jeudi 4 mars 2010

Clauses abusives

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Sur des millions de pékins qui achètent un bien à crédit de par le monde, il doit y en avoir moins d'un sur cent mille qui regardent les clauses de son contrat de crédit. Surtout quand c'est écrit en tout petit pour bien nous décourager de les lire.
Dans un moment de « grande solitude » baignée d'un vague à l'âme doucement dépressif, je me mets à lire celui concernant l'achat d'un magnétoscope,
Mon regard indifférent et assoupi tombe par le plus grand des hasards sur l'article 4 intitulé:
« EXCLUSIONS DES GARANTIES ».
Déjà le titre n'est vraiment pas sympa! On vous fait comprendre tout de suite qu'il va y avoir de la « grande colère » de la part du prêteur si vous faites des bêtises qu'il n'a pas prévues!
Je vous vois venir; vous n'avez qu'une seule trouille, c'est que je commence à les énumérer.
Mais non! Je ne vais pas vous infliger ce supplice! Je vais tout de suite entrer dans le vif du sujet comme on dit quand on a pas de style;
Je tombe en arrêt comme le fox terrier devant la poule faisane. Et je vous prie de croire que je tombe rarement en arrêt devant une poule! « Faisane ou pas »! Ou alors, je m'arrange pour me ma femme ne soit pas là!
Bref! Que lis-je de mes yeux effarés, et bien avant que mon cerveau n'enregistre l'info? Eh oui! Avec l'âge, l'influx nerveux est beaucoup plus lent qu'à vingt ans:
Donc, exclusions des garanties: LES CONSEQUENCES DE LA DESINTEGRATION DU NOYAU DE L'ATOME! Poum!
Là, je vous le mets en gros pour que vous puissiez comprendre que je ne l'ai pas inventé!
Textuel! Y a même pas à interpréter! C'est comme ça! Et n'y revenez pas!
Qu'est-ce à dire?
S'il y a un malheureux noyau d'un atome de mon magnétoscope qui se désintègre, je suis marron?
Pas de remboursement? Mais c'est un scandale! Comment puis-je surveiller les milliards d'atomes qui composent cet engin « high tech » ? C'est dingue, non?
Vous comprenez ce qu'ils ont voulu dire? Je sais que la vie moderne devient de plus en plus complexe, mais alors là, je suis scié! Et puis je vous ferais remarquer qu'ils parlent bien « du noyau » de l'atome! Ce « singulier » est plutôt flou! De quel atome parlent-ils ces escrocs?
Et qui c'est-y qui s'amuse à le « désintégrer » ce putain de noyau? Je ne suis quand même pas responsable de tous les noyaux d'atomes que l'on désintègre quand j'achète un matériel hi-fi!
Non mais vous imaginez un peu jusqu'où va leur rapacité, leur perversité pour se mettre à l'abri de tout remboursement? Ah les gredins!
J'imagine le dialogue surréaliste d'un malheureux essayant de se faire rembourser son appareil:
_Mon appareil ne fonctionne plus, je ne sais pas ce qu'il a.
_Ah! Mon pauvre monsieur, je ne peux rien pour vous. C'est sûrement le noyau d'un atome qui s'est désintégré!
Comme je ne voudrais pas vous laisser partir sur l'impression fallacieuse et humiliante que je serais probablement complètement « neu-neu » (Si! Si!, Je suis sûr qu'il y en a qui le pensent déjà, hypocrites va!) je comprends bien ce qui pourrait casser des noyaux d'atomes, à défaut d'autres choses auxquels, nous les hommes, on tient beaucoup; c'est une attaque nucléaire! Une belle bombe atomique! Ou pire, ces terrifiantes bombes à neutrons qui tuent toute forme de vie, en laissant les objets intacts.
C'est là, en toute beauté, que vous allez comprendre l'incommensurable « crétinerie » du ou des rédacteurs de ce contrat, parce que si nous en sommes au point de recevoir des bombes atomiques sur la tronche, à mon humble avis, nous aurons d'autres « soucis » que de nous faire rembourser un matériel acheter à crédit.

vendredi 11 décembre 2009

Un ange protecteur








Entre la France et l'Angleterre

Quand ils auront fini leur pont
Je pourrai pêcher sans m'en faire
De Paris à London
Z'à London, London {x3}
Pêcher la crevette
Z'à London, London
Pêcher le petit poisson

