, je « zappe » nonchalamment pour faire retomber les émotions, et me calmer l’âme. C’est alors que je tombe, par le plus grand des hasards, au milieu d’un reportage sur ARTE, dont je ne comprends pas tout de suite le sujet. Je vois un vieil homme, au visage rond, les yeux humides de tristesse derrière de grosses lunettes. J’apprends avec curiosité que cet homme est le Docteur Mahmoody, le père et le mari des « héroïnes » du livre et du film « Jamais sans ma fille » ! Et ce que j’apprends me glace le sang ! C'est-à-dire le long « chemin de croix » de ce « monstrueux » père qui aurait battu sa femme et sa fille comme le « fanatique » iranien qu’il est ! Des millions d’hommes et de femmes ont lu et vu cette histoire « poignante » à travers le monde. Nul doute ! La cause est entendue ! Ces « pauvres » femmes ont échappé à « l’horreur » de la vie iranienne. Moi-même, ayant lu le livre, j’en étais resté sur cette impression. Sauf que… ! Sauf que ! Ce n’est pas elle qui a écrit le livre, comme chacun s’en doute un peu, mais un certain William Hoffer déjà auteur du célèbre « Midnight express » ! Alors ? Comment un jeune docteur iranien, occidentalisé, cultivé, doux et pacifique, a-t-il pu se transformer en un « monstre fanatique » et intolérant pour revenir à la « barbarie bornée » de plusieurs siècle en arrière ? C’est un mystère que des millions de personnes, à travers le monde, se sont certainement aussi demandé ! Ben ! C’est très simple ! D’une simplicité « biblique » ! Tout simplement parce que c’était FAUX ! Le Docteur Mahmoody n’a jamais changé, LUI ! Par contre, sa « charmante » et « victime » d’épouse s’est ENORMEMENT enrichie grâce à un FAUX récit. Mais là où le scandale devient proprement sordide et ignoble, c’est lorsque l’on append les conditions du divorce ! A « l’Américaine » bien sûr ! C'est-à-dire que ce « père indigne » n’a su qu’il était « divorcé » que six mois après le jugement ! Olé ! Et par une simple lettre ordinaire où il était mentionné : « adresse inconnue » mais qui a très bien su le trouver ! Petit complément insignifiant ; tous ces biens, y compris la « belle baraque » de quelques milliers de dollars sont revenus à « Madame » ! Même ses cahiers d’étudiants et ses affaires personnelles ! On a interrogé un américain, collègue de Mahmoody à l’hôpital, et c’est là que le récit prend un tour politique et « sociologique » passionnant. Ce collègue a reconnu que son ami était un brave homme mais que le « contexte politique » de l’époque lui était très défavorable ! Tu parles ! Nous étions en plein dans la prise d’otages de l’Ambassade américaine à Téhéran ! Et là, il a eu cette réflexion qui vaut son pesant de caramel : Il a dit que les Américains en général avaient besoin « de haïr » un ennemi ! Que pour eux, les choses étaient « blanches ou noires » ! Pas de nuances ! Les Iraniens étaient les méchants, donc tous les Iraniens étaient des méchants ! Sans exception ! Si cette démonstration ne suffisait pas, il fallait entendre le juge qui avait prononcé le jugement de divorce. Quand il parlait de la loi, son discours semblait juste et de bon sens. Mais « en civil », il fallait l’entendre parler de
 « patriotisme » où il aurait « bousiller » tous ces « méchants » fanatiques islamistes. Sans se rendre compte une seconde, que son fanatisme à lui, était tout aussi effrayant ! Et l’on comprend mieux maintenant, l’imposture de : « Jamais sans ma fille » ! Mais qu’un père puisse être pris pour un « monstre » par la terre entière, et qu’il soit à jamais privé de sa fille, ça, c’est tout à fait « normal » ! Par une expérience privée personnelle, je sais à quel point certaines « mères » peuvent être des montagnes de monstruosités, et de manipulation. Je le sais cruellement dans ma chair, et dans mon âme ! Je connais maintenant le degré de fourberie et de mensonge dont les hommes (et surtout les femmes) sont capables par avidité, cupidité, fanatisme idéologique ou religieux ! C’est vraiment, et proprement, à désespérer parfois, de la race humaine ! Et il n’y a bien que Dieu pour protéger les innocents et ceux qui souffrent ! Comme un certain père Goriot-Mahmoody !

