vendredi 2 septembre 2011

L'aigle de Moissy

Un jour, alors que je ferraillais férocement dans un forum de discussion, sur cette nouvelle agora virtuelle que l'on nomme le « ouèbe », un intervenant, sûrement peu cultivé et non averti, me sortit cette phrase gravée à jamais dans ma mémoire: « Quand on vous lit, on dirait du Bossuet! »
Poum! J'ai failli tomber de ma chaise en ratant un battement de cœur. Ma chatte, perchée comme à son habitude sur mon écran antédiluvien me gratifia alors d'un sourire étrange.
Kouâââ? Moi? Bossuet? Pour ceux, les moins de soixante ans, qui ont un peu de culture, Bossuet était surnommé « l'Aigle de Meaux »! Maintenant, je vous autorise à vous pâmer d'admiration devant ce titre « génial » dont je me suis affublé pour ce petit « poulet *».
Ce souvenir émouvant et flatteur ne serait pas revenu à la surface de ma mémoire si je n'étais pas tombé sur un livre de la collection de Jean d'Ormesson vendu, que dis-je vendu? Bradé au prix dérisoire de trois euros dans une grande surface sur les « Oraisons funèbres » de ce grand écrivain français. Je sais! Il faut être maso et un tantinet pervers, comme moi, pour lire du Bossuet à notre époque. Tiens? A propos « d'aigle » j'en connais un qui déploie ses ailes dans un engin métallique du côté de Meaux, précisément! Je suis sûr qu'il va se reconnaître en me lisant.
Pour revenir à notre orateur célèbre, je dois confesser (ce qui est de circonstance vu que cet homme était évêque) que je ne connais de lui que cette apostrophe célèbre lors de l'oraison funèbre d'Henriette de France: « Madame se meurt, Madame est morte »! Oui, je reconnais que c'est un peu court pour faire une thèse sur ce grand homme. Donc, je me suis mis à feuilleter mon bouquin à trois euros. Qu'est-ce qu'il écrit bien Bossuet! Je n'ai pas tout compris, mais quel style!
Cela me fait penser irrésistiblement à cette vieille mémé du Sud-Ouest, ayant écouté son évêque lors d'une messe, et qui s'exclamait ainsi: « Je n'ai rien compris, « coune dé boune dille » mais qu'est-ce «qui cause bien monsieur le curé! » ». Il faut dire que ce pauvre Bossuet serait un peu « dérouté » par l’athéisme majoritaire de notre élite intellectuelle et bien pensante. Et que dire des « écolos » lisant cette phrase: « Il ne faut pas aimer le monde! Seul Dieu doit être l'objet de notre amour ». Ah il n'aurait pas été élu lors de
« primaires » des verts! C'est bien simple, on croirait entendre un ayatollah iranien.
Il est vrai que les beautés de ce monde nous aveuglent sur la finalité de notre destin et que nous oublions la vanité de toute entreprise humaine, que la brièveté de la vie nous est une notion de plus en plus étrangère à notre esprit, nous faisant ainsi oublier la gloire éternelle de Dieu!
Quoi? Comment? J'écris comme Bossuet, maintenant? Mais c'est épouvantable?
Sors de ce corps Jacques-Bénigne! Oui, il se prénommait ainsi! Tout le monde ne peut pas se prénommer « Kevin » ou « Yann ».
Pour nous, il y a un autre « Aigle de Meaux » qui nous attend à la rentrée! Mais c'est plutôt ses mimines qu'il va nous agiter devant nos figures réjouies!
Et l'aigle de Moissy va de nouveau, de sa voix de basse, chanter du Mozart.
Mais je suis sûr que Jacques-Bénigne aurait aimé ce Requiem majestueux, bien digne de ses « oraisons funèbres ». Que la mort est belle quand elle est magnifiée par de tels génies!
Ça y est! Je recommence! Au secours! Sauvez-moi!

PS *« poulet »: Pour les quelques malheureux qui n'auraient pas bien saisi, il ne s'agit pas d'un gallinacé déplumé que l'on becte avec des pommes de terre, mais d'un petit texte sans importance.

samedi 26 mars 2011

La mort aura tes yeux, mon fils !

