mercredi 30 mai 2007

Bou-Sfer, base 5, j’écoute !

Oui c'est moi sur la photo!

Pendant des mois, des milliers de fois, j’ai répété cette phrase !
C’est vous dire si je m’en souviens ! Car il me faut vous narrer une chose qui est à l’image même de ma vie. Tellement j’ai toujours eu un pot faramineux dans l’existence ! Comme le beau militaire que j’étais, fils de militaire, je suis tombé sur ce territoire d’outre-mer où s’exerçait toute la « virilité »…. militaire ! J’étais sur une base aérienne. Des biffins de l’armée de terre s’entraînaient férocement dans les collines.


Tous les jours, je voyais des « sticks » de parachutistes de la Légion Etrangère sauter des vieux « Nord Atlas » fatigués, sur les
plages d’Aïn-el-Turk.
Un ami d’enfance était marin dans la base navale souterraine de Mers-el-Kébir, à trois kilomètres de là. Mon cantonnement était à côté de celui des « redoutables » gars à képi, des durs à cuire, des tatoués, des bêtes fauves, des fils de « Pépé le Moko » !
C’est vous dire si ça sentait l’adrénaline et les hormones mâles partout dans les environs !
Et bien moi, j’ai passé mon séjour là-bas comme opérateur dans le central téléphonique de la base ! Avec en prime, cerise sur le gâteau, pompon délicieux ; la seule femme chef de service de toute l’enclave de Mers-el-Kébir !
Et dans les années soixante, je vous prie de croire que c’était exceptionnel !
Je vous parie ma chemise de pyjama qu’il y a bien un congénère (en un seul mot) mâle, qui lisant ces lignes, va me sortir :
« Quel pot il a eu ! »
Sinistre buse ! Attends un peu la suite !
Cette « charmante » miss (car on l’appelait « miss ») pesait bien son quintal, pour un mètre cinquante. Elle avait la voix éraillée de celle qui clope ses deux paquets par jour, qui sirote tout ce que la planète peut distiller comme alcool, et qui avait dû avaler des choses que la loi tolère mais que la morale réprouve !
Quand on la voyait, je vous jure bien que l’envie du moindre marivaudage se serait vite éteint dans votre esprit, dans la fraction de seconde qui aurait suivi son apparition!
Quant à la bise, même amicale ? Même pas en rêve ! D’ailleurs à cette époque, cela nous aurait valu au moins une semaine d’arrêt de rigueur ( de prison, pour décoder pour les jeunes !).

Nous avions un magnifique standard à fiches, modèle 1936 réformé 45 de 370 postes ! Eh ! Eh ! Eh ! Quand je pense aux portables d’aujourd’hui, je me bidonne un brin! Celui-ci logeait dans une pièce de deux mètres sur quatre. Elle se trouvait dans les bâtiments de la tour de contrôle. Il nous arrivait souvent de passer vingt-quatre heures d’affilées dans ce charmant bocal, sans radio, sans télé, et seul !
On nous ravitaillait par plateaux repas (froids) qui faisaient quatre kilomètres en jeep pour venir de la cantine !
C’est vous dire si on ne se brûlait pas souvent la langue avec des plats trop chauds !
Notre grosse « araignée » passait ses journées avec sa « chouffe » collée à l’oreille !
Mais oui ! Bien sûr, que je vais vous expliquer ce que c’est qu’une « chouffe » !
Un peu de patience que diable ! D’abord, un peu de technique !
Notre « cage à serins » était composé de trois modules identiques, comportant les mêmes trous correspondants aux mêmes postes téléphoniques !
C'est-à-dire que lorsque deux correspondants étaient en ligne, il y avait deux trous correspondants au même abonné libre, sur les deux autres modules !
On suit ? Ça va ? Bon ! Je continue !
Donc, il suffisait de mettre une fiche munie d’un écouteur dans un des trous libres pour écouter la conversation des deux malheureux qui ne se doutaient pas une seconde qu’une grosse truie était entrain de se bidonner, en écoutant leurs confidences !
Ah ! Ce sourire, et ce ricanement asthmatique !
Je les ai encore dans la vue et dans les oreilles !
Même après tout ce temps là !
Elle en a passé des heures « mémé » à écouter tout son petit monde!
A mon avis, ce devait être une auxiliaire de nos services secrets !
Mais chut ! Je ne vous ai rien dit !
Car je me suis toujours demandé ce qu’elle pouvait bien foutre avec tout ce qu’elle entendait ! Vous pouvez constater la belle ambiance « virile et militaire » qui était la mienne !
Ne ricanez pas trop fort !
Ce n’est pas de ma faute ! Je ne l’avais pas choisi !