Vous aurez remarqué que j’aime bien commencer mes petites histoires par une jolie chanson.
Chère Petula Clark ! Une adorable « british » qui a bercé mon adolescence!
Je suis donc parti, avec mon épouse, pour cette cité grouillante de perfides « roast-beef » pour aller voir mon fiston récemment installé là-bas, afin de calmer la grande inquiétude d’une mère au désespoir. Nous les pères, on s’en fout ! On est totalement inconscients et égoïstes.
Dès que « l’oisillon » s’envole, on pousse un gros soupir de soulagement, en pensant cyniquement que cela fait une bouche de moins à nourrir et surtout, plus de place dans la maison. Mais les mères…..Bon !
Je n’insiste pas, vous connaissez aussi bien que moi !
Cela faisait plusieurs décennies que je n’avais pas remis les pinceaux dans la capitale des « grands bretons ». A mon époque, j’avais encore la « joie » et le « bonheur » de prendre divers engins flottants pour rejoindre les bords de la Tamise. Et comme j’ai toujours eu l’idée extraordinaire de voyager l’hiver, je ne vous explique pas les nombreuses fois où mon estomac a été martyrisé par un Neptune en colère.
Là, rien de tel ! L’Eurostar ! Deux plombes et demie, et vous êtes dans le cœur de Londres.
Presque déçu ! Moi qui me faisait une fête de prendre le tunnel. Je me disais ; je vais avoir des sensations bizarres, des sensations fortes. Des frissons d'extases en passant dans le long tunnel, déjà rêvé par Napoléon, mais pour d'autres raisons peu avouables! Eh ben.....rien ! Comme dans un vulgaire métro parisien. Je me suis retrouvé à Londres en me demandant si j’étais bien parti de Paris. Ce qu’il y a de désespérant dans la modernité, c’est qu’elle vous ôte toutes les saveurs merveilleuses que procure l’aventure. Fini le tape-cul de l’overcraft et ses vitres embuées où l’on ne distinguait même pas les vagues de la mer !
Fini la plongée vertigineuse dans les gouffres liquides d’un océan déchaîné. Fini les haut-parleurs crachant sans arrêts des : « On demande d’urgence, le docteur Untel à la passerelle ! ». Fini l’arrivée goguenarde d’un serveur au bar du ferry, et qui lance à la cantonade, au milieu de passagers en train de vomir leurs tripes : « Ah ! Je viens de me farcir un bon steak, ça fait du bien » !
Et maintenant ? On a droit à quoi? A une rame de « métro » aseptisée où la seule aventure est de ne pas renverser son verre de coca sur son voisin de siège, et de pas ronfler en roupillant pour que les lèvres d’une épouse outrée, ne se pincent pas à cause du manque d’éducation de son gros « porc » de mari.
Bref ! Nous avons donc débarqué à Saint Pancras, au cœur de Londres, au milieu de la matinée. « L’enfant prodigue » attendait ses parents à la sortie de la gare. Nous avons pris ensemble le « tube » pour rejoindre notre hôtel dans Sussex Gardens. N’allez pas croire que dans ces « jardins » on se livre à des activités que la morale réprouve, mais le nom de cette belle contrée anglaise a toujours provoqué chez moi, l'hilarité de l'indécrottable potache que je suis toujours resté. Et Sussex Gardens n’est que le nom de l’avenue où se trouvent une ribambelle d'immeubles à loger le touriste, tous identiques, et que l'on nomme bien imprudemment « hôtels ».
Là, nous nous sommes heurtés à une logique tout à fait « anglo-saxonne » n'ayant rien à voir avec la nôtre qui est toute cartésienne. Nous sommes bien entrés dans l'hôtel pour lequel nous avions fait nos réservations. C'est quand nous avons demandé nos chambres que cela s'est gâté! Le concierge nous a fait ressortir pour nous faire entrer dans un établissement, à l'enseigne différente, sur le même trottoir, mais plus loin! Et au troisième étage sans ascenseur, par un escalier d'une telle étroitesse et d'une telle raideur, que cela ressemblait plus à la grimpée sur l'Anapurna qu'à une arrivée dans une suite du Crillon à Paris!
La chambre était correcte, mais sans plus. Par contre, je ne sais pas si nous étions à côté de la chaudière de l'immeuble, mais il y régnait une chaleur suffocante! Et aucun moyen de réglage, bien sûr! Après une nuit sans histoire, nous nous sommes réveillés « frais et dispos », comme on écrit dans les romans à deux balles. J'avais hâte d'aller claper « the breakfast à l'english! ».
Car je sais qu'il est copieux et bon. Pour cela, après la toilette et la descente de notre massif montagneux, nous devions revenir à notre point de départ, ressortir dans la rue, entrer dans l'hôtel, traverser un couloir, descendre dans le « basement » où se trouvait la salle du restaurant. Tous ceux qui connaissent l'architecture des villes anglo-saxonnes, comprendront la disposition de cette salle, en sous-sol donnant sur une minuscule cour, entre le mur et le trottoir. Dès l'entrée nous apercevons quelques tables et chaises bien rangés, dans un décor d'une banalité à pleurer. Un jeune homme est déjà assis, qui nous fait face et qui nous souri. On s'installe sur une table devant lui. Je me défais de mes vêtements, ainsi qu'Annie. On se met à l'aise, et l'on va à la pêche des bonnes choses mises à notre disposition. Rien que du très ordinaire. Distributeur de café, de lait chaud, et un grille pain avec un curieux petit tapis roulant qui a du faire la joie d'un gagnant d'un « concours Lépine » londonien. Bref! On va se ré-asseoir avec nos victuailles, et nous déjeunons sans problèmes. La salle se remplit des clients de l'hôtel. Un couple de femmes, une famille en voyage, un homme solitaire, etc...
C'est au moment de partir que le drame survint! Et quel drame! Je mets mon manteau et au moment de saisir ma mallette en cuir contenant tous mes papiers, je m'aperçois avec horreur qu'elle a disparue! Et je comprends, en une fraction de seconde qu'on ME LA VOLÉE! Il n'y a pas d'autre hypothèse!
Car je suis sûr et certain de l'avoir prise avec moi, d'antan plus que nous devions sortir nous promener après. Je suis pétrifié par l'angoisse et la surprise! Même pas en colère! Seulement angoissé! Je fonce à la chambre par acquis de conscience en sachant pertinemment que je n'y trouverai pas ce que je cherche. Effectivement. La mort dans l'âme (encore une banalité) je retourne à l'hôtel. Là, mon épouse qui avait déjà discuté avec la serveuse, m'apprend que le « charmant » jeune homme qui nous avait souri en entrant, s'était rapproché de notre table pendant que nous étions parti chercher nos agapes, était brusquement sorti, non sans avoir souri cyniquement à la serveuse! Dare dare, on fonce voir le concierge qui compatit à notre douleur. Moi, à cet instant, j'avais plutôt envie de l'étrangler et de taper sur tout ce qui bouge et qui parle anglais. Enfoirés de roast-beef! Je suis au trente sixième dessous! Une brusque et terrifiante dépression me tombe sur les épaules. Je prends conscience que notre voyage, à peine commencé, est déjà terminé, et sombre, comme un vaisseau français à la bataille de Trafalgar! Ah Ouais! Vraiment « perfide Albion » Il ne suffit pas qu'ils nomment tous les monuments et les toutes rues de toutes les « branlées » qu'ils nous ont mises, il faut, en plus, qu'ils nous détroussent comme au fond d'un bois! Et pas de Sherwood, celui-là!
Avec sa voix navrée de faux derche, notre concierge, à qui j'aurais bien flanqué des baffes pour me soulager, nous indique l'adresse du commissariat de police du quartier. Nous nous y rendons à pinces, avec un cafard d'une tonne sur l'estomac! Nous sommes accueillis par une « fliquette » un peu grassouillette, boudinée dans son uniforme, mais au visage encore poupin.
Derrière sa vitre blindée, elle nous demande ce que nous voulons. Bon! J'essaie de lui demander si elle « cause french » Que nenni! Bien sûr! Alors je suis obligé de lui ressortir mon anglais « Assimil » scolaire, modèle 60, réformé 82! C'est pas de la tarte! J'essaie de lui faire comprendre qu'un vilain compatriote à elle, un « pas beau » qui méritait d'être pendu, même si la peine de mort n'existe plus au pays de la « Queen », ce qui est bien regrettable, m'a fauché tous mes papiers. Avec force gestes, mimiques, elle me demande l'inventaire de ce que l'on m'a dérobé. Et là, je perçois l'ampleur du désastre! Outre mon passeport, il y a ma carte d'identité, mon permis de conduire, mes cartes de crédit, mon chéquier, un téléphone portable tout neuf et son alimentation, mon « laguiole » fétiche, un couteau suisse, des piles pour mon appareil photo, sans oublier ma belle sacoche en cuir noire, toute neuve...La totale! Pire que ça, c'est pas possible! Et dans une ville étrangère, de plusieurs millions d'habitants! Mais pas un fifrelin! Pas un centimes, pas un penny dedans! Ce qui ne me console nullement! Les démarches durent bien une bonne heure. Un collègue à la jeune « fliquette » obtient même de mon opérateur téléphonique, la suspension de ma ligne.
Un incident, malgré tout, a réussi à me dérider l'espace d'un instant. Un rastaquouère débarquant brutalement dans le commissariat, et parlant la langue de Saladin, interpelle la jeune « fliquette » dans son sabir méditerranéen. Moi, je me dis, en mon for intérieur: « si elle ne comprend pas un mot de la langue noble, géniale, et universelle de Molière ou de Racine, ce n'est pas pour discuter avec cet oriental! » Ah la surprise! Mademoiselle s'est alors lancée dans une conversation animée et véhémente avec notre homme, qu'on aurait dit le père et la fille! Comme si elle était plutôt née du côté de Damas, ou du Caire, que de Liverpool! Hallucinant!