Cette histoire est authentique. Elle se déroule quelque part, en Amérique latine, il y a quelques décennies déjà, dans une de ces « mignonnes » petites dictatures folkloriques, mais sanglantes quand même. Disons que le potentat local se nomme Ramon Alcazar en l’honneur d’Hergé, car comme le personnage des albums de Tintin, il est général. Cela va de soi.
Un dictateur sud-américain qui n’est pas « général », c’est comme un pape sans sa soutane blanche ou un producteur de cinéma sans son « barreau de chaise » rivé sur ses lèvres !
Tout va bien chez lui. Il terrorise « gentiment » sa population comme il se doit. N’étant pas marxiste, ni même gauchiste,  il a la protection de la CIA et de son grand frère du Nord. Ne précisons pas d’avantage, tout le monde comprendra. Bref ! Tout serait parfait dans la vision idyllique de sa petite dictature pour Ramon, si dans celle-ci, une mouche, une tache, une crotte de punaise ne venait pas gâcher ce beau tableau. Son fils Benito ! Autant Ramon est fougueux, colérique, énergique, remuant, cynique, impitoyable, mégalomane, autant le fiston est effacé, timide, pusillanime, à la limite de l’autisme. Benito ! Pas pour son père, en tous les cas ! Prénom choisi par sa mère, une entraineuse de cabaret, rencontrée dans la jeunesse peu sage de son déjà voyou de père. Gourgandine envoyée à la trappe depuis longtemps et remplacée par une marâtre plus « présentable » mais tout aussi vénale. C’est peu de dire que le pauvre garçon n’a pas bénéficié de toute la tendresse maternelle qu'un enfant est en droit d’exiger dans une vie normale.
Mais le pire, c’est qu’il subit quotidiennement le mépris non dissimulé de son géniteur de père. Lui qui pensait pouvoir compter sur une descendance digne de sa « grandeur » pour sa succession, c’est raté. Et son ressentiment explose à chaque fois que des circonstances malheureuses exposent ce mauvais rejeton à la vue de ce père affligé.  Ah ! On ne peut pas dire qu’il soit à la fête, le pauvre Benito. Comme une catastrophe génétique n’arrive jamais seule, la nature, dans sa cruauté vengeresse, a fait que le fils est tout le portrait physique de son père ! Un quasi sosie, en plus jeune. Vous imaginez un peu la rage, la colère du père, et la détresse du fils à chaque fois qu’ils se croisent ? Même dans les dictatures, qui ne sont pas d’opérette, les bonnes choses ont aussi une fin. Les peuples sont toujours d’une instabilité désarmante sous ces latitudes surchauffées et moites. Cela doit donc venir du climat ou d’un fonctionnaire de Washington qui veut « booster » sa carrière, à moins que Ramon soit devenu trop encombrant …..ou trop cher ! On lui concocte donc, une bonne petite révolution des familles, histoire de renouveler le cheptel des dictateurs de la région. Tant il vrai que si un tyran local est excellent pour la stabilité des populations, celles-ci aiment quand même la variété et le changement. Elles ont droit à un peu de « distraction » de temps en temps.
« Changement d’herbage, réjouit les veaux » ! Vieux proverbe bucolique de nos campagnes.
Donc, il y a du rififi dans l’air. L’orage populaire gronde, On évacue en vitesse le palais présidentiel. Un convoi automobile se forme en emportant butin, femmes et enfants, direction la frontière la plus proche. Mais il ne faut pas prendre les révolutionnaires pour des billes. Ceux-ci organisent immédiatement une chasse à la poursuite des fuyards. Fuyards qui arrivent sans encombre au dernier petit village situé sur une hauteur, avant la frontière. Celle-ci n’est plus qu’à quelques kilomètres. L’ex-potentat et son fils sont dans le même véhicule, avec l’ex-chef d’état-major de son armée. Ils aperçoivent au loin, les colonnes blindées de la révolution en marche qui montent vers eux, dans un gros nuage de poussières ! Ils seront là dans une poignée de minutes, peut-être de secondes. Que faire ? C’est alors que le militaire à une idée géniale. C’est fou comme la trouille peut faire fonctionner les méninges rapidement dans ces moments là !
-Mon général ! Votre fils vous ressemble tellement que si vous lui donnez votre uniforme, il se fera passer pour vous ! Il ne craint rien, c’est après vous qu’ils en ont ! Dans la confusion, cela vous laissera le temps de gagner la frontière.
 Plus rapidement que Fregoli ou qu’Arturo Braquetti, voilà notre pauvre Bénito promu « généralissime » avec une quincaillerie médailleuse à faire pâlir de jalousie un maréchal de l’ex-empire soviétique.
Les adieux entre le père et le fils sont brefs. Non seulement à cause des circonstances, mais on ne rattrape pas aisément des années de désert affectif.
La voiture du tyran déchu s’éloigne en trombe, et file vers la frontière salvatrice.
Dans un dernier réflexe inconscient, Ramon jette un œil distrait dans le miroir de courtoisie du pare-soleil de la voiture et aperçoit la silhouette de son fils qui diminue rapidement.
Il voit ses yeux tristes, résignés, pleins d’une lassitude qui l’ont toujours exaspéré.
Mais soudain, il se passe quelque chose dans son cœur qui explose comme une grenade dégoupillée.
Une arme terrifiante vient de le terrasser à laquelle il ne s’attendait pas, et pour laquelle il n’avait jamais pris la moindre  précaution : Ah la gueuse ! Ah  la traitresse !:
La tendresse paternelle !
Il revoit, en une fraction de seconde, toute la vie de son enfant. Lui, si docile, si transparent, comme un bon « toutou » domestique. Lui qui ne s’est jamais plaint, qui a tout subi de son père sans jamais rien dire, et qui aujourd’hui, accepte sans rechigner de sauver celui qui le méprisait.
Ramon se met à trembler de tout son corps. Il étouffe. Il se met à hurler cet ordre insensé dont il ne se serait jamais cru capable quelques instants auparavant;
-Stop ! Stoppez la voiture TOUT DE SUITE ! C’est un ordre !
-Mais mon général ? C’est de la folie ? Ils vont nous rattraper !
-Je m’en fous ! Arrêtez !
Le chauffeur arrête brutalement la voiture, laisse descendre Ramon, et redémarre à toute vitesse, sans demander son reste. Si le patron est devenu cinglé, c’est son problème ! Mais il ne va pas en payer les conséquences à sa place.
Benito qui se résigne déjà à son sort, relève la tête, et ses yeux s’agrandissent d’étonnement.
Il voit le nuage de poussières se dissiper et la silhouette de son père apparaître et qui court vers lui.
_Mais papa ? Qu’est-ce que tu fais ? Tu es fou ?
Sans un mot, Ramon étreint dans ses bras, de toutes ses forces, ce fils qu’il croyait mépriser, ne pas aimer.
Ils s'observent longuement, sans un mot, leur yeux noyés de larmes où tant de choses essentielles se figent pour l'éternité.
Le vilain tyran fut fusiller comme il se doit. Un fils pleura son père tout le restant de son existence.
Je dédie cette histoire à tous les pères qui pensent ne pas avoir aimer leur fils suffisamment.
Et à tous les fils qui s'imaginent, souvent à tort, que leur père ne les aime pas.