Un jour, que la fatigue me prend, j’étends mes bras au-dessus de ma tête pour me relaxer ! Soudain mes doigts pénètrent profondément quelque chose d’incongru et d’inhabituel !
Arghhhh ! Horreur ! Malheur ! C’était les cheveux de la sorcière !
Dans un réflexe « cérébro-spinal » je rabats brutalement les bras vers moi !
Pétrifié de honte et de gêne !

Euh ! Je précise que le réflexe « cérébro-spinal » est celui de la grenouille à qui on a coupé la tête, et qui n’a donc pas besoin de cervelle pour agir !

J’attends donc avec angoisse une réaction de notre cerbère femelle. Rien !
Je me retourne à demi pour la regarder. Et là, qu’est-ce que je vois ?
Madame, la clope au bec, en train de lire tranquillement un bouquin, parfaitement immobile, sans la plus petite émotion !
Alors là, je me suis dit qu’une femme qui a ce sang-froid là, a dû en faire de vertes et de pas mûres ! Je n’ose pas l’imaginer ! Elle a dû en dérouler du câble ! C’est moi qui vous le dit !
Je n’allais pas tarder à en avoir une preuve supplémentaire.
J’étais à l’époque, un garçon encore plus timide qu’aujourd’hui !
Vous voyez ce que cela peut donner ?
Vous pensez bien que cette grosse vache s’en était immédiatement aperçu et qu’elle me réservait un sort d’une cruauté et d’une perversité toute diabolique ! I
l y avait dans l’enceinte de Mers-el-Kébir un établissement très sérieux qui était gardé militairement par les trois Armes, plus la légion.
Toutes les semaines, un détachement de quatre soldats, sous les ordres d’un caporal, montait une semaine de garde dans cet endroit hautement stratégique.
Une fois, c’était l’Armée de l’Air, ensuite, l’Armée de terre, suivit de la Marine,
et enfin la Légion ! Chaque arme y allait à tour de rôle.
Cet établissement était un hôtel de « repos » de « calme » où des infirmières très spécialisées dans des soins très particuliers, exerçaient leurs talents contre rémunération, bien sûr !
Et sous une surveillance médicale très stricte et sérieuse !
Nous, on l’appelait le B.M.C. Mais ces initiales sont sans intérêts pour les jeunes personnes de notre époque.
Nous en étions très fiers, parce que c’était le dernier en activité dans l’armée française !
Une « relique » du passé en quelque sorte !
Et puis, chose émouvante ; les bénéfices de cet établissement « hospitalier »
(dans tous les sens du terme !) avaient permis de nous acheter des cadeaux pour le Noël tristounet, et loin de nos familles, que nous avons passé là-bas!
J’en ai encore la larme à l’œil, quand j’y pense !