Bon! D'accord! Londres est une ville très cosmopolite! Mais tout de même! Les flics anglais devraient au moins connaître la langue de leurs voisins, non?
Bref! A la fin de nos démarches, cette Shéhérazade de commissariat nous indique l'adresse du consulat de France à Londres pour que je puisse obtenir au moins un visa de sortie! Heureusement, mon épouse a gardé nos billets de train! Au moins, on pourra s'échapper de ce « coupe-gorge »! C'est déjà ça! On reprend le chemin du retour, en repassant à notre hôtel, histoire de souffler et de savoir où se trouve ce consulat. « Faux derche 1° » nous l'indique complaisamment. Mais nous devons reprendre le métro pour y aller. C'est de l'autre côté de Hyde park, dans un autre quartier. Nous débarquons dans la rue indiquée par le concierge. En arrivant près de l'adresse indiquée, nous apercevons une longue queue devant une entrée surmontée d'un drapeau tricolore. Pas de doute! C'est bien là. En faisant la queue, nous discutons avec un compatriote qui habite la ville et auquel nous narrons notre malheur.
Un immense black fait le service d'ordre, et canalise par petits groupes, les entrées dans l'immeuble. Heureusement, le temps d'attente n'est pas bien long, et « l'armoire à glace » d'ébène nous laisse bientôt entrer. J'aperçois alors, un très jeune homme, d'une vingtaine d'année, debout devant une grande table et que me demande immédiatement la raison de ma venue. Je lui dit que je viens de me faire dérober mes papiers et que je viens demander un visa pour rentrer. Je n'ai même pas le temps de terminer ma demande qu'il me fait cette réponse qui me stupéfie encore maintenant:
« Vous êtes monsieur Gilbert? C'est bien ça? On a RETROUVE votre sacoche! »
Poum! Sur le cul, que je suis! Quoi? Je suis tellement stupéfait que ma cervelle subit une léger étourdissement. Je suis incrédule:
-Vous êtes sûr que c'est bien moi?
- Oui, me fait le fonctionnaire!
-Vous vous appelez bien Gérard Gilbert?
-Oui!
-Alors, c'est bien vous! Mais votre sacoche n'est pas là! Elle se trouve à l'ambassade de France!
Je ne peux cacher ma stupéfaction en explosant un: « mais c'est le miracle de Noël? »
C'est alors que surgit sa supérieure hiérarchique qui a entendu notre conversation.
Comme elle ne connait rien de cette histoire, elle a un doute. Elle nous demande d'attendre dans une pièce annexe, pour téléphoner à l'ambassade, et avoir la confirmation de la récupération de ma sacoche.
Mon cœur rate encore un battement. C'est tellement énorme et incongrue que je ne peux encore y croire. La jeune femme va m'annoncer qu'ils se sont gourer, que c'est pas moi, que c'est un autre, etc..!
Mais non! Elle revient au bout de quelques minutes, en me confirmant la bonne nouvelle. Elle prend même la précaution de me donner son numéro de portable, car l'ambassade n'étant pas un lieu public, il faut une instruction spécifique qu'elle a donnée aux diplomates, pour que nous puissions y entrer. « Ils » nous attendent, parait-il! Je sors sur un nuage. Ne réalisant pas encore la réalité de la situation.
L'ambassade de France n'est pas dans le même quartier, mais pas trop loin. C'est pourquoi nous décidons d'y aller à pied, puisqu'il fait un beau soleil. De « Cromwell road » à « Knightsbridge road », le chemin n'est pas trop long. Ce qui nous a permis de passer devant les célèbres magasins « Harrods » de mister Al Fayed, le papa inconsolable de « Dody »!
L'ambassade de France est un bâtiment en réfection et entièrement bâché. Nous le reconnaissons au drapeau tricolore qui flotte à l'entrée. On passe sous des échafaudage pour atteindre l'entrée monumentale. Là, sur le côté, se trouve un petit portier électronique, avec des touches d'appel. J'appuie, et j'attends.
-Oui? C'est à quel sujet? Fait une petite voix féminine, un tantinet gamine!
-Heu! Je suis monsieur Gilbert et.......Je n'ai même pas le temps de terminer ma phrase!
-Ah oui! On vous attend! Votre sacoche est là!
Un déclic, et la grande porte en bois pivote pour nous laisser entrer.
Dans le hall, trois personnages inquiétants, à la mine peu engageante, nous dévisagent. La femme au portier, située derrière un guichet à la paroi vitrée me tend ma précieuse et aventureuse sacoche en prononçant cette phrase impérissable:
« Elle est intacte! Il ne manque rien! »
???? Comment le sait-elle? Devant nos mines étonnées et interrogatives elle s'empresse de nous dire qu'un « monsieur » la ramenée ici, et qu'il a même laissé une carte de visite qu'elle nous remet aussitôt. Circulez! Il n'y a plus rien à voir. Tout ceci n'a même pas duré une minute. Nous nous retrouvons dehors, devant l'entrée. Et là, sur un petit muret, je me prends à faire l'inventaire de ma sacoche. Et bien, chose extraordinaire! Il ne manque RIEN!
Tout est là! Tous mes papiers, mes cartes de crédits, mon couteau, mon téléphone portable et son alimentation. Et même les piles de mon appareils photo! Hallucinant, non?
Moi qui n'ai jamais de pot aux jeux, pour l'excellence raison que je n'y joue jamais, je viens de toucher un gros lot inespéré! Me faire voler de précieux objets, de précieux documents dans une ville étrangère de plusieurs millions d'habitants et les retrouver même pas deux heures plus tard! Vous le croyez, ça, vous?
Moi, je n'en suis toujours pas revenu!
Nous avons, bien évidement téléphoné, envoyé un mail à la personne de la carte de visite pour le remercier et savoir dans quelles circonstances il avait pu retrouver ma sacoche: jamais eu de réponse!
Vous pensez sûrement, à tort, que ce « happy end » clôt cette histoire rocambolesque?
Que vous êtes naïfs mes enfants! Car je ne vous ai pas encore parlé du volet mystique et surnaturel de cette aventure.
Si! Si! Il y a bien un volet mystique et surnaturel. Je suis pourtant un rationaliste pur sucre.
Comme la plupart des hommes de ma génération, je me fous comme d'une guigne de toutes ces histoires de spiritisme. Les horoscopes, dont se gavent nos compagnes dans leurs revues féminines, m'ont toujours fait hurler de rire. Les voyantes extralucides, les chiromanciennes, les tireuses de cartes, les liseuses dans le marc de café, ont toujours été pour moi que d'incorrigibles et détestables arnaqueuses, profitant sans vergogne de la crédulité incommensurable de leurs congénères dans ce domaine. Même si notre génial Victor Hugo faisait tourner les tables dans son exil à Guernesey, même si Camille Flammarion, et Conan Doyle en étaient de fervents disciples, moi, les « esprits » je les laisse chez eux! Qu'ils nous foutent la paix! On a assez de nos soucis terrestres pour qu'ils ne viennent pas nous casser les....Alors qu'on ne leur demande rien! Surtout moi!
Quoi que! Quoi que! Comme le disait Raymond Devos au début de l'un de ses fameux sketchs! Quoi que...........J'ai honte!
Car maintenant, je vais faire une confession très douloureuse! Un vrai « coming out »! Et même s'il ne s'agit pas de révéler à ma famille une homosexualité qui n'a jamais sévit chez moi, l'aveu que je vais faire est presque aussi scandaleux! Mais tant pis! J'en ai trop dévoilé pour ne pas continuer.
Beaucoup de mari déteste leur belle-mère! Allez savoir pourquoi! Moi, ce ne fut pas le cas. Au contraire! Belle Maman a toujours été une femme adorable à mon égard, en me défendant parfois contre sa propre fille! C'est vous dire! Malheureusement la vie est cruelle, et cette gentille personne devait disparaître trop rapidement, après mon mariage à la suite d'un cancer. Mais, plusieurs années plus tard, dans un accès de faiblesse de ma part, à la suite d'un ennui particulier, je me mis à parler à feue ma belle-mère comme si elle était encore vivante.
Et Ô miracle, elle m'exhaussa en dissipant mon problème passager par une intervention mystique autant qu'inexplicable! Le plus incroyable, c'est que cela se reproduisit à plusieurs reprises! Moi, toujours l'indécrottable incrédule que je suis resté, je me refusais toujours à croire à toutes ses sornettes.
Le « hasard »! Ah! Le merveilleux « hasard » qui sauve tous les gens terrorisés par l'irrationnel! Heureusement qu'il est là, ce bon « hasard » pour nous rassurer et nous faire dormir tranquillement. S'il n'existait pas, vous imaginez l'angoisse? C'est alors que je me mis à frissonner de tout mon corps. Car je venais brusquement de me souvenir de quelque chose qui s'était produit pendant notre aventure. Lors de mon retour du commissariat vers notre hôtel, tout en marchant, j'invoquais encore belle-maman: « ma chère Simone, je sais qu'une sacoche perdue ce n'est pas dans vos attributions, c'est peut-être un peu trop gros pour vous et je ne vous en voudrais même pas si vous ne me donniez pas un petit coup de pouce! Mais pensez à votre petit-fils, si nous sommes obligés de rentrer à la maison? »
Voilà! Ce fut simple comme une conversation! Oserais-je dire "comme un coup de fil avec l'au-delà" Et une demie-heure plus tard, je retrouvais ma sacoche! Vous ne croyez pas à cette « fable » surnaturelle? Ben vous avez tort! Cette histoire est pourtant parfaitement authentique. Si ce n'était pas le cas, elle n'aurait aucun intérêt.
Je ne crois toujours pas aux « esprits »! Sauf à celui de ma belle-mère et à celui de Mortimer Peabody, l'ancêtre de ma chère Pétula:

Mon ancêtre Mortimer, Mortimer Peabody,
A perdu une autre guerre contre les Français
Il s'est si bien habitué au ciel de Paris
Qu'il ne veut plus le quitter, même pour une nuit
Quand je vais à Londres aujourd'hui
Mortimer me crie

Que fais-tu là, Petula ?
What do you do there ?
Ramène-moi, Petula,
Aux Folies Bergères

Que fais-tu là, Petula,
Si loin de Paris ?
Les Parisiennes, Petula,
Very good for me !

Leurs fantômes sont si jolis, moi, je veux rentrer
Pour hanter toutes les nuits les Champs Elysées
C'est très extraordinaire
Ce fantôme anglais
Qui a fini par se faire...
Naturaliser !



mardi 8 décembre 2009

La banquette du Fouquet's


« Objets inanimés, avez-vous donc une âme »! Lamartine


Bon! Je sens que des râleurs impénitents vont encore me dire que je fais dans la facilité. De toutes les manières, de moins en moins de personnes connaissent les vers d'Alphonse! Il suffit de voir les réponses débiles faites à des jeux faussement culturels à la télé, pour se rendre compte quels sommets d'inculture sont maintenant atteints par nos charmants compatriotes!
Pour les histoires de fesses de chanteuses hydrocéphales, ils sont incollables! Mais pour connaître les œuvres immortelles de nos grands génies, là, ils sont aux abonnés absents!
Bref! Pour sortir de cette morosité qui me tombe soudain sur les épaules, je vais vous raconter l'histoire incongrue d'un objet curieux.
C'était à l'occasion du baptême d'un de mes petits neveux. Nous avons tous subis ces cérémonies familiales où il faut se farcir la messe, les embrassades plus ou moins sincères, les pompes qui font mal aux pieds, la mauvaise humeur du conjoint, les échanges de nouvelles dont tout le monde se fout et qui seront oubliés cinq minutes plus tard, etc... Mais nous avons droit, aussi, à l'apéro, au « drink » ou au buffet. Ce jour-là, une belle tente blanche abritait dans le jardin de la propriété des parents un banquet d'une dizaine de mètre de long fait de grandes tables et de chaises.
Tout en me baladant, un verre d'apéro à la main, je me rapprochais d'un meuble qui aurait pu être banal et sans intérêt s'il ne s'était pas agi d'une banquette de bistrot recouvert d'un velours aux motifs tarabiscotés, d'un mauve surprenant, et sur lequel papotaient gentiment quelques invitées.
Moi, ayant toujours une curiosité de vielle chatte ménopausée, je profite de la présence de ma belle-sœur dans les parages pour lui demander d'où vient cet objet.
Elle me dit alors, sur le ton de la confidence, que cette banquette provenait du mobilier du célèbre restaurant parisien, le Fouquet's pour ne pas le nommer! Ce pauvre meuble fut sauvé in-extrémis d'une destruction annoncée lors d'un « relookage » du dit restaurant, par une vente aux enchères.
Vente aux enchères destinée sûrement à amortir les frais colossaux des travaux. Y a pas de petites économies! N'est-ce pas? Même aux champs Élysée!
Ah! Mais ça changeait tout! Vous pensez bien que je le regardais soudain, ce « velours » avec un autre œil! Et pas avec un « œil de velours », celui réservé aux seuls prédateurs amoureux! Non! Avec l'œil du voyeur, du « paparazzi » des souvenirs culturels et artistiques.
J'imaginais soudain, et en un quart de seconde, les augustes fessiers, les postérieurs célèbres qui avaient dû écraser cette pauvre banquette pendant des décennies! Le tout Paris artistique, littéraire et politique de la capitale pendant près d'un siècle! Fernandel, Gabin, Maurice Chevalier, Mistinguett, etc... La liste est tellement longue qu'elle en donne le tournis! Que j'aurais aimé faire partie d'une de ces petites touffes de laine, fondue dans le velours, pour écouter les discussions de contrats entre FrançoisTruffaut et son producteur! Ou entendre délirer Godard sur ses improbables scénarii!
Et que dire des échanges savoureux entre amants célèbres! Entendre Pierre Fresnay « engueuler » Yvonne Printemps lançant des œillades peu discrètes à son voisin de table. Tout un monde s'agitait, revivait soudain devant moi. Il a fallu qu'un abruti anonyme me réveillât brutalement pour me dire que nous pouvions passer à table, pour me pousser hors de ma rêverie nostalgique. Et oui, mon cher Alphonse! Les objets inanimés ont bien une âme. Celle forgée par nos souvenirs et par notre culture. Encore faut-il qu'il y ait « souvenirs » et « culture »!
Mais ceci est une autre histoire comme le radotait souvent un vieux franc-maçon britannique de ma connaissance.


