lundi 2 février 2009

Le bonheur du poisson rouge

Un beau matin…
Beau ? Je n’en sais plus rien !
Je ne m’en souviens même plus, d’ailleurs! Mais comme c’est la formule consacrée ! Et pour être « consacrée » elle l’est vachement !
Bref ! Je me lève ! Et je ne bouscule pas ma femme, comme dans la chanson de l’électrocuté célèbre, vu qu’elle continue à ronfler, vu que c’est pas vrai, qu’il n’y a que les hommes qui le font ! C’est bien connu !
Donc, j’enfile ma robe de chambre, à défaut d’autre chose, et je descends à la cuisine !
Là, je prépare calmement le café, je fais du menu rangement, j’ouvre les volets du salon, de la cuisine. Je hume l’air du matin ! Je caresse tendrement le derrière de ma petite chatte…. !
Pas de fantasme débridé et malsain, s’il vous plait !
Il s’agit réellement d’une chatte (la femelle du chat) et de son réel derrière, c'est-à-dire de son petit cul surmonté d’une belle queue soyeuse ! Et je parle bien de la sienne !
Toujours être obligé de juguler les pensées salaces de mes contemporains !
Ah ! Je vous jure ! Quelle époque !
Bon ! Je continue donc mon petit ménage matinal. Je monte dans la salle de bain. Je me douche, je me brosse les dents, et c’est alors que je fais une constatation angoissante !
Une constatation terrifiante pour moi ! Vous ne voyez pas laquelle ?
Comme je vous connais, je suis sûr que non! Pas un brin d’imagination ! C’est désespérant !
Depuis que je suis levé, je n’ai pensé à rien !
Hallucinant, non ?
Oh je sais ! Pour beaucoup d’entre vous, c’est une situation tout à fait normale !
Mais pas pour moi !
Et le pire, c’est que j’ai trouvé cela vachement agréable !
D’habitude, au saut du lit, j’ai les trompes d’eustache agressées par les nouvelles du monde entier. Et comme ce sont toujours des catastrophes, des fait-divers bien pourris, bien « dégueux », des infos à vous flanquer le blues pour la journée, votre esprit part en pleine forme ! Bien dopé pour la joie et la bonne humeur nécessaire pour une bonne journée de travail!
Moi, qui suis un être très émotif et très sensible, je prends tous ces évènements au premier degré, en pleine poire !
C’est ainsi que je me lève, la tête farcie de problèmes « politico-métaphysico-socialo-mentalo-zintellectuels » vachement graves !
Je vous jette en vrac le sac poubelle qui se vide soudain dans mes neurones :
_Qui est le père de Rachida Dati ?
_Oui ! Je dois poster cette lettre pour la sécu de toute urgence !
_Louis XIV a-t-il eu raison d’écouter cette conne de bigote de Maintenon ?
_Tiens ! Line Renaud m’a agacé, hier soir, dans ce téléfilm à la con ! Pourtant, je l’aime bien Line, quand je pense qu’elle est passée de Franck Sinatra, à Dean Martin, sans oublier Samy Davis junior, à Las Vegas, pour terminer avec Dany Boon à Bergues !
Faut le faire ! Non ?
_Transformer le vice-roi de la Périchole d’Offenbach en « dictateur de pacotille », quelle idiotie !
_Va falloir que je change les essuie-glaces de la voiture !
Et c’est comme ça, toute la journée !
Je ne sais pas si c’est pareil chez vous, dans vos caboches, mais il me vient soudain des bouffées de colère où j’ai envie de hurler :
VOS GUEULES LA DEDANS ! ON NE S’ENTEND PLUS !
Et puis le calme revient !
Je croise alors le regard de ma petite chatte (toujours elle) ! Je me demande soudain ce qu’il y a derrière ses beaux yeux ronds et grands ouverts qui me regardent avec étonnement !
Le vide ? Quelques lueurs de sentiments ? Et je songe aux animaux, à l’évolution, à Darwin, et c’est REPARTI ! Fatiguant ! Epuisant !
D’ailleurs, il faut que l’on tue ici, un préjugé tenace !
C’est celui qui consiste à croire que les déprimés, les gens peu actifs ont la tête vide !
C’est exactement le contraire !
Il a été démontré scientifiquement, par des tests cliniques, que les encéphalogrammes de
Personnes fortement déprimées, présentaient une activité cérébrale intense !
Contradictoire ? Pas du tout !
Imaginez une voiture dont l’embrayage serait mort ! Qu’est-ce qui se passe ?
Le moteur s’emballe, ronfle furieusement, mais l’automobile n’avance pas d’un centimètre !
Pour le déprimé chronique, c’est exactement ça ! Son « embrayage mental » est mort !
C’est pourquoi, ceux qui travaillent trop de la « casquette » ne sont pas des plus actifs !
Et comme le résumait si bien Michel Audiard :
« Un con qui marche va plus loin qu’un intellectuel assis ! »
Donc, pour être bien dans sa peau, être heureux, il ne faut penser qu’à ce qu’on fait à l’instant présent ! Et à rien d’autre !
« Ici et maintenant » comme disent les adeptes du Yoga !
Ne plus penser, voilà le vrai bonheur ! Ne plus avoir de mémoire non plus !
Parfois, quand je passe devant une animalerie, que je vois de beaux aquariums bariolés et pleins de bestioles aquatiques, je me mets à songer qu’elles n’ont que cinq secondes de mémoire !
Ah le bonheur du poisson rouge dans son bocal !