Bref ! Vous avez deviné la chose, parce que vous êtes plus malins que moi ; Cette caricature de femelle n’a plus eu qu’une seule idée en tête pendant des mois : me « pistonner » pour m’envoyer de garde là-bas !
D’ailleurs, quand on parle de « pistonner » (sans jeu de mot) c’était bien le cas, puisqu’il fallait vraiment l’être pour mériter de faire cette garde !
Vous imaginez ? Boissons gratuites, repas gratuits, et …tout le reste aussi gratuit ?
Ah ! Ça se bousculait au portillon ! Croyez-moi !
Mais heureusement, la providence veillait !
Elle n’a pas réussi dans son entreprise coupable à m’envoyer là-bas !
Je suis resté « pur » et « vierge » comme j’étais venu !
Qui a dit « l’imbécile » ?

samedi 26 mai 2007

Saga ? Cà agace !

Notre joyeux “emplumé” de service, les ratiches éblouissantes de blancheur, déployées pour son plus beau sourire de VRP du gotha mondain, j’ai nommé Stéphane Bern, présentait l’autre jour une faune excessivement passionnante ; les richissimes amerloques !
Dans un des volets de cette captivante étude ethnologique et zoologique, une joyeuse excitée, emperlousée, jusqu’au nombril, nous faisait l’honneur de la visite de sa modeste « chaumière » !
Une bicoque à peine plus petite que notre château de Versailles, et dont un architecte malin et peu scrupuleux avait dit s’en être inspiré pour en faire les plans (l’escroc !) .
Je ne vous explique pas le luxe indécent et ravageur qui s’étalait sous nos yeux ébahis !
C’est là, dans toute sa sécheresse, et dans toute sa clarté, que la démonstration est faite qu’il y a des individus qui ne vivent pas sur la même planète que nous !
On respire le même air, soit !
Il semblerait que nous ayons à peu près la même physiologie, que nous nous reproduisions à peu près de la même façon. Mais la similitude s’arrête là !
Le sublime fût pourtant atteint au détour d’une saillie verbale de la maîtresse de maison!
Ah ! Oui ! Parce que j’avais oublié de vous préciser un détail important; çà cause aussi, ces bestioles friquées!
« Oh ! Vous savez, dans la vie, l’argent n’a pas beaucoup d’importance ! »
Poum ! Paf !
J’imagine la tronche d’un pauvre « chaumiste », dans sa mansarde sous les toits, en train d’ouvrir sa boite de petits pois, devant son téléviseur noir et blanc miniature.
Téléviseur miraculeusement rescapé de la dernière saisie !
Cà ? C’est des coups à ce qu’il se précipite immédiatement par la fenêtre !
Dangereux le « gominé à princesses » !
On se demande avec beaucoup d’intérêt quel peut bien être l’utilité d’une telle provocation télévisuelle ? Refaire sortir Karl Marx du bois ?
On dit que c’est fait pour faire rêver le prolo français!
Mouais ! Connaissant l’envie, et la jalousie maladive de mes compatriotes, qu’ils cultivent avec délices, comme les Japonais leurs bonzaïs, çà m’étonnerait que çà les fasse rêver, ces pauvres chéris !
Déjà qu’ils ne supportent pas que leurs voisins aient une plus grosse voiture qu’eux, que leur rejeton n’ait pas une paire de pompes « niké » comme celle du p’tit d’en face !
C’est pas pour supporter que des rombières friquées façon « Rothschild » vivant de l’autre côté de l’Atlantique, nageant dans les dollars, viennent leur dire imprudemment que «l’argent ne fait pas le bonheur »
On voudrait mettre le feu dans les quartiers défavorisés, qu’on ne s’y prendrait pas autrement ! Sous ses airs chafouins, monsieur Stéphane Bern est un dangereux agitateur !