vendredi 30 octobre 2009

Dedeuche mode

Voyez comme les souvenirs vous sautent à la figure d’une manière parfois incongrue.
Pénétrant dans une grande surface, pour y faire quelques achats de bouche, je tombe sur une magnifique 2CV Citroën, toute neuve, comme si elle sortait de l’usine du quai de javel. Mais « customisée » à mort, comme une « pute » pour la « réclame » d’une marque de pastis dont un vieux caïman de la politique en avait été le représentant dans sa jeunesse.
En retirant son maquillage outrancier, en la repeignant d’un gris sale, et en y ajoutant quelques détails cocasses, je me suis souvenu de « titine » ma première « dedeuche » !
Il faut dire qu’elle avait déjà une personnalité extraordinaire dû à l’amour quasiment charnel de celui qui me la vendait alors, à regret, des sanglots dans la voix. Un jeune passionné qui avait voulu refaire « la croisière noire » en Afrique et qui, pour de sombres questions pécuniaires, avait dû y renoncer. C’est ainsi qu’il avait ajouré les garde-boue arrière comme on raccourcit la belle jupe d’une dame pour lui permettre de mieux courir. Plus prosaïquement, pour favoriser les dé-ensablements prévus lors des traversées de désert tant rêvées ! Mais la transformation technique la plus remarquable était la pose d’un réservoir supplémentaire de soixante litres, sous la banquette arrière ! Transplantation «d’organe » provenant de feue une DS19. A part une très légère odeur d’essence et une petite élévation des fessiers des passagers arrières qui les obligeaient à courber la tête, on ne voyait pas trop de différence avec le modèle standard. Bon ! Il y avait bien deux bouchons de réservoirs distincts, ce qui pouvait surprendre le premier pompiste venu. D’ailleurs, ça n’a pas tardé !
Lors de mon premier ravitaillement, je laissais sadiquement l’employé à sa perplexité, car à cette époque bénie, on était encore servi par un être humain! Lorsque le compteur de la pompe atteignit les 58 litres, je saisis une brutale lueur d’étonnement dans son regard.  Je le vis alors, regarder à droite et à gauche, soupçonneux, comme un voleur préparant un mauvais coup, puis s’approchant de moi, me susurra à l’oreille :
« Vous n’êtes pas un complice de la « caméra cachée » de la télé ? »
Devant ma dénégation formelle, je vis une déception rageuse dans ses yeux et un mépris qui accéléra notre séparation. 
Cette provision d’essence me permettait de ne passer à la pompe que tous les deux mois. Le réservoir normal me servant de « réserve » en manipulant un petit robinet sous le volant.
Je ne suis pas sûr que le service des mines fût au courant de ces légères modifications techniques. Comme de bien entendu, il m’arrivait de transporter des copains. Surtout en cette époque de jeunesse turbulente où nous avions une terrible envie de bougeotte. 
C’est ainsi que j’emmenais des collègues à moi, sur les grands boulevards parisiens avec titine ravie de cette escapade urbaine. Malheureusement, lors d’un démarrage un peu « sec », à un feu de signalisation passé au vert, j’entendis des cris de détresse provenant de l’arrière ! En regardant dans mon rétroviseur, je vis ce spectacle ahurissant de deux paires de guiboles pointant en l’air, et dont les pinceaux touchaient  la capote de la voiture.  J’avais oublié ce petit détail fatal à mes deux amis : la banquette n’était pas fixée au réservoir.  Je ne vous explique pas les durs moments de solitude qui suivirent, et qui ne furent pas les plus glorieux de mon existence ! Car dans l’impossibilité de redresser la situation (si j’ose dire !) je dus évacuer les deux « victimes » par la porte du coffre. Et en plein boulevard Saint-Germain, au milieu d’une circulation intense, et des coups de klaxon rageurs, la situation fut dantesque !
Mais cette brave «dedeuche » me rendit de tels services par la suite que je ne lui en ai jamais voulu.  Et comme navire insubmersible au milieu des tempêtes, on pouvait compter sur elle.
C’est ainsi que je subis l’un des plus violents orages que je n’ai jamais connu dans une voiture. Les trombes d’eau étaient tellement violentes que l’on ne voyait même pas à un mètre !
J’étais sur l’autoroute du Nord, et ma passagère, morte de trouille, croyant sa dernière heure arrivée. C’est alors que je vis avec un amusement sadique de nombreuses voitures arrêtées sur la bande d’arrêt d’urgence, le moteur noyé. Des grosses voitures ! Des voitures modernes ! Des « béêmes » etc… Alors que ma  « chaloupe » et ses deux « rames »  nous ramenèrent, sains et saufs à la maison.  Ce n’est pas elle qui allait être impressionnée par quelques gouttes d’eau ! Ah ! L’ingratitude et le cynisme de la jeunesse. Je ne sais pas comment mourut « titine ». J’en n’ai même plus le souvenir. Je l’ai lâchement vendu pour acheter une R4 Renault.
Mais ce n’est sûrement pas elle qui se serait prostituée pour une boisson alcoolisée qu’on ne peut même plus boire au volant sous peine de sanctions graves !
Ah ! La « fauchetonnerie » des commerciaux ! Elle n’aura jamais de « bornes » celle-là !  