A mes deux garçons









vendredi 18 mars 2011

Les oubliés de la gloire du cinéma français


 Pourtant, j’en ai vu des milliers de film dans ma déjà longue vie ! Mais jamais, jamais je n’ai méprisé, et encore moins oublié les soi-disant « second rôle » ! Certains sont passés au premier, mais beaucoup sont restés au second, voire au troisième.
J’ai toujours eu pour eux une tendresse particulière et un respect qui a toujours perduré.
Qui se souvient de Saturnin Fabre, de Noël Roquevert, de Jean Tissier, de Jules Carette, pour les plus anciens ? Sans eux, nos grands chefs-d’œuvre du cinéma ne seraient restés que des films ternes et oubliés. Ils étaient la couleur, le relief, la saveur, l’humanité indispensable nécessaire pour faire passer la vie sur la toile de l’écran de nos salles de quartier.
L’un d’eux vient de disparaître. Il s’appelait Michel Fortin. Vous l’avez tous vu ! Mais vous êtes incapable de voir son visage ou de vous rappeler son nom au moment où vous lisez ces lignes. C’est bien la preuve de notre ingratitude de spectateurs. Mais pour moi, il est aussi un souvenir cocasse et très vivant.
Figurez-vous que par un bel après-midi d’été, ensoleillé et chaud, j’émerge, après mon boulot des sous-sols de l’aérogare d’Orly, sur le trottoir en face de la tour de contrôle. Là, j’aperçois une collègue qui aurait dû être parti depuis longtemps, mais qui observe quelque chose, en compagnie d’une troupe de badauds. C’est un tournage de film. J’en ai vu des quantités à Orly ! Mais celui-ci est spécial, les acteurs sont très célèbres. Il s’agit de Pierre Richard et de Gérard Depardieu. Rien que ça ! Et le film qu’ils tournent s’appelle « La Chèvre » ! Je suis sûr que beaucoup d’entrevous l’ont vu. Et voilà où je voulais en venir. Le passager dont Pierre Richard veut « emprunter » le chariot est Miche Fortin. Je suis sûr que maintenant vous vous dîtes : « Ah mais bien sûr ! Je l’ai souvent vu ! Je le reconnais maintenant ! »
Pauvre Michel ! Je ne sais rien de sa carrière, s’il a été malgré tout heureux, s’il a bien vécu de son métier, s’il a souffert de l’abandon, de la maladie. Je ne sais rien. Mais il peut être sûr, de là où il peut me voir, qu’il m’a donné des moments de joie et de plaisir inestimables.
Comme les autres, je vais le ranger dans ma galerie des GRANDS « petits » rôles.
Et en prime, je vous offre la scène de « La chèvre » où j’ai cuit au soleil pour voir la gestation de ce grand moment de cinéma impérissable.