jeudi 24 mai 2007

Mon légionnaire


Toutes les « madeleines de Proust » ne sont pas comestibles
Il s’en faut de beaucoup.
La mienne est apparu sous la forme d’un insigne de régiment qu’un éditeur proposait en collection.
Il s’agit de l’insigne du 2° R.E.P. « Deuxième Régiment Etranger de Parachutistes » Eh ! Oui ! La fameuse légion étrangère française !
Le premier n’existe plus pour la raison fort simple qu’il fit partie des putschistes du 22 avril 1961 ! Insurrection fomentée par le « quarteron de marchands de chaussures » comme les avaient surnommés De Gaulle, comprenant les généraux Challe, Salan, Jouhaud, Zeller ! Les hasards de l’existence, plus une administration militaire bornée et aveugle, firent que j’eus l’honneur, le plaisir et l’avantage de côtoyer ce prestigieux régiment lors de ses derniers mois sur le sol algérien qui le vit naître 150 ans plus tôt ! C'est-à-dire à Bou-Sfer, la base aérienne de l’enclave de Mers-El-Kébir ! C’est ainsi que j’assistai un jour à la dernière fête de « Cameron » (la fête des légionnaires) sur le sol de leur vraie patrie ; l’Algérie !

Il y avait aussi, avec nous (les gonfleurs d’hélice de l’Armée de l’Air) le 1° REC ! Autrement dit : Le 1° régiment étranger de cavalerie ! Ils avaient remplacé depuis longtemps leurs chevaux, par des jeeps porteuses de missiles sol-sol SS10. Missiles mis au point par un certain Bastien Thierry, jeune officier qui voulu faire la peau du général de Gaulle ! Maintenant, ils sont cantonnés du côté d’Orange, en France ! Notre garnison et la leur était simplement séparée par un rideau de barbelés symboliques mais quand même agressifs ! Une nuit fort sombre, alors que j’étais de garde « volante », je déplaçais, sans précipitation excessive, ma carcasse filiforme de sous-alimenté militaire(Ouais ! Je sais ! J’ai changé mesdames ! Pas la peine de me le faire remarquer !) le long de ces barbelés, mon « PM » inutile et sans munitions à l’épaule ! (Nous n’étions plus chez nous depuis cinq ans !) Un chant rauque et aux couleurs légèrement avinées me fit dresser l’oreille ! Il était là mon légionnaire !
Affalé sous le réverbère blafard !
Il n’était pas beau, et il ne sentait pas bon le « sable chaud » !
Sa grande carcasse reposait sous un lampadaire éclairant quelques mètres carrés de terre sèche et ocre.
Il se roulait consciencieusement une cigarette dans le papier d’un journal dont les lettres grasses étaient encore visibles.
Son visage était plus buriné que le canyon du Colorado !
_Ach ! Beudit Kon ! Abrauche! Alorsse Kamin! On draineuh!
Pas difficile de deviner qu’il n’était pas originaire du Poitou!
Survint alors la plus extraordinaire confession qu’aucun homme ne m’ait jamais faite !
Quel dommage que je n’aie pas eu de magnétophone ou que ma mémoire ne soit pas assez fidèle pour me relater tout ce qu’il me raconta cette nuit là, au son du cri des chacals (les vrais, ceux-là !)
Il était allemand. Il avait fait la bataille de Stalingrad.
Fait prisonnier par les Français, il s’enrôle dans la légion.
Il fait toute la campagne d’Indochine, Dien Bien Phu, les camps du viet-minh.
Il est libéré. On l’envoie en Algérie où il fait toute la guerre jusqu’en 1962 où son régiment vient se réfugier dans l’enceinte de Mers El-Kébir !
Dans ses yeux gris délavés passèrent tous les champs de batailles et les combats auxquels il participa, ponctué de forts éclats de rire à la Teutonne et d’une subtilité toute germanique ! Je ne sais pas si tout était vrai. Je n’avais pas les moyens de vérifier.
Mais il semblait si sincère et tellement désespéré dans sa solitude de vieux soldat qu’il cherchait « virilement » à me cacher, qu’il ne me vint pas une seconde à l’esprit qu’il pouvait me mentir !
Et qu’importe !
Il me reste dans les yeux et le cœur, l’image de ce vieux militaire fatigué, usé par les combats que son pays d’adoption lui fit faire sans vergogne pour une maigre solde, peu de remerciement, un peu de « bibine », et le mépris de beaucoup de mes compatriotes
en prime !
Nous, ils nous prenaient pour des gamins d’un patronage pour lesquels ils avaient beaucoup de tendresse et d’affection. Cela pouvait chatouiller la susceptibilité de certains de mes camarades, mais moi, je trouvais cela plutôt sympa !
De temps en temps, ils en « kidnappaient » un, en prévenant l’officier de garde, et nous le ramenaient au petit matin dans un état qui aurait scandalisé leur pauvre mère.
Mais ils allaient jusqu’à le faire vomir, à le déshabiller, et à le border dans son lit !
De vrais anges gardiens !
Mais pas question de passer au travers de l’une de leur « gentille » invitation !
Autre détail charmant : Il fallait un camion semi-remorque de cannettes de bière par semaine pour étancher la soif de nos « paisibles » voisins ! Fragiles du foie s’abstenir !
La Légion étrangère n’est pas faite pour vous !
J’ai encore mille anecdotes à leur sujet
dans ma besace à souvenirs !