vendredi 2 septembre 2011

L'aigle de Moissy

Un jour, alors que je ferraillais férocement dans un forum de discussion, sur cette nouvelle agora virtuelle que l'on nomme le « ouèbe », un intervenant, sûrement peu cultivé et non averti, me sortit cette phrase gravée à jamais dans ma mémoire: « Quand on vous lit, on dirait du Bossuet! »
Poum! J'ai failli tomber de ma chaise en ratant un battement de cœur. Ma chatte, perchée comme à son habitude sur mon écran antédiluvien me gratifia alors d'un sourire étrange.
Kouâââ? Moi? Bossuet? Pour ceux, les moins de soixante ans, qui ont un peu de culture, Bossuet était surnommé « l'Aigle de Meaux »! Maintenant, je vous autorise à vous pâmer d'admiration devant ce titre « génial » dont je me suis affublé pour ce petit « poulet *».
Ce souvenir émouvant et flatteur ne serait pas revenu à la surface de ma mémoire si je n'étais pas tombé sur un livre de la collection de Jean d'Ormesson vendu, que dis-je vendu? Bradé au prix dérisoire de trois euros dans une grande surface sur les « Oraisons funèbres » de ce grand écrivain français. Je sais! Il faut être maso et un tantinet pervers, comme moi, pour lire du Bossuet à notre époque. Tiens? A propos « d'aigle » j'en connais un qui déploie ses ailes dans un engin métallique du côté de Meaux, précisément! Je suis sûr qu'il va se reconnaître en me lisant.
Pour revenir à notre orateur célèbre, je dois confesser (ce qui est de circonstance vu que cet homme était évêque) que je ne connais de lui que cette apostrophe célèbre lors de l'oraison funèbre d'Henriette de France: « Madame se meurt, Madame est morte »! Oui, je reconnais que c'est un peu court pour faire une thèse sur ce grand homme. Donc, je me suis mis à feuilleter mon bouquin à trois euros. Qu'est-ce qu'il écrit bien Bossuet! Je n'ai pas tout compris, mais quel style!
Cela me fait penser irrésistiblement à cette vieille mémé du Sud-Ouest, ayant écouté son évêque lors d'une messe, et qui s'exclamait ainsi: « Je n'ai rien compris, « coune dé boune dille » mais qu'est-ce «qui cause bien monsieur le curé! » ». Il faut dire que ce pauvre Bossuet serait un peu « dérouté » par l’athéisme majoritaire de notre élite intellectuelle et bien pensante. Et que dire des « écolos » lisant cette phrase: « Il ne faut pas aimer le monde! Seul Dieu doit être l'objet de notre amour ». Ah il n'aurait pas été élu lors de
« primaires » des verts! C'est bien simple, on croirait entendre un ayatollah iranien.
Il est vrai que les beautés de ce monde nous aveuglent sur la finalité de notre destin et que nous oublions la vanité de toute entreprise humaine, que la brièveté de la vie nous est une notion de plus en plus étrangère à notre esprit, nous faisant ainsi oublier la gloire éternelle de Dieu!
Quoi? Comment? J'écris comme Bossuet, maintenant? Mais c'est épouvantable?
Sors de ce corps Jacques-Bénigne! Oui, il se prénommait ainsi! Tout le monde ne peut pas se prénommer « Kevin » ou « Yann ».
Pour nous, il y a un autre « Aigle de Meaux » qui nous attend à la rentrée! Mais c'est plutôt ses mimines qu'il va nous agiter devant nos figures réjouies!
Et l'aigle de Moissy va de nouveau, de sa voix de basse, chanter du Mozart.
Mais je suis sûr que Jacques-Bénigne aurait aimé ce Requiem majestueux, bien digne de ses « oraisons funèbres ». Que la mort est belle quand elle est magnifiée par de tels génies!
Ça y est! Je recommence! Au secours! Sauvez-moi!