dimanche 25 octobre 2009

La parité dans le poil

Tout le monde n’ignore plus que nous vivons dans une société qui patauge dans la parité
« homme-femme » jusqu’au cou ! Tout est fait pour supprimer ces particularités, ces petites choses idiotes qui pendant des siècles, et même des millénaires, nous ont fait stupidement croire que les hommes et les femmes étaient différents.
Quelle idiotie ! J’vous jure !
Heureusement qu’un tas de gens intelligents et cultivés nous ont remis dans le droit chemin de la vérité. Donc, nous les hommes, nous sommes résignés à comprendre, que désormais, les femmes font tout aussi bien que nous ! Strictement tout ! Aussi bien…ou aussi mal ! Ils y en a même qui prétendent qu’elles seraient plus intelligentes que nous !
Mais ce matin, une étape supplémentaire, totalement imprévue dans la course à la parité, me tombe dans les trompes d’eustache, alors que je faisais paisiblement ma toilette.
Une jolie voix féminine débite un slogan publicitaire pour un produit dont j’ai totalement oublié la marque et même la finalité. C’est alors que j’entends cette phrase désormais impérissable dans ma mémoire, et jusqu’à la fin de mes jours ;
« la chute des cheveux, un problème typiquement féminin… » ! Ouaps !
Les miens se sont rebellés immédiatement en se dressant au-dessus de ma tête ! Qu’est-ce à dire ? En tâtant le « nid de condor » derrière mon crâne où plus un poil ne pousse, je me suis demandé avec angoisse si je n’avait pas viré ma cuti pendant la nuit. J’ai même palpé le bout de mes tétons pour voir si mes seins n’avaient pas pris de l’ampleur.
Quoi ? « typiquement féminin » ? C’est alors que j’ai repensé à tous ces malheureux mâles se promenant avec leur « porte-avions » à mouches, que ne dissimule même plus un beau couvre-chef, vu que ce n’est plus la mode depuis « belles burettes » ! Hein ? Heureusement pour eux que la calvitie est un problème « typiquement féminin » ! Car ils s’en foutent royalement de la chute de leurs cheveux ! C’est bien connu ! Cela ne leur pose aucun « problème » Ils laissent cela, très galamment, aux femmes !
Mais le jour où la prostate sera devenu un problème « typiquement féminin », alors là…..je demanderai à voir !

jeudi 13 août 2009

Le pirate humanitaire

Dans mon bureau du bord de piste, je baille ferme, car la faim me taraude l'estomac. Une grande baie vitrée m'ouvre la vue sur le tarmac de la piste de l'aérogare d'Orly Sud, et précisément sur le cul des avions qui sont garés « nose in », c'est à dire face au bâtiment. J'ai un bon boulot. Je suis coordonnateur d'aérogare. Mon job consiste à fournir des bus pour les passagers des avions qui ne sont pas garés au contact de l'aéroport, aussi bien pour l'embarquement, que pour l'arrivée des vols. Tous les avions n'ont pas la chance de bénéficier de belles passerelles télescopiques pour le confort pédestre de leurs passagers. Donc, suivant la taille des aéronefs, j'en envoie, un, deux, jusqu'à six quand il s'agit de « vider » ou de « remplir » un 747, par exemple. Pour ce faire, j'ai un beau micro et je « cause dans l'poste », par radio, pour donner des ordres à mes chauffeurs de car.

_N°20! Vous allez en « delta 15 » sur le vol « Pan Am 118 » en « H moins dix » à l'arrivée!

Sur le côté du bureau trône une « bizarrerie », une chose
« antédiluvienne » nommée « Teleautograh »
d'où sort un rouleau de papier. Sur ce ruban blanc s'agitent deux bras en alu emprisonnant un stylo qui m'écrit les informations nécessaires à ma mission. Il s'agit du numéro de vol de l'avion qui vient de se poser et surtout de son numéro de parking que mes potes du PCR lui ont attribué. Le PCR, c'est la tour carrée, flanquée d'une horloge, faisant face à l'aérogare et que vous apercevrez peut-être quand vous serez dans le grand hall vitré, au premier étage, et que vous daignerez regarder dehors, en direction des pistes d'envol. Dans ce bocal perché à 15 m bossent nuit et jour, mes collègues dont la mission est d'attribuer une place à nos gros oiseaux mécaniques.
Mais j'aurai l'occasion de vous en reparler un autre jour, car j'ai aussi « sévi » dans cet aquarium infernal.
Oui! C'est bien moi! Et la régulation cars, vous l'apercevez derrière moi, à l'extérieur! Mesdames! Ne fantasmez pas! Je ne ressemble plus à ça, du tout, depuis longtemps! la photo est prise de la vigie du PCR!

Pour les départs, de charmantes hôtesses, à la voix «bandante à souhait », me passent la « commande » par « bigophone ». J'ai alors, à ma disposition, un écran de télévision sur lequel je peux voir la rangée des fameux « strips » qui me donnent le numéro de parking de l'avion. Le « strip » dans le jargon de la navigation aérienne, est un long ruban de papier, sur lequel se trouvent toutes les informations importantes concernant un avion en vol, et le plus souvent, disposé sur une réglette en plastique. Par extension, et surtout par snobisme, nous en avons récupéré le terme. C'est vous dire la « modernité » de nos moyens de communications! Quant à mes « boys band motorisés » Si une grande partie de ceux-ci se trimbalent sur les aires de parking, l'autre patiente près de moi, dans une pièce qui ressemble à une salle d'attente de chez le dentiste. Nous sommes séparés par une vitre et un guichet de postier par lequel je leur file leur ordre de mission.
Il y a plus de « Mohamed », « d'Ibrahim », « d'Abdalah », « d'Antonio »,
« de Jésus » que de « Jacques » ou de « Michel ». Mais tout ce petit monde s'entend à merveille, et les conflits sont rares. Ça bouquine des revues, ça braille, ça rigole, ça boit du café, ça s'interpelle, ça chahute pour tuer le temps qui passe. Rien que du très courant, et du très ordinaire.