Mais tout se mérite ! Un peu de patience !
Comme celle du fennec qui rôdait cette nuit là, près de nous,
avec ses longues et larges oreilles !

lundi 21 mai 2007

Mon « K »


Il était posé là, sur mon bureau, silencieux et discret.
Sa couverture montrait une gueule de requin menaçante.
Je l'avais acheté pour les besoins scolaires de mon fils.
Une obligation culturelle, en quelque sorte.
Et puis un soir, avant de me coucher, parce que je ne peux m'endormir sans lecture, je le pris avec moi, dans une période de vache maigre littéraire.
C'est ainsi que bien engoncé dans mes couvertures, les lunettes sur le nez, je me mis à lire le "K" de Dino Buzzati.

Les premières phrases me parurent bien banales et il s'en fallut de peu pour que mon intérêt et ma patience s'envolassent, surtout après une bonne journée de travail.
Mais le talent de l'artiste fit son œuvre.
L'hypnose littéraire finit par me vaincre, et je me mis à suivre les aventures terrifiantes du pauvre Stefano Roi!
Qu'est-ce que c'est que cette histoire abracadabrante?
Un jeune homme voit un monstre suivre le bateau de son père que personne d'autre que lui n'aperçoit? Complètement idiot!
La part d'enfance qui survit en moi, tant bien que mal, arrive à surpasser mon esprit cartésien, et je poursuis la lecture.
Je vous passe le récit d'une vie faite de fuite et d'attirance pour cette affreuse bestiole tapie au fond des océans, qui hante le cœur et l'âme de ce pauvre torturé.
Arrive la fin tragique et grotesque.
Le vieillard, dans un ultime face-à-face, veut affronter courageusement la "bête".
Et là, il s'aperçoit avec horreur et désespoir que le "monstre" n'est en fait, qu'un doux et bon génie qui voulait lui apporter gloire et fortune, sous la forme d'une "perle de l'océan"!

Les brumes du sommeil commencent à me gagner sur cette histoire bien sombre.
L'esprit erre dans les contrées de l'inconscient où la raison n'a plus sa place, mais où l'âme retrouve son royaume.
Soudain, je me redresse sur mon oreiller.
L'angoisse m'étreint!
Comme un voile qui tombe devant un tableau de la cimaise de mes pensées, m'apparaît en pleine lumière la vérité de cette parabole!
Ce n'est pas simplement LA parabole que j'ai comprise! C'est aussi ma vie!
Je l'ai reconnu le monstre du K!
Pas celui du livre! Le mien! Celui que j'ai fui, moi aussi!
Comme un imbécile! Aussi stupide que ce Stefano!
Moi aussi on me l'avait dépeint comme une monstruosité!
Moi aussi, j'étais le seul à le voir, alors que j'entends encore le ricanement de ma mère, parce qu'elle, à l'instar du père de Stefano, ne le voyait pas non plus!
Le mien aussi, je l'ai fui toute ma vie! Il était là devant moi! Il m'a accompagné toute mon existence!
Lui aussi était patient ! Lui aussi me terrifiait par sa gueule énorme qui semblait vouloir me dévorer tout cru!
Je ne savais pas non plus qu'il pouvait m'apporter tous ces trésors!
Ah! La brave bête! L'adorable créature!
Heureusement, je ne suis pas encore un cadavre dérivant sur une barque!
Ah! Oui! J'oubliais de vous la nommer, cette gorgone enfin apprivoisée: L'écriture!