PS *« poulet »: Pour les quelques malheureux qui n'auraient pas bien saisi, il ne s'agit pas d'un gallinacé déplumé que l'on becte avec des pommes de terre, mais d'un petit texte sans importance.

samedi 26 mars 2011

La mort aura tes yeux, mon fils !

Cette histoire est authentique. Elle se déroule quelque part, en Amérique latine, il y a quelques décennies déjà, dans une de ces « mignonnes » petites dictatures folkloriques, mais sanglantes quand même. Disons que le potentat local se nomme Ramon Alcazar en l’honneur d’Hergé, car comme le personnage des albums de Tintin, il est général. Cela va de soi.
Un dictateur sud-américain qui n’est pas « général », c’est comme un pape sans sa soutane blanche ou un producteur de cinéma sans son « barreau de chaise » rivé sur ses lèvres !
Tout va bien chez lui. Il terrorise « gentiment » sa population comme il se doit. N’étant pas marxiste, ni même gauchiste,  il a la protection de la CIA et de son grand frère du Nord. Ne précisons pas d’avantage, tout le monde comprendra. Bref ! Tout serait parfait dans la vision idyllique de sa petite dictature pour Ramon, si dans celle-ci, une mouche, une tache, une crotte de punaise ne venait pas gâcher ce beau tableau. Son fils Benito ! Autant Ramon est fougueux, colérique, énergique, remuant, cynique, impitoyable, mégalomane, autant le fiston est effacé, timide, pusillanime, à la limite de l’autisme. Benito ! Pas pour son père, en tous les cas ! Prénom choisi par sa mère, une entraineuse de cabaret, rencontrée dans la jeunesse peu sage de son déjà voyou de père. Gourgandine envoyée à la trappe depuis longtemps et remplacée par une marâtre plus « présentable » mais tout aussi vénale. C’est peu de dire que le pauvre garçon n’a pas bénéficié de toute la tendresse maternelle qu'un enfant est en droit d’exiger dans une vie normale.
Mais le pire, c’est qu’il subit quotidiennement le mépris non dissimulé de son géniteur de père. Lui qui pensait pouvoir compter sur une descendance digne de sa « grandeur » pour sa succession, c’est raté. Et son ressentiment explose à chaque fois que des circonstances malheureuses exposent ce mauvais rejeton à la vue de ce père affligé.  Ah ! On ne peut pas dire qu’il soit à la fête, le pauvre Benito. Comme une catastrophe génétique n’arrive jamais seule, la nature, dans sa cruauté vengeresse, a fait que le fils est tout le portrait physique de son père ! Un quasi sosie, en plus jeune. Vous imaginez un peu la rage, la colère du père, et la détresse du fils à chaque fois qu’ils se croisent ? Même dans les dictatures, qui ne sont pas d’opérette, les bonnes choses ont aussi une fin. Les peuples sont toujours d’une instabilité désarmante sous ces latitudes surchauffées et moites. Cela doit donc venir du climat ou d’un fonctionnaire de Washington qui veut « booster » sa carrière, à moins que Ramon soit devenu trop encombrant …..ou trop cher ! On lui concocte donc, une bonne petite révolution des familles, histoire de renouveler le cheptel des dictateurs de la région. Tant il vrai que si un tyran local est excellent pour la stabilité des populations, celles-ci aiment quand même la variété et le changement. Elles ont droit à un peu de « distraction » de temps en temps.
« Changement d’herbage, réjouit les veaux » ! Vieux proverbe bucolique de nos campagnes.