mardi 7 décembre 2010

L'humour au stéthoscope!

Autant vous le dire toute de suite; je déteste tout ce qui a un rapport avec le monde médical. Je fuis les films ou les séries où sévit la moindre blouse blanche, où pointe le moindre stéthoscope.
La série « Urgence » me fait toujours  « zapper » en « urgence ».
Le docteur House est définitivement le docteur « Hide » pour moi! Je ne suis pas plus hypocondriaque que la majorité de mes contemporains mais j'ai simplement une aversion maladive pour le milieu médical. Ceci étant dit, je respecte infiniment la science et le dévouement des médecins et du service hospitalier. Quand j'y ai eu recours, j'en ai toujours été satisfait.
Mais j'ai découvert mon « héros »! Celui qui me fait hurler de rire à chaque fois que je le vois dans cette émission: « Le magazine de la santé, sur la « cinq »: Michel Cymes.
Avec lui, je l'avoue sans honte, j'ai passé des moments de fou-rires, de délires comiques absolument merveilleux.
D'abord, j'ai cru que c'était un journaliste spécialisé dans le médical. Mais pas du tout!
C'est un vrai médecin. Diplômé par la faculté! Un vrai toubib généraliste!
J'ai appris, par hasard, son côté comique par quelques clips vidéo de « zapping » aperçu un soir de fêtes de fin d'année. Mais je me suis dit que c'était occasionnel, accidentel. Grave erreur! Monsieur sévit continuellement. A tel point, que moi, qui étais si réfractaire à toute émission médicale, je me surprends à écouter celle-ci avec une attention soutenue. Mon propos est un peu « malhonnête » et un tantinet « faux-cul » car ce que j'attends ce n'est pas l'information médicale sur un sujet dont je me fous éperdument, mais la grosse vanne de carabin que mon brave Michel va sortir au grand scandale de sa pauvre collègue. Collègue qui vit dans un stress permanent, un stress épouvantable dans l'attente de la blague ravageuse ou la réflexion de comique troupier de son voisin.
Les sommets sont atteints, bien sûr, quand sont abordés les sujets sur la sexualité.
Alors là.....c'est l'apothéose! Le nirvana de la gaudriole médicale.
« Une spectatrice nous dit que son ami a des boules de graisse sur les testicules...! »
Le médecin invité, autre que Cymes, dit alors:
« S'il n'en a qu'un, c'est ne pas grave, mais plusieurs, il faut une anesthésie générale mais bénigne »
Réflexion sortie d'une bouche à la voix gutturale:
« Oui, et puis au moins, cela ne lui coûtera pas la peau des.......... »
Yeux au ciel de sa pauvre collègue!
Et comme cela, des dizaines de fois! Je suis aux anges! Vous allez penser qu'il m'en faut peu, et que j'ai sûrement l'esprit tordu! Tant pis! Je l'assume parfaitement bien!
Mais ne me privez pas de mon docteur  « miracle »! Celui qui arrive à me faire rire de la médecine!
Petit florilège des vidéos de mon « comique des cliniques » préféré:


jeudi 4 novembre 2010

Extinction des feux

Au souvenir de l'effroyable nouvelle dont j'ai pris connaissance, lors d'un voyage familial, tout mon être est encore secoué de frissons d'épouvante. Je vais m'empresser de vous narrer cette expérience terrifiante.
Comme nous voyagions en voiture dans ces lointaines contrées de l'Est, entre Soissons et le Laonnois, mon frère fut pris de la subite envie d'un soulagement liquide et pressant que nous connaissons tous!
Traversant un petit village, la résolution de son drame urinaire nous apparu sous la forme d'un petit café ouvert à une heure encore très matinale, et embrumée d'une bruine cafardeuse.
Dans ce petit troquet sympa, une jeune femme, plus préoccupée par les devoirs de deux petits blondinets, morpions et remuants à souhait, nous accueille d'un air torve et peu amène.
Pendant que mon cher frangin se précipite aux toilettes pour régler son problème de vidange de matières organiques, je suis accroché, en compagnie de mon deuxième frère (car nous formons, une fratrie triangulaire au cas ou je ne vous l'aurais pas précisé!) au bar. Et sur celui-ci repose un quotidien régional sur lequel explose littéralement à mon regard un gros titre à la une:
« PRISON DE L...: IL MENACE LE GARDIEN AVEC UN EXTINCTEUR »!
Ah! Je vous avais prévenu que c'était terrifiant! A la limite de l'insoutenable!
Car vous lisez bien: « il menace »! Encore, il l'aurait « attaqué » ou moins grave « frappé »! Non!
Il l'a « menacé »! Si ce pauvre gardien s'était pris l'extincteur dans le buffet, cela lui aurait au moins calmé ses aigreurs d'estomac pendant une bonne quinzaine de jours!
Vous imaginez la scène d'épouvante? Cet homme honnête, probablement père de famille, plaqué au mur, les yeux exorbités par la terreur sous la menace de la trompe noire d'un extincteur et l'ignoble prisonnier lui criant:
_Passe-moi tes clefs ou je t'éteins!
Oui, parce qu'habituellement, le malfrat qui possède un « pétard », un « feu » c'est à dire un pistolet, aurait plutôt tendance à vouloir « allumer » sa victime! Mais avec un extincteur? Ce serait plutôt franchement ridicule!
Vous ne croyez pas?
Comme le « soulagé » de la vessie est revenu plus rapidement que je ne l'imaginais, et que nous avions déjà bu nos cafés, je n'ai pas eu l'opportunité de savoir comment s'était terminée cette dramatique prise d'otage! C'est par de semblables anecdotes que l'on prend conscience qu'il s'en passe des choses passionnantes et aventureuses dans nos belles provinces. Et que dire du talent de ces reporters courageux de nos petits quotidiens régionaux qui vont dénicher l'information palpitante qui va enrichir l'expérience émotionnelle de nos amis provinciaux?

vendredi 24 septembre 2010

Téléphone « La bavure »!