dimanche 20 mai 2007

Maya l'araignée


Oui! Oui! Je sais!
C'est Maya l'abeille! Mais attendez un peu la suite!
Le décor: Restaurant d'entreprise à une table de repas

Personnages: Deux employées face à face dont l'une est la mère d'un petit bambin de 18 mois environ. Celui-ci étant de la fête, est assis à côté de sa maman.

Le petit garçon serre sur son cœur une peluche hideuse comme l'affectionnent les enfants de son âge; Une chose avec un ventre énorme strié de bandes noires et jaunes duquel jaillissent huit pattes décorées de la même manière.

Je ne peux réprimer l'envie de vous narrer le dialogue surréaliste que j'ai surpris entre les deux femmes.

La collègue de la maman:

_Alors, mon petit! Elle te plaît Maya l'abeille? Elle est mignonne, hein ?

La maman dans un souffle de voix gênée:

_Heu! C'est une araignée! Pas une abeille !

La collègue plus fort:

_Ah! Bon? La vendeuse m'avait pourtant dit que c'était une abeille! T'es sûre?

Pendant ce temps-là, le petit garçon, que ces discussions hautement scientifiques sur l'entomologie la plus passionnante ne semble pas une seconde émouvoir, donne des baisers goulus et tendres à son infâme machin!

Vous avez déjà vu des abeilles sans ailes et avec huit pattes, vous?
A mon avis, elle n'a pas dû en voir souvent, des abeilles! A part celles qui lui bourdonnent dans les oreilles!
Je ne sais pas ce qu'elle "butine" mais à mon avis, c'est pas du pollen!
Par contre, en ce qui concerne les araignées, c'est plutôt surprenant, car avec celle qu'elle se trimbale dans le plafond, elle devrait avoir pourtant quelques lueurs sur leur aspect!

Et vous allez voir que ce sont les mêmes qui nous font un "nervouze brèquedaoun" sur les petites bestioles à poils que l'on massacre pour en faire des manteaux de fourrure, ou qui arracheraient les yeux de ces "fascistes" de chasseurs tuant ces pauvres petits pigeons du côté de Bordeaux ! (La palombe? elles prennent cela pour un prénom espagnol, d'ailleurs!)

Ah! Le monde merveilleux de Maya l'araignée!

Et Flipper le requin? Je n'ose pas y penser!

Quant à Rintintin le canard, je crois que le pauvre Ricet Barrié n'est plus en état d'aboyer!

vendredi 18 mai 2007

L’ours et la poupée….russe !

L’émission Thalassa est un petit joyau de culture maritime qui surnage tant bien que mal sur le tas d’immondices « télé-cloaqueuses » devenu « l’idiot-visuel » français.
On participe comme on peut à la « mondialisation » du crétinisme universel!

Hier nous avions au menu, entre autres, le reportage sur le plus grand sous-marin nucléaire lanceur de missile au monde ! Il est russe !


Quelle puissance !
Quelle masse imposante !

Rien (ou presque) ne nous fut caché.
L’équipage est composé de 180 hommes aguerris et durs à la tâche.
Le commandant est à l’image de son navire ; rond, massif, un colosse faussement débonnaire au regard bleu acier.
Nous avons assisté à toute la mission, de sa plongée dans les eaux glacées de l’arctique, en passant par tous les petits faits de la vie quotidienne, ainsi que toutes les tâches du bord.
Puis nous avons assisté au lancement d’un missile, avec 10 têtes nucléaires, dont chacune représente trois ou quatre fois la puissance de feu de celle d’Hiroshima !