Donc, il y a du rififi dans l’air. L’orage populaire gronde, On évacue en vitesse le palais présidentiel. Un convoi automobile se forme en emportant butin, femmes et enfants, direction la frontière la plus proche. Mais il ne faut pas prendre les révolutionnaires pour des billes. Ceux-ci organisent immédiatement une chasse à la poursuite des fuyards. Fuyards qui arrivent sans encombre au dernier petit village situé sur une hauteur, avant la frontière. Celle-ci n’est plus qu’à quelques kilomètres. L’ex-potentat et son fils sont dans le même véhicule, avec l’ex-chef d’état-major de son armée. Ils aperçoivent au loin, les colonnes blindées de la révolution en marche qui montent vers eux, dans un gros nuage de poussières ! Ils seront là dans une poignée de minutes, peut-être de secondes. Que faire ? C’est alors que le militaire à une idée géniale. C’est fou comme la trouille peut faire fonctionner les méninges rapidement dans ces moments là !
-Mon général ! Votre fils vous ressemble tellement que si vous lui donnez votre uniforme, il se fera passer pour vous ! Il ne craint rien, c’est après vous qu’ils en ont ! Dans la confusion, cela vous laissera le temps de gagner la frontière.
 Plus rapidement que Fregoli ou qu’Arturo Braquetti, voilà notre pauvre Bénito promu « généralissime » avec une quincaillerie médailleuse à faire pâlir de jalousie un maréchal de l’ex-empire soviétique.
Les adieux entre le père et le fils sont brefs. Non seulement à cause des circonstances, mais on ne rattrape pas aisément des années de désert affectif.
La voiture du tyran déchu s’éloigne en trombe, et file vers la frontière salvatrice.
Dans un dernier réflexe inconscient, Ramon jette un œil distrait dans le miroir de courtoisie du pare-soleil de la voiture et aperçoit la silhouette de son fils qui diminue rapidement.
Il voit ses yeux tristes, résignés, pleins d’une lassitude qui l’ont toujours exaspéré.
Mais soudain, il se passe quelque chose dans son cœur qui explose comme une grenade dégoupillée.
Une arme terrifiante vient de le terrasser à laquelle il ne s’attendait pas, et pour laquelle il n’avait jamais pris la moindre  précaution : Ah la gueuse ! Ah  la traitresse !:
La tendresse paternelle !
Il revoit, en une fraction de seconde, toute la vie de son enfant. Lui, si docile, si transparent, comme un bon « toutou » domestique. Lui qui ne s’est jamais plaint, qui a tout subi de son père sans jamais rien dire, et qui aujourd’hui, accepte sans rechigner de sauver celui qui le méprisait.
Ramon se met à trembler de tout son corps. Il étouffe. Il se met à hurler cet ordre insensé dont il ne se serait jamais cru capable quelques instants auparavant;
-Stop ! Stoppez la voiture TOUT DE SUITE ! C’est un ordre !
-Mais mon général ? C’est de la folie ? Ils vont nous rattraper !
-Je m’en fous ! Arrêtez !
Le chauffeur arrête brutalement la voiture, laisse descendre Ramon, et redémarre à toute vitesse, sans demander son reste. Si le patron est devenu cinglé, c’est son problème ! Mais il ne va pas en payer les conséquences à sa place.
Benito qui se résigne déjà à son sort, relève la tête, et ses yeux s’agrandissent d’étonnement.
Il voit le nuage de poussières se dissiper et la silhouette de son père apparaître et qui court vers lui.
_Mais papa ? Qu’est-ce que tu fais ? Tu es fou ?
Sans un mot, Ramon étreint dans ses bras, de toutes ses forces, ce fils qu’il croyait mépriser, ne pas aimer.
Ils s'observent longuement, sans un mot, leur yeux noyés de larmes où tant de choses essentielles se figent pour l'éternité.
Le vilain tyran fut fusiller comme il se doit. Un fils pleura son père tout le restant de son existence.
Je dédie cette histoire à tous les pères qui pensent ne pas avoir aimer leur fils suffisamment.
Et à tous les fils qui s'imaginent, souvent à tort, que leur père ne les aime pas.