Mon estomac proteste comme un chat qui réclame sa pâtée. Cela tombe bien, mon collègue revient de la cantine pour me relever. Je lui file les consignes et les vols en cours, puis je mets ma belle veste bleu-roi dont le bas des manches est orné de deux beaux galons dorés, me donnant l'allure d'un lieutenant de l'Armée de l'Air! Mais avec ma belle « gâpette » flanquée au centre d'un magnifique blason cousu de fils d'or, j'ai plutôt l'air d'un pilote de ligne! Mais « l'air seulement »! Je vous rassure!
Je sors donc du bâtiment « 401 » (c'est son matricule) et je m'engage sur la piste tracée à la peinture, à même le sol, qui mène au bâtiment principal. Cette « voie » est le chemin obligatoire par lequel passent les employés et les différents véhicules de service. Je traverse d'un pas serein, en rêvassant comme à mon habitude. Mais au milieu du passage, j'ai sur ma droite, à une distance d'à peine une dizaine de mètres, un bon gros Boeing 707 de la PIA (compagnie aérienne pakistanaise) qui vient de terminer son « push-back » et qui me brise les oreilles du sifflement de ses quatre réacteurs tournant pourtant au ralenti.
Le « push-back » est l'opération qui consiste à repousser un avion au moyen d'un tracteur de piste, petit mais « mahousse costaud », pour mettre le gros « zoisiau » en position de roulage. Car ce brave appareil ne peut pas reculer tout seul. Pour l'anecdote, sachez qu'autrefois (et je l'ai connu!) les avions étaient positionnés
« nose out », c'est à dire le nez tourné vers l'extérieur.
Ils pouvaient donc partir tous seuls comme des grands. Le seul très léger « inconvénient » était que pour s' élancer, ils devaient mettre les réacteurs à fond, pour vaincre l'inertie. Ce qui occasionnait pour le moins grave, un surplus de
« climatisation » intempestive dans les salles d'embarquement. Encore, l'hiver, cela pouvait se supporter aisément, à part une très légère odeur de kérosène. Mais l'été, c'était franchement superflu! Et pour le pire, cela envoyait valser en l'air objets et personnels! Question « hygiène et sécurité » c'était pas l'idéal. Pour revenir à mon « Boinge » en attente, je m'amuse à voir les têtes des pilotes et leurs « mimines » qui s'agitent à compulser un tas de paperasses! Ce que j'apprendrais plus tard, c'est que ces papiers, c'est mon propre frangin qui les leurs avait fournis. Etonnant non? Ce genre de détails ne peuvent pas s'inventer. Car mon frère travaillait alors au « centre opérationnel d'Air France » et la PIA était une compagnie assistée par les français. Il était celui qui remettait aux commandants de bords, les dernières informations techniques concernant le vol futur. C'est pas tout ça, mais mon estomac me réclamant toujours d'avantage, je continue mon chemin. Je pars donc claper comme un furieux à ma cantine d'entreprise qui se situait alors au deuxième étage avec vue imprenable sur la nationale 7, et les parkings à voitures. Une bonne heure plus tard, après le café, les discussions avec les copains, le lèche vitrine du sous-sol, je repars en direction de mon boulot.
Je retraverse la piste. Et là, m'attend une surprise de taille!
Mon « Boinge » est toujours là! Il n'y a plus de tracteur de piste. Il est donc prêt à partir. Mais il ne bouge toujours pas! Oh!Oh! Est-ce le même appareil? C'est plutôt étrange!
Aurais-je loupé une « rotation »? Oui! Car un autre appareil est peut-être venu prendre sa place entretemps! Et nos « rotations », surtout au contact, peuvent ne durer que quarante minutes parfois!
Et ben non! C'est bien le même 707 de la PIA! Mais qu'est-ce qu'il fout là? Un problème technique? La navigation aérienne lui a repoussé son plan de vol? Encore plongé dans mes interrogations, je franchis la porte de la régulation cars! Et là, mon collègue me saute sur le paletot comme un furieux, en ne me laissant même pas le temps d'arriver!
_Gilbert! Gilbert! Tu sais pas ce qui se passe sur le 707 ?
_Ben non! Fais-je lamentablement!
_Y a des pirates de l'air dans le poste de pilotage!
_Non? Tu plaisantes?
_Si! Si! Je t'assure!

Je prends conscience que je viens de passer à quelques mètres d'un drame dont je n'ai même pas soupçonné une seconde, la tragique réalité!
Mais le plus « inouï », et je suis sûr que vous l'avez noté comme moi, c'est qu'aucune force de police, qu'aucun membre du GIGN (qui n'existait pas à l'époque) ne m'a empêché de traverser les pistes! Je suis passé tranquillement, comme Baptiste, sous le nez des preneurs d'otages.
Je me demande même ce qu'ils ont dû penser en me voyant traverser en uniforme. Mais pas un gendarme, pas un flic à l'horizon! Je n'ose pas imaginer la même situation à notre époque.
Et pourtant, je vous garantis l'authenticité de cette histoire.
Je n'ai pas besoin de vous dire qu'on « zieutait » ferme, à travers la baie vitrée, pour voir ce qui se passait, là-haut, dans la cabine. A vrai dire! Pas grand chose! Désolant d'ennui, ces longues minutes d'attente! Mais le plus frustrant, c'est que ma vacation se terminait à quinze heures, et la prise d'otages n'était toujours pas terminée! Que pensez-vous qu'il arriva? Ben rien! J'ai retraversé tranquillement la piste, toujours sous le nez de mon « boinge » piraté. Il n'y avait pas de raison de se priver, puisque personne ne m'en empêchait! Vous pensez que j'ai eu peur? Même pas!
Vous pensez que je suis courageux? Même pas! Car je n'ai pas envisagé une fraction de seconde qu'ils puissent me tirer dessus! C'est donc tout banalement, de chez moi, dans mon petit studio, à la télé que j'ai appris, non seulement la fin de la tragédie, mais tous les détails de cette histoire rocambolesque. Déjà, il n'y avait pas plusieurs pirates, mais un seul! Oh! Mince alors! Cela diminuait terriblement la valeur de mes « exploits ». Et ce « pedzouille » de pirate n'était qu'un vulgaire petit français, la main sur le cœur, qui avait fait tout ce cirque pour que l'on donne des « médicaments » au Bangladesh! Ah! je vous jure! Quelle déception! On était très loin de nos affreux terroristes islamistes qui détournent des avions pour les balancer sur des tours!
M'enfin! Comme le soupir de Gaston Lagaffe! Ça fait quand même des souvenirs à raconter aux (futurs) petits enfants!
Le fin mot de l'histoire c'est que « mon » pirate généreux s'appelait Jean Kay, et qu'il fut défendu à son procès par un grand personnage, ancien ministre du général De Gaulle, qui se nommait André Malraux! Tout de même!
Si vous voulez en savoir plus, je vous donne le lien sur Wikipédia qui vous en dira plus.
Et cela se passait exactement le 3 décembre 1971.


http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Kay

jeudi 6 août 2009

Qu’est-ce qu’on a fait des tuyaux ?

Des lances et de la grande échelle
Qu'est-ce qu'on a fait des tuyaux?
Pas de panique il nous les faut !