Dans son infinie complexité et ses situations inattendues, la vie dite « moderne » sait parfois nous offrir des moments d'une cocasserie qu'aucun scénariste, qu'aucun écrivain ne saurait imaginer.
Sortant de chez moi, j'entends soudain le bruit insolent et caractéristique d'un haut-parleur de rue.
Tiens? Un cirque s'est encore installé sur la grande pelouse que notre municipalité a réservé à cet usage. J'imagine alors les fauves sauvages circulant nerveusement dans leurs cages étroites, le grand chapiteau qui se dresse sous les cris des manœuvriers, le dromadaire qui broute une herbe grasse, indifférent à l'agitation qui l'entoure, les caravanes rutilantes des artistes et du personnel, ect....!
Bref! Nous avons tous subi, un jour ou l'autre, ces appels publics de forains itinérants, par haut-parleurs véhiculés sur le toit de guimbardes automobiles plus ou moins bariolées.
Pourtant, pourtant, pourtant, quelque chose me semble bizarre. Une voix de femme! Bon, en cette période de parité militante et active, cela ne doit pas être surprenant. Mais là où cela devient franchement comique c'est que je commence à percevoir des bouts de phrases, des mots qui me font vite comprendre que j'ai affaire à une conversation......privée! Hou! La! La! Mais d'où ça sort?
Comme j'étais en pantoufles, je me précipite chez moi pour ressortir avec des « grolles » plus adéquates et pour partir à la recherche de la source du « phénomène »! C'est ainsi que je m'approche de la haie cachant le parking à voitures du quartier. En levant la tête par dessus la barrière de verdure, je découvre enfin la source sonore. Il s'agit d'une automobile blanche, garée là, avec à l'intérieur un homme. Et je comprends instantanément de quoi il retourne. L'individu a branché son téléphone portable sur son kit « main libre » et ce sont les hauts-parleurs de la voiture qui « éructent » bruyamment la voix de sa correspondante! Moi, bon « prince », je contourne la haie, toque à la vitre de la voiture, mets mes mains en porte-voix et hurle au chauffeur que le quartier est en train de profiter d'une conversation qui ne le regarde en rien! Heureusement, le jeune homme obtempèrent et baisse alors le son indécent de son téléphone.
Ah! Elle est belle la vie moderne. J'imagine un mec sortant de chez lui, montant dans sa voiture, appelant sa maîtresse avec son kit « main libre »:
_Ma chérie, comme d'habitude, à l'endroit convenu?
_Oui, mon amour, mais tu crois que ta femme ne se doute de rien?
_Oh non, elle est bien trop « gourde » pour ça!
C'est alors qu'une tête renfrognée, et féminine, fait son apparition à la fenêtre de la maison du mari volage. Il y a des drames familiaux qui se préparent! C'est moi qui vous le dit!
Vous imaginez le commercial sortant d'un petit pavillon de banlieue, montant dans sa voiture, appelant son patron:
_Bon, je viens de refourguer un contrat à des débiles mentaux! Bon dieu, que les gens peuvent être cons!
Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais je suis sûr que cet homme ne va pas faire une longue carrière dans la vente à domicile!
Enfin, on peut aussi imaginer le conducteur arrêté à un feu rouge où sévissent des policiers traqueurs d'excès de vitesse, et qui téléphone à un copain.
_Si tu voyais la tête d'abrutis des poulets qui sont en train de me regarder.....!
Voilà de quoi augmenter encore un peu plus le nombre de gardes-à-vue annuelles dans notre beau pays.
Vous comprenez, maintenant, pourquoi j'ai intitulé ma petite histoire ainsi. Tout le monde se souvient de Coluche dans « l'inspecteur la Bavure ». Ce passage où, dans sa voiture de fonction, il se trompe de bouton sur sa radio, et au lieu d'une conversation « secrète » il en fait profiter tout le quartier, et surtout les voleurs qui viennent lui balancer son véhicule sur le piédestal d'une statue!
Grâce à nos beaux engins informatiques modernes, toute communication privée va le devenir de moins en moins!


mercredi 21 juillet 2010

La reconversion des « chauffeurs »

Pour pas mal de béotiens, le mot « chauffeur » évoque immédiatement un conducteur de voiture ou de poids lourds. Pour les plus anciens, on peut même pousser jusqu’aux mécaniciens de locomotives. Mais peu savent que les « chauffeurs » étaient de redoutables bandits qui écumaient nos belles campagnes d’autrefois. Quand j’écris « autrefois », je parle du temps des diligences et des malle-poste. Et bien avant les peaux-rouges, celles-ci étaient attaquées par d’affreux jojos sans scrupules. Mais dans les campagnes reculées sévissaient d’autres horribles tortionnaires qui surgissaient la nuit, dans des fermes isolées, afin de les piller. Et comme nos paysans étaient un peu récalcitrants à donner la cachette de leur maigre trésor, nos impitoyables mauvais garçons les torturaient en leur brûlant la plante des pieds. D’où le terme « poétique » et un peu pervers de « chauffeur » !
Dieu merci, cette époque troublée est enfin révolue. Cependant, les descendants de ces redoutables malfrats se sont reconvertis d’une manière plus « sociale » et plus paisible.
Ben ! C’est qu’il faut bien s’adapter à son époque. Mais ce n’est pas facile de rançonner à nouveaux les malheureux touristes et les voyageurs qui sillonnent nos belles contrées.  
C’est compter sans la redoutable ingéniosité de l’esprit humain. C’est ainsi que l’on voit fleurir sur nos belles autoroutes, de loin en loin,  des « relais », arrêts quasiment obligatoires pour l’essence,  la nourriture et les « vidanges biologiques » indispensables,  où vous attendent de braves commerçants qui vous vendent un tas de choses sans intérêts, des babioles touristiques « made in china » à des prix exorbitants dont même un « beauf » de Belleville ne voudrait pas.  Ne cherchez plus ! Ils sont là nos « reconvertis » !
Ils n’ont plus « l’escopette » chargée de gros sel ou le brandon rougissant, mais seulement  le tiroir-caisse triomphant et indolore ! Enfin….pour votre peau, pas pour votre carte bancaire !