A mes deux garçons









vendredi 18 mars 2011

Les oubliés de la gloire du cinéma français


 Pourtant, j’en ai vu des milliers de film dans ma déjà longue vie ! Mais jamais, jamais je n’ai méprisé, et encore moins oublié les soi-disant « second rôle » ! Certains sont passés au premier, mais beaucoup sont restés au second, voire au troisième.
J’ai toujours eu pour eux une tendresse particulière et un respect qui a toujours perduré.
Qui se souvient de Saturnin Fabre, de Noël Roquevert, de Jean Tissier, de Jules Carette, pour les plus anciens ? Sans eux, nos grands chefs-d’œuvre du cinéma ne seraient restés que des films ternes et oubliés. Ils étaient la couleur, le relief, la saveur, l’humanité indispensable nécessaire pour faire passer la vie sur la toile de l’écran de nos salles de quartier.
L’un d’eux vient de disparaître. Il s’appelait Michel Fortin. Vous l’avez tous vu ! Mais vous êtes incapable de voir son visage ou de vous rappeler son nom au moment où vous lisez ces lignes. C’est bien la preuve de notre ingratitude de spectateurs. Mais pour moi, il est aussi un souvenir cocasse et très vivant.
Figurez-vous que par un bel après-midi d’été, ensoleillé et chaud, j’émerge, après mon boulot des sous-sols de l’aérogare d’Orly, sur le trottoir en face de la tour de contrôle. Là, j’aperçois une collègue qui aurait dû être parti depuis longtemps, mais qui observe quelque chose, en compagnie d’une troupe de badauds. C’est un tournage de film. J’en ai vu des quantités à Orly ! Mais celui-ci est spécial, les acteurs sont très célèbres. Il s’agit de Pierre Richard et de Gérard Depardieu. Rien que ça ! Et le film qu’ils tournent s’appelle « La Chèvre » ! Je suis sûr que beaucoup d’entrevous l’ont vu. Et voilà où je voulais en venir. Le passager dont Pierre Richard veut « emprunter » le chariot est Miche Fortin. Je suis sûr que maintenant vous vous dîtes : « Ah mais bien sûr ! Je l’ai souvent vu ! Je le reconnais maintenant ! »
Pauvre Michel ! Je ne sais rien de sa carrière, s’il a été malgré tout heureux, s’il a bien vécu de son métier, s’il a souffert de l’abandon, de la maladie. Je ne sais rien. Mais il peut être sûr, de là où il peut me voir, qu’il m’a donné des moments de joie et de plaisir inestimables.
Comme les autres, je vais le ranger dans ma galerie des GRANDS « petits » rôles.
Et en prime, je vous offre la scène de « La chèvre » où j’ai cuit au soleil pour voir la gestation de ce grand moment de cinéma impérissable.



mardi 7 décembre 2010

L'humour au stéthoscope!

Autant vous le dire toute de suite; je déteste tout ce qui a un rapport avec le monde médical. Je fuis les films ou les séries où sévit la moindre blouse blanche, où pointe le moindre stéthoscope.
La série « Urgence » me fait toujours  « zapper » en « urgence ».
Le docteur House est définitivement le docteur « Hide » pour moi! Je ne suis pas plus hypocondriaque que la majorité de mes contemporains mais j'ai simplement une aversion maladive pour le milieu médical. Ceci étant dit, je respecte infiniment la science et le dévouement des médecins et du service hospitalier. Quand j'y ai eu recours, j'en ai toujours été satisfait.
Mais j'ai découvert mon « héros »! Celui qui me fait hurler de rire à chaque fois que je le vois dans cette émission: « Le magazine de la santé, sur la « cinq »: Michel Cymes.
Avec lui, je l'avoue sans honte, j'ai passé des moments de fou-rires, de délires comiques absolument merveilleux.
D'abord, j'ai cru que c'était un journaliste spécialisé dans le médical. Mais pas du tout!
C'est un vrai médecin. Diplômé par la faculté! Un vrai toubib généraliste!
J'ai appris, par hasard, son côté comique par quelques clips vidéo de « zapping » aperçu un soir de fêtes de fin d'année. Mais je me suis dit que c'était occasionnel, accidentel. Grave erreur! Monsieur sévit continuellement. A tel point, que moi, qui étais si réfractaire à toute émission médicale, je me surprends à écouter celle-ci avec une attention soutenue. Mon propos est un peu « malhonnête » et un tantinet « faux-cul » car ce que j'attends ce n'est pas l'information médicale sur un sujet dont je me fous éperdument, mais la grosse vanne de carabin que mon brave Michel va sortir au grand scandale de sa pauvre collègue. Collègue qui vit dans un stress permanent, un stress épouvantable dans l'attente de la blague ravageuse ou la réflexion de comique troupier de son voisin.
Les sommets sont atteints, bien sûr, quand sont abordés les sujets sur la sexualité.
Alors là.....c'est l'apothéose! Le nirvana de la gaudriole médicale.
« Une spectatrice nous dit que son ami a des boules de graisse sur les testicules...! »
Le médecin invité, autre que Cymes, dit alors:
« S'il n'en a qu'un, c'est ne pas grave, mais plusieurs, il faut une anesthésie générale mais bénigne »
Réflexion sortie d'une bouche à la voix gutturale:
« Oui, et puis au moins, cela ne lui coûtera pas la peau des.......... »
Yeux au ciel de sa pauvre collègue!
Et comme cela, des dizaines de fois! Je suis aux anges! Vous allez penser qu'il m'en faut peu, et que j'ai sûrement l'esprit tordu! Tant pis! Je l'assume parfaitement bien!
Mais ne me privez pas de mon docteur  « miracle »! Celui qui arrive à me faire rire de la médecine!
Petit florilège des vidéos de mon « comique des cliniques » préféré:


jeudi 4 novembre 2010

Extinction des feux

Au souvenir de l'effroyable nouvelle dont j'ai pris connaissance, lors d'un voyage familial, tout mon être est encore secoué de frissons d'épouvante. Je vais m'empresser de vous narrer cette expérience terrifiante.
Comme nous voyagions en voiture dans ces lointaines contrées de l'Est, entre Soissons et le Laonnois, mon frère fut pris de la subite envie d'un soulagement liquide et pressant que nous connaissons tous!
Traversant un petit village, la résolution de son drame urinaire nous apparu sous la forme d'un petit café ouvert à une heure encore très matinale, et embrumée d'une bruine cafardeuse.
Dans ce petit troquet sympa, une jeune femme, plus préoccupée par les devoirs de deux petits blondinets, morpions et remuants à souhait, nous accueille d'un air torve et peu amène.
Pendant que mon cher frangin se précipite aux toilettes pour régler son problème de vidange de matières organiques, je suis accroché, en compagnie de mon deuxième frère (car nous formons, une fratrie triangulaire au cas ou je ne vous l'aurais pas précisé!) au bar. Et sur celui-ci repose un quotidien régional sur lequel explose littéralement à mon regard un gros titre à la une:
« PRISON DE L...: IL MENACE LE GARDIEN AVEC UN EXTINCTEUR »!
Ah! Je vous avais prévenu que c'était terrifiant! A la limite de l'insoutenable!
Car vous lisez bien: « il menace »! Encore, il l'aurait « attaqué » ou moins grave « frappé »! Non!
Il l'a « menacé »! Si ce pauvre gardien s'était pris l'extincteur dans le buffet, cela lui aurait au moins calmé ses aigreurs d'estomac pendant une bonne quinzaine de jours!
Vous imaginez la scène d'épouvante? Cet homme honnête, probablement père de famille, plaqué au mur, les yeux exorbités par la terreur sous la menace de la trompe noire d'un extincteur et l'ignoble prisonnier lui criant:
_Passe-moi tes clefs ou je t'éteins!
Oui, parce qu'habituellement, le malfrat qui possède un « pétard », un « feu » c'est à dire un pistolet, aurait plutôt tendance à vouloir « allumer » sa victime! Mais avec un extincteur? Ce serait plutôt franchement ridicule!
Vous ne croyez pas?
Comme le « soulagé » de la vessie est revenu plus rapidement que je ne l'imaginais, et que nous avions déjà bu nos cafés, je n'ai pas eu l'opportunité de savoir comment s'était terminée cette dramatique prise d'otage! C'est par de semblables anecdotes que l'on prend conscience qu'il s'en passe des choses passionnantes et aventureuses dans nos belles provinces. Et que dire du talent de ces reporters courageux de nos petits quotidiens régionaux qui vont dénicher l'information palpitante qui va enrichir l'expérience émotionnelle de nos amis provinciaux?