Décidément, j’aime bien commencer mes petits récits par des chansons. Car vous allez voir qu’il y a toujours un certain rapport.
Donc, du temps de ma « folle » jeunesse, un copain d’enfance arrosait son baccalauréat tout récent. Et mieux encore, son permis de conduire tout neuf. Pour fêter tous ses succès « zintellectuels et mécaniques », il nous invita à faire une petite virée dans son carrosse quasiment centenaire et rouillé de partout. Ensuite il voulu ponctuer son triomphe estudiantin, par un beau diner au resto. Jusque là, la proposition semblait alléchante. C’est ainsi que nous partîmes sur les routes pleines de dangers effroyables, du côté de Milly la Forêt. Vous pouvez constater à quel point nous avions l’esprit d’aventuriers au sang froid terrifiant ! Nous étions en été, il faisait beau et chaud, mais le soir tombait et nous cherchions un restaurant. A cet instant du récit, je dois vous faire part d’un très léger défaut dont était affligé notre charmant camarade et « frère d’enfance ». Oui ! J’écris « frère » d’enfance, et non pas « ami d’enfance » car orphelin de père, il avait quasiment été élevé comme un membre à part entière de la fratrie. C’est vous dire les liens qui nous unissaient et nous unissent toujours, d’ailleurs. Donc ce brave copain était, comme dire ? très légèrement « prudent » dans le domaine des dépenses récréatives et alimentaires, si vous voyez ce que je veux dire !Je n’ai pas écrit « radin » ! Jamais je n’écrirais une chose pareille ! Surtout s’il me lit ! Non ! Simplement « économe » ! Voilà pourquoi, à chaque fois que nous trouvions un restaurant dans un petit patelin, nous nous arrêtions devant. Il descendait et commençait alors, un épluchage sévère de la carte. Et c’était, hélas, toujours trop cher pour « ses » ou pour « nos » économies ! Car ayant un sens des responsabilités très développé pour son âge, il pensait aussi à nos intérêts. Malheureusement, ce sens des responsabilités prolongeait fortement, comme vous pouvez vous en douter, le temps des recherches. C’est ainsi que la nuit tomba et que nous dégottâmes, à la dernière extrémité de la fermeture de l’établissement, un boui-boui infâme, mais pas « cher » ! Et comme vous le savez, les joies de la jeunesse, l’ambiance potache de notre petite troupe fraternelle, mirent à ce restaurant, les « étoiles » qu’il ne possèdera jamais. Nous en sommes sortis plus que « gais », et heureusement que les contrôles d’alcoolémie étaient inexistants à cette époque. Sur le chemin du retour, tout en braillant comme des veaux dans le tas de ferraille de notre pote, nous étions en train de traverser un grand bois sombre, sur une route départementale, quand nous aperçûmes au loin, ce qui semblait être des lueurs d’un feu ou même d’un incendie. Effectivement, en nous rapprochant, nous avons alors découvert une ambulance blanche, un break Citroën, DS21, garée sur le bas-côté, et qui brûlait, entourée d’une fumée grise, épaisse que les phares de notre voiture arrivaient, tout de même, à percer.
Ah pour dessaouler, ça dessaoule ! Le moment de stupeur et de surprise passée, nous sommes descendus voir de quoi il retournait. Le plus étrange, c’est qu’il n’y avait personne autour du véhicule, et chose encore plus rassurante, personne à bord non plus ! L’idée de voir cramer un macchabée ne nous aurait pas enchanté plus que ça. Qu’est-ce qu’on allait pouvoir bien faire ? Alerter les secours, les pompiers ? Se barrer comme des voleurs en n’ayant rien vu ?
C’était mal nous connaître. Nous allions bien trouver du secours au prochain village rencontré. Et nous voilà tous repartis en « tuture ». Quelques centaines de mètres à peine, un peu plus loin, nous sommes arrivés dans une petite ville complètement endormie. Même la grande place rectangulaire était plongée dans le noir, car l’éclairage public était éteint depuis longtemps. Nous nous sommes garés au milieu d’icelle Et tels des fantômes un peu bruyants nous avons exploré les lieux, à la recherche d’une âme qui vive ou d’un moyen de prévenir les secours.
Quelqu’un parmi nous s’est alors exclamé :
_Eh ! Les potes ! Venez voir ! Je crois que j’ai trouvé !
Nous avons rappliqué en vitesse pour découvrir la « trouvaille »
C’était une borne d’urgence, tout en rouge dont la façade vitrée protégeait un gros bouton de même couleur.
Moment de flottement dû à une indécision bien légitime. Est-ce qu’on allait oser ?
_Allez les gars ! Faut pas se dégonfler maintenant !
Et joignant le geste à la parole, mon pote bachelier se déchaussa, brisa la vitre de son escarpin et appuya sur le gros champignon rubicond. Ceux qui le devinrent, c’est nous !
MOUUUUUUUWOHONNNNNNNNN !
Un énorme rugissement cataclysmique hurla brusquement au-dessus de nos têtes. C’était une sirène d’usine !
Pétrifiés que nous fûmes ! Tétanisés par la surprise et la trouille ! Trouille accentuée par le fait que tout autour de la place, des fenêtres d’appartement s’allumaient comme des lampions, à intervalles réguliers, Nous, nous pensions naïvement qu’une petite voix sympa, sortie d’un petit haut-parleur, allait nous demander, fort civilement, poliment (et surtout discrètement) ce que nous voulions ?
Mais on ne s’attendait pas à un hurlement pareil, digne d’une alerte de bombardement de la dernière guerre mondiale ! Ils auraient quand même dû nous prévenir ces gueux !
« Attention, en appuyant sur ce bouton, vous allez déclencher une sirène assez bruyante au-dessus de votre tête »
Là on aurait compris ! Je ne suis même pas sûr que nous n’aurions pas pris nos jambes à nos cous, en pensant qu’ils aillent se démerder avec leur ambulance cramée ! Au lieu de ça, nous étions épinglés par la terreur comme des papillons de nuit sur une toile de tableau. Et les gens qui commençaient à rappliquer. Oh ! Comme on aurait voulu être ailleurs, à ce moment là. Heureusement, on ne nous a pas lynchés, et nous avons même pu bredouiller nos motifs légitimes. Soulagés par la tournure des évènements, nous avons même décidé de retourner sur les lieux, voir la suite des opérations. Ah ! Mes amis ! Comme je ne le regrette pas ! Car nous avons assisté à un spectacle nocturne digne d’un film de Jacques Tati. Nous étions garés pas trop loin de l’incendie. La voiture continuait de cramer de plus belle. Et nous avons vu arriver les pompiers …..volontaires !
« Volontaires » ils l’étaient sûrement ! Mais « réveillés » ? Je ne suis pas aussi sûr. D’ailleurs pour nous conforter dans notre opinion, des vestes de pyjamas dépassaient traitreusement des blousons de cuir. Certains finissaient d’ajuster leur casque, quand d’autres arrivaient sur la route, à cloche pied, en finissant de se chausser. Bon ! Soyons charitables ! Le côté vestimentaire n’est pas trop important. Mais c’est le côté matériel qui a posé des problèmes ! Je revois encore ce pompier tirant comme un damné sur sa lance à incendie, hurler à son collègue :
_Mais putain !Avance le camion !Tu ne vois pas qu’on est trop court !
Et pris par l’impatience de vouloir éteindre l’incendie, ouvrir en grand la vanne du « tuyau d’arrosage ». Manque de pot, son chef qui s’était avancé sur le brasier pour l’inspecter, s’est pris en pleine tronche le flot glacé d’une lance insolente. Je vous épargnerai la vulgarité des propos échangés entre les deux soldats du feu qui n’apporteront rien à l’intérêt du récit.
J’ai honte quand je pense aux crises de fou-rires que nous avons dû réprimer pour ne pas vexer nos courageux pompiers. Car, vu leur humeur et le fait qu’on les avait dérangés dans des activités personnelles et surement très intimes, nous avions le sentiment bien précis, d’aller au-devant de graves représailles !
Je n’ai pas besoin de vous expliquer que notre retour s’est effectué dans une gaieté et une joie de vivre qui tenait autant à nos excès de libations qu’au récit des exploits épiques de nos valeureux pompiers.

En pleine nuit une sirène
Appelle au feu tous les pompiers

Et tout Rio qui se réveille

Voit brûler l'usine de café

Il n'y a pas de temps à perdre

Sinon tout le quartier va brûler

Oui mais voilà
Pendant ce temps là à la caserne
On entend les pompiers crier :


Qu'est-ce qu'on a fait des tuyaux ?

Des lances et de la grande échelle

Qu'est-ce qu'on a fait des tuyaux?

Pas de panique il nous les faut


Paroles : Auteurs compositeurs Gérard Gustin - Maurice Tézé
Chanson interprétée par Sacha Distel 1967