vendredi 7 mars 2008

« Mister Ed » Mon bon samaritain (2)

J’entrais donc, dans ce « monument » aseptisé, cossu, confortable et agréable ! La maîtresse de maison me fit, bien sûr, les « honneurs de la maison », comme on dit dans les romans à deux euros !
Si les maisons américaines sont en bois, aussi fragiles que des boites d’allumettes, par contre, elles sont grandes !
C’est ce que je constatais tout de suite ! Même les plus modestes !
Mais le morceau de « choix », c’était la cuisine !
Véritable « salle d’opération » où tout brillait à vous en faire mal aux yeux !
On n’aurait même pas eu le courage d’ouvrir une boite de sardines, tant on aurait eu peur de salir ce bijou de propreté !

C’est ici, que je retrouvais Cindy ! (Maintenant que je connais le sketch de cet « ignoble » Dany Boon, je ne peux pas écrire le prénom de cette pauvre enfant sans être ridiculement gêné !) L’opération qu’elle était en train d’entreprendre, cadrait parfaitement bien avec le décor de laboratoire qui m’environnait. Figurez-vous qu’elle venait de se servir un verre de lait. Opération banale, me direz-vous ? Attendez la suite !
Elle sortit alors, d’une étagère, un petit présentoir en bois, dans lequel se trouvaient alignés, de minuscules « tubes à essai » remplis chacun d’un liquide d’une couleur différente.
Mais quelles couleurs ! Hou ! Cela allait du bleu turquoise, au rose pâle, en passant par un jaune canari ! Après plusieurs secondes de réflexion, elle opta enfin pour un bleu tendre. Elle le versa dans son verre de lait qui prit ainsi cette belle couleur !
Tout à fait naturel pour du lait !
Car je devais apprendre une grande règle de l’art culinaire amerloque ; c’est que le goût des choses, ils s’en tapent !
Mais ce qu’il faut surtout ; c’est que ce soit « beau » !
Nos « ignobles » tripes à la mode de Caen, nos boudins noirs « monstrueux » leur font peur !
Mais une belle gelée transparente bleu cobalt, ça, cela les ravit !
Le choc des cultures, qu’on vous dit !
La journée se déroula sans problème majeur, à part le passage impromptu d’un agent du FBI ! Ouais ! Car ma charmante cousine avait signalé la disparition d’un dangereux « terroriste » aux autorités compétentes !
Et celui-ci était activement recherché avant qu’il ne puisse commettre ces « ignobles » forfaits ! Mais le fonctionnaire ne devait pas être très « zélé » car il n’a même pas cherché à me voir, ni moi, ni mon passeport ! Il s’est contenté d’une conversation avec ma généreuse hôtesse.
Pas besoin de vous faire un dessin ! Les mœurs policières ont rudement changé depuis !
« Dont worry ! My dear Djirâârde! It’s only the FBI »
Oui! C’est vrai ça! Pas de panique ! C’était juste le FBI !

A la nuit tombée, je fis enfin la connaissance du mystérieux « Mister Ed »!
Car toute la journée, ma porteuse de choucroute blonde n’arrêtait pas de mentionner ce curieux personnage !
Elle m’aurait parlé de son « husband », et malgré mes six longues années d’anglais scolaire totalement inutiles, j’aurais fini par comprendre !
Mais un certain « Mister Ed » ?
C’est alors qu’il apparut dans l’encadrement de la porte !
Il me fixa de sa bouille ronde et de ses grands yeux « bleu profond », et avec un sourire charmant et joyeux, en me pointant le ventre de son indexe, me sortit cette phrase rituelle que je devais entendre tous les jours :
« One day more, one dollar more » !
Comme première prise de contact, c’était plutôt saugrenu ! Surtout qu’il passa à côté de moi, indifférent pour aller s’asseoir dans le canapé du salon. Là, il se servit aussitôt un verre de whisky, et se planta devant la tété.
Miss « choucroute » le rejoignit pour tenter de lui expliquer ma présence sous son toit !
Pendant la conversation, Mister Ed me tendait son verre en signe de salut, puis continuait de regarder sa télé en écoutant distraitement sa femme !
Il me faisait l’impression d’un homme habitué à ce que son épouse lui rapporte souvent des chiens errants, des chats égarés, des ratons laveurs en goguette, des clochards occasionnels, des épouses en rupture de ménage, enfin bref, toute une faune que son grand cœur se devait de secourir, et parce que son devoir de « Jéovâ ouitessesise » lui recommandait impérativement de faire !
Ah oui ! Parce que j’allais apprendre ce petit détail sans importance ; Misses Gluth faisait partie de l’Eglise des « témoins de Gévéor » du quartier !
Mais heureusement pour moi, son prosélytisme fut toujours très léger et discret !
J’eux quand même droit, à me farcir toutes les cérémonies religieuses, le dimanche matin, au temple, pendant tout mon séjour, alors que ce « mécréant » de Mister Ed faisait sa partie de golf avec ses copains. Vous constaterez, par la même occasion, ce schéma universel qui veut que les femmes soient infiniment plus bigotes que ces « incrédules » indécrottables de maris ! Schéma que l’on a retrouvé pendant des siècles en Europe occidentale, où pendant que ces dames assistaient à la messe, ces messieurs étaient à la taverne, puis au bistrot !
Même les « Témoins de Gévéor » amerloques n’y coupent pas !
C’était quand même le moins que je pouvais faire pour honorer et respecter ma généreuse hôtesse !
Le tableau ne serait pas complet, si je ne vous parlais pas d’un petit tas de poil qui se voulait être un chien et que mon hôtesse me présenta comme se prénommant :
« moûnéééé » !
« Mouné » ? Ça sort d’où ?
Voyant mon regard plus qu’interrogatif, elle vint à mon secours par une explication encore plus absconse : « It’s a french painter ! You know ? »
Le temps que je « décode », ce qui me prit au moins un bon quart d’heure, je compris qu’il s’agissait de « Monet » !
Quel honneur pour notre grand peintre !
Car Miss « Choucroute » adorait son « moûnéééé » !
Quant à sa race précise, je serais totalement incapable de vous la préciser ! Je dirais seulement qu’il avait quatre pattes, un poil noir et blanc, et sûrement des yeux planqués dedans !

A suivre !