Le commandant, image plus réaliste que celle de Sean Connery dans « A la poursuite d’Octobre Rouge », est moins avare de confidences, et sa bonhomie plus humaine, plus proche de nous.
La mission se termine dans les rougeoiements fabuleux d’un crépuscule sur une mer glaciale.
Les équipages regagnent leur tendre foyer. Les retrouvailles sont émouvantes, surtout celle de l’officier en second, et de sa charmante et belle slave d’épouse.
La caméra accompagne alors le commandant jusqu’à son appartement, dans une sorte d’HLM misérable et gris de l’ère stalinienne. On monte plusieurs étages à pied, dans un escalier au mur décrépi. On arrive sur un palier donnant sur un couloir sombre au bout duquel se trouve une porte. Le commandant y frappe tout doucement Celle-ci s’ouvre avec la brutalité d’un ouragan, d’où surgit, comme une furie, une petite bonne femme maigre et brune !

_C’est à cette heure-ci que tu rentres ?
Tu te fous de moi ? Cà fait une heure que je t’attends !
T’étais passé où ?
Encore à traîner au bistrot avec des soiffards de ton espèce !
_Et vous les journalistes !
Tirez-vous ! Vous n’avez pas à filmer notre vie privée !


A mon humble avis, et ceci n’engage que moi, en pensant que beaucoup de mes copains mâles partageront mon opinion ;
Il est infiniment plus facile de commander un sous-marin nucléaire de 180 mètres de long, avec 180 hommes d ‘équipage et ses 200 têtes atomiques, que de dompter une épouse acariâtre !
Grandeur et servitude militaire ! Tiens ? On en « causait » l’autre jour !

jeudi 17 mai 2007

Les chattes déprimées


Ah! Pas de çà ici!
Comme le proclament deux joyeux drilles de ma connaissance !
"Vous faites fausse rut!"
Mon message se veut poli et parfaitement correct sur le plan de la morale et du bon goût! Dimanche dernier, en vaquant à des activités purement manuelles et bricoleuses, j'écoutais en fond sonore, et sans y prêter trop d'attention, deux "ronronneuses" de service, sur ma belle chaîne de radio préférée.
L'une d'elles était vétérinaire et nous expliquait la souffrance vécue par la gente féline et canine quand celles-ci dépriment.
Je suis passé de l'indifférence complète, à un intérêt poli, à une attention soutenue, et pour terminer, à une franche rigolade tout à fait insolente!
Quelle belle époque vivons-nous quand même!
Le président d'un des plus grands pays du monde nous joue "règlement de compte à O.K. Corral" avec toute sa "quincaillerie" militaire, nos banlieues sont à feu et à sang (encore plus à feu qu'à sang d'ailleurs!), des tireurs fous sèment la mort et la terreur, la planète sombre dans un chaos guerrier angoissant, l'Afrique se transforme progressivement en champs de ruines et de misères, des réfugiés faméliques et aux abois assaillent l'Europe entière par milliers, et qu'est-ce qui angoissent les auditeurs d'Europe 1, un dimanche après-midi?
La déprime de nos matous et de nos toutous!
Je n'ose imaginer ce que notre brave Molière aurait pu nous pondre comme chef-d'œuvre avec un sujet en or comme celui-là!
"L'école des matous ?"
"Les journalistes savantes ?"
"La vétérinaire malgré elle ?"
Allez! Cherchez un peu avec moi!
Je suis sûr que vous allez en trouver aussi!

Ce n'est pas avec une certaine appréhension que j'ai regardé ma chatte dans les yeux, quand elle est venue chercher sa pâtée en miaulant!
_Dis donc, ma petite "Keny"! Tu ne me couverais pas une petite déprime, des fois?